L'annonce du
Président Trump cette semaine d'arrêter les livraisons secrètes d'armes de la
C.I.A. aux miliciens en Syrie [1] est l'admission d'une défaite. Les États-Unis ont
perdu leur guerre de six ans pour effectuer un changement de régime dans un
pays arabe. Il est grand temps d'en finir.
Ce n'est pas
encore fini, bien sûr. Il reste à savoir si la décision de Trump peut en fait
être mise en œuvre. La C.I.A. peut-elle obéir aux ordres ? Est-ce que Les États-Unis
pourront arrêter les régimes clientélistes dans la région, comme l'Arabie
Saoudite, d'intensifier leur fourniture secrète d'armes étatsuniennes aux
miliciens en Syrie ?
Ainsi, la
décision de Trump ne signifie pas que les États-Unis et leurs alliés retireront
leur armée de l'air de Syrie, où elle opère illégalement en violation du droit
international.
Néanmoins,
la déclaration présidentielle étatsunienne de la fin
du rôle de la C.I.A. pour alimenter l'insurrection en Syrie devrait être bien
accueillie. C'est une bonne décision et courageuse également à cause des
critiques anti-russes que Trump ne manquera pas de recevoir pour avoir pris
cette décision. Il aurait été politiquement opportun pour Trump de n'avoir pas
laissé tomber la C.I.A. en Syrie. Mais ce faisant, il doit nécessairement
composer avec l'hystérie anti-Russe de Washington tandis qu'une grande partie
des médias l'accuse d'être "un faire-valoir du Kremlin".
Avec un
nombre de morts syriens allant jusqu'à 400.000 durant les six années de guerre,
des millions de réfugiés et un pays culturellement riche poussé au bord de la
destruction, c'est une évidence flagrante que Trump a fait le bon choix pour
réduire au moins partiellement le flux des armes, en arrêtant le programme de
la C.I.A.. Il est plus que temps de mettre fin à l'agression criminelle menée
par les États-Unis envers la Syrie.
L'appel de
Trump fut aussi courageux parce que les médias étatsuniens ont immédiatement et
de manière prévisible dépeint le mouvement comme "une concession envers la
Russie". Avec un président étatsunien déjà attaqué avec des accusations
incessantes "d'avoir fait collusion" avec la Russie pour obtenir la
victoire électorale à la Maison Blanche l'année dernière, sa décision cette
semaine de rappeler les chiens de guerre lâchés en Syrie apportent encore plus
de grains à moudre aux rumeurs russophobes.
Plutôt que
de dire la vérité et admettre que les États-Unis ont été engagés dans une
guerre sordide, criminelle en Syrie qu'ils ont finalement perdue, les médias
étatsuniens retournent la situation en considérant maintenant la fin des
opérations de la C.I.A. décidée par Trump comme "une concession" à la
Russie.
En dépit de
tous ses défauts et il en a beaucoup, Donald Trump sait au moins quand admettre
que la guerre étatsunienne en Syrie a échoué. Et malgré les critiques
russophobes qui essayent de le coincer, Trump apparaît prêt à prendre la bonne
décision pour terminer cette guerre criminelle étatsunienne.
Un chef d’état-major américain : nous n’avons pas le
droit de rester en Syrie
Un commandant des opérations spéciales des États-Unis a admis qu'un
séjour prolongé des soldats étasuniens en Syrie est contraire au droit
international et que la Russie aurait tout à fait raison de les interroger sur
la légalité de leur présence là-bas.
Lors du forum de sécurité d'Aspen, vendredi, on a demandé au chef
d'état-major des Opérations spéciales, Raymond Thomas, si les forces
américaines resteraient en Syrie, après que l'État islamique (IS, Daech) soit
vaincu, pour, éventuellement, soutenir les forces kurdes au nord du pays.
Thomas (Vidéo) a reconnu que les forces américaines se battaient dans une
Syrie souveraine, où ils «n'auraient aucune capacité de rester» si cette présence est remise en
question «en termes de droit international», a déclaré Thomas en
répondant à la question du journaliste de Washington Post.
"Voici l'énigme", a poursuivi Thomas. "Nous
opérons dans ce pays souverain, la Syrie. Les
Russes, leurs fidèles soutiens, ont déjà invité les Turcs à quitter la Syrie. Nous
sommes sur le point de recevoir des Russes la question: «Pourquoi êtes-vous
encore en Syrie?
"Cela s'est avéré sous la forme d'appels rapprochés discrets,
là-bas. Mais ce sera difficile pour nous. Je consulte des avocats et un tas de
gens en termes de droit international sur la base de notre séjour pour autre
chose que notre CT [contre-terrorisme]. Nous sommes allés là-bas pour toutes
les raisons justes, mais si les Russes jouent cette carte, nous voudrons
peut-être rester encore et nous n'avons aucune capacité à le faire. ”
BREAKING: Assad: No one invited US to Manbij, all foreign troops in Syria without permission are ‘invaders’ https://on.rt.com/85eo
Vendredi,
le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que la
présence américaine dans le pays déchiré par la guerre était illégitime et a
accusé le directeur de la CIA, Mike Pompeo - qui avait critiqué la présence de
la Russie en Syrie - de pratiquer le «double standard».
Lavrov a cité les rapports des médias turcs selon lesquels "dix
bases américaines ont déjà été installées en Syrie" et il a aussi
souligné les "centaines de bases militaires des États-Unis partout dans
le monde".
Le patron de la CIA : «Les Russes font tout pour nous rendre
la vie difficile»
Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, (Vidéo) a minimisé le rôle de la
Russie dans l'opération syrienne, affirmant qu'il n'y a qu’une «preuve la
plus minime» que la Russie poursuive une stratégie sérieuse.
Sukhoi-30, l'avion qui fascine les Américains |
Les relations entre les États-Unis et la Russie ne sont pas « sans
ambiguïté », a annoncé jeudi le responsable du renseignement américain au
Aspen Security Forum. Tout
en déclarant que le paysage en Syrie a «changé fondamentalement» depuis
que la Russie est entrée dans le pays, il a déclaré que les intérêts de la
Russie ne sont pas les mêmes que ceux de l'Amérique.
"Nous essayons certainement de trouver des endroits où nous
pouvons travailler aux côtés des Russes, mais nous n'avons pas le même intérêt.
Donc,
du point de vue du Renseignement, nous essayons d’atteindre les résultats
américains en Syrie - ce qui est dans l'intérêt de notre pays et pas dans le
leur », a déclaré Pompeo au chroniqueur New York Times, Bret Stephens au
forum à Aspen, au Colorado.
Parmi la liste des «amis» américains dans la région, le directeur
de la CIA a mentionné le Royaume-Uni, la France et les États du Golfe, tout en
excluant la Russie.
"Je pense qu’à chaque fois que les Russes trouvent un
endroit où ils peuvent rendre notre vie plus difficile, ils trouvent que c'est
quelque chose qui leur est utile. Du
point de vue du renseignement, il est également clair qu'ils ont l'intention de
rester là-bas. "
Le sénateur russe Konstantin Kosachev a répondu que ces
allégations de Pompeo dénotent de «mensonges ou d’incompétence», en
disant que le chef de la CIA essayait intentionnellement de tromper le
leadership et le public américains, ou que la CIA manque de professionnels
disposant de sources adéquates sur le terrain.
La déclaration de Pompeo a également été contestée par le
vice-président irakien Nouri Maliki, qui a déclaré que, sans la Russie,
"la région serait entièrement détruite", rapporte Sputnik, citant
Maliki.
"Sans l'approche de la Russie de la question syrienne qui
diffère de celle des États-Unis, le régime syrien tomberait, les terroristes
auraient intensifié leurs actions grâce à cela, la carte régionale changerait
et, en fin de compte, elle conduirait à la chute de Bagdad aux mains des
terroristes", a déclaré Maliki à Spoutnik dans un entretien exclusif.
Malgré toutes les différences, Pompeo croit quant même que "ce
serait une mauvaise chose de tourner le dos" à la Russie, car il est
nécessaire d'obtenir et de partager des informations "pour les aider à
éliminer ces menaces terroristes qui présentent des risques pour l'Amérique".
"Si la Russie a l'information qui peut nous aider à lutter
contre le combat CT [anti-terrorisme] dans le monde entier, il est de mon
devoir, non seulement le bon choix, de travailler avec eux".
Hannibal GENSERIC