Juste après l’élection
présidentielle des États-Unis de 2016, j’ai publié un article intitulé L’ordre
sort du chaos : la défaite de la gauche aura un coût, couvrant un sujet plutôt difficile,
à savoir le concept de « guerre
de quatrième génération » et comment il est utilisé
par les élites pour vaincre la résistance populaire et promouvoir leur
agenda de centralisation et de mondialisation. Les tactiques de guerre de 4e
génération sont confuses pour beaucoup parce que la plupart des gens pensent en
termes de mouvements uniques et de corrélations directes. Ils pensent à un coup
destiné à frapper, plutôt qu’à quelque chose conçu comme une feinte
faite pour désorienter.
Je le dirai
autrement : certaines personnes jouent aux échecs et elles ne voient que
l’attaque devant elles. D’autres jouent aux échecs et voient l’attaque trois
coups à l’avance. La guerre de la 4e génération est un style de
combat « trois coups à l’avance »
qui met l’accent sur un objectif très spécifique : faire en sorte que
l’ennemi se détruise de lui-même ou se mette en esclavage, de sorte que vous
n’ayez pas à prendre le risque de faire mouvement directement contre lui.
C’est-à-dire que la guerre de 4è génération est d’abord et avant tout une
guerre psychologique. Ce que vous voyez avec vos yeux n’est généralement pas ce
qui se passe réellement.
Par exemple,
lorsque j’ai prédit la victoire électorale de Donald Trump et le passage du
Brexit, j’ai basé mes conclusions sur une stratégie de 4e
génération. Selon le comportement et la rhétorique des globalistes et de leurs
organisations à l’époque, il me semblait qu’ils autorisaient la souveraineté et
les mouvements conservateurs à s’imposer sur le terrain politique. Ils nous ont
laissé croire que nous gagnions.
Cela veut dire
qu’il faut que les conservateurs ne soient plus sur leurs gardes et il faut les
convaincre à penser en termes de défense du gouvernement plutôt que de les
laisser travailler à le renverser. La corruption n’a pas changé, mais
maintenant, nous avons intérêt à maintenir le système en train de tenter de se
changer « de l’intérieur ». J’espère qu’il
est évident pour la majorité des militants de la Liberté aujourd’hui que c’est
une notion naïve.
Les conservateurs en sont également à
plaider en faveur du système électoral, car beaucoup pensent que parce que
Donald Trump « a
gagné », le système doit être au moins partiellement légitime.
Flash infos : notre système électoral a été frauduleux depuis des
décennies. Les seuls candidats qui ont déjà passé les filtres du DNC et du RNC [Democrat
or Republican
national comittee, NdT], sont les candidats que les élites
veulent que le public choisisse.
Le public américain est également très
divisé sur l’ascension de Trump vers la Maison Blanche. La gauche politique a
été amenée près de la folie totale, non pas qu’ils n’étaient pas vraiment déjà
fous. Les conservateurs sont les prochains à être visés par des manipulations
psychologiques, car la zéloterie de gauche nous pousse vers l’autre extrémité
du spectre et une mentalité potentiellement dangereuse de rationalisation d’une
réponse totalitaire. Lorsque des divisions sociales extrêmes existent, les
troubles civils et la guerre ne sont pas loin derrière.
Enfin, le cadre économique et social
actuel des États-Unis en particulier a une durée de vie finie. L’instabilité
économique est en plein essor, comme je l’ai noté et mis en évidence dans l’article
de la semaine dernière, et c’est un processus en cours depuis la crise
initiale du crédit et des produits dérivés de 2008. L’ancienne structure de
l’Amérique est délibérément démolie pour faire place à une nouvelle
structure ; un édifice mondial unique dans lequel nous ne sommes pas une
nation, mais un vassal féodal sans idées d’autodétermination souveraine. Cela
dit, l’ancien monde ne peut pas être démoli complètement. Les globalistes ne
prévoient pas d’être blâmés pour la crise qui va suivre inévitablement. Entre
Trump, le bouc émissaire parfait pour la prochaine étape de l’effondrement
financier, et peut-être un joueur de flûte assez convainquant pour attirer de
nombreux groupes conservateurs pour prendre le blâme eux aussi.
Trump, un ennemi apparent de l’agenda
globaliste, a pris ses fonctions, puis s’est entouré des mêmes banquiers et des
mêmes globalistes qu’il a fustigés lors de sa campagne. Il poursuit sa
rhétorique anti-globaliste, mais ses actions tendent à les aider. Les
conservateurs, désespérés de trouver un héros sur son cheval blanc et d’arrêter
la marée pressante du marxisme culturel, en ont reçu un… Mais seulement pas de
la manière qu’ils espéraient.
En attendant, l’establishment a cherché à
maintenir des tensions sociales élevées. Comment ? La gauche politique a
été utilisée comme une marionnette depuis les élections avec un récit de « conspiration
russe ». Vous voyez, la haine est psychologiquement épuisante.
Les mobs ont tendance
à se dissiper et à devenir impuissantes avec le temps. Il est difficile de
soutenir la haine d’une grande masse de personnes sans propagande constante.
Ainsi, il est important de donner aux gens une raison de haïr ; une raison
qui alimente un renforcement perpétuel. Pour les gauchistes, le désir de haïr
Trump est profond. Ils pensent qu’il représente tout ce qui s’oppose à leur
idéologie, et les fanatiques ne peuvent tolérer l’existence d’idéaux opposés.
Mais il en faut plus. La gauche doit être convaincue que Trump est un voleur,
un voleur si odieux qu’il a volé une élection avec l’aide d’une puissance
étrangère.
Maintenant, non seulement Trump est
l’Antéchrist pour les gauchistes, mais aussi un faux président – un prétendant
au trône. Ce récit est plus que suffisant pour leur garder la bave aux lèvres
pendant des mois, sinon des années.
Comme beaucoup d’analystes l’ont
souligné, il n’y a absolument aucune preuve que Trump ait « volé »
les élections, et encore moins de collusion avec le gouvernement russe pour le
faire. Le témoignage du premier chef du FBI James Comey devant le Comité du
renseignement du Sénat n’a rien produit. Pas de note, pas de piste papier, nada.
L’existence même des « memos de Comey » est probablement une farce.
Mais voici où je suis en rupture avec
beaucoup dans le mouvement de la Liberté : certains analystes supposent
que Trump est « ciblé »
et que l’objectif est de le virer de la Maison Blanche. Cela n’a aucun sens
pour moi. Si les élites voulaient arrêter Trump, elles l’auraient fait pendant
le processus de sélection du RNC comme ils l’ont fait avec Ron Paul, et tout
comme le DNC l’a fait avec Bernie Sanders.
De toute évidence, Trump est plus
précieux pour eux assis dans le bureau ovale, comme je l’ai indiqué ci-dessus. Le cirque russe ne va nulle part parce
qu’il n’a jamais été destiné à aller quelque part. C’est une
distraction et un drame, un feuilleton pour les masses ignorantes. Trump ne
sera pas éjecté du bureau. S’il finit par être mis en accusation, la mise en
accusation échouera. Comme je l’ai dit depuis avant l’élection, l’establishment a besoin de Trump en tant
que président.
Donc, si j’ai raison et que le récit de
la conspiration russe n’est pas destiné à faire tomber Trump, à quoi cela
est-il destiné ? Comme indiqué précédemment, il s’agit d’une guerre de 4e
génération, et la cible prévue de la propagande n’est pas toujours la cible
évidente.
Comme indiqué, les
gauchistes sont la cible initiale.
Ils continueront à croire que Trump est un collaborateur russe parce qu’ils
veulent le croire, quelle que soit l’absurdité de l’idée. Ils ignoreront le
fait qu’il n’y a pas de preuve à l’appui de cette accusation. Ils embrasseront
la propagande de tout cœur et développeront des méthodes plus violentes pour
exprimer leur indignation.
La cible secondaire
de la manipulation de la conspiration russe, ce sont les groupes conservateurs.
Voici la réalité de notre situation : le système américain va passer à la prochaine phase de
l’effondrement sous la gouvernance de Trump. Les mathématiques sont implacables. Chaque
indicateur économique, à l’exception des actions, est en forte baisse, la
Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt pour déclencher délibérément une
plus grande instabilité et le temps s’écoule. Je crois que cette phase commencera
avant la fin de 2017. Lorsque le prochain ralentissement arrivera à notre porte
et dans le portefeuille de l’Américain moyen, les gauchistes et la plupart des
gens vont blâmer Trump comme « bouffon incompétent » ou comme « fasciste au
vitriol ».
Tout comme les élites doivent faire de
Trump et des conservateurs le meilleur bouc émissaire possible pour la gauche,
elles ont aussi besoin d’un bouc émissaire parfait pour la droite politique. Le
récit sera tourné contre les gauchistes et les conservateurs s’époumoneront que
Trump n’a pas réussi à réparer les dégâts économiques « causés par l’administration Obama »
parce que les gauchistes ont
utilisé cette fausse conspiration russe comme un moyen de le saper en toutes
les occasions. Les gauchistes seront qualifiés de saboteurs
économiques et politiques, et cette accusation fonctionnera jusqu’à un certain
point, parce que c’est partiellement vrai.
Enfin, au fur et à mesure que le déclin
de l’Amérique s’accélère, les nations de l’Est se sépareront sans aucun doute
du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale et commenceront à
utiliser la structure du panier des Droits de tirage spéciaux du FMI en
remplacement. La Russie sera probablement responsable de cette charge avec la
Chine. Les Américains blâmeront la Russie en partie pour la disparition du
pouvoir d’achat du dollar à travers le monde. Et le reste du monde va
culpabiliser les États-Unis pour la disparition du dollar en raison de
l’impérialisme américain et des sanctions décrétées contre la Russie. Ils
diront que nous l’avons mérité.
Peut-être que vous avez remarqué un
modèle récurrent ici ? Chaque partie du récit que j’ai décrite a déjà été
lancée, même si elle n’en est qu’à ces premiers stades de développement. Il
s’agit d’un dialogue ouvert largement développé dans les médias dominants. Et dans tous les cas, le coupable offert
derrière la chute de l’Amérique est toujours quelqu’un d’autre que les élites
bancaires. N’importe qui d’autre sauf les élites bancaires.
Les gauchistes et les socialistes du
monde entier vont accuser Trump et les principes conservateurs. Les
conservateurs accuseront la gauche et leurs obstructions à Trump. L’Occident va
culpabiliser l’Est. Les globalistes blâmeront les « populistes » et
les nationalistes, et les nationalistes se battront pour protéger leur terrain
par tous les moyens nécessaires, y compris des mesures inconstitutionnelles,
qui ne feront qu’aider les globalistes à long terme.
Un catalyseur de base
pour ce jeu de blâme géopolitique est la présidence de Trump et l’utilisation
du complot russe pour s’assurer que la gauche reste folle, inspirant à la droite des mesures
extrêmes. Encore une fois, il ne s’agit pas de supprimer Trump, il s’agit de
manipuler la gauche. Il s’agit d’utiliser le marxisme culturel de la gauche
pour déclencher une réaction violente de la droite politique.
Dans mon récent article L’opération
Temperer – U.K : Probable mise en place de la loi martiale cette année,
j’ai averti les lecteurs que le gouvernement britannique a déjà mis en marche
des mesures de loi martiale en réponse à un nombre croissant d’attaques
terroristes islamistes. Aux États-Unis, je pense que la même marche vers le
totalitarisme se produira, mais pour des raisons qui dépassent le terrorisme
venant de l’étranger. L’incertitude économique associée à l’incapacité de la
gauche à supplanter la présidence par tous les moyens nécessaires peut très
bien être exploitée par Trump et les élites qui l’entourent pour établir des
mesures de loi martiale aux États-Unis. Et j’ai peu de doutes qu’une partie des
conservateurs appuieront cette action.
Si cela arrive et que les conservateurs
bénéficient d’un soutien majoritaire, l’utilisation globaliste de la guerre de
4e génération aura réussi. Ils auront gagné. Car si les
conservateurs abandonnent la Constitution, personne ne restera derrière pour
défendre les principes et le patrimoine qu’elle représente. Nous nous serons
détruits nous-mêmes, et les élites auront à peine levé le petit doigt pour que
cela se produise. Le jeu peut être entièrement renversé, mais il ne le sera que
si nous sommes assez intelligents pour reconnaître le récit pour ce qu’il est,
et seulement si nous mettons l’accent sur les globalistes au lieu de nous
concentrer sur les boucs émissaires qu’ils nous offrent.
Par Brandon Smith – Le 22 juin 2017 –
Source alt-market.com
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan,
relu par Catherine pour le Saker Francophone