L’historien
israélien Shlomo Sand a été «agacé» par l’invitation de Benjamin Netanyahou à
la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, mais plus encore par l’affirmation
d’Emmanuel Macron selon qui l’antisionisme serait un antisémitisme réinventé.
Professeur
d’histoire à l’université de Tel-Aviv, Shlomo Sand a adressé une lettre
ouverte à Emmanuel Macron concernant son discours prononcé lors de la
commémoration de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet, à laquelle le Premier
ministre israélien avait été invité par le président.
«Pour être tout à fait franc, j’ai été plutôt
agacé par le fait que vous ayez invité Benjamin Netanyahou, qui est
incontestablement à ranger dans la catégorie des oppresseurs, et ne saurait
donc s’afficher en représentant des victimes d’hier», écrit l’historien.
Reprenant les
mots d’Emmanuel Macron, selon qui «l’antisionisme
est la forme réinventée de l’antisémitisme», Shlomo Sand se demande si ces
propos avaient pour but de «complaire» au chef du gouvernement israélien, ou si
ceux-ci relèvent «purement et simplement une marque d’inculture politique».
«Tout d’abord, le sionisme n’est pas le judaïsme, contre lequel
il constitue même une révolte radicale», explique l’historien. Rappelant
l’interdiction faite aux juifs de migrer «en masse» en Palestine avant la
venue du messie juif, Shlomo Sand pointe le fait que le sionisme substitue la
volonté humaine à la volonté divine.
Néanmoins, après
l’holocauste, cette conception autrefois majoritaire chez les juifs religieux
s’est érodée, parce qu’Israël constituerait un refuge permettant d’éviter de
nouvelles tragédies.
La colonisation
des territoires palestiniens a pourtant pu nourrir une opposition au sionisme
jusque dans les rangs de la société israélienne, dont Shlomo Sand fait partie.
«Je ne peux pas être sioniste. Je suis un
citoyen désireux que l’État dans lequel on vit soit une république israélienne,
et non pas un État communautaire juif. Descendant de juifs qui ont tant
souffert de discriminations, je ne veux pas vivre dans un État, qui, par son
auto-définition, fait de moi un citoyen doté de privilèges. A votre avis,
monsieur le Président : cela fait-il de moi un antisémite ?», conclu
l’historien israélien.
RT –
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