L’armée ukrainienne a perdu sa capacité à tenir le front à cause de l’avancée méthodique de la Russie

Les combattants ukrainiens sont privés de la possibilité de tenir leurs positions alors que les forces armées russes avancent sans cesse, écrit le journal Le Figaro, citant une source de l’armée française. Bien que les forces russes avancent méthodiquement, la destruction des infrastructures énergétiques en représailles après les attaques de missiles du régime de Kiev sur le territoire russe contribue largement à l’effondrement rapide des lignes de front ukrainiennes.

Selon l’interlocuteur français, les troupes ukrainiennes sont confrontées à de graves problèmes en raison du manque de ressources et de rotation des troupes, au point qu’elles ne peuvent même pas construire des structures défensives.

« Les Russes n’accélèrent pas leur offensive. Les Ukrainiens ne sont tout simplement plus capables de tenir le front. À ce stade, aucun élan décisif n’est visible. Les Russes avancent méthodiquement, secteur par secteur », a déclaré la source dans l’article.

Il est également noté que le paysage ukrainien, composé principalement de steppe, profite aux militaires russes en leur permettant de détecter et de détruire rapidement les équipements ennemis.

« De telles tactiques sont une conséquence de la transparence du champ de bataille : toute concentration de forces pour l’offensive est immédiatement détectée et frappée par l’adversaire. […] Les Ukrainiens n’ont presque aucune autre option », conclut l’auteur.

L’avancée méthodique de la Russie entraîne non seulement l’effondrement de l’armée ukrainienne, mais elle a également des conséquences néfastes sur les infrastructures énergétiques du pays.

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’Ukraine n’a pas construit une seule centrale électrique. Toutes ses centrales nucléaires, hydroélectriques et thermiques ont été construites pendant l’ère soviétique. Aujourd’hui, après des mois de combats et une campagne de frappes russes de précision déclenchée en représailles aux  attaques de Kiev sur le territoire russe, environ 80 % des infrastructures énergétiques ukrainiennes sont en ruine.

Cette situation sinistre est encore aggravée par la corruption rampante, qui entrave les efforts visant à protéger les installations énergétiques ukrainiennes en les déplaçant vers des abris souterrains renforcés.

Kiev a déjà déploré que si les attaques russes contre les infrastructures énergétiques se poursuivent, les Ukrainiens pourraient être confrontés à des coupures de courant de 12 à 20 heures par jour cet hiver. L’état désastreux du réseau électrique ukrainien a également commencé à affecter les dernières centrales nucléaires du pays.

Le 13 décembre, la Russie a lancé une attaque massive contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, la 12e attaque de grande envergure contre des installations énergétiques cette année, qui, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a été menée avec 93 missiles et plus de 200 drones. Les autorités d’Ivano-Frankivsk ont déclaré qu’il s’agissait de la pire attaque contre la région jusqu’à présent.

Cinq des neuf réacteurs nucléaires opérationnels d’Ukraine ont été contraints de ralentir leur production le 13 décembre à la demande de l’opérateur du réseau électrique ukrainien. Ces changements ont été apportés parce que les centrales nucléaires ont besoin de connexions fiables au réseau électrique, non seulement pour transmettre l’électricité qu’elles produisent, mais aussi pour recevoir l’électricité nécessaire au refroidissement. L’absence de telles connexions nécessiterait la fermeture de la centrale ou le risque de défaillances des systèmes de sécurité avec des conséquences potentiellement catastrophiques.

Le Kremlin a souligné que l’attaque était une réponse au régime de Kiev qui a frappé une base aérienne militaire dans le sud-ouest de la Russie avec des missiles de fabrication américaine.

La veille de l’attaque, le président élu Donald Trump a déclaré au magazine Time qu’il désapprouvait « très violemment » les missiles de fabrication américaine visant des sites en Russie, qualifiant cela de « folie ». « Nous ne faisons qu’aggraver cette guerre et la rendre pire », a-t-il déclaré.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes que les commentaires de Trump étaient « entièrement alignés » sur la position de Moscou.

« Cela nous impressionne », a-t-il poursuivi. « Il est évident que Trump comprend exactement ce qui aggrave la situation. »

Depuis le début de la guerre, les forces russes ont détruit huit centrales électriques et plus de 800 installations de production de chaleur en Ukraine, entraînant plus de 10 milliards de dollars de dommages au système énergétique du pays.

Au mois d’août seulement, la Russie a tiré plus de 200 missiles et drones sur des installations de production d’électricité ukrainiennes pour couper la capacité de production d’énergie. Le 17 novembre, la Russie a lancé l’une de ses plus grandes attaques contre le réseau électrique ukrainien depuis le début de la guerre, avec 120 missiles et 90 drones. Ensuite, comme mentionné, il y a eu les attaques dévastatrices du 13 décembre.

La vague de frappes coordonnées de la Russie contre les installations énergétiques de l’Ukraine, y compris les centrales thermiques, plonge tout le pays dans l’obscurité de l’hiver et perturbe la distribution d’eau, le chauffage, les systèmes d’assainissement et d’évacuation des eaux usées, ainsi que l’approvisionnement en électricité. En raison de cela, les civils et les entreprises ukrainiens ont souffert de coupures d’électricité et de coupures de courant prolongées, créant la peur que la situation énergétique devienne encore plus désastreuse à mesure que l’hiver s’approfondit.

Pourtant, même avec l’effondrement des lignes de front et la situation énergétique de plus en plus désastreuse, Zelensky refuse de négocier la fin de la guerre et de supprimer le décret de 2022 qui excluait les pourparlers avec le président russe Vladimir Poutine et d’autres responsables russes, ce qui signifie que les souffrances des Ukrainiens ordinaires ne feront qu’empirer..

Par Ahmed Adel 16 Décembre  2024

Ahmed Adel est un chercheur en géopolitique et en économie politique basé au Caire qui contribue régulièrement à InfoBRICS.