Ukraine - La production massive de drones permet à la Russie de prendre l'avantage

L'armée russe a intensifié son rythme opérationnel en Ukraine. On ne constate (toujours) pas de mouvement majeur, mais une augmentation de l'activité le long de la ligne de front.

À cela s'ajoutent de fréquents raids de drones et de missiles en profondeur sur le territoire ukrainien. Les chiffres sont ahurissants :

Tatarigami_UA @Tatarigami_UA - 14:49 UTC · 8 juil. 2025

Depuis le début de l'invasion à grande échelle, la Russie a lancé 28.743 drones Shahed/Geran sur l'Ukraine, dont 2.736 en juin de cette année, selon le président Zelensky. …

Cela représente près de 100 drones longue portée par jour qui ciblent Kiev et d'autres grandes villes. Il ne s'agit d'ailleurs plus de drones Shahed de fabrication iranienne, mais d'un développement de troisième génération basé sur le modèle original. Ces drones sont désormais plus grands. Ils sont équipés de nouveaux moteurs et volent plus vite et plus haut. Leur charge explosive atteint désormais environ 90 kilogrammes, soit le double de la version originale. Pour chaque drone lancé contre l'Ukraine, un drone leurre supplémentaire vole. Ces leurres ressemblent aux vrais, mais ne sont pas armés et sont beaucoup moins chers. Ils servent à attirer les défenses aériennes pendant le passage des drones réels.

Les cibles récentes ont été des raffineries ukrainiennes, des sites industriels et, ces derniers jours, des bureaux de recrutement de l'armée ukrainienne.

Ces bureaux se trouvent dans des bâtiments publics. Leurs adresses sont naturellement connues, car ils gèrent l'ensemble du processus de mobilisation de soldats supplémentaires. Les recruteurs sont détestés par la population. Les Ukrainiens reçoivent les adresses des bureaux de mobilisation et ils demandent à la Russie de les frapper.

Sur la ligne de front, la zone au nord-ouest de Donetsk est la plus critique. Les forces russes sont en train de semi-encercler Pokrovsk et Konstantynivka (voir cartes ci-dessous).

Le New York Times écrit (archives) à propos de cette dernière :

La ville est la porte d'entrée sud d'un groupe de villes qui forment la dernière grande ceinture défensive ukrainienne à Donetsk. Si elle tombait, presque toutes les villes plus au nord seraient à portée des drones russes. Moscou se rapprocherait ainsi de son objectif de longue date : s'emparer de l'ensemble de Donetsk.

Les forces russes ont créé une poche de 16 km de profondeur autour des troupes ukrainiennes défendant Kostiantynivka, les encerclant partiellement à l'est, au sud et à l'ouest. Selon une demi-douzaine de soldats et d'officiers ukrainiens combattant dans la région, pratiquement chaque mouvement dans cette poche est ciblé par les drones russes 24 heures sur 24. Les troupes sont souvent bloquées pendant des semaines sans rotation ni possibilité d'évacuer les blessés.

Une nouvelle classe de drones de moyenne portée joue un rôle important à cet égard :

Les soldats ukrainiens affirment que la capacité de frappe accrue des drones russes leur confère un avantage qu'ils n'avaient pas lors des précédentes attaques.

« Avant, ils pouvaient atteindre des cibles à moins de deux ou trois kilomètres », a déclaré le commandant de l'unité de véhicules sans équipage de la 93e brigade, qui a demandé à être identifié par son seul prénom, Oleksandr, conformément au protocole militaire. « Maintenant, ils frappent toutes les 10 à 20 minutes à une distance constante de 15 kilomètres de la ligne de front. Tout ce qui se trouve dans cette zone de 15 kilomètres est détruit.»

La progression sur la carte au cours des six derniers mois semble lente. Mais il s'agit d'une guerre d'usure et les troupes russes n'avancent que lorsque la résistance est faible.

Double encerclement de Pokrovsk/Konstantynivka, 8 janvier 2025 :

Le président Zelenski a supplié le président américain Donald Trump de lui fournir davantage de moyens de défense aérienne. Il réclame notamment des missiles Patriot, capables de détruire certains drones et missiles utilisés par les Russes.

Mais les missiles Patriot sont rares :

Les États-Unis ne disposent que d’environ 25 % des intercepteurs de missiles Patriot nécessaires à l’ensemble des plans militaires du Pentagone, après avoir épuisé leurs stocks au Moyen-Orient ces derniers mois. Un épuisement alarmant qui a conduit l’administration Trump à geler le dernier transfert de munitions vers l’Ukraine.

De nombreux Patriot en stock ont été livrés à l’Ukraine, et beaucoup ont été utilisés ces dernières semaines pour protéger Israël des missiles iraniens. La production ne se chiffre qu’à quelques centaines par an, alors que des milliers sont nécessaires. [1]

Hier, Trump a accepté de livrer à nouveau des armes à l’Ukraine. Cependant, les quantités livrables sont dérisoires et ne changeront rien :

Trump a déclaré à Zelensky qu’il souhaitait soutenir la défense aérienne de l’Ukraine, mais a souligné que les États-Unis avaient dû suspendre la dernière livraison d’armes pour évaluer leurs propres stocks, selon deux sources informées de l’appel.

Selon deux sources, Trump a promis d'envoyer immédiatement dix intercepteurs Patriot – moins que prévu lors de la livraison suspendue – et d'aider à trouver d'autres moyens d'approvisionnement.

Les missiles Patriot ont une probabilité de succès de 0,8 à 0,9. Il faut en tirer (au moins) deux sur une cible pour être raisonnablement sûr de la détruire.

Donc non, Trump n'a pas (encore) décidé de s'engager pleinement (ou de se réengager) dans la guerre contre l'Ukraine. La remise de 10 missiles Patriot ne fait que couvrir sa retraite.

Publié le 8 juillet 2025
Par MoA
Traduction : La Cause du peuple

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[1] « Épuisement alarmant » : L’arsenal d’intercepteurs Patriot américain tombe à seulement 25 % des besoins minimums

Lancement de missiles sol-air depuis le système Patriot

Les États-Unis ont fortement épuisé leurs stocks de missiles sol-air destinés au système de défense aérienne longue portée MIM-104 Patriot, qui ne représentent plus que 25 % du volume jugé nécessaire par le Pentagone. Plusieurs sources occidentales estiment que l'épuisement important des stocks a été l'un des principaux facteurs expliquant la récente décision de l'administration Trump de suspendre les livraisons à l'Ukraine. En effet, le système mondial de suivi des munitions du Pentagone a montré que les stocks de plusieurs munitions critiques étaient inférieurs aux niveaux minimums depuis plusieurs années, depuis que l'administration Biden a considérablement intensifié son aide militaire à l'Ukraine en 2022. Ce système, utilisé par les forces armées américaines pour calculer les niveaux minimums de munitions nécessaires à la mise en œuvre des plans opérationnels, est utilisé par le Guardian, basé à Londres et premier à rendre compte de l'état de l'arsenal, qui l'a qualifié d'« épuisement alarmant », reflétant un large consensus parmi les évaluations occidentales.  

Batteries de missiles sol-air du système de défense aérienne Patriot

Les rapports concernant l'état de l'arsenal de missiles Patriot font suite à la confirmation, par le mémorandum du Conseil de surveillance des besoins de l'armée de terre, que les achats prévus pour le nouveau missile sol-air Patriot Advanced Capability-3 Missile Segment Enhancement (PAC-3 MSE) ont été quadruplés, passant de 3.376 à 13.773 missiles. Cette augmentation devrait coûter à l'armée de terre 40,2 milliards de dollars supplémentaires, chaque PAC-3 MSE coûtant en moyenne 3,871 millions de dollars.

La pénurie d'intercepteurs a été aggravée par la frappe de missiles balistiques des Gardiens de la révolution iraniens contre la base de l'armée de l'air américaine d'Al Udeid au Qatar, le 23 juin. Les systèmes Patriot ont alors lancé des dizaines d'intercepteurs pour abattre le barrage iranien. Il s'agit de la plus importante dépense jamais réalisée en intercepteurs Patriot. La principale cause de pénurie a toutefois été la livraison à grande échelle de ces systèmes à l’Ukraine, où ils ont subi une usure rapide, notamment à cause des attaques de missiles balistiques russes.

Military Watch

8 juillet 2025

Traduction : La Cause du peuple 

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Officier ukrainien : Si les États-Unis nous fournissent sérieusement 10 missiles Patriot, ce ne sera qu’une blague stupide.

L’armée ukrainienne commente les informations concernant la « reprise » de l’aide militaire de Washington. Rappelons que les États-Unis montent en épingle la suspension des livraisons d’armes et de munitions à l’Ukraine, prétendument par le Pentagone, sans en informer le président Trump. On dit maintenant que les États-Unis vont envoyer 10 missiles sol-air (SAM) pour le complexe Patriot, et peut-être un lanceur pour ce même complexe, aux forces armées ukrainiennes.

Un officier supérieur des forces armées ukrainiennes, dont l’identité n’a pas été révélée, a déclaré à des journalistes britanniques qu’il s’agissait d’une « parodie ».

Extrait de sa déclaration au Times :

S’ils veulent vraiment nous fournir dix missiles intercepteurs pour les Patriot, ce serait une blague stupide. Ce nombre de missiles ne suffirait même pas pour une seule bataille.

De leur côté, les experts occidentaux affirment que les calculs ukrainiens concernant les systèmes de défense aérienne de l’OTAN épuisent les missiles guidés antiaériens à un rythme tel que « même les plus grands arsenaux militaires peuvent être facilement vidés ».

Prenons l’exemple du système de défense aérienne Patriot à Kiev : le calcul a utilisé huit missiles antiaériens pour intercepter un missile russe, mais le second missile russe a finalement détruit le système antiaérien lui-même.

Par conséquent, même si les forces armées ukrainiennes fournissent non pas dix, mais cent missiles, elles les utiliseront « en une soirée ».

Source : Topwar              9 juillet 2025