Le président russe Vladimir Poutine et son futur
homologue américain se sont entretenus pour la première fois par téléphone
lundi depuis la victoire à la présidentielle de Donald Trump, le Kremlin
annonçant qu'ils étaient d'accord pour "normaliser" les relations
entre Moscou et Washington.
A New York, l'équipe du président élu a confirmé l'entretien téléphonique mais a plus sobrement parlé du souhait de M. Trump de nouer des "relations fortes et durables avec la Russie et avec le peuple russe".
Pas d'interférence dans leurs politiques nationales
Lors de cet entretien téléphonique, décidé d'un "commun
accord" selon le Kremlin mais à l'initiative de M. Poutine selon les
Américains, le chef de l'État russe a de nouveau félicité M. Trump pour sa
victoire et s'est dit "prêt à nouer un dialogue avec la nouvelle
administration sur un pied d'égalité, selon un principe de respect mutuel et
sans que l'un interfère dans les affaires intérieures de l'autre".
Ensemble contre le terrorisme
"Lors de leur conversation, MM. Poutine et Trump
ont partagé le même constat concernant l'état très peu satisfaisant des
relations russo-américaines et se sont prononcés pour travailler ensemble
activement à leur normalisation", toujours
selon le Kremlin. Les deux hommes ont souligné la nature "stratégique"
de leurs liens économiques et commerciaux. Enfin, ils ont convenu de la
"nécessité d'unir leurs efforts dans la lutte contre l'ennemi numéro un:
le terrorisme international et l'extrémisme". "Dans cette
perspective, ils ont discuté du règlement de la crise en Syrie", selon
le Kremlin.
Bientôt une rencontre
MM. Poutine et Trump vont "continuer leurs
contacts par téléphone et des représentants des deux parties vont s'occuper de
préparer une rencontre" entre le chef de l'État russe et son futur
homologue, a encore indiqué la présidence russe.
Trump a bien dit à Poutine qu'il voulait "des relations fortes et durables"
Selon l'équipe de M. Trump, ils ont discuté d'un "éventail
de questions, notamment les menaces et les défis auxquels font face les États-Unis
et la Russie, les problèmes économiques stratégiques et les relations
historiques entre les États-Unis et la Russie qui ont débuté il y a 200
ans". "Le président élu Trump a dit au président Poutine
qu'il souhaitait des relations fortes et durables avec la Russie et avec le
peuple russe", toujours selon un communiqué des services de M. Trump.
Moscou parmi les premiers à féliciter Trump
Le Kremlin avait été l'une des premières puissances
étrangères à adresser un message officiel de félicitations au candidat
républicain. Vladimir Poutine avait ensuite dit publiquement être "prêt
à faire sa part du chemin" pour restaurer ses relations avec
Washington, qualifiant ce chemin de "difficile".
Déjà proche de Poutine pendant sa campagne
Durant toute la campagne électorale, Donald Trump, élu
45e président des États-Unis, a été accusé par la candidate démocrate Hillary
Clinton d'être la "marionnette" de Vladimir Poutine. La Russie
a également été soupçonnée par Washington d'avoir cherché à peser sur la
campagne en faveur de Donald Trump en orchestrant une fuite de 20.000 messages
de cadres du parti démocrate. De son côté, M. Trump a plusieurs fois loué les
qualités de dirigeant de Vladimir Poutine et dit espérer avoir une
"très bonne relation" avec lui.
Le président russe a pour sa part déjà qualifié M.
Trump d'"homme brillant et plein de talent", disant apprécier
le fait qu'il soit "prêt à rétablir entièrement les relations
russo-américaines".
Les relations entre la Russie et les États-Unis sont à
un niveau historiquement bas depuis la fin de la Guerre froide en 1991 en
raison notamment de leur opposition sur le conflit syrien et la crise
ukrainienne.
Trump: les premières étapes de sa politique de la Syrie
Le président élu Donald Trump a promis de
changer radicalement la politique étrangère américaine, y compris les conflits
régionaux. Dans
son entretien avec The Wall Street Journal, il a déclaré que la priorité
absolue de son administration en Syrie serait de vaincre le groupe de l'État
islamique (IS), plutôt que d'évincer le président syrien Bashar al-Assad.
Selon lui, «Mon attitude était que vous
combattiez la Syrie, la Syrie combat ISIS (IS), et vous devez vous débarrasser
d'ISIS. La
Russie est maintenant totalement alignée sur la Syrie, et maintenant vous avez
l'Iran, qui devient puissant à cause de nous, et qui est aligné avec la Syrie
... Maintenant nous soutenons les rebelles contre la Syrie, et nous n'avons
aucune idée qui sont ces gens ». La
déclaration indique un renversement complet de la politique précédente. Si
les États-Unis attaquent M. Assad, le président élu a déclaré: «en attaquant
la Syrie, nous finissons par combattre la Russie».
Avec toutes les tentatives de la Russie pour
coordonner les efforts rejetés, la politique de l'administration Obama visant à
un changement de régime en Syrie a poussé les États-Unis au bord
de la confrontation avec la Russie. De
toute évidence, Donald Trump a compris la folie de cette politique.
Au cours de la campagne électorale, M. Trump a
déclaré que le changement de régime en Syrie causerait plus d'instabilité dans
la région et que soutenir le gouvernement d'Assad est le moyen le plus efficace
pour endiguer la propagation du terrorisme et de l'extrémisme. En
résumant les déclarations du président élu, on peut dire que les États-Unis veulent
sortir de la guerre en Syrie, cesser de déstabiliser davantage de pays du
Moyen-Orient et travailler avec Moscou pour vaincre des groupes terroristes
comme ISIS ou leur alter ego, les Frères Musulmans, les amis intimes d'Hillary.
L'été dernier, il avait
dit: «cela aurait été sympa si nous nous étions réunis avec la Russie et avions
éliminé l’infernal ISIS/Daech)» En particulier, il avait suggéré de mettre fin
au soutien des rebelles syriens.
Donald Trump avait reçu du président russe
Vladimir Poutine une lettre «excellente» (c'est-à-dire un télégramme de
félicitations) exprimant son désir de travailler «pour ramener les relations
russo-américaines sur un chemin stable de développement».
Il est normal que pendant les élections
présidentielles, les candidats disent beaucoup de choses pour, ensuite, lorsqu’ils
sont élus, les faire oublier, les cacher sous le tapis ou même faire l’inverse. Il
est donc primordial que M. Trump confirme sa position sur la Syrie juste après
la victoire électorale. C’est
ce qu’il a fait. Dans un nouveau tournant des événements, le gouvernement
syrien dirigé par le président Bachar Assad a déclaré qu'il était
prêt à coopérer avec le président élu des États-Unis. C'est un
développement qui peut conduire à des changements drastiques.
Les combats qui se déroulent à Mossoul, Raqqa
et Alep mettent la question en avant. Il s'agit maintenant d’une gestion de crise après qu’ISIS ait été vaincu et qu’Alep-Est
est de nouveau sous le contrôle des forces gouvernementales soutenues par la
Russie. Il
ne reste que peu de temps avant que les acteurs concernés ne fassent quelque
chose pour régler la situation.
Maintenant, lorsque le président Trump sera en
fonction, les parties pourraient faire les premiers pas en scellant un accord
sur la coordination des efforts. Les
frappes aériennes conjointes contre Jabhat al-Nosra (Jabhat Fatah al-Sham) et
ISIS seraient un bon début.
Avec ISIS expulsé d'Alep et de Raqqa, les
parties pourraient prendre des dispositions pour définir les zones d'influence
et les obligations mutuelles jusqu'à ce que les négociations internationales parrainées
par l'ONU produisent des résultats.
L'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite ont une
influence sur les formations armées opérant dans le pays. La
Russie entretient de bonnes relations de travail avec ces pays ainsi qu'avec le
gouvernement syrien. Les
États-Unis ont également une influence auprès de certains groupes, en
particulier les Kurdes syriens. Ensemble,
les parties pourraient progresser dans le cadre du Groupe de
soutien international de la Syrie.
La Russie et les États-Unis devraient coopérer
sur la Syrie et acquérir l'expérience de travailler ensemble au Moyen-Orient et
en Afrique du Nord. Ensuite, ils pourraient s'attaquer aux problèmes de la Libye et du Yémen
dans le cadre de l'effort international.
La position du président américain élu sur
cette question est saine et raisonnable. Après
tout, contrairement à ISIS, le président syrien Assad ne pose aucun danger aux
États-Unis. Les
islamistes menacent l'ensemble de la planète, y compris la Russie, la Chine, et l’Occident. Ils n'épargnent qu'un seul pays : Israël. Il faut donc chercher pourquoi et régler ce problème aussi. Comme nous l'avons répété maintes fois sur ce blog, ISIS Daech n'est qu'un outil de destruction massive aux mains de l'empire anglo-sioniste.
Avec l'énorme pouvoir combiné de leurs deux pays, les USA et la Russie peuvent imposer des solutions, même aux pays voyous tels qu'Israël.
Avec l'énorme pouvoir combiné de leurs deux pays, les USA et la Russie peuvent imposer des solutions, même aux pays voyous tels qu'Israël.
La position du président élu Trump sur le
Moyen-Orient et la Syrie, en particulier, ouvre de nouvelles perspectives de
coopération fructueuse avec la Russie. La
guerre en Syrie ne peut durer éternellement et la coopération entre la Russie
et les États-Unis est essentielle pour parvenir à un règlement pacifique.
Cette coopération pourrait s'étendre à d'autres
domaines dans le cadre d'un processus plus vaste. L'entrevue
de M. Trump et la conversation téléphonique entre les deux dirigeants sont des
signes de changements positifs. Le
Président Trump aura un bon départ. C'est à lui de ne pas
manquer l'occasion.
Hannibal GENSERIC