mardi 15 novembre 2016

Le rapprochement Trump / Poutine et ses conséquences pour la Syrie



Le président russe Vladimir Poutine et son futur homologue américain se sont entretenus pour la première fois par téléphone lundi depuis la victoire à la présidentielle de Donald Trump, le Kremlin annonçant qu'ils étaient d'accord pour "normaliser" les relations entre Moscou et Washington.


Donald Trump a appelé Vladimir Poutine pour amorcer un rapprochement avec la Russie 
A New York, l'équipe du président élu a confirmé l'entretien téléphonique mais a plus sobrement parlé du souhait de M. Trump de nouer des "relations fortes et durables avec la Russie et avec le peuple russe".

Pas d'interférence dans leurs politiques nationales


Lors de cet entretien téléphonique, décidé d'un "commun accord" selon le Kremlin mais à l'initiative de M. Poutine selon les Américains, le chef de l'État russe a de nouveau félicité M. Trump pour sa victoire et s'est dit "prêt à nouer un dialogue avec la nouvelle administration sur un pied d'égalité, selon un principe de respect mutuel et sans que l'un interfère dans les affaires intérieures de l'autre".

Ensemble contre le terrorisme


"Lors de leur conversation, MM. Poutine et Trump ont partagé le même constat concernant l'état très peu satisfaisant des relations russo-américaines et se sont prononcés pour travailler ensemble activement à leur normalisation", toujours selon le Kremlin. Les deux hommes ont souligné la nature "stratégique" de leurs liens économiques et commerciaux. Enfin, ils ont convenu de la "nécessité d'unir leurs efforts dans la lutte contre l'ennemi numéro un: le terrorisme international et l'extrémisme". "Dans cette perspective, ils ont discuté du règlement de la crise en Syrie", selon le Kremlin.

Bientôt une rencontre


MM. Poutine et Trump vont "continuer leurs contacts par téléphone et des représentants des deux parties vont s'occuper de préparer une rencontre" entre le chef de l'État russe et son futur homologue, a encore indiqué la présidence russe.

Trump a bien dit à Poutine qu'il voulait "des relations fortes et durables"


Selon l'équipe de M. Trump, ils ont discuté d'un "éventail de questions, notamment les menaces et les défis auxquels font face les États-Unis et la Russie, les problèmes économiques stratégiques et les relations historiques entre les États-Unis et la Russie qui ont débuté il y a 200 ans""Le président élu Trump a dit au président Poutine qu'il souhaitait des relations fortes et durables avec la Russie et avec le peuple russe", toujours selon un communiqué des services de M. Trump.

Moscou parmi les premiers à féliciter Trump


Le Kremlin avait été l'une des premières puissances étrangères à adresser un message officiel de félicitations au candidat républicain. Vladimir Poutine avait ensuite dit publiquement être "prêt à faire sa part du chemin" pour restaurer ses relations avec Washington, qualifiant ce chemin de "difficile".

Déjà proche de Poutine pendant sa campagne


Durant toute la campagne électorale, Donald Trump, élu 45e président des États-Unis, a été accusé par la candidate démocrate Hillary Clinton d'être la "marionnette" de Vladimir Poutine. La Russie a également été soupçonnée par Washington d'avoir cherché à peser sur la campagne en faveur de Donald Trump en orchestrant une fuite de 20.000 messages de cadres du parti démocrate. De son côté, M. Trump a plusieurs fois loué les qualités de dirigeant de Vladimir Poutine et dit espérer avoir une "très bonne relation" avec lui.

Le président russe a pour sa part déjà qualifié M. Trump d'"homme brillant et plein de talent", disant apprécier le fait qu'il soit "prêt à rétablir entièrement les relations russo-américaines".

Les relations entre la Russie et les États-Unis sont à un niveau historiquement bas depuis la fin de la Guerre froide en 1991 en raison notamment de leur opposition sur le conflit syrien et la crise ukrainienne.

Trump: les premières étapes de sa politique de la Syrie


Le président élu Donald Trump a promis de changer radicalement la politique étrangère américaine, y compris les conflits régionaux. Dans son entretien avec The Wall Street Journal, il a déclaré que la priorité absolue de son administration en Syrie serait de vaincre le groupe de l'État islamique (IS), plutôt que d'évincer le président syrien Bashar al-Assad.

Selon lui, «Mon attitude était que vous combattiez la Syrie, la Syrie combat ISIS (IS), et vous devez vous débarrasser d'ISIS. La Russie est maintenant totalement alignée sur la Syrie, et maintenant vous avez l'Iran, qui devient puissant à cause de nous, et qui est aligné avec la Syrie ... Maintenant nous soutenons les rebelles contre la Syrie, et nous n'avons aucune idée qui sont ces gens ». La déclaration indique un renversement complet de la politique précédente. Si les États-Unis attaquent M. Assad, le président élu a déclaré: «en attaquant la Syrie, nous finissons par combattre la Russie».

Avec toutes les tentatives de la Russie pour coordonner les efforts rejetés, la politique de l'administration Obama visant à un changement de régime en Syrie a poussé les États-Unis au bord de la confrontation avec la Russie. De toute évidence, Donald Trump a compris la folie de cette politique.

Au cours de la campagne électorale, M. Trump a déclaré que le changement de régime en Syrie causerait plus d'instabilité dans la région et que soutenir le gouvernement d'Assad est le moyen le plus efficace pour endiguer la propagation du terrorisme et de l'extrémisme. En résumant les déclarations du président élu, on peut dire que les États-Unis veulent sortir de la guerre en Syrie, cesser de déstabiliser davantage de pays du Moyen-Orient et travailler avec Moscou pour vaincre des groupes terroristes comme ISIS ou leur alter ego, les Frères Musulmans, les amis intimes d'Hillary.

L'été dernier, il avait dit: «cela aurait été sympa si nous nous étions réunis avec la Russie et avions éliminé l’infernal ISIS/Daech)» En particulier, il avait suggéré de mettre fin au soutien des rebelles syriens.

Donald Trump avait reçu du président russe Vladimir Poutine une lettre «excellente» (c'est-à-dire un télégramme de félicitations) exprimant son désir de travailler «pour ramener les relations russo-américaines sur un chemin stable de développement».

Il est normal que pendant les élections présidentielles, les candidats disent beaucoup de choses pour, ensuite, lorsqu’ils sont élus, les faire oublier, les cacher sous  le tapis ou même faire l’inverse. Il est donc primordial que M. Trump confirme sa position sur la Syrie juste après la victoire électorale. C’est ce qu’il a fait. Dans un nouveau tournant des événements, le gouvernement syrien dirigé par le président Bachar Assad a déclaré qu'il était prêt à coopérer avec le président élu des États-Unis. C'est un développement qui peut conduire à des changements drastiques.

Les combats qui se déroulent à Mossoul, Raqqa et Alep mettent la question en avant. Il s'agit maintenant d’une gestion de crise après qu’ISIS ait été vaincu et qu’Alep-Est est de nouveau sous le contrôle des forces gouvernementales soutenues par la Russie. Il ne reste que peu de temps avant que les acteurs concernés ne fassent quelque chose pour régler la situation.
Maintenant, lorsque le président Trump sera en fonction, les parties pourraient faire les premiers pas en scellant un accord sur la coordination des efforts. Les frappes aériennes conjointes contre Jabhat al-Nosra (Jabhat Fatah al-Sham) et ISIS seraient un bon début.
Avec ISIS expulsé d'Alep et de Raqqa, les parties pourraient prendre des dispositions pour définir les zones d'influence et les obligations mutuelles jusqu'à ce que les négociations internationales parrainées par l'ONU produisent des résultats.
L'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite ont une influence sur les formations armées opérant dans le pays. La Russie entretient de bonnes relations de travail avec ces pays ainsi qu'avec le gouvernement syrien. Les États-Unis ont également une influence auprès de certains groupes, en particulier les Kurdes syriens. Ensemble, les parties pourraient progresser dans le cadre du Groupe de soutien international de la Syrie.

La Russie et les États-Unis devraient coopérer sur la Syrie et acquérir l'expérience de travailler ensemble au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ensuite, ils pourraient s'attaquer aux problèmes de la Libye et du Yémen dans le cadre de l'effort international.

La position du président américain élu sur cette question est saine et raisonnable. Après tout, contrairement à ISIS, le président syrien Assad ne pose aucun danger aux États-Unis. Les islamistes menacent l'ensemble de la planète, y compris la Russie, la Chine, et l’Occident. Ils n'épargnent qu'un seul pays : Israël. Il faut donc chercher pourquoi et régler ce problème aussi. Comme nous l'avons répété maintes fois sur ce blog, ISIS Daech n'est qu'un outil de destruction massive aux mains de l'empire anglo-sioniste.

Avec l'énorme pouvoir combiné de leurs deux pays, les  USA et la Russie peuvent imposer des solutions, même aux pays voyous tels qu'Israël.
La position du président élu Trump sur le Moyen-Orient et la Syrie, en particulier, ouvre de nouvelles perspectives de coopération fructueuse avec la Russie. La guerre en Syrie ne peut durer éternellement et la coopération entre la Russie et les États-Unis est essentielle pour parvenir à un règlement pacifique.
Cette coopération pourrait s'étendre à d'autres domaines dans le cadre d'un processus plus vaste. L'entrevue de M. Trump et la conversation téléphonique entre les deux dirigeants sont des signes de changements positifs. Le Président Trump aura un bon départ. C'est à lui de ne pas manquer l'occasion.

Hannibal GENSERIC