Ce ne sont
pas seulement les tirs expérimentaux de missiles iraniens qui mobilisent
l’administration US, mais l’annonce de grands projets d’infrastructures
lancés en partenariat avec la Chine et la Russie : le projet de canal entre la mer Caspienne et le Golfe ou la mer d’Oman qui permettrait aux navires russes d’accéder aux « mers chaudes » ; et surtout celui dit de la « Nouvelle route de la soie » (terrestre et maritime) proposé par le président chinois Xi Jinping. L’arrivée en gare de Téhéran d’un train de marchandises parti de Chine – à 10 400 km
- préfigure ce que pourrait être la modernisation de la voie ferrée
reliant les deux pays, via le Kazakhstan et le Turkménistan.
Pour Washington, le partenariat stratégique entre la Chine, la Russie et l’Iran, qui se développe au sein du Club de Shanghai, est un cauchemar géopolitique.
Xi Jinping et Ali Khamenei |
Canal reliant la mer Caspienne au golfe Persique
Le
sort du canal qui traverserait l’Iran du nord au sud et relierait la
mer Caspienne au golfe Persique est entre les mains des pays riverains
de la Caspienne, Téhéran à lui seul n'étant pas à même de réaliser un
projet aussi ambitieux, a déclaré à Sputnik Bahram Amirahmadiyan, expert
en géographie politique.
"L'histoire connaît des exemples de creusement
de canaux navigables entre deux grosses ressources d'eau, comme le canal
de navigation Volga–Don. L'Iran veut lui aussi construire un canal qui
reliera la mer Caspienne à la mer d'Azov. (…) Ensuite, Téhéran envisage
de construire un canal qui parte de la mer de Caspienne vers le golfe
Persique et la mer d'Oman. L'histoire de ce projet stratégique est déjà
vieille de plusieurs décennies (…) et revêt une grande importance pour,
entre autres, les relations russo-iraniennes", a souligné
M.Amirahmadiyan.
"Ce projet a été soutenu par l'Iran et le
Kazakhstan, mais suite à un revirement d'intérêts géopolitiques de
certains pays, il est en stand-by", a regretté l'expert.
Pour ce qui est d'un canal entre la mer Caspienne et le golfe
Persique, deux itinéraires sont à l'étude. Le premier passe par
Mazandaran et Gorgan vers Shahroud (Imamshahr) pour aller au centre de
l'Iran, notamment vers Chabahar, l'unique port iranien dans le golfe
d'Oman, pour déboucher finalement sur l'océan Indien.
L'autre itinéraire paraît plus court, en partant du sud-ouest de la
mer Caspienne vers Abadan et Khorramshahr (à la frontière avec l'Irak)
et, enfin, vers le golfe Persique.
"Cette dernière variante est plus attrayante
sur le plan financier, mais les avis sur sa réalisation divergent (…), y
compris à cause des problèmes écologiques, logistiques et autres", a
relevé l'interlocuteur de Sputnik.
Un canal allant de l'Arctique au Golfe |
Toujours est-il qu'une large coopération s'impose pour mettre en
pratique un projet aussi ambitieux. Rien qu’une liaison fluviale de la
mer Caspienne au golfe Persique permettrait à la Russie et à d’autres
pays, dont ceux d’Asie centrale, de contourner aussi bien le canal de
Suez que les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles afin
d’accéder à l’océan Indien et donc à la Chine, à l’Inde et au reste de
l’Asie.
Par ailleurs, ce grand projet permettrait d’optimiser le trafic entre
la région de l’Oural, l’Asie centrale et le golfe Persique et de
connecter la route maritime du Nord (péninsule de Yamal en Sibérie) avec
le golfe Persique (Bandar-Abbas) via la mer Caspienne. Une liaison
entre cette dernière et la mer Noire est également envisagée.
En 2005, la conclusion d’une étude de faisabilité a été présentée au
parlement iranien par l’Institut pour les études infrastructurelles.
Toutes ces recherches ont démontré que les experts de la région
disposent de la connaissance scientifique, de l’expérience et du
savoir-faire technologique pour réaliser un tel projet, techniquement
fiable et économiquement abordable.
Source : Sputnik