mercredi 3 janvier 2018

Élections = piège à cons. L'exemple américain



La première fois qu’il m’est apparu clairement que je vis dans une dictature, c’était en 2014, en lisant, avant sa publication, l’étude empirique historique (et toujours la seule) abordant la question de savoir si le gouvernement fédéral des États-Unis est, authentiquement, une démocratie – ou, s’il s’agit plutôt d’une dictature que d’une démocratie. Cette étude a documenté de façon concluante que le gouvernement de l’Amérique est une dictature.

 
Ainsi, le 14 avril 2014, j’ai titré : « Les États-Unis sont une oligarchie, pas une démocratie, selon une étude scientifique ». Par la suite, mon éditeur a relié mon article au journal où l’étude a été publiée, « Perspectives on Politics » de l’American Political Science Association, et l’étude complète peut être lue ici.
Le 30 avril 2014, a été publiée sur YouTube la vidéo qui reste, à ce jour, le meilleur résumé, et le plus clair, de ce que cette étude académique, mal écrite, a prouvé.
Voir son explication ici [sous titré en anglais] : vidéo
Le titre de ce résumé est aussi meilleur que le titre de mon article.
Cette excellente vidéo annonce « La Corruption est légale en Amérique » qui est une autre conclusion précise de cette étude. Chaque citoyen américain devrait savoir ce que cette vidéo de près de 6 minutes dit et montre de l’étude académique, car elle explique comment les super-riches, en tant que classe, volent tous les autres (tous ceux qui ne sont pas super-riches) : ils le font par le moyen de la corruption.
Ensuite, la même personne qui a créé la vidéo en a fait une autre présentation, mais cette fois en l’accompagnant d’un texte, et cet article était intitulé « Un graphique montre comment les riches contrôlent la politique américaine ».
Dépense de campagne pour influencer le gouvernement :
$5.8 milliards, face au gain : $4.000 milliards
Il  explique comment les riches exercent leur contrôle par la corruption, ce qui est légal en Amérique et qui peut être fait beaucoup plus facilement par les riches que par les pauvres. Les pauvres ne peuvent tout simplement pas acheter le gouvernement, et ceux qui tenteraient de le faire utiliseraient seulement des moyens illégaux, que la Cour suprême des États-Unis a définis comme tels, c’est la corruption flagrante, qui est la corruption pratiquée par la classe inférieure, pas le type de corruption bien plus lucrative à laquelle les individus super-riches ont accès. La corruption qui n’est accessible qu’aux super-riches est légale en Amérique, c’est pourquoi les super-riches continuent de s’enrichir, tandis que le reste de la population a de la chance s’il ne devient pas encore plus pauvre.
Explosion du coût des campagnes électorales
Le 28 juillet 2015, l’ancien président américain Jimmy Carter a été franc à propos de cette situation. En intervenant dans une émission de radio progressiste, il a dit cela au sujet de la corruption au plus haut niveau en Amérique :
« Cela viole l’essence de ce qui a fait de l’Amérique un grand pays par son système politique. Maintenant c’est juste une oligarchie, avec une corruption politique illimitée, qui est à la base même de l’obtention des nominations à la présidence ou à l’élection présidentielle. Et la même chose s’applique aux gouverneurs, aux sénateurs américains et aux membres du Congrès. Alors, maintenant, tout ce que nous voyons est une subversion de notre système politique afin de récompenser les principaux contributeurs, qui veulent, attendent, et obtiennent parfois, des faveurs après les élections. (…) À l’heure actuelle, les titulaires de mandats, Démocrates et Républicains, considèrent cet argent illimité comme un grand avantage pour eux-mêmes. Quelqu’un qui est déjà au Congrès a beaucoup plus à vendre. » 
Trois jours plus tard, Huffington Post a publié mon article sur cette déclaration, intitulée « Jimmy Carter a raison de dire que les États-Unis ne sont plus une démocratie » et il avait plus de 60.000 « j’aime » sur Facebook – ici l’article est montré un peu plus tôt, quand il n’y en avait que 56.000 – mais Huffington Post a trafiqué ce nombre de  « j’aime » pour le ramener à son chiffre actuel de 18.000. Cet article a été le dernier qu’ils ont accepté de moi – après en avoir publié plus de cent. Ils ont rejeté toutes mes propositions d’articles après cela. Aucune explication n’a jamais été donnée, et je n’ai plus jamais entendu parler d’eux.
L’article scientifique sur le gouvernement américain a examiné 1.779 projets de loi entre 1981 et 2002 et a conclu que les seules lois qui ont été votées étaient celles présentées par les super-riches : « On voit que les préférences de l’Américain moyen ont un impact minuscule, quasi nul, statistiquement non significatif sur les politiques publiques ». Ce n’est certainement pas une démocratie.
Il y a eu des spéculations sur le moment où, historiquement, le gouvernement-américain-par-l’aristocratie (ou, simplement par les quelques super-riches de l’oligarchie) est apparu. Avant la présidence de Ronald Reagan, en remontant jusqu’à l’époque où Franklin D. Roosevelt (FDR) est mort au pouvoir en 1945 en tant que président, la distribution des revenus et de la richesse était beaucoup plus égalitaire en Amérique qu’elle ne l’était à l’entrée de Reagan à la Maison Blanche, lorsque a commencé la domination de la doctrine de l’économie de l’offre, qui est basée sur la croyance selon laquelle la richesse dégouline du haut de quelques riches vers les pauvres, plutôt que – comme le croyait FDR – par une stimulation de la demande de la part des nombreux pauvres pour infuser la croissance. FDR croyait que ce qui motive une économie, ce sont les besoins, pas les produits et les services qui répondent aux besoins. Au contraire, Reagan croyait à la loi de Say, qui dit que tout ce qui est produit répondra aux besoins (ou du moins aux désirs) – que la production est ce qui motive une économie, et que les besoins (et les désirs) s’adaptent. Ainsi, FDR se concentrait sur l’homme ordinaire et surtout les pauvres, mais Reagan se concentrait sur les entrepreneurs ou les propriétaires d’entreprises. La classe moyenne n’est pas un problème ici, elle est simplement la partie la plus riche des pauvres. Historiquement, cela a été le cas. Par exemple, la classe moyenne américaine a diminué alors que les pauvres se sont multipliés, mais les 5% les plus riches raflent tous les gains, et la plus grande partie va au 1% ou même moins. Donc, les pauvres, dans ce contexte, incluent la classe moyenne, et se référer à l’Amérique de la classe moyenne revient maintenant à se référer à une race en voie de disparition – mais c’est une race de pauvres, pas de riches.
Cependant, la corruption extrême au sommet de ce pays apparaît plus brusquement que jamais dans les documents du gouvernement américain, récemment déclassifiés, au sujet de l’assassinat de JFK – dont l’origine apparaît beaucoup plus précoce que ce qui avait été généralement supposé, débutant au moins au moment où le président Kennedy est entré en fonction le 20 janvier 1961. Kennedy s’est retrouvé encerclé par le complexe militaro-industriel que son prédécesseur, Eisenhower, avait entretenu pendant qu’il était à la Maison Blanche, et contre le danger duquel ce dernier, Ike, sur le départ, avait hypocritement attendu le 17 janvier 1961, soit trois jours avant l’investiture de Kennedy, pour mettre en garde l’opinion publique américaine. Certains de ces gens corrompus étaient ceux que Kennedy lui-même avait amenés. Ils n’étaient pas tous des vestiges de la période d’Eisenhower. Mais Kennedy était apparemment choqué, malgré tout.
Les débuts de cette corruption profonde pourraient être pistés encore plus tôt chez des taupes du gouvernement – comme les frères Dulles, Averell Harriman et Prescott Bush – qui avaient construit leur carrière, après la Première Guerre mondiale, au moyen de l’exercice, et de la maîtrise, des aller-retours entre l’establishment de la politique étrangère du gouvernement et Wall Street. À partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, les agents de ces taupes ont mis fin au Bureau des services stratégiques de FDR et ont créé la CIA de Truman. Dès le départ, la CIA était profondément corrompue, comme le montre clairement le documentaire [en anglais] de deux heures et demie de la BBC, diffusé en 1992, intitulé Opération Gladio : Vidéo
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Titre original : Mieux vaut tard que jamais… : Les Américains commencent seulement à prendre conscience qu’ils vivent dans une dictature
Par Eric Zuesse – Le 22 décembre 2017 – Source  Strategic Culture
Traduit par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone

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