Contre qui, en
Syrie, les Russes, l’Iran, les forces loyalistes et le Hezbollah luttent-ils réellement? La réponse à cette
question, dans le respect de la dichotomie intrinsèque sacré / profane de la
géopolitique, ne peut se limiter à l’idée d’un conflit pour le contrôle des
ressources et des couloirs énergétiques ou à la volonté américaine d’imposer sa
propre domination à la région eurasiatique. Le projet du « Grand Moyen
Orient », inauguré au début du nouveau millénaire par l’administration
Bush-Cheney, a été inscrit dans la création et la consolidation du pivot géopolitique kurde en tant que fer de lance utile pour
déstabiliser la région. Ce projet a eu un précédent, stratégiquement identique,
c’est le Plan Oded Yinon de 1982 [1],
visant à la réalisation du Grand Israël (Eretz Yisrael) dans les limites
prévues pour l’État hébreu par le père du sionisme, Theodor Herzl en 1904:
autrement dit, « du Nil à l’Euphrate », selon ce qui est écrit dans
le livre de la Genèse (15,18-21).
Ce plan, connu
sous le nom de Stratégie pour Israël dans les années 1980, ainsi
que la revendication du Sinaï en tant que partie intégrante de l’État juif (et redonné
à l’Égypte du président islamiste félon Sadate), jette les bases d’une
déstabilisation future de la région et d’une stratégie à long terme qui
conduirait inéluctablement Israël à un contrôle complet de la région et de ses
ressources. Le plan, publié sous forme d’article dans le magazine sioniste
Kivunin (Directions), vise
en effet à désintégrer le monde arabe comme élément fondamental du
développement de la politique hébraïque: « à long terme, ce monde ne
pourra plus exister ». L’article, qui traite de l’Irak, s’exprime en ces
termes: « La dissolution de l’Irak est encore plus importante pour nous
que celle de la Syrie. L’Irak, riche en pétrole, est un candidat idéal pour les
objectifs d’Israël… En Irak, une division des provinces selon une ligne
ethno-religieuse est possible. Ainsi, trois ou plusieurs états existeront
autour des trois villes les plus importantes: Bassorah, Bagdad et Mossoul. La
zone chiite au sud séparée des sunnites et des Kurdes au nord ».
Ce n’est pas par
hasard si en 1982, même la Syrie a subi, sous la pression du Mossad et de la
CIA, la rébellion islamiste de Hama. Et ce n’est pas par hasard que, au cours
de la même année, le Liban, déjà affaibli par la guerre civile, a subi une
nouvelle agression sioniste (opération Paix en Galilée), dont le véritable
objectif était l’annexion du sud du pays des cèdres, avec l’expulsion de la
population chiite, basée sur des arguments historico-religieux. Tant et si bien
que la direction du rabbinat militaire a fait circuler parmi les soldats,
pendant qu’ils étaient au Liban, des cartes géographiques d’Eretz Yisrael avec
de nombreux noms de villages et villes écrits en hébreu.
Maintenant,
c’est un fait que le noyau central de la faction néocon du parti républicain
américain, qui avait joué un rôle prépondérant dans l’administration Bush, avait une ascendance
juive-sioniste qui n’était pas sans importance. Il est également vrai que le lobby
sioniste exerce une influence notable sur le Congrès. Et
l’administration Trump actuelle, qui suit l’exemple de Barack Obama, est
l’expression du courant le plus extrême du sionisme américain [2]. Il va sans dire que la récente décision
de mettre fin au plan d’approvisionnement des soi-disant « rebelles
syriens » s’explique facilement par le fait que leur rôle est maintenant terminé,
car la construction du pivot kurde est un fait accompli.
Comprendre le
fait que le sionisme n’est que la branche séculière (comprise au vrai sens
étymologique du terme laikos, c’est-à-dire populaire, vulgaire) d’un grand
projet impérialiste-messianique, ce n’est que la première étape pour déterminer
le caractère réel de la situation géopolitique conflictuelle du Levant. Le but de cet
article est de démontrer le lien étroit entre messianisme et impérialisme et
comment l’impérialisme, loin d’être exclusivement un « état spécifique de
l’économie mondiale », est le résultat inévitable d’un projet messianique
sur le point d’évoluer de la phase régionale vers la phase mondiale.
L’impérialisme,
résultat du messianisme
Carl
Schmitt, dans une tentative de comprendre la
signification réelle du terme ‘nomos’, a identifié trois significations
différentes auxquelles le nom grec peut se référer: l’appropriation, la
division, la production. En même temps, le juriste allemand a souligné que
l’histoire des peuples, avec leurs migrations et leurs conquêtes, est une
histoire d’appropriation des terres et que cette appropriation ne doit pas être
comprise exclusivement comme l’appropriation de la terre libre, mais comme la
conquête de terres ennemies, volées à leurs propriétaires légitimes. Le
récit de la conquête de Canaan par les Hébreux représente l’archétype biblique
de cette forme d’appropriation.
Carl
Schmitt a également noté la manière dont est écrit
l’un des textes fondamentaux du marxisme-léninisme, l’impérialisme: phase
supérieure du capitalisme, n’est pas tant inspirée par l’observation
des relations économiques que par la formulation du programme politique mondial
par Joseph Chamberlain, qui considérait l’impérialisme, compris dans le
sens de l’appropriation de nouvelles terres, comme la solution de la question
sociale. Lénine, impressionné par cette déclaration, n’a pas pu
s’empêcher de remarquer le
caractère prédateur et usurpateur de l’impérialisme anglo-saxon. Le
fait même que la division et la production devaient être précédées par
l’expansion coloniale, apparaissait au révolutionnaire russe comme l’expression
d’un ordre anti-progrès,
réactionnaire et inhumain. Lénine n’a cependant pas nié le triple
caractère du terme grec nomos, mais il l’a réadapté à une philosophie de
l’histoire dans laquelle l’appropriation est remplacée par l’expropriation, la
division devient redistribution, et où la surcroissance de la production rend
obsolète toute forme de nouvelle propriété. Carl Schmitt souligne
aussi comment, sur ce point, le socialisme rencontre le libéralisme, dans la
mesure où tous deux considèrent l’avance infinie de la technique comme le seul
système capable d’éviter une rechute dans le droit primordial de la proie.
Cependant,
l’analyse du leader bolchevique, qui se concentre sur le point de vue marxiste
de l’aspect purement économique et prédateur de l’impérialisme britannique, ne pouvait
pas deviner le caractère religieux de ce phénomène qui, peu de temps après,
serait pleinement mis en évidence dans le passage à la grande île: l’Amérique.
Le
savant Anders Stephanson a profondément examiné l’idée de Manifest
Destiny, une expression inventée par John O’Sullivan au milieu
du XIXe siècle pour définir la mission d’expansion américaine sur le continent
désignée par la Providence et utilisée successivement par le président Wilson
pour souligner le rôle américain de guide du monde vers un avenir meilleur
grâce à une intervention constante de caractère régénérateur. Stephanson
en est venu à la conclusion que les États-Unis n’ont pas été le seul pays à
se donner un caractère exemplaire de sa propre identité nationale. «Tous
les États nationaux, ou du moins les empires du passé, ont soutenu leur propre
singularité ou ont cru qu’ils étaient consacrés par un ordre supérieur, mais
personne n’avait prétendu qu’une telle consécration imposerait une
transformation du monde à son image et à sa ressemblance, conduisant à la
fin de l’histoire elle-même. »
Stephanson
reconnaît que ce rôle prophétique et universel est un produit de l’héritage
puritain, la résurgence du récit de l’Exode, et donc du thème hébreu de
l’élection divine à travers l’Alliance avec Dieu. Il n’est donc pas faux de
prétendre que l’impérialisme
américain possède une descendance directe du messianisme hébreu, le
peuple élu a une énorme responsabilité sur ses épaules: le choix entre le bien
et le mal, qui déterminera si l’alliance avec Dieu durera ou non. Un choix qui
implique la nécessité d’intervenir dans le monde, selon la justice, pour le
changer et le régénérer, et ce n’est qu’à travers le Nouvel Israël que la
justice universelle reviendra au monde.
Une
perspective similaire confirme, en premier lieu, l’exactitude de la thèse du
penseur conservateur polonais Emmanuel Malynski, qui considérait toute
forme d’impérialisme comme une «mégalomanie nationaliste». Deuxièmement, elle certifie la coïncidence
absolue entre l’idéal impérialiste américain et son arrière-plan juif. «Dans
les textes classiques de la tradition hébraïque, l’universalisme et le
particularisme ethnico-religieux et nationaliste ne sont pas deux tendances
opposées, mais deux aspects de la même idéologie messianique-impérialiste:
l’universalisme coïncide avec l’empire universel de Yahvé et la domination du
peuple élu, l’universalisme
est synonyme d’impérialisme juif universel ».
Cet
universalisme dérive de l’alliance que Yahvé, avant l’alliance avec les
patriarches, par Noé, avait établie avec toute l’humanité. « Selon les
exégètes hébreux, le commencement de la Bible aurait été écrit dans une
perspective universaliste, alors que l’alliance entre Yahvé et Abraham aurait
introduit un élément particulariste important ». Mais ce prétendu
universalisme ne s’oppose pas au particularisme, et n’est pas non plus une
conséquence logique.
S’il est vrai que la mission d’Abraham, selon l’interprétation
généralement acceptée par tous les érudits de la Bible, ne se limite pas à la
création d’Israël (« toutes les nations seront bénies dans ta
postérité » – Genèse 22:17-18), elle est aussi comprise comme la
recréation de toute l’humanité. Il est vrai, cependant, que ces nations ne
seront bénies que si elles reconnaissent la souveraineté de Yahvé, « comme
il apparaît dans le psaume 72, où la bénédiction des nations implique leur
soumission totale à Israël et à son Messie ». Les mêmes idées
hébraïques de paix (shalom) et de justice (sedeqq), basées sur la Torah, sont
associées à une simple suprématie sur l’ennemi. « Au cœur de l’espérance de
l’Ancien Testament, il n’y a pas la perspective d’une paix universelle et
neutre dans laquelle tous les hommes vivent ensemble tels qu’ils sont. Au
centre de l’espérance messianique se trouve, au contraire, la puissance de
Yahvé obtenue soit par la soumission spontanée des peuples, soit par la
victoire éclatante sur tous les ennemis….. La paix universelle n’est rien
d’autre que la paix juive, qui est la reconnaissance de la souveraineté de
Yahvé et la soumission de tous les peuples de la terre à l’ordre mondial établi
par le Messie et à la domination universelle d’Israël ».
Une perspective qui n’est pas très différente de la volonté globaliste
d’imposer la Pax Americana imprégnée de l’idée que « le Messie est l’Amérique
elle-même et sa mentalité ». Et ce n’est pas une coïncidence si un
certain nombre d’exégètes chrétiens du Talmud ont identifié le Messie hébreu,
non pas comme une seule personne, mais comme un peuple: « précisément
le peuple d’Israël, prédestiné à régner sur l’univers ».
Ainsi, dans un contexte profondément influencé par le messianisme hébreu,
l’idéal impérialiste américain se développe. Le président Wilson, à
la fin de la Première Guerre Mondiale, définit les
États-Unis comme un nouvel Israël: une nation élue et
messianiquement destinée à faire régner la loi et l’ordre dans le
monde. Et c’est sur ce fond messianique qu’a lieu la déformation de la
doctrine isolationniste du Président Monroe, qui était, déjà à son
époque, centrée sur l’idée de la supériorité morale de l’Amérique (patrie de la
liberté) dans les confrontations de l’Europe (berceau du despotisme, selon Thomas
Jefferson). Et c’est aussi à ce moment que nous comprenons le passage
de l’impérialisme régional de la doctrine de Monroe à l’impérialisme
mondial.
Un
passage qui est également compris dans le Midrash (investigation, recherche)
des textes sacrés de l’hébraïsme et, en particulier, dans le commentaire de la
Genèse de R. Shelomoh ben Isaak, mieux connu sous le nom de Rachi. Il
dit: «Si les peuples du monde disent à Israël: ‘Vous êtes des spoliateurs,
parce qu’ils ont soumis par la force les terres appartenant aux sept nations’,
il serait possible de répondre: ‘Toute la terre appartient au Très Saint, béni
soit-Il, il les a créées et les donne à qui cela semblait juste à ses yeux: par
un acte de sa volonté, il les a prises et nous les a donnés. ». Car
tout l’univers appartient à Yahvé, et Lui, par un acte de sa propre volonté, a
donné aux Israélites la terre promise, il peut implicitement aussi donner le
monde entier au peuple élu. Ainsi, puisque Yahvé est le Seigneur non seulement de la
Palestine, mais du monde entier, la domination juive universelle représente le
passage qui succède immédiatement après la reconquête hébraïque de la Terre
promise.
A propos
du messianisme et du sionisme
Le mouvement
sioniste, né officiellement dans la seconde moitié du XIXe siècle, malgré son
imposture prétendument laïque et socialiste (un piège qui a réussi à tromper
même un homme d’État aux tendances anti-juives comme Joseph Staline),
représentait le succès inévitable du Messianisme hébreu. La formulation des
frontières de l’État hébreu dans l’œuvre de Théodore Herzl de 1904,
selon les lignes tracées dans la Genèse 15,18-21, et celles proposées par la délégation
sioniste à la Conférence de paix de Versailles, selon les Nombres 34,1-15, et
Ezéchiel 47,13-20, en sont la manifestation la plus évidente. Le retour des
Hébreux, renforcé par leur nombre en Palestine, la reconstruction de Jérusalem
et la reconstruction du Temple sur le Mont Sion, siège de la présence divine
parmi les hommes, sont les signes qui, dans l’eschatologie hébraïque, ouvrent
la porte à l’avènement de l’ère messianique.
Maintenant, en
lisant The Hebrew State de Theodor Herzl, le manifeste programmatique
du sionisme, le caractère messianique du projet, malgré le voile progressiste
et laïc de beaucoup de ses slogans, apparaît clairement. « Nous
montrons le chemin vers la Terre Promise ». Et encore: « … le
monde sera délivré par notre liberté, enrichi par notre enrichissement et
magnifié par notre grandeur ». Et, avec une grande clarté, les
instruments, également approuvés par la doctrine rabbinique, à travers lesquels
l’objectif d’un tel projet a été objectivé, sont mis en évidence. Herzl
déclare: « La Palestine est notre patrie historique, inoubliable … Si
Votre Majesté, le Sultan, nous donnait la Palestine, nous pourrions, en retour,
nous efforcer d’ajuster complètement les finances de la Turquie, car l’Europe,
qui garantira notre existence, y représentera une avant-garde contre l’Asie;
nous y assumerons le rôle de l’avant-poste de la civilisation contre la
barbarie ». Le fait que Herzl ait délibérément ignoré la
présence de la population arabe en Palestine, qui à l’époque était largement
majoritaire, est déjà en soi représentatif du caractère exclusiviste et
ethno-religieux imprimé sur le projet sioniste. Cependant, il est extrêmement
choquant que l’Empire ottoman se désintègre par le chantage économique (argent
et « l’aristocratie de l’argent » comme instruments de
domination) : une désintégration qui, en peu de temps, a été réalisée
intérieurement par la Révolution des Jeunes Turcs (définie par certains comme
la Révolution hébraïque [3] dans
l’Empire ottoman) et, en ce qui concerne sa dimension territoriale, par la
Première Guerre Mondiale. Mais l’idée de la désintégration de l’Empire ottoman,
dans la perspective du messianisme hébreu, n’est pas d’origine récente.
Ce sont Salomon
Molcho, et son maître David Reubeni, qui ont joué un rôle important
dans la construction de la thèse sur les racines judéo-chrétiennes de l’Europe
et donc dans la manière
d’influencer les chrétiens, pour les soumettre aux idées du messianisme juif. Avant
que ne prennent fin les flammes de l’Inquisition de Charles Quint, ils
se sont tournés vers les cours d’Europe, cherchant à convaincre les souverains
européens de la nécessité d’attaquer l’Empire ottoman pour recréer le Royaume
d’Israël. D’une manière spécifique, Molcho propose au Pape Clément
VII l’idée de créer une armée de Marranes (Hébreux faussement convertis au
christianisme) pour mener à bien une telle entreprise.
Les mouvements
millénaristes anglais et protestants, profondément influencés par le
messianisme hébreu, embrassèrent à leur tour l’idée restauratrice dans la
conviction que le retour des Hébreux en Terre Sainte mettrait en avant le
nouvel avènement du Christ.
Le rôle joué par
Sabbatai Zevi, qui fut considéré au milieu du XVIIe siècle par une
grande partie de la population hébraïque d’Europe, d’Afrique du Nord et du
Levant comme le Messie, donna la vie à ce mouvement connu sous le nom de sabbataïsme, dont le but était
la désintégration de l’Empire ottoman – et donc de l’Islam – de
l’intérieur. Sabbatai Zevi,
en effet, avait ordonné à ses disciples et à ses proches de se convertir
faussement à l’Islam pour atteindre un tel but, donnant vie au phénomène connu
dans le territoire ottoman sous le nom de donmeh.
Ce n’est pas par
hasard si le wahhabisme,
qui est aujourd’hui l’allié le plus important du sionisme au Levant, est
souvent comparé au sabbataïsme.
Nathan de
Gaza, le mentor et l’inspiration de Sabbatai Zevi, écrivit en son
temps de faux rapports envoyés à diverses communautés juives européennes, dans
lesquels il décrivait en détail l’action d’une armée imaginaire qui, à partir
de Najd, conquerrait La Mecque et Médine et détruirait les tombes des
Compagnons du Prophète et de sa famille: exactement ce que les Wahhabites ont
fait,[4] avec leur portée idéologique
anti-traditionnelle et a-culturelle, une fois qu’ils sont arrivés au pouvoir
sur la péninsule arabique. Le même inspirateur du wahhabisme, Muhammad
Abd al-Wahhab, dans la tradition islamique est souvent comparé à Shaitan. Il
est rapporté dans la Sunna prophétique que Shaitan avait pris la forme d’un
vieil homme du Najd au moment où les Quraish avaient décidé du sort réservé au
Prophète Muhammad, suggérant qu’il devrait être tué. Il ne s’agit pas,
cependant, de savoir si Abd al-Wahhab était considéré par ses contemporains
comme « le vieil homme du Najd ».
C’est donc autour de la ville sainte de Jérusalem que se
concentre le projet messianique judéo-sioniste. Son
occupation par les sionistes européens, identifiés au peuple de Gog et Magog
dans la perspective de Shaykh Imran Hosein, est la prémisse de la manifestation
du Dajjal – le menteur ou faux messie – qui joue un rôle important dans
le système eschatologique islamique. Et même dans le domaine chrétien,
avant la reddition définitive au sionisme par le Concile Vatican II, depuis les
origines de la tradition patristique, le Messie juif était assimilé à
l’Antéchrist, qui voulait détruire la religion chrétienne et renverser l’ordre
social construit par l’église. « Selon les Pères de l’Église, l’Antéchrist se lèverait du sein même du
judaïsme et son avènement coïncide avec le triomphe d’Israël et la
reconstruction du Temple de Jérusalem ».
Conclusions
Youssef Hindi,
a écrit, dans un article de 2015 intitulé Russie, Europe et Orient:
la double stratégie de l’empire pour faire plier Moscou, tente de prouver
que la Russie et l’Iran ne luttent pas contre l’impérialisme américain, mais
contre le juif. Hindi souligne comment la stratégie sioniste envers
la Russie (maintenir de bonnes relations diplomatiques, mais une opposition
farouche à tout allié russe dans la région) correspond à celle de l’Amérique du
Nord. En juillet 2013, l’Arabie Saoudite, principal allié sioniste de la
région, par la voix du prince du terrorisme, Bandar bin Sultan, a
cherché à attirer la Russie à ses côtés en lui offrant des arrangements
économiques avantageux. Le rejet catégorique d’un tel arrangement par la Russie
marque le siège progressif de l’Atlantique Nord qui culmine avec le coup d’État
en Ukraine et le durcissement de la situation au Levant.
Si le christianisme occidental est actuellement domestiqué et
prosterné devant les désirs impérialistes de l’entité sioniste,
le christianisme oriental, plus étroitement lié à la tradition paulinienne,
agit encore comme un « bastion de la Tradition », dont la destruction
est la condition de l’avènement du royaume messianique et de la domination
d’Israël. Edom est le nom par lequel, dans les textes postbibliques, est
désignée la plus grande puissance impotente et idolâtre de l’époque: Rome,
considérée comme un empire pré-messianique. Après le déclin de l’empire romain,
ce nom passe à la seconde Rome (Constantinople), après sa chute et la
translatio imperii à Moscou (la troisième Rome). Edom – compris comme le
christianisme – dans la perspective du messianisme juif, est ainsi assimilé aux
forces du mal qui seront anéanties par Yahvé.
from Nova Resistencia.
Hannibal GENSERIC