Les talibans d’Afghanistan sont devenus plus riches et plus puissants
depuis que leur régime islamique fondamentaliste a été renversé par les
forces américaines en 2001.
Au cours de l’année fiscale qui s’est terminée en mars 2020, les
talibans auraient encaissé 1,6 milliard de dollars, selon le mollah
Yaqoob, fils du défunt chef spirituel des talibans, le mollah Mohammad
Omar, qui a révélé les sources de revenus des talibans dans un rapport
confidentiel commandité par l’OTAN .
À fin de comparaison, le gouvernement afghan a récolté 5,55 milliards
de dollars pendant la même période. Le gouvernement, cherchant à mettre
fin à 19 ans d’insurrection, est actuellement en pourparlers de paix
avec les talibans.
J’étudie les finances des talibans en tant qu’analyste de la
politique économique du Centre d’études sur l’Afghanistan. Voici d’où
vient leur argent.
L’Afghanistan a représenté environ 84 % de la production mondiale d’opium au cours des cinq dernières années, selon le Rapport mondial sur les drogues 2020 des Nations unies.
Une grande partie des bénéfices tirés de la vente de ces drogues illicites revient aux talibans, qui gèrent l’opium dans les zones qu’ils contrôlent. Selon un rapport de 2008 de l’Unité de recherche et d’évaluation de l’Afghanistan, un organisme de recherche indépendant de Kaboul, le groupe impose une taxe de 10 % à chaque maillon de la chaîne de production de la drogue. Cela inclut les agriculteurs afghans qui cultivent le pavot, principal ingrédient de l’opium, les laboratoires de transformation et les négociants qui font sortir le produit final du pays.
Agriculteurs
afghans récoltant la sève d’opium dans un champ de pavot du district de Darra-i-Nur, dans la province de Nangarhar, le 10 mai. |
L’extraction de minerai de fer, de marbre, de cuivre, d’or, de zinc
et d’autres métaux ainsi que de minéraux de terres rares dans les
régions montagneuses de l’Afghanistan est une activité de plus en plus
lucrative pour les talibans. Tant les petites exploitations d’extraction
de minerais que les grandes sociétés minières afghanes paient les
militants talibans afin de pouvoir poursuivre leurs activités. Ceux qui
ne paient pas ont reçu des menaces de mort.
Selon la Commission des roches et des mines des talibans, ou Da
Dabaro Comisyoon, le groupe gagne 400 millions de dollars par an via
l’exploitation minière. L’OTAN estime que ce chiffre est plus élevé,
allant jusqu’à 464 millions de dollars – contre 35 millions de dollars
seulement en 2016.
3. Extorsion et taxes : 160 millions de dollars
À l’égal d’un gouvernement, les talibans taxent les personnes et les
industries dans la zone de plus en plus étendue de l’Afghanistan qu’ils
contrôlent. Ils délivrent même des récépissé officiels pour le paiement
des impôts.
Les industries « taxées » comprennent les opérations minières, les
médias, les télécommunications et les projets de développement financés
par l’aide internationale. Les conducteurs sont également facturés pour
l’utilisation des routes dans les régions contrôlées par les talibans,
et les commerçants paient les talibans pour obtenir le droit de faire
des affaires.
Le groupe applique également une forme d’imposition islamique
traditionnelle appelée « ushr » – qui est un impôt de 10 % sur la
récolte des agriculteurs – et « zakat », un impôt de 2,5 % sur la
fortune.
Selon le mollah Yaqoob, les recettes fiscales – qui peuvent également
être considérées comme de l’extorsion – rapportent environ 160 millions
de dollars par an.
Comme certaines des personnes taxées sont des cultivateurs de pavot,
il pourrait y avoir une possible double imposition entre l’imposition
sur les revenus et les recettes de la drogue.
Les talibans reçoivent du monde entier des contributions financières
secrètes de donateurs privés et d’institutions internationales.
De nombreuses donations aux talibans proviennent d’organisations
caritatives et de fondations privées situées dans les pays du golfe
Persique, une région historiquement favorable à l’insurrection
religieuse du groupe. Ces dons s’élèvent à environ 150 à 200 millions de
dollars par an, selon le Centre afghan de recherche et d’études
politiques. Ces organisations caritatives figurent sur la liste des
groupes qui financent le terrorisme établie par le département américain
du Trésor.
Des citoyens privés en Arabie saoudite, au Pakistan, en Iran et dans
certains pays du Golfe persique contribuent également au financement des
talibans, en apportant annuellement 60 millions de dollars
supplémentaires au réseau Haqqani affilié aux talibans, selon les
agences américaines de lutte contre le terrorisme.
L’insurrection des talibans déstabilise l’Afghanistan depuis près de 20 ans. |
Selon le Conseil de sécurité des Nations unies, les talibans
importent et exportent divers biens de consommation courante, en partie
pour blanchir de l’argent illicite. Parmi les entreprises affiliées
connues, on trouve la multinationale Noorzai Brothers Limited, qui
importe des pièces automobiles et vend des véhicules assemblés et des
pièces détachées.
Le revenu net des talibans provenant des exportations serait
d’environ 240 millions de dollars par an. Ce chiffre inclut
l’exportation de pavot et de minéraux pillés, il peut donc y avoir un
recoupement financier avec les revenus de la drogue et les revenus
miniers.
Selon le mollah Yaqoob et la chaîne de télévision pakistanaise SAMAA; les talibans possèdent des biens immobiliers en Afghanistan, au Pakistan et potentiellement dans d’autres pays. Yaqoob a déclaré à l’OTAN que leurs revenus immobiliers annuels s’élevaient à environ 80 millions de dollars.
7. Pays spécifiques
Selon un rapport de la BBC, un rapport classifié de la CIA a estimé en 2008 que les talibans avaient reçu 106 millions de dollars de sources étrangères, en particulier des États du Golfe.
Source : Consortium News, Hanif Sufizada, 10-12-2020
Via Les-Crises
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Hannibal GENSÉRIC
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