vendredi 21 avril 2023

L’Ukraine ou l’agonie du néoconservatisme

L’article du Washington Post du 10 avril 2023 a fait l’effet d’une bombe : des documents ultra-secrets sur la guerre en Ukraine seraient sur la toile. Trois jours plus tard, le New York Times déclare que le coupable, un membre de la garde nationale aérienne du Massachusetts âgé de 21 ans, a été arrêté. Cette affaire a donné lieu à un vif débat dans les cercles politiques, non seulement sur le contenu des révélations, mais aussi sur la fuite elle-même. Est-ce une vraie fuite ou a-t-elle été fabriquée ? L’analyse permet de conclure que cette fuite est réelle et, qui plus est, qu’elle prend son origine dans les services secrets américains ! Comment cela se peut-il et comment en être sûr ? Un témoignage et un article répondent à ces questions, et annoncent peut-être l’agonie du néoconservatisme et une ère nouvelle.

Le témoignage de Larry Johnson, ancien membre de la CIA, est limpide : le niveau d’habilitation requis pour accéder à ces informations est telle qu’elles émanent nécessairement des services secrets américains. Cela pose question. Comment expliquer que des personnes en charge de la sécurité des États-Unis se livrent à de tels crimes au regard de la loi américaine ? Parce que la situation en Ukraine est catastrophique. Non seulement l’armée ukrainienne a subi des pertes en hommes et en matériel considérables, mais le pouvoir ukrainien est corrompu au point qu’il n’est plus possible de l’ignorer. Les impôts américains remplissent les poches des oligarques et généraux ukrainiens. Excédés par cette situation et le refus du gouvernement de reconnaître la situation pour ce qu’elle est – à preuve le témoignage de Lloyd Austin, ministre de la défense, affirmant devant une commission sénatoriale que l’Opération militaire spéciale russe est sur le « déclin » alors que pour tout soldat russe tué sept ukrainiens meurent – les lanceurs d’alerte ont décidé d’agir. La priorité n’est pas de lancer une contre-attaque ukrainienne, comme le souhaite Washington, mais de trouver une issue à ce conflit.

C’est précisément ce que recommandent Richard Haas et Charles Kupchan dans leur récent article, publié par Foreign Affairs – le magazine quasi-officiel de la politique étrangère américaine. Pour éviter que la guerre ne se prolonge inutilement, ils proposent un cessez-le-feu sous les auspices des Nations unies, suivi de négociations directes entre l’Ukraine et la Russie. Ces négociations s’inscriraient dans un cadre plus large dont l’objet serait la création d’une architecture de sécurité européenne afin d’éviter une nouvelle course aux armements. Les sanctions économiques pourraient être en partie levées si la Russie acceptait un cessez-le-feu.

Émanant de deux membres éminents de la classe politique américaine, ces propositions sont la condamnation de la politique d’hégémonie mondiale américaine, connue sous le nom de Doctrine Wolfowitz, du nom de son créateur, Paul Wolfowitz qui la formula en 1992 alors qu’il était sous-secrétaire à la défense, et qui devait faire des États-Unis le maître incontesté du monde [1]. D’impérialiste depuis Teddy Roosevelt, la politique américaine devenait hégémonique. Le néoconservatisme était né. George Bush père qualifiait ses adeptes de « cinglés du sous-sol » (de la Maison Blanche). Professeur émérite de l’université de Chicago, John Mearsheimer, en dénonça l’ineptie sans résultat. Peu à peu, elle s’imposa comme ligne directrice de la politique étrangère, et explique pour partie les opérations militaires au Moyen Orient, en Yougoslavie, et plus récemment en Ukraine. Les propositions de Richard Haas et de Charles Kupchan sonnent le glas de cette vision du monde.

Mais, elles vont plus loin. En reconnaissant la nécessité d’une « architecture de sécurité européenne » dont il est fait état dans le projet de traité que Moscou soumit le 15 décembre 2021 à Washington, elles contiennent en germes la disparition de l’Otan et de l’Alliance atlantique avec lesquelles cette architecture est incompatible. Lors de son discours aux ambassadeurs en août 2019, Emmanuel Macron avait évoqué cette « architecture de sécurité européenne », expression qu’il reprit sous une forme amendée dans un entretien aux « Echos ». L’acceptation de ces propositions par Washington et Moscou signifierait non seulement la fin du conflit ukrainien mais aussi la normalisation de leurs relations avec en point de mire l’émergence d’une Europe neutre et indépendante, les États-Unis se focalisant sur l’Océan pacifique – leur mare nostrum, comme ils le faisaient du temps de Teddy Roosevelt et de ses successeurs. Ce serait une ère nouvelle – une ère de paix ou, à tout le moins, de moindre tension dans les relations internationales.

Par Jean-Luc Baslé

Ancien directeur de Citigroup (New York)..

Publié le avril 20, 2023 par Le Saker Francophone

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NOTES de H. Genséric

[1] Le plan néoconservateur de Paul Wolfowitz pour l'action stratégique américaine

Le 4 mai 1992, Paul Wolfowitz, alors haut fonctionnaire du Département américain de la Défense, termina l'ébauche d'un volumineux mémo exposant ce qu'il pensait être la stratégie globale globale des États-Unis à la suite de la victoire de l'OTAN dans la guerre froide et l'effondrement du bloc soviétique.

Cette stratégie est devenue la philosophie qui a gouverné les planificateurs néoconservateurs comme John Bolton, conseiller de Trump à la sécurité nationale et ultra belliciste, qui prônait un changement de régime en Iran, en Syrie, au Venezuela, à Cuba, au Yémen et en Corée du Nord. Mike Pompeo, le secrétaire d'État, est tout aussi belliciste. À eux deux, ils ont poussé à une action plus dure contre l'Iran.

En tant que sous-secrétaire à la politique de défense sous le premier Bush, le juif polonais et néocon Wolfowitz a été l'un des premiers partisans de la seconde guerre du Golfe.

Le document de planification de la défense qu'il a rédigé sous l'administration de George HW Bush est intitulé "Guide de planification de la défense pour les années FY1994-1999". Dans ce document, Wolfowitz a décrit quatre « objectifs stratégiques qui se soutiennent mutuellement » qui étaient censés guider les intérêts de défense des néoconservateurs.

-  Le plus fondamental des quatre objectifs  était une position agressive pour dissuader ou vaincre les attaques de toute source contre les États-Unis, ses citoyens et ses forces et pour honorer les engagements du traité du pays.

-  Le second était de renforcer et d'étendre les accords de défense avec les alliés et de fournir une réponse collective pour prévenir les menaces ou, si nécessaire, pour les traiter comme un élément clé de la stratégie de défense régionale des États-Unis.

-  Le troisième était d'empêcher toute puissance hostile de dominer une région critique pour les intérêts américains et de renforcer les barrières contre la réémergence d'une menace mondiale pour les intérêts des États-Unis et de ses alliés. Ces régions comprennent l'Europe, l'Asie de l'Est, le Moyen-Orient/le golfe Persique et l'Amérique latine..

-  Le quatrième objectif était de "réduire les sources d'instabilité régionale et de limiter la violence en cas de conflit en encourageant la propagation et la consolidation d'un gouvernement démocratique et de systèmes économiques ouverts et en décourageant la propagation de technologies destructrices, en particulier d'armes de destruction massive". ..

VOIR AUSSI :
-  Haïr la Russie est un travail à temps plein
-  Les Juifs se sentent coupables … ils devraient l’être. Leur influence a été une tumeur en Amérique
-  La seule façon de comprendre la crise ukrainienne est de placer le pouvoir suprématiste juif au premier plan et au centre de la discussion

Hannibal GENSÉRIC

3 commentaires:

  1. Le néo-conservatisme n'est rien à côté du mondialisme écolo.

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  2. Pourquoi les medias français dit que la Russie subit des pertes énormes tant bien qu'on hommes qu'on matériel. Sur ce blog, on dit le contraire. Qui croire?

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    1. Il n'y a pas que le site de la cause du peuple qui parle du conflit en Ukraine. il y a aussi le colonel Xavier Moreau à Moscou, le colonel Jacques Baud de Suisse, en France l'avocat Régis de Castelnau avec son complice Ferreira, tous disent que les médias en France mentent. Evitez de vivre dans une bulle des mensonges de l'Occident.

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