vendredi 7 avril 2023

La guerre de Crimée (1853-1856) et la russophobie à travers les âges

J’ai plusieurs fois évoqué la russophobie dans mon livre sur Dostoïevski ou dans mes textes publiés dans les médias russes  ; elle est européenne cette russophobie, elle n’a pas attendu les Américains et elle est solidement enracinée.

On peut dire qu’elle s’exprime une première fois dans la conquête de la Russie par Napoléon qui est ainsi décrit par Tolstoï dans Guerre et paix : c’est l’Europe et non la France (40% de la soldatesque) qui se jette à la gorge de la Russie.
Chateaubriand (voyez mon texte) est totalement isolé quinze ans plus tard quand il demande à la diplomatie française de se rapprocher de la Russie et d’éviter les ombrageuses Autriche et Angleterre qui déclencheront les conflits qui en terminèrent avec notre civilisation (elle est morte notre civilisation à l’époque de Zweig ou Valéry, c’est son cadavre qui pue en ce moment).
La guerre de Crimée (1853-56, un million de victimes, de faim, de froid, de maladie, etc.), permet à l’Europe presque entière de se défouler.
La France (comme toujours bonapartiste, militariste, autoritaire et humanitaire, lisez mon exception française), l’Angleterre qui sacrifia tous les chrétiens (obsessionnelle habitude) d’orient pour protéger son adorable empire ottoman (qu’elle sacrifia ensuite avec Lawrence et les sionistes), mais aussi la Sardaigne du très opportuniste Cavour, l’Autriche très ingrate (sauvée par Nicolas en 1848, mais qui mobilisa cent mille hommes) et d’une demi-douzaine d’autres nations font directement et indirectement la guerre à la Russie POUR DEFENDRE L’EMPIRE OTTOMAN.
Le contrat chrétien est rompu par les occidentaux, et la Grande Catherine s’en plaignait déjà.
Ici ce qui m’intéresse c’est de rappeler que tous les gouvernements de ce continent zombi approuvent systématiquement ce que font les Américains.
Les Américains ont droit de vie et de mort sur toute cette planète et tout le monde est content en Europe.
Vers 1850 c’est l’Europe occidentale – le couple franco-britannique - qui a ce droit (et refusera de le partager avec l’Allemagne) et qui, avant les USA, s’estime le messie des nations sur cette pauvre terre - pour la piller ou la détruire ou la moderniser.
Un historien russe de cette déjà triste époque s’en est rendu compte et il écrit au tzar Nicolas ; je traduis de Wikipédia anglais (tout arrive) : « Mikhaïl Pogodin, professeur d’histoire à l’Université de Moscou, avait donné à Nicolas un résumé de la politique de la Russie envers les Slaves pendant la guerre.
La réponse de Nicolas était remplie de griefs contre l’Occident.
Nicolas partageait le sentiment de Pogodine que le rôle de la Russie en tant que protecteur des chrétiens orthodoxes dans l’Empire ottoman n’était pas compris et que la Russie était injustement traitée par l’Occident.
Nicolas avait particulièrement approuvé le passage suivant : « La France prend l’Algérie à la Turquie, et presque chaque année l’Angleterre annexe une autre principauté indienne : rien de tout cela ne perturbe l’équilibre des forces ; mais lorsque la Russie occupe la Moldavie et la Valachie, ne serait-ce que temporairement, cela perturbe l’équilibre des forces.
La France occupe Rome et y séjourne plusieurs années en temps de paix : ce n’est rien ; mais la Russie ne songe qu’à occuper Constantinople, et la paix de l’Europe est menacée.
Les Anglais déclarent la guerre aux Chinois, qui les ont, semble-t-il, offensés : personne n’a le droit d’intervenir ; mais la Russie est obligée de demander la permission à l’Europe si elle se querelle avec son voisin.
L’Angleterre menace la Grèce de soutenir les fausses prétentions d’un misérable Juif et brûle sa flotte : c’est une action licite ; mais la Russie exige un traité pour protéger des millions de chrétiens, et cela est censé renforcer sa position à l’Est au détriment de l’équilibre des forces.
On ne peut rien attendre de l’Occident que de la haine aveugle et de la méchanceté.
(Commentaire en marge de Nicolas Ier : « C’est tout l’enjeu »).
C’est tiré du Mémorandum de Mikhail Pogodin à Nicolas Ier, 1853.

Je ne vais pas trop commenter : l’occident a tous les droits, la Russie – ou qui que ce soit d’ailleurs – n’en a aucun.
Le résultat désastreux de cette guerre mena ensuite où l’on sait.
Et il faut comprendre une deuxième évidence : même faible, même risible, l’occident a la rage et ne s’arrête jamais.
Lisez notre livre de prières publié en 1852 par A. Stourdza : parce qu’à part les missiles, rien ne peut arrêter ces imbéciles.
Ces siècles de la Fin pour reprendre Bernanos sont les siècles de la colère des imbéciles fabriqués à la chaîne (télé ou autre) en Occident depuis l’invention d’un certain Gutenberg.
Leur guerre n’en finira pas car elle n’a jamais cessé.

Par Nicolas BONNAL

VOIR AUSSI :
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Hannibal Genséric

3 commentaires:

  1. Au vu de la datation, on comprend aisément qui a distillé la haine pour les russes, un certain peuple converti de force au judaïsme et chassé par le tsar, venu en Europe, s'installant et pillant les richesses, il n'y a qu'à lire les témoignages de Voltaire, Goethe. C'est donc une haine importée, sans fondement européen.

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  2. En Occident rien ne change. Il faudra la ruine économique à venir (diminution de la production de pétrole) pour voir surgir dans ce continent une nouvelle classe de dirigeants, avec osons l'espérer des neurones intactes.

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  3. Lire en annexe : https://en.wikipedia.org/wiki/Don_Pacifico_affair

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