Trump sort en trombe, mais hésite déjà sur l'Ukraine. Par Simplicius

Comme promis, Trump est sorti en force - ou dans son cas, en signant plus de 100 décrets exécutifs pour neutraliser immédiatement de nombreuses initiatives DEI (Diversité, équité et inclusion), retirer l'autorisation aux anciens responsables de Biden et suspendre l'aide étrangère à tous les pays pendant 90 jours, ce qui inclut l'Ukraine.

Un journaliste ukrainien qui aurait rencontré le personnel du Washington Post a rapporté qu'un redémarrage complet était de mise sur l'Ukraine :

"Alarmant : le Pentagone a licencié et suspendu tous ceux qui étaient responsables de l'Ukraine et de l'aide à celle-ci. Le ministère américain de la Défense est en plein redémarrage"
▪️ Il y aura un nouveau format de relations avec l'Ukraine, c'est un peu alarmant, - a déclaré le propagandiste proche des forces armées ukrainiennes R. Bochkala après une réunion avec des journalistes du Washington Post.

Ce qui suit n'est pas encore corroboré, mais il affirme que toutes les expéditions vers l'Ukraine ont été suspendues :

Au Pentagone, tous les responsables de l'Ukraine ont été licenciés et suspendus. Ils devront tous faire face à une enquête sur l’utilisation de l’argent du budget américain.
À Washington ce matin, les États-Unis ont retiré toutes les demandes de sous-traitance pour la logistique via Rzeszow, Constanta et Varna. Sur les bases de l’OTAN en Europe, toutes les livraisons vers l’Ukraine ont été suspendues et fermées.
Selon des analystes militaires étrangers, cela représente plusieurs milliers de tonnes d’armes et d’équipements.

Cependant, le développement le plus intéressant concernant l’Ukraine a été d’entendre les premiers mots de Trump en tant que président concernant la situation. Vous vous souviendrez que pendant des mois, nous avons été obligés d’écouter les déclarations de divers porte-parole comme Kellogg et Waltz qui semblaient parler au nom de Trump, même si nous ne pouvions jamais en être sûrs. Mais maintenant, le président Trump a publié ses premières pépites pour nous donner une idée de la direction que les choses pourraient prendre – et elles sont intéressantes.

Tout d’abord, un Trump beaucoup plus posé et plus calme a renoncé à la bravade fanfaronne désormais attendue sur le fait de marcher sur Poutine et de le forcer à mettre fin à la guerre en une seule journée. Au lieu de cela, sur un ton inhabituellement calme et incertain, Trump a fait remarquer que les négociations dépendraient entièrement de l’intérêt ou non de Poutine :

Malheureusement, Trump expose son ignorance totale et son manque de crédibilité en ce qui concerne le conflit ukrainien en déclarant ensuite que la Russie a subi une terrible perte d’un million de soldats morts dans la guerre. Comment peut-on compter sur un homme si mal informé pour être le sauveur qui mettra miraculeusement fin à la guerre ? Nous pouvons comprendre son petit tapage médiatique pour embellir un peu la situation, pour faire paraître les choses plus désastreuses pour la Russie – mais citer de manière péremptoire un tel chiffre ne fait que donner à Trump l’air tristement déconnecté, sans même mentionner son affirmation selon laquelle l’Espagne est membre des BRICS.

Il poursuit en disant que Poutine détruit la Russie en ne concluant pas d’accord, et la façon dont il le dit donne presque l’impression que Trump est maintenant convaincu que Poutine a déjà décidé de ne pas « conclure d’accord ». Il affirme en outre que l’économie russe est en ruine et, plus particulièrement, qu’il envisagerait de sanctionner ou de taxer la Russie :

C’est la première fois que nous avons la confirmation directe de Trump lui-même, plutôt que de Kellogg et consorts, qu’il envisage en fait l’« option nucléaire » afin de se la jouer « dur » face à la Russie, si Poutine refuse de se plier à Trump. Et en fait, dans une autre interview, il l’a rendu encore plus clair :

On lui demande clairement s’il sanctionnera la Russie si Vladimir Poutine ne vient pas à la table des négociations, et sa réponse est : « Cela semble probable. »

Et voilà. Trump, le « faiseur de paix », a montré ses cartes et clarifié les directions possibles qu’il entend prendre. Ce qui signifie que certaines des affirmations précédentes de Keith Kellogg semblent avoir été exactes en ce qui concerne Trump essayant de serrer l’étau sur Poutine si l’accord de paix tourne mal. Il y a une petite chance que Trump continue de se contenter de faire la fête avec ses bravades habituelles pour les journalistes, mais, en réalité, il cherche toujours un moyen de se débarrasser complètement de Kiev.

Vous remarquerez que dans la première vidéo ci-dessus, il fait un commentaire très intéressant qui se glisse sous la surface du reste de sa déclaration. Écoutez à nouveau quand il décrit l’effort de guerre raté de la Russie, puis dit : « Je veux dire… c’est une grosse machine donc, finalement, les choses vont arriver… »

Ce qu’il semble vouloir dire, c’est que, malgré son petit « déguisement » de l’effort de guerre supposé « raté » de la Russie, il reconnaît que ce n’est pas si raté après tout, parce que la machine de guerre russe est à ce stade si grande et puissante que, finalement, l’Ukraine ne sera pas en mesure de résister; il semble que Trump soit conscient de ce point délicat après tout.

Il est intéressant de noter que cela concorde avec un nouveau rapport de commandement allemand du major-général Christian Freuding, qui lâche une bombe choquante qui va à nouveau totalement à l’encontre du récit occidental dominant sur la Russie :

https://www.yahoo.com/news/german-major-general-warns-russian-085622367.html

Lien vers l’article original de Welt.

 « La Russie renforce ses forces au-delà des besoins du conflit actuel ! » — Le chef de la force opérationnelle militaire allemande chargée de l'aide à l'Ukraine, le général de division Christian Freuding.

Freuding dit essentiellement que la Russie construit actuellement des armées de réserve en générant plus de main-d'œuvre et de blindés qu'elle n'en perd. Rappelez-vous les armées de réserve de Shoïgu dont j’ai parlé il y a longtemps, où une grande partie de la main-d’œuvre générée par la Russie était en conservée plutôt que destinée à simplement remplacer des pertes sur le front :

Freuding déclare également, au passage, que la Russie construit actuellement 3.000 bombes planantes UMPK par mois et « achète » 3,7 millions d’obus d’artillerie par an :

Maintenant, sentant le piège dans lequel Trump pourrait sombrer en dormant, le Trumpiste en chef, Steve Bannon, a prévenu que Trump risquait de se créer son propre « Vietnam » :

https://www.politico.eu/article/ukraine-russia-donald-trump-vietnam-steve-bannon-richard-nixon-war-room/

Donald Trump risque de ne pas réussir à faire une rupture nette avec l’Ukraine et pourrait être aspiré plus profondément dans la guerre de Vladimir Poutine — tout comme Richard Nixon a été contrarié dans ses tentatives de se retirer du Vietnam — a averti l’ancien stratège en chef de Trump, Steve Bannon, dans une interview à large portée avec POLITICO.

Il note à juste titre :

« Si nous ne faisons pas attention, cela va se transformer en Vietnam de Trump. C’est ce qui est arrivé à Richard Nixon. Il a fini par être le maître de la guerre et elle est passée dans l’histoire comme sa guerre alors que c'était celle de Lyndon Johnson », a déclaré Bannon.

Et c’est vrai : Trump sait que la Chine "mange le déjeuner" des États-Unis sur le front économique et comme d’autres comme Rubio l’ont souligné, les États-Unis ont un délai très limité pour changer d’une manière ou d’une autre le calcul d’une manière qui les maintienne dans la course avec la Chine. Si la vanité de Trump l’empêche de se détacher de l’Ukraine, il risque de danser avec la Russie jusqu’à l’épuisement des États-Unis, tandis qu’une Chine sans entraves les doublera tous.

La Russie n’est peut-être pas la Chine, mais sur son propre terrain – qu’est essentiellement l’Ukraine – la « superpuissance » américaine n’a pas l’avantage et se retrouvera aspirée dans une guerre d’usure qu’elle ne peut pas gagner. Sans parler des rumeurs selon lesquelles Zelensky prépare une sorte de faux drapeau pour entraîner Trump dans la guerre autant que possible, par exemple sur la chaîne Legitimny :

#hearings
Nous confirmons les informations de nos collègues selon lesquelles Zelensky et OP préparent en février des événements provocateurs qui, selon leur idée, changeront l'attitude de Trump et le forceront à participer à la crise ukrainienne.
Zelensky fera tout pour prolonger le jeu, car il a été chargé de prolonger le conflit pour empêcher Trump de mettre fin à la guerre. Ils proposeront de nouveaux besoins qui seront irréalistes à satisfaire.

A tout cela s'ajoute le fait que les précédentes déclarations de Trump selon lesquelles l'économie russe est sur le point d'imploser sont totalement absurdes - voici les dernières données qui les contradisent. Notez que ce ne sont même pas les revenus du pétrole et du gaz qui montent en flèche:

Les recettes budgétaires russes ont atteint un niveau record en décembre, malgré de nouvelles sanctions « plus fortes », - Bloomberg
▪️ Les revenus de la Russie ont atteint un niveau record le mois dernier, même après que les États-Unis ont imposé un puissant nouveau train de sanctions au secteur bancaire visant à perturber les paiements du commerce extérieur et à freiner les recettes d'exportation.
▪️ Les recettes totales en décembre ont dépassé les.4.000 milliards de roubles (40 milliards de dollars), en hausse de 28 % par rapport au même mois de l'année dernière, selon le ministère des Finances.
▪ ️Il s'agit du niveau le plus élevé enregistré dans les données du ministère depuis janvier 2011.
▪️ Les États-Unis et leurs "alliés" tentent d'arrêter la machine de guerre du Kremlin en limitant les recettes d'exportation, et fin 2024, ils ont imposé des sanctions supplémentaires au secteur énergétique russe et aux banques qui le desservent. Pourtant, les revenus du pétrole et du gaz ont augmenté d'un tiers en décembre par rapport à l'année précédente et sont en hausse de 26 % en 2024. D'autres sources de revenus ont affiché des gains similaires pour l'ensemble de l'année, tirées par les impôts et les dividendes dans un contexte de croissance économique robuste.
▪️ « Le volume des recettes non pétrolières et gazières en 2024 a largement dépassé les estimations fixées dans la loi de finances pour 2025-2027, y compris celles provenant des sources fiscales les plus importantes », a déclaré le ministère des Finances dans un communiqué.
▪️ L’augmentation des recettes a permis au gouvernement de dépenser plus que jamais auparavant – les dépenses totales pour le mois se sont élevées à 7,15 billions de roubles, battant le précédent record établi en décembre 2022.
RVvoenkor

Sans parler de la nouvelle interview de Patrushev dans laquelle il exprime son point de vue selon lequel l’Ukraine pourrait « cesser d’exister » cette année:

https://www.kp.ru/daily/27651/5036217/

Enfin, Zelensky a fait une autre déclaration intéressante. Nous venons de parler de son affirmation selon laquelle la Russie compte plus de 600.000 soldats dans l’OMS, tandis que l’Ukraine en compterait plus de 800.000. Dans une nouvelle vidéo du forum de Davos, Zelensky réitère à nouveau que la Russie dispose de plus de 600.000 hommes, mais dit ensuite quelque chose qui prouve certains de mes premiers rapports sur ce blog concernant les dispositions de la force russe au début de l'OMS :

Il affirme que la force actuelle de plus de 600.000 hommes est jusqu'à 4,5 fois plus importante que la force initiale de la Russie. En faisant le calcul, 600.000, c'est 4,5 fois plus que 133.000, ou en utilisant son nombre 4x, nous pouvons dire 150.000.

Mes premiers lecteurs se souviendront que j’étais la seule voix à prouver avec des chiffres que l’incursion initiale de la Russie dans l’OMS consistait en une minuscule force d’à peine 70 à 130.000 hommes plutôt que les 250 à 400.000 hommes revendiqués partout ailleurs dans le cadre de l’historiographie officielle occidentale. C’est la principale raison pour laquelle la Russie a été forcée de se retirer d’endroits comme Kherson et Kharkov après ses premiers gains, alors que l’Ukraine avait mobilisé plus d’un million de soldats tandis que la Russie opérait avec une minuscule structure de raid. Nous avons maintenant la confirmation de Zelensky lui-même. Et il confirme même indirectement les affirmations antérieures du général Freuding sur le renforcement continu des forces russes lorsqu’il dit dans la vidéo ci-dessus que si la Russie n’est pas arrêtée maintenant, elle aura bientôt une armée dix fois plus grande que celle de 2022, plutôt que seulement 4,5 fois plus grande.

Pour l’instant, il est clair que l’administration de Trump n’a probablement aucun plan réel pour négocier avec la Russie et est complètement mal informée par ses services de renseignement. Comme je l’ai écrit il y a plusieurs mois, la seule vraie question ne sera pas de savoir si les négociations fonctionneront, mais ce que Trump fera une fois que Poutine aura rejeté toutes ses offres de négociation.

https://www.yahoo.com/news/putin-said-readiness-talks-us-043320236.html

On suppose qu’une possibilité est que Trump fasse une sorte de « demi-effort » en appliquant des « sanctions punitives » contre la Russie uniquement pour apaiser les néoconservateurs de l’État profond et les médias bellicistes, mais en sachant parfaitement que cela ne fera pas grand-chose et que la Russie envahira l’Ukraine de toute façon. Au moins, si Trump était vraiment plus sournois et ingénieux que nous le croyons, c’est une voie qu’il pourrait suivre. Mais il est plus probable que Trump utilise la situation ukrainienne pour obtenir diverses concessions de l’Europe, tout comme il a utilisé les menaces contre le Panama, le Groenland et d’autres pays pour amener l’Europe à se plier à ses exigences.

En fin de compte, il faudra déterminer quel impératif de Trump est le plus fort : sa soif de gloire personnelle et la peur de ternir sa vanité en étant présenté comme un « perdant » en Ukraine ? Ou son grand désir de laisser à tout prix un héritage en tant que « artisan de la paix » historique.

Par SIMPLICIUS

22 janvier 2025

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