dimanche 22 mai 2016

Après la Tunisie et la Libye, les Sionislamistes veulent détruire l'Algérie et le Maroc



Au Maghreb, et plus précisément en Algérie et au Maroc, une tentative de déstabilisation est en train de voir le jour. Après la chute de la Tunisie, de la Libye, du Niger, du Tchad, du Mali, et du Soudan, les deux derniers remparts à l’impérialisme anglo-sioniste (USA+Israël) en Afrique du Nord seraient en danger. Bernard Henri Lévy, célèbre symptôme d’un futur bain de sang est sur les starting blocks auprès du MAK (groupe séparatiste kabyle pro-sioniste). Ban Ki Moon tente la zizanie entre l’Algérie et le Maroc avec des propos très dangereux sur le Sahara * et Mohamed VI, le roi du Maroc, finit par se rendre en Russie pour la conquête de nouvelles alliances.

Petit zoom sur cette région du monde, avec Youssef Hindi, originaire du Maroc, historien et chercheur indépendant. Son livre «OCCIDENT & ISLAM Sources et genèse messianiques du sionisme. De l’Europe médiévale au Choc des civilisations» l’a propulsé de conférences en conférences tant le sujet traité est sensible et ultra référencé.
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Eline Briant: L’Algérie souffre d’une présidence quasi-inexistante, d’une économie en berne et de révoltes sociales post coloniales qui n’en finissent pas. Assistons-nous à un affaiblissement significatif des institutions du pays ?
Youssef Hindi: L’Algérie souffre d’une présidence quasi-inexistante certes mais elle a un État profond qui la tient. Le pays n’est pas affaibli institutionnellement, dans la mesure où cet État profond qui pilote la présidence n’est autre que l’Armée. Gardons à l’esprit qu’une Armée puissante est la première garantie de la stabilité d’un pays lorsqu’il est attaqué de l’intérieur ou de l’extérieur. Mais il est vrai que l’Algérie connaît, et ce n’est pas une nouveauté, ni une exception dans la Région, des problèmes économiques, qui sont toutefois équilibrés par d’importantes ressources alimentant les caisses de l’État, ce qui permet d’acheter ponctuellement la paix sociale.
Le pays est connu pour ses positions anti-saoudiennes. On l’a vu avec son soutien à l’Axe Iran-Syrie-Liban, et dernièrement son boycott de la coalition arabe menée par Riyad dans son attaque contre le Yémen. Elle s’attire donc les foudres de l’Etat d’Israël, des États-Unis et riches monarchies du Golfe, unis dans leur plan de partition des régions arabo-musulmanes. Cette position n’est-elle pas suicidaire quand on voit son voisinage tombé peu à peu aux mains des terroristes ?
La position algérienne vis-à-vis de l’impérialisme atlanto-sioniste est tout sauf suicidaire. Elle est la seule position qui peut sauver un pays visé par les velléités impérialistes. L’histoire récente nous a montré que la tergiversation géopolitique peut s’avérer mortelle. Lorsqu’on est sur une corde raide il faut marcher droit ! L’exemple le plus récent et funeste est celui de Kadhafi et de la Libye. Le Colonel a, et c’est le moins que l’on puisse dire, changé plusieurs fois son fusil d’épaule durant son long règne, renversé ses alliances, pour finalement tenter un rapprochement en direction des puissances atlantistes. Un rapprochement qui lui a été fatal car c’est en partie pour cette raison qu’il n’a pu bénéficier du soutien/de la protection de la Russie, qui a «abandonné» la Libye à son triste sort.
Plus généralement, pourriez-vous nous informer sur la place géo-politico-stratégique de l’Algérie ? Après la Libye, l’Algérie représente-t-elle aujourd’hui le dernier rempart à la mondialisation de l’Afrique du nord ?
La place géostratégique de l’Algérie dépend du point de vue où l’on se place. Essayons de nous placer du point de vue de l’impérialisme atlanto-sioniste… L’Algérie constitue un verrou important qui doit absolument sauter afin de finir de déstabiliser toute la Région, mais aussi parce que l’État algérien est assis sur un trésor gazier et pétrolier (sans parler de la richesse cumulée de ses rentes) qui lui garantit une certaine stabilité économique et politique. Par conséquent, l’Algérie est de fait, quoi que l’on pense de ses dirigeants, un rempart qui doit disparaître. Car il faut bien comprendre – ce que mes recherches ont démontré – que ce que cache au fond le plan de redécoupage du monde musulman est un projet messianique remontant à loin et dont l’un des buts est la destruction totale et définitive de l’ère islamique (dans tous les sens du terme), et ce afin que les musulmans ne s’en relèvent jamais. Ceci implique qu’aucun État musulman fort ne subsiste.
Du point de vue sécuritaire, la situation dans cette partie du monde saharo-sahélien est différente de celle qui prévaut le long de l’axe Libye-Tchad car ici, le Maroc et l’Algérie sont deux États capables de sécuriser leur hinterland. Pourtant, tel n’est pas le cas. Pourquoi ?
Pour ce qui est du Sahel la réponse est simple : la guerre contre la Libye. C’est la disparition de Kadhafi et de son État (certes minimaliste et tribal mais fédéral) qui a propagé l’hémorragie terroriste (et les armes) par l’agglomération de truands et de trafiquants en tous genres ainsi que de tribus semi-nomades alors sous le contrôle du Guide libyen. Inutile ici de préciser à qui revient la responsabilité de ce chaos provoqué et alimenté. Cette hémorragie ne se propage pas dans le Sahara algérien et marocain du fait même que chacun de ces États à un pouvoir central solide et une Armée qui contrôle les frontières.
Le conflit qui oppose le Maroc et l’Algérie sur la question du Sahara marocain est d’une tout autre nature et est hérité de la période suivant la décolonisation. La stabilité de cette sous-région dépend de la capacité de l’Algérie et du Maroc à régler ce conflit géopolitique mineur qui dure maintenant depuis plus de quarante ans. Les puissances hostiles, à commencer par les États-Unis, sont en train d’utiliser ce levier pour accentuer l’antagonisme persistant entre le Maroc et l’Algérie, notamment en instrumentant le secrétaire Général de l’ONU qui, à partir d’Alger, a fait une déclaration anti-marocaine à la fois fracassante et tout à fait suspecte, compte tenu de l’actualité géopolitique régionale.
Que dire de ce récent déplacement de notre oiseau de malheur français, Monsieur Bernard Henri-Lévy, auprès du groupe indépendantiste kabyle, le Mak. Ceci présage-t-il un futur bain de sang ?
Cela fait depuis 2012 que BHL appelle de ses vœux un Printemps algérien. Il y a deux pays du Maghreb qui ont su maîtriser, par des voies et des stratégies tout à fait différentes, la vague déferlante des Printemps arabes. Souvenons-nous que Levy déclarait publiquement que «Le Printemps arabe c’est bon pour Israël !» ou encore devant une assemblée de sa communauté «ce que j’ai fait en Libye je l’ai fait en tant que Juif». Le «Printemps arabe» et les successives tentatives terroristes n’ont pu déstabiliser l’Algérie ; reste une derrière carte à jouer avant un éventuel bombardement de l’OTAN – qui serait périlleux face à une Armée algérienne très bien équipée, notamment en armement russe -, celle de l’indépendantisme kabyle artificiel du MAK dont le Président est un proche de BHL. L’objectif ici est de s’attaquer à l’intégrité territoriale de l’Algérie via la Kabylie, de la même manière qu’ils essaieront peut-être de le faire au Maroc en tentant de l’amputer de son Sahara. Le procédé est le même, mais à mon sens cette stratégie ne pourra pas aboutir car dans le cas de la Kabylie en Algérie il n’y a aucune base populaire sur laquelle le mouvement indépendantiste peut s’appuyer ; il s’agit là plus d’une revendication artificielle qui n’a de réalité que médiatique. Il en est de même pour le Sahara marocain avec le Polisario et ses revendications indépendantistes qui ont été créées de toutes pièces et dont aujourd’hui il ne reste plus grand-chose.
Parallèlement, au Maroc, il y a eu ce déplacement quasi historique du roi Mohamed VI en Russie, suivi de son discours en Arabie Saoudite (allié de toujours) lors du Sommet Maroc-Pays du Golfe révélant un complot de «certaines puissances» en vue de fragmenter les pays musulmans. N’assistons-nous pas à un virage à 180° dans la géopolitique marocaine ?
En effet, il y a un véritable virage de la géopolitique marocaine, qui n’est absolument pas dû à une simple brouille avec les alliés historiques du Maroc. Les États-Unis, comme je l’ai dit plus haut, ont lâché le Maroc sur la question du Sahara, ce qui a conduit naturellement le Roi Mohamed VI à chercher un soutien ailleurs ; et compte tenu de la reconfiguration, pour ne pas dire « repolarisation » de la géopolitique mondiale, le Roi du Maroc, qui en a pris acte, s’est dirigé vers la Russie (un voyage en Chine est aussi prévu). Les alliances du Maroc, héritées de la période soviétique et de l’opposition Est-Ouest d’antan, n’ont plus lieu d’être dans le contexte actuel de redistribution des cartes, provoqué notamment par le retour en force de la Russie sur l’échiquier mondial. L’on doit espérer une résolution du conflit algéro-marocain sur la question du Sahara par l’intermédiaire de la Russie qui peut éventuellement jouer un rôle positif au Conseil de sécurité ou dans un autre cadre.
Dans votre livre, vous parliez déjà d’un plan de redécoupage du monde musulman du Maroc au Pakistan. Nous savons tous aujourd’hui, que l’instigateur principal des «printemps arabes» reste «Israël». Et nous connaissons tous, les liens historiques de Rabat avec l’entité sioniste. Pourquoi Israël a mis cet «ami» dans son viseur et que se passera-t-il si Mohamed VI se désengage des griffes israéliennes?
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, Israël n’a pas de véritables alliés, ni au Proche-Orient ni ailleurs. Israël a des pions, comme l’Arabie Saoudite, qu’il utilise et sacrifiera sur l’autel de son projet messianique au moment venu (ce qui ne saurait tarder). J’avais rapporté dans mon ouvrage, mais aussi lors d’un colloque à la Sorbonne en juin 2015, les écrits du plan israélien (Oded Yinon), actuellement en application, dans lequel était annoncé dès 1982 le redécoupage des pays musulmans, y compris celui de l’Arabie Saoudite, grand allié d’«Israël». Plus haut je vous disais que le projet messianique sioniste doit s’accomplir, entre autres choses, par la destruction totale de tous les pays musulmans, et le Maroc ne fait pas exception. Si Mohamed VI veut protéger le Maroc tout en le libérant des entraves qui l’attachent aux puissances occidentales – qui elles-mêmes suivent la géopolitique du sionisme -, il doit manœuvrer habilement et de manière subtile, c’est-à-dire en consolidant ses accords stratégiques avec la Russie pour que ceux-ci soient pérennes – en offrant, éventuellement aux Russes un débouché sur l’Atlantique et une place forte à l’entrée de la Méditerranée. Tout ceci ne se fera pas en un jour, mais le processus est enclenché et l’histoire s’accélère.
Le peuple algéro-marocain a-t-il conscience du complot qui s’opère ? Après des années de guerres fratricides, peut-on envisager un scénario tel que nous pouvons le déplorer en Libye ou en Syrie ?
Je ne sais pas si la grande masse a connaissance des détails du projet les visant, mais il y a actuellement une indéniable prise de conscience de toute une frange de la population marocaine et algérienne.
Rien de ce qui se passera dans l’avenir en Algérie et au Maroc ne ressemblera trait pour trait à ce qui s’est produit en Libye et en Syrie. Mais l’on peut envisager une attaque frontale des forces de l’OTAN contre l’Algérie, toutefois, comme je l’ai dit, les puissances atlantistes elles-mêmes ne s’y risqueraient qu’en dernier recours. Ce qui s’avérerait redoutable pour les ennemis du Maghreb, serait un rapprochement historique de l’Algérie et du Maroc sur fond de règlement de la question du Sahara… Il en va de la survie de ces deux peuples frères. Imaginez ce que serait devenu le Proche-Orient sans la guerre Iran-Irak et plus encore avec une alliance stratégique entre Saddam Hussein et l’Ayatollah Khomeyni. Le malheur du monde musulman depuis plus d’un siècle est son incapacité à s’unir, à défaut de se réunir.
* Ban ki-moon, secrétaire général de l’Organisation des nations unies a jeté un sérieux froid dans les relations diplomatiques entre le Maroc et l’ONU, en parlant, début mars, du Sahara occidental, ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, comme d’un territoire «occupé» par les forces marocaines.