Selon Le Canard enchaîné,
dans le cadre de la soit-disant lutte contre le terrorisme islamique
dans le nord de l’Afrique, le gouvernement français a rendu possible une
intervention militaire française en Algérie. Et c’est un texte paru au «
Journal officiel » qui a révélé au grand jour l’ambition
impérial-socialiste de ce gouvernement branché sur l’imaginaire colonial
de Jules Ferry [1] qui fut un grand colonialiste-civilisateur et racialiste
de la République devant l’éternel. Cette fois-ci, la France n'invoque pas le "coup de l'éventail" du Dey d'Alger, ni les "pirates barbaresques", mais la menace des terroristes islamistes (créés, entraînés et armés par l'OTAN) contre le Maghreb.
Qui appelle la France à "sauver" l'Algérie ? BHL [2].
On connaît le scénario libyen, mais l'Algérie n'est pas la Libye.
On ne rappellera jamais assez que
les gouvernements successifs Sarkozy–Hollande ont soutenu les terroristes djihadistes en Libye puis en Syrie de manière directe ou/et indirecte
participant ainsi au chaos dans ces régions avant de renforcer leurs
troupes ou leurs interventions militaires dans chacune de ces régions
(bombardements, opérations spéciales, livraison d’armes aux ‘rebelles’, soutien politique et financier) pour leurs intérêts propres en synergie avec l’axe atlantiste et avec Israël.
Extrait de l’article d’Hervé Liffra, « Le Drian s’est pris les pieds dans la frontière algérienne » publié dans Le Canard enchaîné du 4 mai 2016 à la page 3 :
Dégât
collatéral de l’opération militaire Barkhane, menée au Sahel contre les
terroristes islamistes d’Aqmi, le gouvernement a réussi à se mettre
dans un sacré pétrin politico-diplomatique. Le grand cafouillage a
commencé le 1er octobre avec la publication au « Journal officiel » d’un
arrêté pour le moins maladroit, signé par les ministres de la Défense,
des Finances et du Budget.
Pris en application d’une loi
de 2008, ce texte est destiné à garantir les droits financiers et
sociaux des familles de soldats blessés ou tués durant l’opération
Barkhane. Mais l’arrêté ne se contente pas de donner la liste des pays
directement concernés (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso).
Il aligne également les noms de plusieurs États limitrophes sur les
territoires desquels les opérations sont susceptibles de déborder. Parmi
eux le Nigeria, la Libye ou le Cameroun. Et, surtout l’Algérie.
Un pays extrêmement chatouilleux en matière de respect des frontières.
Surtout quand il s’agit de troupes françaises. Toute présence de
l’ancienne puissance coloniale sur la terre algérienne serait considérée
comme un insupportable affront…
Moralité
de l’histoire, face à la bronca médiatique algérienne, le gouvernement
impérialo-socialiste a décidé … de supprimer la publication de « ce
genre d’arrêté au « Journal officiel » mais de l’enregistrer dans « un
recueil spécial » et secret tenu par le ministère de la Défense ». Nous voilà soulagés !!
Déjà
qu’en matière de pouvoir exécutif, d’intervention militaire et même de
déclaration de guerre, le Parlement était très peu consulté (on
rappellera les cas d’intervention militaire française en Afghanistan en
2003, en Côte d’ivoire en 2011 et au Mali en 2013 consulté de manière
rétrospective: on bombarde et on lance l’armée puis on consulte le
Parlement, au Yémen en 2015, en Libye en 2016).
On assiste à l’organisation de l’opacité la plus complète au sein de la
Vème République pour les affaires militaires françafricaines et autres.
Il est vrai que l’armée française prend du galon dans les anciennes
colonies, elle vient de renforcer son contingent militaire en Côte d’ivoire qui n’a d’ailleurs jamais vraiment été décolonisée. Laurent
Gbagbo qui a voulu entamer cette décolonisation économique, politique
et militaire a été envoyé dans les geôles du tribunal colonial de la CPI
pour être remplacé par L’État français par un nouveau « proconsul aux ordres de l’Élysée » et au service de ses intérêts et de ceux de l’axe atlantiste.
Quant à l’Algérie va-t-elle connaître le même sort ?
Notes :