Décidément, la France de Hollandouille est pire que celle de Sarko-les -casserolles. Nous avons été habitués aux socialistes français : ils ont toujours été plus colonialistes que la droite, plus atlantistes et ultra sionistes. Voilà que Monsieur
Jean-Marc Ayrault, digne successeur de M. Laurent Fabius, peut être
satisfait. Son appel calqué sur celui de ses amis, les roitelets et
émirs du golfe menés par les Al-Saoud, a été entendu.
En effet, voici ce
qu’il déclarait le 29 avril 2016 en inversant une fois de plus la
réalité :
« OFFENSIVE
MILITAIRE DU RÉGIME SUR ALEP : Je condamne vivement la recrudescence
des violences dans la province d’Alep, qui constitue une menace sérieuse
au maintien de la cessation des hostilités et à la poursuite du
processus politique, comme l’a rappelé M. Staffan de Mistura devant le
conseil de sécurité le 27 avril.
L’annonce
par le régime syrien le 28 avril d’une offensive imminente pour
reprendre Alep avec le soutien de ses alliés, qui n’ont pas démenti, est
très préoccupante. Cette annonce intervient dans un contexte marqué par
la mort de plus de 200 civils cette semaine, et par de graves
violations du droit international humanitaire. Sans une amélioration
significative de la situation sur le terrain, les conditions ne seront
pas réunies pour permettre à l’opposition de revenir à Genève.
J’appelle
donc à la mobilisation de la communauté internationale afin d’exercer
une pression sur le régime syrien pour que la trêve soit respectée et
que celui-ci accepte enfin d’entrer dans des discussions sérieuses en
vue de la mise en œuvre d’une transition politique, conforme à la
résolution 2254 du Conseil de sécurité » [1].
Il
ne faut donc pas s’étonner de ce que racontent les médias officiels de
France et de Navarre sur l’État syrien qui martyriserait son peuple.
Pour tout commentaire, nous nous contenterons de traduire ce qu’a
signifié, rien que pour la ville d’Alep, la mobilisation de ladite
communauté internationale « afin d’exercer une pression sur le régime
syrien pour que la trêve soit respectée… », en rappelant que le
« gouvernorat » d’Alep comptait avant cette guerre sur la Syrie cinq
millions d’âmes, dont trois millions à Alep.
Voici
un tableau récapitulatif de « l’amélioration significative de la
situation sur le terrain » censée, selon M. Ayrault, réunir les
conditions « pour permettre à l’opposition de revenir à Genève »,
autrement dit au « groupe de Riyad » composé par les marionnettes des
Al-Saoud et d’Erdogan, maître chanteur sur le dos des réfugiés syriens
et pilleur assassin d’Alep, pour ne citer que ces deux crimes.
Ce
que ne dit pas ce tableau c’est que non seulement les amis et alliés de
M. Ayrault tuent, défigurent et démembrent les habitants d’Alep,
détruisent leurs biens et leurs infrastructures, mais en ce 3 mai, ils
se sont plus particulièrement acharnés sur les hôpitaux, dispensaires,
maternités, écoles élémentaires et universités [2].
Ainsi, la personne blessée a toutes les chances de passer dans la
colonne des martyrs ou des handicapés à vie, et l’enfant à naître est
condamné à mourir ou à survivre dans les décombres et l’obscurantisme,
lequel est désormais l’arme la plus meurtrière et la plus efficace,
manipulée et soutenue par le pays des Lumières et ses alliés du monde
dit civilisé.
Car
alors que les faits sont là, que personne ne les nie, que les groupes
terroristes figurant dans le tableau ci-dessus s’enorgueillissent de
leurs exploits et exposent leurs dernières inventions en matière de
roquettes perforantes qui détruisent un immeuble entier d’un seul coup,
Monsieur Ayrault se préoccupe surtout de condamner un État souverain qui
annonce à la face du monde qu’il a la ferme intention de délivrer Alep
de la violence terroriste qui la ronge depuis 2012, et se déplace à
Berlin, ce 4 mai, à la rencontre de l’homme vendu à qui paie le plus, le
bien nommé Riyad Hijab [3],
bombardé président du « haut comité des négociations » d’une prétendue
opposition syrienne concoctée à Riyad par les Al-Saoud et leurs
complices régionaux, une opposition sans base populaire ou politique sur
le terrain syrien et rejetée même par les opposants syriens, tandis que
le dénommé Mohammad Allouche, assassin parmi les assassins de Jabhat
al-Islam, en est le négociateur en chef et se balade en Suisse, pays
neutre par excellence, la preuve !
La
situation est certes compliquée et les médias s’arrangent pour qu’on
n’y comprenne rien. Mais, dans le cas de Monsieur Ayrault, est-il si
difficile de comprendre que s’il reste sourd aux appels répétés de la
Russie d’inclure Ahrar al-Cham et Jaïch al-Islam dans la liste des
organisations identifiées « terroristes » [4]
en plus de rester sourd aux mises en garde de responsables politiques,
militaires et du renseignement français, c’est parce qu’il doit
travailler à installer les représentants des terroristes à la table des
négociations et leur a sans doute soufflé, avec son homologue allemand
M. Frank-Walter Steinmeier et M. Stafan de Mistura, comment faire
trainer ces prétendues négociations tant qu’Alep ne serait pas tombée
entre leurs mains ? Bouder la 3ème session de Genève 3, c’est quand même pas très malin !
En
effet, le blanchiment du Front al-Nosra
« qui-fait-toujours-du-bon-boulot » n’a pas marché. En novembre 2015,
lors de la réunion à Vienne du Groupe de soutien international à la
Syrie [ISSG], il a bien fallu suivre le mouvement dicté par le
« partenariat » russo-américain et l’identifier comme une organisation
terroriste.
En
conséquence, le Front al-Nosra a été exclu de l’accord de « cessation
des hostilités » décidé le 27 février par Washington et Moscou, au même
titre que Daech. Ce qui signifie que conformément à la Résolution
2254/2015, l’Armée arabe syrienne est dans son droit lorsqu’elle riposte
contre les mercenaires armés appartenant à Daech et le Front al-Nosra,
mais tue son peuple lorsqu’elle s’en prend aux terroristes « modérés »
dont Ahrar al-Cham, Jaïch al-Islam, et autres organisations intimement
liées au Front al-Nosra.
Manœuvre
lamentable destinée à couvrir le Front al-Nosra en l’incluant
indirectement dans la trêve, et à ainsi empêcher l’Armée arabe syrienne
de libérer Alep. Car Alep est à peine concernée par Daech. D’après
toutes les sources, plus de 70% des factions terroristes occupent
environ 30% de la ville et sont sous la coupe du Front al-Nosra,
c’est-à-dire la branche d’Al-Qaïda en Syrie.
À
ce stade faudrait-il répéter pour la énième fois qui a créé Al-Qaïda et
dans quel but ? M. Sergueï Lavrov n’a-t-il pas déclaré que les
« partenaires » US avaient insisté pour que le Front al-Nosra soit
inclus dans la trêve, bien qu’ils aient été les premiers à l’inscrire
sur la liste des organisations terroristes et que M. Fabius s’en
offusquait ? Et alors que les USA ont fini par céder sur ce point,
ont-ils cessé de ne mentionner que Daech comme cible principale de leur
guerre contre le terrorisme, sans particulièrement se réjouir de la
libération de Palmyre de ses griffes ?
Ici,
il faudrait sans doute rappeler les exploits de ces organisations
toujours rangées dans la catégorie des rebelles modérés ou encore des
« groupes armés non étatiques » -malgré les déclarations répétées du
représentant permanent de la Syrie auprès des Nations Unies, Bachar
Al-Jaafari, sur leurs actions terroristes et leur liaison à Al-Qaïda,
preuves à l’appui- dans l’espoir de leur donner une représentation
politique lors des négociations futures à Genève si elles ont lieu. En
bref ;
- Ahrar al-Cham: compte des dizaines de milliers de mercenaires étrangers armés, nombre d’entre eux ayant combattu en Afghanistan et en Irak sous le drapeau d’Al-Qaïda ; est financée par le Qatar et la Turquie ; a combattu aux côtés d’Al-Nosra et lui a déclaré son allégeance ; partage les revenus des taxes prélevées aux points de passage de la frontière turco-syrienne avec Daech, notamment à Tal al-Abyad.
- Jaïch al-Islam: compte aussi des dizaines de milliers de combattants étrangers armés déployés dans la Ghouta de Damas et autour de Homs, Hama, Idleb, Daraa et Lattaquié ; est financée par l’Arabie Saoudite; a combattu aux côtés d’Al-Nosra; s’est illustrée par de nombreux massacres, notamment dans les villages du nord de Lattaquié et la ville ouvrière de Adra près de Damas.
Monsieur
Ayrault sait tout cela parfaitement, à moins d’admettre que les
Services de renseignement français gardent leurs informations pour
eux-mêmes, ce qui n’est évidemment pas le cas.
Que
faut-il de plus pour conclure que le ministre français des Affaires
étrangères est le nouveau blanchisseur d’Al-Nosra ? Et que compte-t-il
faire maintenant que la trêve de 48h incluant Alep [5],
obtenue par les États-Unis et la Russie à partir du jeudi 6 mai, a tenu
à peine quelques heures ? Va-t-il encore accuser le « régime » syrien
de l’avoir rompue ? La réponse est très probablement oui, vu les
mensonges éhontés de M. François Delattre, représentant permanent de la
France auprès des Nations Unies, devant le Conseil de sécurité réuni
d’urgence le 4 mai [6].
On
remarquera que les médias ont titré : « Damas s’est engagé à observer
une trêve de 48h à Alep », ce qui est vrai et évident, car on ne voit
pas qui parmi les chefs de l’opposition vendue à l’étranger peut décider
de quoi que ce soit à moins d’en avoir reçu l’ordre par les maîtres et
bailleurs de fonds en Turquie et en Saoudie, elles-mêmes aux ordres des
USA même si elles semblent avoir dépassé la marge de manœuvre autorisée.
En tous cas, voici un message reçu d’une amie d’Alep hier jeudi 5 mai :
« Je
pense que le cessez-le feu est rompu. Hier et aujourd’hui notre
quartier est resté calme, mais à Khan-Touman six mille bagnards ont
attaqué avec des chars blindés. Comment ces chars sont-ils entrés sans
être bombardés dès notre frontière avec la Turquie ? C’est à ne rien
comprendre. Nos amis ménageraient-ils la chèvre et le chou ? Que se
passe-t-il sous la table ? ».
Je
ne sais pas ce qui se passe sous la table. Si « nos amis » étaient
absents du ciel d’Alep pendant qu’elle se faisait massacrer par ces
hordes d’assassins, c’est peut-être qu’eux aussi ont affaire à plusieurs
fronts. Et si « nos amis » se sont laissés piéger par les USA une
première fois, je veux croire que dans leur propre intérêt, ils ne se
laisseront pas piéger une deuxième fois.
Le
problème est que ce qui passe à Alep ne se joue plus au niveau local,
mais aux niveaux régional et international, M. Ayrault jouant sans doute
la même partition que M. Fabius tout le long des négociations sur le
nucléaire iranien pour satisfaire notamment le quatuor régional
« turco-israélo-saoudo-qatari ». Car inclure le Front al-Nosra dans la
trêve servira les objectifs des quatre à la fois, ne serait-ce qu’en
rendant caduque la Résolution contraignante 2254/ 2015 du Conseil de
sécurité des Nations Unies.
Quant
au niveau international, difficile de croire que les États-Unis et
l’Union Européenne réunis sont incapables d’exercer des pressions sur la
Turquie, membre de l’OTAN, afin qu’elle ferme ses frontières aux
terroristes. De plus, une trêve de 48H ne témoigne pas d’une grande
confiance entre les partenaires à Washington et à Moscou.
Ce
qu’il faut espérer, puisque la solution politique s’est avérée être une
imposture et que les Aleppins exigent à cor et à cri de l’État syrien
qu’il nettoie leur ville de ces infâmes terroristes, est que le
nettoyage soit radical pour qu’ils n’en payent le prix qu’en une seule
fois…
Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Syrie – Offensive militaire du régime sur Alep – Déclaration de Jean-Marc Ayrault (29 avril 2016)
[2] Syrie: Ayrault à Berlin à la recherche d’une solution politique
[3] 3 mai 2016, journée d’enfer à Alep (Al-Mayadeen)
[4] Syrie: Moscou saisit l’ONU pour enregistrer comme «terroristes» deux groupes rebelles
[5] Damas s’est engagé à observer une trêve de 48h à Alep
[6] Alep, ville symbole, ville martyre
Réunion
d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie – Intervention
de M. François Delattre, représentant permanent de la France auprès des
Nations unies – 4 mai 2016
Photo: Les
ministres des affaires étrangères français et allemand, Jean Marc
Ayrault (G), Frank-Walter Steinmeier (C), et l’envoyé spécial de l’ONU
pour la Syrie Staffan de Mistura, à Berlin le 4 Mai 2016
VOIR AUSSI :