Comme prévu, les hostilités ont repris à grande échelle en Syrie
et le moins que l'on puisse dire est que la trêve n'a pas spécialement
servi les intérêts des djihadistes "modérés". L'armée syrienne se
concentre sur Alep-est et la mère de toutes les batailles
a débuté. Pas étonnant qu'ait éclaté la tragi-comédie du convoi
humanitaire bombardé-sans-vraiment-être-bombardé-mais-peut-être-brûlé.
L'enclave rebelle est encerclée et les loyalistes avancent partout, tant au nord
(front alépin quelque peu oublié) que sur la fameuse ligne sud-ouest,
percée début août par les barbus mais reprise à la fin de ce même mois.
C'est désormais la base de départ de l'offensive.
Quant à Erdogan, il a soudain un gros coup de fatigue. Lancée en grande pompe,
l'opération turque dans le nord syrien ne tourne peut-être pas encore
au fiasco mais clairement en rond. Ces trois derniers jours, L'Etat
Islamique a botté le train de l'ASL soutenue par Ankara et repris une vingtaine de villages.
Le sultan a l'air de pédaler un peu dans la semoule ces temps-ci, la
tâche se révélant bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. En un mois,
les gains territoriaux ont été extrêmement modestes alors que l'on
compte officiellement (sans doute plus en réalité) dix soldats turcs morts, soit déjà la moitié du nombre de tués russes depuis un an.
De
plus, la contre-attaque daéchique s'est faite en un point assez
stratégique car devant servir de base de départ à l'offensive sur Al
Bab, véritable noeud septentrional :
Or la course à Al Bab est féroce entre les YPG kurdes (en jaune) -
qui, on le voit, n'ont absolument pas repassé l'Euphrate, occupent
toujours la région de Manbij et poursuivent leur rêve d'unir les cantons
kurdes - et les Turcs & affidés (en vert) qui veulent à tout prix
éviter cette jonction mais n'arrivent pas à avancer face à l'EI (en
noir). Les YPG sont en réalité plus proches d'Al Bab que ne le sont les
protégés d'Erdogan.
Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, le sultan éructe
contre les nouvelles livraisons d'armes US aux YPG, les Américains
jouant ici un impossible triple jeu (soutien aux Kurdes, aux Turcs et
aux djihadistes). Cerise sur le gâteau, un important groupe barbu lié à
Al Nosra a appelé les rebelles à s'opposer
à l'intervention turque. Bref, une détonante mêlée générale où tout le
monde se bat contre tout le monde... et une bien mauvaise semaine pour
Ankara.
Source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/09/herr-dodo-gan.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail