Après une nouvelle déclaration du Pentagone sur les «manœuvres dangereuses et non professionnelles» d’un navire ou d’un aéronef d’un pays tiers à proximité des marins et des pilotes américains, qui «pacifiquement»
violent les frontières russes, chinoises ou iraniennes, mes amis sont
généralement indignés. C’est ce qui est arrivé récemment, lorsque
l’avion de surveillance de la marine américain P-8A Poseidon a approché
deux fois la frontière russe en mer Noire et a été intercepté par des
chasseurs Sukhoi Su-27.
Chaque fois que les États-Unis testent les frontières russes, ils doivent être affrontés avec détermination.
Les militaires
américains ont tendance à mal se conduire, croyant qu’ils vont échapper à
la punition. Parsemant le monde de stations de reconnaissance,
d’interception et de systèmes d’écoute électronique, ils sont sûrs que
en tant que Big Brother, ils peuvent prendre la liberté de
faire tout ce qu’ils veulent. Ils le font jusqu’à ce que quelqu’un leur
explique en langage clair qu’ils ne doivent pas se conduire aussi mal,
les dégrisant avec une claque à la face.
Beaucoup
se souviennent de l’incident de l’avion espion U-2, piloté par Gary
Powers, abattu au-dessus de Sverdlovsk en 1960. En 1988, la frégate
russe garde-côte Bezzavetny a littéralement poussé le croiseur
lance-missiles américain USS Yorktown hors des eaux territoriales
soviétiques. Le Commandant en chef adjoint de la flotte de la mer Noire,
le Contre-amiral Valery Kulikov, qui a pris une part directe dans cet
incident comme second sur le Bezzavetny, m’a raconté l’histoire.
Le
croiseur lance-missiles américain USS Yorktown et le destroyer Caron
ont pénétré dans les eaux territoriales soviétiques au large des côtes
de la Crimée, en utilisant la Convention des Nations Unies sur le droit
de la mer comme couverture pour leurs actions. Cette convention, qui
dans des cas exceptionnels, permet le «passage inoffensif» de
navires de combat transportant des armes dans les eaux territoriales des
États riverains, a été signé mais non ratifié par l’URSS. Le garde-côte
Bezzavetny et une frégate soviétique SKR-6 sont allés intercepter les
Américains, qui ont refusé de changer de cap, affirmant qu’ils ne
violaient pas la loi et refusant de quitter les eaux territoriales de
l’URSS.
Les commandants des garde-côtes ont
commencé l’éperonnage du croiseur, le Bezzavetny le faisant à deux
reprises. En conséquence, il a déchiré la coque du croiseur américain et
sa chaîne d’ancrage, détruit la glissière de sécurité, a cassé le canot
du capitaine et plusieurs lanceurs de harpons anti-navires. La
collision a provoqué un incendie sur le croiseur, et il a dû quitter, en
hâte, les eaux soviétiques.
Vladimir Komoyedov |
Voilà comment les
Américains ont essayé de nous tester au cours de ces années, mais nous
ne sommes pas nés d’hier. Le premier lieutenant Kulikov se tenait
derrière le barreur prêt à le remplacer en cas d’urgence, mais le marin a
tenu son rang. Avant l’éperonnage, le commandant a ordonné de porter
les gilets de sauvetage, mais personne n’a obéi. L’équipage a simplement
mis des sous-vêtements propres – comme le font traditionnellement les
marins avant le combat.
Aujourd’hui les généraux
américains, dont la mémoire est aussi courte que l’histoire de leur
pays, continuent d’envoyer leurs navires et aéronefs à nos frontières en
se conduisant mal.
Et nous avons encore une fois à leur expliquer que cela ne se fait pas.
Par Vladimir Komoyedov
– Le 10 septembre 2016 – Source Russia Insider
– Le 10 septembre 2016 – Source Russia Insider
L’auteur est président du Comité de Défense de la Douma d’État [le parlement russe] et ancien commandant de la Flotte de la mer Noire
Article original paru dans Izvestia – Russian daily news