vendredi 2 septembre 2016

De hauts responsables US reconnaissent la responsabilité américaine dans le coup d’État contre Erdogan



[Note de l'éditeur: Eh bien, les poulets US reconnaissent le soutien de la CIA au coup d'État en Turquie. Ziggy a parlé, ce qui donne la permission aux autres de le faire, ce qui est en quelque sorte son travail à ce stade actuel de sa vie – et donner des fessées publiques en cas de besoin.

Pour Engdahl, les pistes du coup d’état turc mènent directement à Victoria Nuland. Faire participer les gens de la CIA, de l'OTAN, du Pentagone, et même de l'État ... Avec autant de gens sur l'affaire, cela vous donne quelque part un parfum d'insécurité opérationnelle. Cela crée aussi, pour l’espionnage Russe, beaucoup d’opportunités pour recueillir les informations issues des bavardages de tous ces intervenants, et avertir Erdogan du jour J. [1].

Ce qui est ci-dessous est un délicieux morceau. Mon seul regret est que je ne l'ai pas lu avec un bon verre de vin à côté de moi... Jim W. Dean]

Osama bin Ladin giving Ziggy a gun tour
Oussama Ben Laden donne un cours d'armes à Ziggy
Alors que l'administration Obama et la CIA s'accrochent officiellement au mensonge caché « sous une feuille de vigne », disant que le renseignement américain était innocent de toute implication dans le coup d'état raté du 15 Juillet contre la Turquie, conçu et perpétré par la CIA et son homme lige, Fethullah Gülen, voici que la vérité sort des hautes sphères des initiés du renseignement américain eux-mêmes.

Elle reflète une énorme lutte interne entre les factions au sein de cercles dirigeants américains, dans ce que tout le monde considère comme la plus bizarre année d’une élection présidentielle de l'histoire américaine.

Le premier aveu que le renseignement américain avait une main dans le coup d'État anti Erdogan, lancé quelques jours seulement après qu’Erdogan ait annoncé un changement stratégique majeur consistant à s’éloigner de l'OTAN pour se rapprocher de la Russie, est venu de Zbigniew Brzezinski, alias Ziggy.

Brzezinski est l'un plus hauts responsables de l'establishment du renseignement américain, ancien conseiller présidentiel d’Obama. En 1979, il a été l’architecte, au sein du Conseil National de Sécurité sous Jimmy Carter, des opérations terroristes des moujahidines afghans contre les forces soviétiques en Afghanistan.

Dans un tweet de son propre blog, Brzezinski a fait le résumé d'un nouvel article qu'il a écrit pour le magazine The American Interest. Il écrit: "Le soutien des États-Unis à la tentative de coup d'État contre le président turc Recep Tayyip Erdogan a été une grave erreur qui pourrait porter un coup majeur à la réputation des États-Unis." C'est certainement un euphémisme donné à ce qui se déroule en Turquie depuis le 15 Juillet.

Brzezinski a continué à écrire :

«La Turquie était sur le point de reconsidérer sa politique étrangère, après son échec en Syrie au cours des cinq dernières années, et l'erreur de calcul des États-Unis consistant à soutenir le coup d'État et à héberger son leader (Fethullah Gülen, en exil arrangé par la CIA en Pennsylvanie) était si grave qu'il n’est plus possible de blâmer la Turquie si elle tourne le dos à « son alliée depuis longtemps » et de repenser (sic) ses politiques ".

Il continue,

« Une coalition potentielle Russie-Turquie-Iran créerait une occasion de résoudre la crise syrienne. Si Erdogan avait la plus petite sagesse, il aurait dû comprendre qu'il ne pouvait pas acquérir de la crédibilité grâce à l'aide de certains pays arabes "pourris"», se référant sans aucun doute à l'Arabie saoudite et au Qatar, les financiers principaux de la guerre terroriste contre Assad en Syrie depuis 2011.



Victoria Nuland doing her "cookies for cops" routine
Victoria Nuland
offre ses "cookies aux flics"
Brzezinski a été, avec Henry Kissinger, l'un des plus importants stratèges de la politique étrangère des États-Unis d'après-guerre. Il était aussi le directeur exécutif fondateur de la Commission Trilatérale de David Rockefeller. Il conserve sans doute, aujourd'hui encore, un accès aux rapports Top Secret du renseignement américain. Dans ses écrits ci-dessus, il exprimait sa fureur devant l'incompétence totale du renseignement américain dans sa gestion de la relation avec la Turquie.

Notamment, contre la personne qui, dans le département d'État américain, est directement responsable non seulement du désastreux coup d'État des États-Unis de Février 2014 en Ukraine, mais aussi du coup d’état contre la Turquie, c'est-à-dire la malheureuse néo-con et perpétuelle va-t-en-guerre, Victoria "J’encule l’UE" Nuland, épouse du néo-con Robert Kagan.


Fethullah Gülen
Fethullah Gülen
La critique franche de Brzezinski a été suivie d'un exposé encore plus détaillé des liens du renseignement américains avec  Fethullah Gülen, accusé par le gouvernement turc de trahison et qui soutenait le coup d'État  du 15 Juillet.

Dans un article d'invité dans le magazine en ligne européen EurActiv.com, datée du 17 Août 2016, Arthur H. Hughes confirme les liens intimes entre Gülen et la CIA, en notant que "Gülen a fui aux États-Unis avec l'aide du diplomate Morton Abramovitz, les agents de la CIA Graham Fuller et George Fidas, et  Fr. Alexander Karloutsos ci-dessus mentionné".


Gülen CIA ami Bartholomée Ier


L'article de Hughes est une bombe à bien des égards, et très certainement dans le détail des liens intimes entre la CIA, Gülen et le patriarche orthodoxe actuel de Constantinople, Bartholomée Ier , archevêque de Constantinople et patriarche œcuménique.

Hughes a décrit le Père Alexander Karloutsos mentionné ci-dessus:

"... L'un des membres du lobby américano-israélien dans le Patriarcat de Constantinople est le père Alexandre Karloutsos, officier des affaires publiques près de l'archevêque Demetrios (de l'Amérique).

Grâce à ses liens avec des responsables de haut niveau et de milliardaires grecs-américain, il est essentiellement la seule personne qui contrôle le flux d'argent des États-Unis au Phanar (la partie grecque orthodoxe d'Istanbul), ce qui lui donne de larges possibilités d’exercer une pression sur le Patriarcat œcuménique.

D'autre part, Karloutsos a également de bonnes relations avec l'ancien directeur de la CIA, George Tenet, et avec le prédicateur Fethullah Gülen coopérant avec le renseignement américaine. "



George Tenet
George Tenet
George Tenet, un proche allié de la machine politique Clinton, est un grec-américain, ancien chef de la CIA à l'époque de Bill Clinton et George W. Bush.

Les deux Clinton sont sur le même répertoire louant Fethullah Gülen. Tout cela ressemble à un douillet réseau CIA-Gülen-Patriarcat de Constantinople-Clintons, financé par «l'argent des milliardaires grecs-américain."

Arthur H. Hughes n’est pas un commentateur occasionnel des événements en Turquie et au Moyen-Orient. Il était l’ambassadeur américain au Yémen dans les années 1990 pendant la présidence Clinton, puis sous-adjoint au secrétaire d'État aux Affaires du Proche-Orient. Il a également été sous-secrétaire adjoint à la Défense pour le Proche-Orient et l’Asie du Sud, et a été chef de mission adjoint à Tel-Aviv.

Le fait est qu’il lie Gülen à la CIA et aux points du Patriarcat de Constantinople à l'un des réseaux les plus secrets, les moins publics et les plus influents de la CIA dans le monde, l'anti-Moscou Patriarcat orthodoxe du patriarche Bartholomée Ier de Constantinople.

Hughes suggère que, si Erdogan et le gouvernement turc sont sérieux en disant vouloir faire face aux futures menaces de coup d'État, ils devraient mettre le Patriarcat de Constantinople sous la loupe.

Comme je l'ai documenté dans mon livre, Le Hegemon perdu: Les dieux veulent détruire qui ?, Graham E. Fuller et George Fidas, de hauts responsables de la CIA durant deux décennies, ont réussi à obtenir, en 1999, une résidence permanente et sécurisée extraordinaire à Saylorsburg, Pennsylvanie, malgré les formelles et fortes objections du département d'État américain, quand Gülen était sur le point d'être accusé par les autorités turques d’incitation à la trahison.

Plus récemment, Fuller se sentait obligé d'écrire sur son blog que, en effet, il avait aidé Gülen à obtenir une carte verte américaine, mais que non, Gülen n'a pas été derrière le coup d’état raté du 15 Juillet.

Cependant les rapports turcs placent Fuller et un autre allié principal de la CIA, Henri J. Barkey, dans un hôtel de luxe sur l'une des îles des Princes dans la mer de Marmara, à une vingtaine de minutes d’Istanbul, la nuit du coup d'État manqué.

Dans une apparition ultérieure lors d'un forum de think tank à Washington, organisé par la Fondation pour la Défense des Démocraties, une organisation néo-con dont le président est l'ancien directeur de la CIA, le néo-con James Woolsey III, Barkey et son hôte ont essayé de faire une blague minable à propos de cette présence à Istanbul la nuit du coup d'État et des liens avec Gülen.

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Pour une fois, Brzezinski a raison.


La tentative de coup d’état de CIA-Gülen pour tenter de renverser Erdogan après son rapprochement avec Moscou était "une grave erreur." Les conséquences, en dehors d'une répression massive sur les réseaux Gülen et les médias à l'intérieur de la Turquie, c’est notamment un dialogue ouvert d'Erdogan et du gouvernement turc avec la Russie et maintenant avec l'Iran, sur une «solution» à la guerre syrienne qui inclurait Bachar al-Assad au moins durant la période de transition.

Le pivot Est qu’était Erdogan vacille depuis le coup d'État raté de la CIA ; ce qui a forcé le Pentagone à retirer tranquillement ses ogives nucléaires de la base d’Incirlik en Turquie près de la frontière syrienne, pour les stocker en  Roumanie.

Dans le même temps, le Premier ministre de la Turquie a déclaré le 20 Août aux médias que la Russie pourrait utiliser la base aérienne d’Incirlik si nécessaire, quelque chose qui doit produire certainement les douleurs aiguës d'estomac à Langley (siège de la CIA), à Foggy Bottom (siège du Département d'État américain siège) et à la Maison blanche d'Obama.

Ce 15 juillet peut entrer dans l'histoire comme l'une des défaites les plus décisives de la projection de la puissance mondiale américaine, du soi-disant Nouvel Ordre Mondial de David Rockefeller et de ses amis

Et si cela est vrai, alors la perspective d'un monde plus pacifique reste envisageable.



F. William Engdahl
“New Eastern Outlook.”
Traduction : Hannibal GENSERIC