Le 25 décembre 2006, la Cour d’appel
irakienne confirme la condamnation à mort de l’ancien président irakien
Saddam Hussein et refuse d’accéder à sa dernière volonté d’être fusillé,
comme le prévoyait l’ancienne Constitution irakienne pour les crimes
politiques. Elle confirme l’exécution par pendaison, réservée en Irak
aux criminels de droits communs. Human Rights Watch a estimé que le
procès a été «entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur
le fond» et qu’il a été «foncièrement inéquitable».
Face à l’annonce de l’exécution des descendants mâles de sa famille.
Saddam Hussein a appris la nouvelle du
décès de ses deux enfants, l’aîné Oudaï, le cadet Qoussaï et son
petit-fils Moustapha, par un compatriote qui lui avait offert
l’hospitalité dans le nord de l’Irak. Les descendants mâles de sa
famille ont tous trois tués, le même jour, au cours d’un raid des forces
spéciales américaines dans le Nord de l’Irak. Ci joint le récit tiré
des mémoires de son avocat Khalil Al-Douleimy
-L’ hôte: j’ai une nouvelle à la fois triste et dérangeante. Oudaï est tombé en martyr.
-Saddam: A-t-il combattu ?
-L’hôte: Oui
-Saddam: Bravo. Il a bien fait.
-Saddam: A-t-il combattu ?
-L’hôte: Oui
-Saddam: Bravo. Il a bien fait.
La scène, identique, se répète avec
l’annonce du décès du cadet, Qoussaï, puis le décès du petit fils
Mustapha. A l’expiration de cette énumération morbide, qui a éradiqué sa
dynastie, Saddam de s’exclamer sans le moindre trémolo dans la voix:
«Je remercie Dieu de m’avoir fait l’honneur que mes enfants soient
tombés en martyr dans la défense de leur patrie».
Face à ses geôliers américains
«Dix jours après mon arrestation, un
général américain flanqué d’un interprète me lâche tout à trac: «Alors
Tu seras quoi? Napoléon Bonaparte ou Benito Mussolini».
Réponse de Saddam: Je serai Saddam
Hussein. Uniquement Saddam Hussein. Je rejette toute compromission. Je
ne demanderai jamais à mon peuple de capituler. Bien au contraire, je
vais les inviter à résister et à combattre».
Une posture qui tranche avec celle d’un
autre dirigeant irakien, Noury Said, premier ministre du temps de la
monarchie, qui cherchera à fuir le pays, déguisé en femme, en 1958, pour
échapper à la foule en colère qui sera finalement démasqué et lyncher
par la foule. Une attitude à l’opposé de cette de Mouammar Kadhafi, qui
après avoir révélé aux services occidentaux les circuits de la
coopération nucléaire souterraine inter arabe, tentera de fuir en convoi
armé au moment de la chute de Tripoli pour finir lynché par la foule,
lui aussi.
La mémorable séquence de la pendaison
En prélude, une séquence de son procès
« Saddam est monté calmement à la
potence, il était résolu et courageux », admet un de ses pires
adversaires, le conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï.
« Il n’a pas essayé de résister, n’a rien demandé. Il tenait un coran
dans sa main qu’il a souhaité envoyer à une personne ». Il avait « les
deux mains attachées quand il a été pendu ».
Le juge a alors lu au président irakien
la liste des chefs d’accusation portés contre lui, tandis qu’il
répétait, en guise de réponse: «Mort à l’Amérique ! Mort à Israël !
Longue vie à la Palestine ! Mort aux mages perses !» Il ne l’a pas
entendu regretter quoi que ce soit.
Roubaï l’a ensuite amené dans la pièce,
pleine de monde, où il allait être exécuter. En voyant la potence,
Saddam s’est tourné vers lui et en le regardant droit dans les yeux lui a
dit: «Docteur, est cela pour les hommes !».
Ses dernières paroles ont été:
« J’espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites
pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux. »
L’ancien président, âgé de 69 ans, a été pendu le jour de la fête
religieuse musulmane d’Al Adha, (fête du sacrifice).
Le message de Saddam Hussein aux dirigeants arabes : N’intercédez pas en ma faveur. Préserver l’unité de l’Irak
L’avocat Khalil Al-Douleimy assure avoir
été chargé de transmettre aux dirigeants arabes un «message oral» de
l’ancien président irakien, de «derrière les barreaux», dont la teneur
est la suivante:
«N’intercédez pas pour sauver ma nuque
que j’ai d’ores et déjà confiée à Dieu. Veuillez à préserver l’Unité de
l’Irak que l’on égorge». Le message précise qu’il a vu un dirigeant
irakien pleurer à la réception de ce message.
«Je ne suis l’agent de personne. Si les
Américains m’avaient propulsé au pouvoir, ils m’auraient dénoncé à mon
premier affrontement avec eux», conclut Saddam Hussein dans mes mémoires
dictés à son avocat Khalil Al Douleimy, d’où sont tirés ces passages.
De l’influence résiduelle du Parti Baas en Irak: 17.000 irakiens éradiqués, privés d’emplois et de pension de retraite, terreau du djihadisme.
Le constat d’Ihsan Al Chamary,
professeur de Sciences politiques à l’Université de Bagdad. Interview au
journal en ligne «Al Rai Al Yom» le 3 mai 2015. Le successeur de Saddam
Hussein à la tête de la guérilla anti américaine a été tué par les
brigades «Hezbollah», une milice chiite qui combat aux côtés de l’armée
irakienne dans la bataille pour la reconquête du Nord de l’Irak sous
contrôle de Da’ech. http://www.raialyoum.com/?p=252139
«L’affluence populaire qui s’est
manifestée sur le parcours du convoi funéraire d’Izzat Ibrahim Ad Doury,
tué le 20 avril 2015, témoigne de la persistance du prestige de
l’ancien président irakien, douze ans après l’invasion américaine de
l’Irak, neuf ans après sa pendaison.
«Le Baas est toujours actif. Quiconque
dit que le Baas est fini ou que les baasistes sont finis contredit la
vérité. Les symboles -Saddam Hussein ou Izzat Ad Doury- peuvent
disparaître, mais bon nombre de dirigeants demeurent actifs et tentent
de mettre en échec le système politique mis en place depuis la chute du
régime baasiste.
«Il est prématuré de se débarrasser en
Irak du fantôme de Saddam, qui a tout de même gouverné le pays pendant
trente ans. Nous aurons besoin de plusieurs décennies pour nous
débarrasser de l’empreinte de Saddam et de son legs.
«Les Baasistes sont accusés de jouer un
rôle néfaste notamment dans la perpétuation de la violence qui sévit
dans le pays depuis 2003. De même, ils sont accusés de collaborer avec
Da’ech, qui occupe une superficie importante du pays, notamment Mossoul
et Takrit, deux points d’ancrage traditionnels du Baas.
A l’appui de son affirmation,
l’universitaire cite le rapport du journal allemand «Der Spiegel», en
date du 19 avril 2015, faisant état d’une stratégie visant à l’expansion
territoriale de Da’ech, mise au point par un ancien officier des
renseignements irakiens, Samir Al Khleifaoui. «Les Irakiens sont
désormais convaincus que Da’ech sert de façade et masque une autre
réalité: Une tentative de reconquête de pouvoir par le Parti Baas.
Les précisions de Bassem al Boudeiry, chef de l’instance «questionnement et justice»: 17.000 Irakiens éradiqués, privés d’emplois et de pension de retraite, terreau du djihadisme.
Le nouveau pouvoir post Saddam a tenté,
en 2003, de limiter l’influence du Baas par une série de dispositions
notamment la dissolution de l’armée et la «loi questionnement et
justice» qui a suivi la décision d’éradiquer le Parti Baas.
Selon Bassem Al Boudeiy, chargé du
programme «Questionnement et Justice», 130.000 personnes ont été visés
par le dispositif éradicateur, dont 17.000 effectivement éradiqués
définitivement avec perte d’emploi et privation d’une pension de
retraite. L’objectif de ce dispositif était d’épurer les institutions
officielles de tous ceux qui avaient commis des crimes à l’encontre du
peuple irakien. Le Baas sert de point d’appui au terrorisme.
«En dépit du rétablissement de certains officiers dans leurs droits, beaucoup de ceux qui ont pâti de ces mesures manifestent leur mécontentement, à leur façon de la manière qu’ils peuvent.
«En dépit du rétablissement de certains officiers dans leurs droits, beaucoup de ceux qui ont pâti de ces mesures manifestent leur mécontentement, à leur façon de la manière qu’ils peuvent.
Le cas du Général de corps d’armée, Abou
Moutlaq (62 ans) est à cet égard significatif: «Pas un officier forcé à
démission n’est resté passif. Tous ont témoigné leur sympathie ou
participé à des activités des groupements anti-américains. Le général,
qui s’est résolu à devenir chauffeur de taxi pour subvenir aux besoins
de sa famille s’explique: D’un trait j’ai été licencié et privé de
moyens de subsistance pour ma famille. Comment voulez-vous que je
participe à un processus visant à l’édification d’un nouveau système
politique qui m’a, lui-même, privé de tout et exclu de tout».
Le mois d’Avril dans le rituel baasiste.
Mois de naissance de Saddam Hussein,
Avril occupe une place particulière dans le rituel baasiste. En 2015, il
a donné lieu à diverses actions de solidarité symbolique avec l’ancien
président, né le 28 avril.
C’est ainsi que les forces irakiennes ont reconquis Tikrit, chef-lieu de la région natale de Saddam Hussein, le 18 avril, dix jours avant sa date d’anniversaire. Le porte-parole du premier ministre Raghed al Joubouri, a été contraint à la démission, ce mois-là, après la diffusion d’une chanson qu’il avait composée à la gloire de Saddam Hussein, il y a quinze ans.
C’est ainsi que les forces irakiennes ont reconquis Tikrit, chef-lieu de la région natale de Saddam Hussein, le 18 avril, dix jours avant sa date d’anniversaire. Le porte-parole du premier ministre Raghed al Joubouri, a été contraint à la démission, ce mois-là, après la diffusion d’une chanson qu’il avait composée à la gloire de Saddam Hussein, il y a quinze ans.
De vives divergences persistent au sein de la population à propos du bilan de Saddam.
Le Kurde Anas Abed (41 ans) est
catégorique: «Je tremble encore au nom de Saddam à la radio ou à la
télévision. Je tremble non de peur, mais de dégoût. Je suis très affecté
par ma solitude familiale. Douze des membres de ma famille ont été tués
lors de l’attaque aux armes chimiques à Hallabja en 1988.
Autre son de cloche chez les partisans
de Saddam: «A l’évocation du nom de l’ancien président, les larmes
coulent des yeux de ce septuagénaire adhérent au Parti Baas depuis
cinquante ans.
«Le parti existe. Où voulez-vous qu’il
parte? Il est présent dans notre cœur. Quand tu es animé d’une
idéologie, il est impensable que tu y renonces. Les responsables
redoutent encore le Parti Baas et craignent Saddam.
«Chaque fois que je vois sa photo mon
cœur palpite. Quand son visage apparaît à la télévision, j’éprouve une
envie folle d’ôter ma chaussure pour la lancer contre l’écran».
Un procès «entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur le fond» et «foncièrement inéquitable».
Le 5 novembre 2003, Saddam Hussein a été
condamné à mort par pendaison pour crime contre l’humanité. Plusieurs
autres membres de l’ancien Parti Baas ont été également condamnés à mort
ou à des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité, parmi
lesquels:
- Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président (exécuté par pendaison le 20 mars 2007) ;
- Barzane Al Takriti, ancien chef des renseignements (exécuté par pendaison le 15 janvier 2007) ;
- Awad Ahmad Al Bandar, adjoint du chef de cabinet de Saddam Hussein (exécuté par pendaison le 15 janvier 2007) ;
- Abdallah Kadhem Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans de prison le 5 novembre 2006) ;
- Mezhar Abdallah Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans de prison le 5 novembre 2006).
- Tareq Aziz, ministre des Affaires étrangères, est mort en captivité en Mai 2015 des suites d’une longue maladie.