Un jour, la Russie est
"isolée", "exsangue", "en état d'appauvrissement
avancé" (du fait de la politique du méchant Poutine bien évidemment).
Magie de l'ère de la communication : le jour suivant, elle est tellement
puissante qu'elle peut faire et défaire les présidents américains ! Quel
caméléon ce Vladimir, il doit faire exprès d'alterner la faiblesse et la force
extrêmes pour tromper la bonne foi évidente des plumitifs et des dignes
gestionnaires de l'Occident...
Ainsi donc, Barack à
frites a franchi le pas et directement accusé la Russie d'avoir
"manipulé" les élections américaines [1]. Après huit ans de présidence
piteuse où ses atermoiements et revirements lui ont mis à peu près tout
le monde à dos, l'occupant de la Maison Blanche décide de terminer
franchement en vrilles. En passant, il monte encore sur l'échelle de la schizophrénie
en affirmant sans rire que finalement si, après avoir été petite puis
grande, la Russie est à nouveau un pays sans importance, mais
suffisamment quand même pour avoir piraté les élections du "plus grand
pays du monde". Ouf, vous vous y retrouvez ?
En l'occurrence, la
"manipulation" se résume aux fuites Wikileaks dévoilant le paysage peu
ragoûtant du Parti Démocrate et ses multiples magouilles. Pour le
système impérial, la vérité (car personne ne conteste le contenu de ces leaks) et la justice sont désormais les ennemis de la démocratie, CQFD.
Et peu importe que le FBI ou Wikileaks contestent l'intox de la CIA (qui accuse d'ailleurs ici Moscou de faire ce qu'elle fait
depuis des temps immémoriaux), le parti de la guerre et la presstituée
de service sont trop heureux de pouvoir à nouveau pointer un doigt
accusateur vers l'abominable ours des neiges. En ces temps de déroute
syrienne, on se console comme on peut...
C'est tout sauf un hasard
si cette affaire sort juste avant le vote des Grands électeurs (prévu
pour le 19) et certains se demandent si l'on n'assistera pas à une formidable trahison (à noter que dix de ces grands légumes ont demandé un complément d'information avant leur vote de lundi).
Je
peux bien sûr me tromper mais je ne pense pas que le but soit
réellement d'empêcher Trump d'accéder à la Maison Blanche (risque de
guerre civile voire sécession du Texas) ; il s'agit plutôt de lui
savonner la planche et pourrir son début de présidence en discréditant
d'avance toute entente avec la Russie sur les dossiers syrien, ukrainien
ou autre. Là encore, le système impérial montre à quel point il se
nourrit du chaos et du conflit.
Il est vrai que le Donald ne fait rien pour rassurer le parti de la guerre...
Après la nomination attendue
du russo-compatible T. Rex aux Affaires étrangères, il vient de faire
sursauter le Seoud en soutenant la création de zones humanitaires en
Syrie payées par les pétromonarchies du Golfe ! Comme par hasard, l'Arabie saoudite suspend jusqu'à nouvel ordre ses investissements aux États-Unis devant "l'incertitude" créée par plusieurs facteurs, dont l'élection de Trump.
Nous annoncions il y a peu :
Terminons
sur une petite nouvelle passée inaperçue et qui ne mérite peut-être pas
d'être relevée, mais nous préférons donner au lecteur toute information
susceptible d'expliquer les événements futurs. Dans le cadre de la
prise de distance du Donald avec ses activités entrepreneuriales, le
futur président américain a fermé quatre sociétés
liées à l'Arabie saoudite. Ce n'est peut-être rien... comme ça peut
être un signe annonciateur d'un prochain changement de direction de la
politique étrangère des États-Unis.
Était-ce donc un signe avant-coureur ? A suivre...
Après
cette parenthèse wahhabito-financière, revenons à notre bonne vieille
agression russe. La Suède devrait peut-être changer sa devise royale För Sverige i tiden en un plus honnête Tel maître, tel vassal.
Le pays scandinave, ou plus exactement son gouvernement, est en effet
en pointe de la vague russophobe commanditée par Washington et ne manque
pas une occasion de le faire savoir.
Ainsi, une petite info mérite le détour : le gouvernement régional du Gotland était d'accord pour louer des ports au consortium Nord Stream II,
afin de faciliter la construction du gazoduc. Situation gagnant-gagnant
: proximité géographique pour Gazprom, manne financière pour les
municipalités de la région. Une visite à Stockholm et un "avis"
gouvernemental plus tard, retournement de veste, il n'est soudain plus possible de louer ces ports de relâche. Le danger russe, vous comprenez...
Peu importe que la Suède soit devenue le n°2 mondial (derrière le Lesotho) en matière de viols, que le délitement de la société transforme ce pays naguère placide en "zone de guerre" et que les explications pipologiques de l'establishment fassent rire tout le monde.
Non, vous comprenez, le principal danger qui guette la Suède est... la
menace russe ! Ne craignant visiblement pas le ridicule, le ministère de
la Défense en rajoute même une couche et ordonne aux villes de se préparer à une possible guerre avec la Russie, eh oui. Des siècles d'intelligence européenne, de pensée philosophique, de progrès scientifiques, pour en arriver là...
17 Décembre 2016
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Rédigé par Observatus geopoliticus