dimanche 25 octobre 2015

Bidonnage. Aux USA, 50 agents de renseignement disent que leurs rapports sur DAECH ont été trafiqués

Dans le milieu des professionnels du renseignement, qui sont payés pour donner leur vraie évaluation de la guerre avec ISIS/EI/Daech et qui constatent que leurs rapports sont transformés en discours lénifiants, on parle de “révolte”.
Plus de 50 analystes du renseignement travaillant pour le Central Command militaire des États-Unis se sont officiellement plaints de ce que leurs rapports sur ISIS et la branche d’al-Qaïda en Syrie étaient altérés de façon inappropriée par de hauts responsables. Le Daily Beast l’a appris.
Les plaintes ont incité l’inspecteur général du Pentagone à ouvrir une enquête sur les manipulations supposées des rapports du renseignement. Le fait que tant de gens se soient plaints suggère l’existence de problèmes systémiques et profonds dans la façon qu’a le commandement militaire en charge de la guerre contre l’État Islamique autoproclamé d’évaluer les renseignements.

« Le cancer était au niveau des hauts responsables des services de renseignement », a dit un officier de la défense.

Deux analystes en chef du CENTCOM [Commandement central, NdT] ont adressé en juillet une plainte écrite à l’inspecteur général du département de la défense affirmant que les rapports, dont certains ont servi à informer le président Obama, donnaient des groupes terroristes une image plus faible que ce qu’en pensaient les analystes. Les analystes affirment que le rapport a été modifié par les gros bonnets du CENTCOM pour le mettre en accord avec la thèse des pouvoirs publics selon laquelle les ÉU sont en train de gagner la bataille contre ISIS et al-Nosra, la branche d’al-Qaïda en Syrie.

La plainte a été confirmée par 50 autres analystes, dont certains s’étaient déjà plaints depuis des mois de la politisation des rapports du renseignement. Ceci selon les déclarations faites au Daily Beast sous couvert d’anonymat par 11 personnes connaissant bien les détails du rapport.

Ces accusations suggèrent qu’un grand nombre d’agents surveillant le fonctionnement interne des groupes terroristes pensent que leurs rapports ont été modifiés pour l’adapter à une présentation destinée au public. Ces affirmations font écho aux accusations selon lesquelles de hauts responsables politiques avaient soigneusement choisi les renseignements recueillis sur le programme supposé d’armes de destruction massives en Irak en 2002 et 2003.

Les deux signataires de la plainte ont été présentés comme ceux qui l’ont officiellement déposée, et les autres analystes sont prêts à étayer leurs affirmations par des exemples concrets.

Certains des analystes du CENTCOM ont parlé du noyau déjà nombreux de ceux qui protestent comme d’une “révolte” des professionnels du renseignement qui sont payés pour donner une vraie évaluation, fondée sur des faits, et non influencée par la politique nationale. Les analystes ont accusé les chefs de haut niveau, y compris le directeur du renseignement et son adjoint au CENTCOM, de modifier leur exposé pour être plus en accord avec l’affirmation du gouvernement Obama selon laquelle la lutte contre l’État Islamique et Al-Qaïda fait des progrès. Les analystes ont une vision plus pessimiste des efforts militaires faits pour détruire ces groupes.

Le grand nombre d’analystes qui se sont plaints à l’inspection générale du Pentagone n’avait pas été divulgué auparavant. Certains d’entre eux sont affectés au CENTCOM, le commandement pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, mais sont officiellement employés par l’Agence de Renseignement de la Défense.

La plainte prétend que dans certains cas des éléments essentiels des rapports ont été retirés, avec pour conséquence un document qui ne représentait plus correctement les conclusions des analystes, nous disent des sources qui la connaissent bien. Mais elle va aussi au-delà d’une accusation de manipulation des rapports et elle accuse certains hauts dirigeants du CENTCOM de créer un cadre de travail non professionnel. Une personne qui a connaissance du contenu de la plainte envoyée à l’inspecteur général a déclaré qu’on y trouvait le mot “stalinisme” pour décrire l’atmosphère imposée par les superviseurs des analyses du CENTCOM.

Beaucoup ont décrit un climat où les analystes sentent qu’ils ne peuvent pas donner d’estimation sincère de la situation en Irak et en Libye. Certains avaient l’impression que des commandants cherchaient à protéger leur avancement dans la carrière en enjolivant les nouvelles de la guerre.

Certains rapports élaborés par les analystes qui étaient trop négatifs dans leur évaluation de la guerre ont été enterrés ou n’ont pas été diffusés aux échelons élevés, déclarent plusieurs analystes. Et d’autres, sentant le climat où ils baignaient, s’autocensuraient de sorte que leurs rapports confirment les opinions déjà en place.

Alors que nous ne pouvons commenter les détails de l’enquête citée dans l’article, nous pouvons parler de la procédure. La communauté du renseignement fournit systématiquement un large éventail d’appréciations subjectives de l’état présent de la sécurité. Ces rapports et les analyses qu’ils fournissent sont absolument vitaux pour nous, étant donné la complexité incroyable des nombreux conflits multi-fronts en cours en Irak et en Syrie.” a déclaré le colonel de l’US Air Force Patrick Ryder, porte-parole du CENTCOM. “Les hauts responsables civils et le commandement militaire examinent ces évaluations pendant la phase de planification et de prise de décision, ainsi que les renseignements venus dune variété d’autres sources, comme les idées fournies par des commandants sur le terrain et d’autres conseillers clés, la masse de renseignements collectés, et ceux résultant de l’expérience passée.”

Deux des officiels qui se sont confiés au Daily Beast affirmèrent que les analystes ont commencé à se plaindre au mois d’octobre dans une tentative de règlement du problème en interne, et  ne se tournèrent vers l’inspecteur général que quand ils eurent échoué. Quelques-uns de ceux qui portèrent plainte furent poussés à prendre leur retraite, d’après un officiel proche du rapport du Daily Beast. Certains ont accepté de partir.

Ces derniers mois, des membres de l’administration Obama ont tenté de peindre la lutte contre ISIS en rose – malgré la prise par “l’armée de la terreur” de villes importantes comme Mossoul et Falloujah.

“ISIS est en train de perdre” a dit en juillet John Allen, le général des “Marines” à la retraite chargé de la coordination de la campagne ISIS.

“J’ai confiance qu’à la longue, nous allons battre, que nous allons vraiment endommager et finalement détruire ISIS”, a dit le secrétaire d’État John Kerry, en mars.

Le Président Obama a dit en mai “Non, je ne crois pas que nous soyons en train de perdre.”

Cependant, un groupe toujours plus nombreux d’analystes maintenaient leurs protestations. Certains, à CENTCOM depuis plus de dix ans, gardaient des cicatrices de l’escalade vers la guerre en Irak en 2003, quand des rapports écrits à la va-vite suggéraient que l’Irak possédait des armes de destruction massive, alors que ce n’était pas le cas, justifiant ainsi l’administration Bush pour partir en guerre.

Selon un officiel de la défense, “ils étaient frustrés parce qu’à ce moment-là, ils n’ont pas fait ce qu’il fallait” et n’ont pas exprimé leurs doutes sur le programme d’armement de l’Irak.

Source : The Daily Beast, le 09/09/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

Autres exemples de mensonges  américains

1- la Guerre d'Irak en 2003

La coalition occidentale a déclenché la guerre en Irak en alléguant la possession d'armes de destruction massive par le président irakien de l'époque Saddam Hussein, selon les services de renseignement occidentaux. Or, il s'est avéré par la suite que l'Irak ne détenait pas de telles armes, ce qui a contribué à la propagation de l'idée selon laquelle Tony Blair et George Bush avaient "bidonné" de faux renseignements de leurs services spécieux et avancé de faux arguments afin de justifier l'intervention militaire en Irak.
Tony Blair s'excuse pour "les erreurs" commises lors de cette guerre.
L'intervention des forces armées des Etats-Unis et de leurs alliés en 2003 est une des causes principales de l'émergence de l'Etat islamique, a reconnu l'ex-premier ministre britannique Tony Blair lors d'une interview accordée à la chaîne américaine CNN.
Dans le même temps, Tony Blair s'est excusé pour les erreurs commises dans cette guerre.
"Je demande pardon pour les fausses informations des services de renseignement. Je demande aussi pardon pour certaines erreurs commises lors de la planification et les erreurs concernant les conséquences possibles du changement du régime", a-t-il souligné.

2- Guerre et mensonges contre la Syrie


Dans son discours de septembre à l'ONU, Obama a appelé le président syrien Bashar al-Assad un tyran qui a déversé des bombes-barils sur des enfants (alors que la Syrie dispose des bombes russes autrement plus efficaces que ces soit-disant barils inventés par Obama), et des attaques [au gaz sarin] sur Ghoutta-Est en août 2013. Ces informations se sont rapidement révélées être une opération sous fausse bannière, sans le moindre élément de preuve à charge des forces du gouvernement syrien. En réalité, elles étaient destinées à fournir un prétexte pour une autre "invasion humanitaire" américaine, mais des navires de guerre russes furent rapidement déployés au large des côtes de Syrie.
Obama a déclaré qu’un groupe terroriste décapite les prisonniers, massacre les innocents et soumet des femmes à l’esclavage. Il s’agit là des "rebelles modérés" que son administration a mis sur pied, que la CIA a formés, de manière a créer un atout stratégique en vue d’un changement de régime en Syrie. Ce sont eux que combat Assad.
Obama a prétendu nous rappeler comment a commencé la pagaille syrienne : «Assad a réagi aux manifestations pacifiques par une escalade de répressions et de meurtres, qui à leur tour, ont créé un environnement propice aux troubles actuels.» Avant 2011, la Syrie était le seul pays du Moyen-Orient sans conflit interne. Assad disposait, et dispose toujours, du soutien de l’écrasante majorité de la population. La fausse révolution syrienne a commencé par des attaques, lors de rassemblement pro-gouvernementaux, perpétrées par des groupes armés à l’encontre des manifestants et de la police – le même scénario qu’en Libye et en Ukraine [ajoutons qu’en juillet 2011, l’ambassadeur américain Ford et son homologue français se rendaient à Hama pour soutenir l’opposition au gouvernement syrien, contrevenant à toutes les règles établies de diplomatie dans un État souverain]. Les opérations étaient supervisées par les services de renseignement occidentaux et ont déclenché une guerre civile fomentée par les USA, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et Israël. La vérité est que la Syrie est le seul pays avec une compagnie pétrolière d’État et le seul pays arabe qui ne soit pas endetté auprès du FMI. C’est ça qui a créé un environnement propice aux troubles actuels.

3- Et la Libye...

De la même façon, il a fait référence à Kadhafi, sans le nommer, comme à un tyran. Le règne de Kadhafi, long de quarante années, a fait de la Libye l’État le plus riche d’Afrique, fournissant à ses citoyens des soins de santé gratuits, un enseignement gratuit (incluant les études universitaires), l’électricité gratuite, des prêts avec zéro intérêts, un État-providence exceptionnel, et bien davantage encore. De plus, Kadhafi avait entamé un projet de dé-dollarisation du marché africain des ressources naturelles, ainsi que la création d’un système bancaire africain afin de libérer le continent des griffes des entreprises occidentales. De bonnes raisons d’en faire un tyran.
De manière surprenante, Obama a affirmé que l’intervention militaire à prévenu un massacre. En fait, on estime que 30 000 Libyens ont été tués par l’Otan et ses rebelles.
 
Hannibal GENSERIC