L’intervention militaire russe en Syrie a considérablement rebattu les
cartes dans la situation géopolitique moyen-orientale et marqué le grand
retour de la superpuissance russe sur la scène internationale, 25 ans
après la chute de l’URSS.Ce qui se joue actuellement n’a
évidemment rien à voir, ni avec le soutien occidental à une
démocratisation du pays en faveur du peuple syrien, ni, pour les russes,
avec le maintien des intérêts économiques et militaires avec le régime
de Bachar el Assad, mais concerne une nouvelle configuration
géopolitique du monde.
En effet, Il s’agit d’un ordre mondial
que cherchent à imposer les États-Unis et leurs supplétifs à un autre
monde qui, Russie en tête, réclame plus de participation dans la gestion
des affaires internationales desquelles ils ont été exclus depuis des
décennies. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les paroles du
président Vladimir Poutine affirmant que
« Damas est la clé d’une nouvelle ère ».
Dès le début de la crise Syrienne, la
Russie, soutenue par la Chine et l’Iran, a décidé de faire échouer
toutes les tentatives d’un changement de régime car elle était persuadée
que si le plan des Occidentaux réussissait, elle serait confinée dans
un rôle de second plan et serait menacée dans son intégrité
territoriale.
Moscou joue donc gros dans cette partie et l’échec est inenvisageable pour plusieurs raisons.
Du point de vue économique,
une victoire occidentale assurerait un contrôle des ressources
énergétiques de tout le Moyen-Orient (excepté celles de l’Iran dans un
premier temps) et permettrait à l’Europe de ne plus dépendre
exclusivement du gaz russe. En effet, le Qatar pourrait faire transiter
son gaz pour l’Europe par la nouvelle Syrie amie, écartant
définitivement l’alimentation de ce continent par le gaz russe et
privant ainsi Moscou d’une manne financière considérable, ce qui
permettrait un terme à son ambitieux programme de développement
économique et militaire et enterrerait ses rêves de retour à l’état de
grande puissance mondiale.
Au point de vue sécuritaire,
si Damas venait à tomber dans l’escarcelle occidentale, cela induirait
une menace sérieuse pour la Russie, qui se verrait alors déstabilisée
par le retour de Syrie des mercenaires djihadistes dans leur région
d’origine du nord du Caucase (Daghestan et Tchétchénie) en vue d’y
instaurer une république islamique indépendante.
Cela aiguiserait aussi l’appétit de la
Turquie qui, base avancée des intérêts américains en Eurasie, rêve
toujours d’un empire qui s’étendrait jusqu’à l’Asie centrale, englobant
les territoires turcophones et qui n’hésiterai pas elle non plus à
déstabiliser Moscou à travers divers mouvements séparatistes.
Ainsi, la chute de Damas impliquerait un
retour à la politique d’encerclement de la Russie puis à sa
déstabilisation, et mettrait gravement en péril l’intégrité territoriale
de la fédération de Russie.
Enfin, au plan stratégique,
si cette capitale tombait, en plus de l’humiliation que cela induirait,
la Russie perdrait définitivement son rêve de retrouver son statut de
grande puissance dans le monde.
Avec la chute de la Syrie, qui serait
certainement suivie par une attaque de l’Iran, le proche orient
deviendrait une zone exclusivement acquise aux intérêts
américano-sionistes, la Russie se retrouverait face à un espace hostile
s’étendant de la France à la chine et sera délogée définitivement de la
région du Grand Moyen-Orient.
Ainsi, Moscou, qui œuvre à la constitution d’une alliance eurasiatique avec l’aide de la Chine et l’Iran, en vue de contrer l’hyperpuissance américaine, ne peut se permettre de voir Damas intégrer l’axe américano-sioniste, ce qui renforcerait alors solidement ce dernier et mettrait sérieusement en péril l’existence même de la fédération de Russie telle qu’elle est constituée actuellement.En revanche, une victoire du régime de Bachar al Assad, signerait probablement la fin des ambitions américaines en matière de remodelage de la région [1] et mettrait alors en péril le rêve sioniste de nouvel ordre mondial avec pour capitale Jérusalem.
Yahia Gouasmi, Président du Parti Anti Sioniste,© http://www.partiantisioniste.com/?p=9462
[1] Moyen Orient : Le plan américano-israélien
Débâcle géostratégique : Les USA retirent leur dernier porte-avions face à l’offensive russe en Syrie
Après l’annonce de l’abandon de l’entraînement des milices islamistes
par la CIA sur le territoire turc pour les envoyer ensuite en Syrie (lire ici), Washington vient de reconnaître sa plus grande défaite militaire et géostratégique depuis la chute de Saïgon, en 1975.
Les USA ont en effet retiré du Golfe Persique leur dernier porte-avions, l’USS Theodore Roosevelt (source).
Ils n’ont plus de présence aéroportée dans le Golfe, ce qui n’était pas
arrivé depuis 2007. Cet événement survient au moment où leur principal
opposant, la Russie, est en train d’anéantir les groupes islamistes
précités. Ceux-ci, privés du soutien de leur puissance de tutelle, n’ont
plus aucun espoir d’aide américaine.
Cette annonce succède à celle de l’arrivée de l’aviation russe en Irak, 12 ans après l’invasion de ce pays par les États-Unis (lire ici).
En
d’autres termes, Washington abandonne son projet de renversement de
Bashar Al-Assad et, avec ce plan, voit douze années d’efforts réduits à
néant pour contrôler cette région stratégique.
Une décision
logique faisant suite aux déclarations de Vladimir Poutine à l’ONU, ce
dernier ayant décidé de mettre un terme aux tentatives de renversement
des gouvernements légaux par les USA en général, et syrien en
particulier.
La contre révolution islamiste se retrouve donc sans aucun
espoir de soutien et encore moins de “zone d’exclusion aérienne” comme
le demandent désespérément les extrémistes US, à l’instar de John Mc
Cain (lire ici).
L'image suivant de l'évacuation de Saïgon, "sauve-qui-peut", résume la situation des takfiristes islamistes en Syrie.