Après que l’ambassade de Russie à Damas ait été frappée par deux roquettes lancées par les terroristes islamistes à partir de la périphérie de la capitale, la Russie a décidé d’introduire dans le théâtre des opérations militaires des centaines de moyens de reconnaissance avancés et des blindés Terminator.
Les moyens modernes de reconnaissance avancé servent à déterminer les coordonnées des emplacements des sites d’artillerie classiques, de lancement de missiles ou de roquettes antichars et les blindés ennemis. Ils détectent l’ouverture de feu, suivent la trajectoire du projectile, trouvent l’endroit d’où il a été tiré, et ce, dès le premier tir. Ces avant-postes mobiles sont capables de créer une carte numérique en temps réel, avec les coordonnées GPS/GLONASS des éléments du dispositif de l’ennemi. Ces données sont transmises, via des canaux reliés à des satellites de télécommunications militaires, aux bombardiers survolant la zone ou à des blindés de type Terminator et TOS-1.
Le système de recherche d’artillerie « PRP-4A Argus » est le fruit d’un montage du radar IL120-1 et des capteurs optroniques dans le spectre infrarouge et laser sur les véhicules de combat de l’infanterie BMP-1, à la place de la tourelle.
Les équipements combinant des capteurs et le système PRP-4A Argus couvrent un champ d’observation de 360 °, et permettent de déterminer les coordonnées de l’artillerie et des véhicules blindés ennemis jusqu’à 20 km, ou des groupes de tireurs isolés jusqu’à 7 km. La mesure de distance est effectuée automatiquement par deux télémètres laser.
Les Etats-Unis ont livré à l’Ukraine en 2014, des dizaines de radars de contre-batterie AN/TPQ-48 montés sur des Humvee, similaires aux PRP-4A Argus.
Le BMPT Terminator est un blindé sur châssis de char T-72, destiné aux missions de « nettoyage » des points de résistance ennemis dans les zones urbaines. Il est armé de quatre lance-roquettes anti-char guidées 9M120 Ataka (portée 6 km), deux canons automatiques de calibre 30 mm (cadence de tir de 200 coups/min), deux lance-grenades antichars AG-17D (600 grenades) et une mitrailleuse coaxiale PKTM de calibre 7,62 mm.
Vidéo en version complète : https://www.youtube.com/watch?v=J_pA0Or0Cqg
Terminator dispose d’un système de contrôle de tir informatisé qui intègre un canal panoramique de surveillance dans l’infrarouge du champ tactique (360°), un canal dans le spectre optique et un canal séparé de détection de systèmes de guidage de missiles antichars ennemis. Le centre de contrôle de tir dispose d’un télémètre laser et d’un système de navigation GPS / GLONASS.
La Russie teste d’autres nouvelles armes en Syrie
Selon le magazine Asian Defense News (L’hélicoptère de combat russe Mil Mi-28 est arrivé en Syrie),
une nouvelle escadrille d’hélicoptères d’attaque russe, composée de 12
Mi-28 NE, vient de faire son apparition en Syrie. Dans le même temps, il
a été remarqué, sur les blindés qui mènent l’action offensive dans
l’Ouest et le centre de la Syrie, le nouvel équipement électro-optique
russe Shtora-1. Nous avons vu également, la semaine dernière, que les
russes avaient lancé, à partir de la Mer Caspienne, 26 missiles de
croisière 3M-14T Kaliber qui, après avoir parcouru 1500 km, ont touché
leurs cibles en Syrie.
L’hélicoptère blindé Mi-28 NE est le
rival russe de l’appareil américain bien connu AH-64 D, et coûte 50 % du
prix d’un avion de chasse (25 millions de dollars). L’hélicoptère a une
masse maximale au décollage de 11 T, et il peut prendre à bord 2,5
tonnes d’armes. Comme armement, l’hélicoptère dispose dans son nez d’un
canon mobile Cal. 30 mm (automatique guidé dans la direction de la vue
de l’opérateur de l’arme). Il dispose également de 16 missiles antichars
guidés, de 40 missiles S-8 ou S-13. La vitesse maximale du Mi-28 est de
320 km/h, son plafond pratique de 5.700 m et son autonomie de 1.100 km.
L’équipage d’un Mi-28 est composé de deux
membres : le pilote sur le siège arrière, et l’opérateur des systèmes
d’armes, placé à l’avant. Depuis l’année dernière, la Russie a soutenu
l’Irak dans la lutte contre l’EI, en lui livrant une partie des 56
hélicoptères Mi-28 commandés par ce pays qui renonce ainsi aux
hélicoptères AH-64 D dont les États-Unis avaient reporté la livraison.
Dans le paragraphe suivant, nous donnons
des détails sur « l’arme secrète » la plus sophistiquée qui a permis à
la Russie d’assoir sa suprématie en Syrie en termes de guerre radio
électronique (Electronic Warfare -EW).
Ainsi, à la suite de mesures mises en
œuvre par la guerre radio-électronique de la Russie, les rebelles
islamistes «modérés» n’ont pu recevoir aucune information par satellite
de leurs sponsors américains, notamment sur les mouvements de l’armée
syrienne. L’armée a pu concentrer, en secret, ses troupes sur les axes
Lattaquié-Idlib (Nord de Lattaquié), Lattaquié-Hama (à l’Est de
Lattaquié) et Lattaquié-Homs, d’où elle a déclenché les actions
offensives avec des blindés pour reprendre aux rebelles le contrôle du
segment Idlib-Hama-Homs de l’autoroute M5 qui relie Damas à Alep.
Jusqu’à l’apparition de bombardements
russes en Syrie, l’armée nationale syrienne avait subi de lourdes pertes
infligées à ses blindés par les rebelles islamistes « modérés », armés
de missiles antichar BGM-71 TOW fournis par les États-Unis.
Le Shtora-1 est un équipement russe
électro-optique actif de protection des blindés, spécialement conçu pour
neutraliser le principal missile antichar de la dotation de l’armée
américaine, le BGM-71 TOW. La Russie a maintenant commencé à distribuer
une quantité impressionnante de ce matériel à l’armée syrienne. Le
Shtora-1 brouille le faisceau laser ou infrarouge du système de guidage
des missiles et leur fait manquer leurs cibles. Il brouille également
les télémètres laser, les empêchant ainsi d’effectuer des mesures
correctes de la distance qui les sépare de leurs cibles. Cet équipement
est monté sur les chars russes T-90 MS, les véhicules de combat
d’infanterie BMP-3M et d’autres blindés des forces terrestres de l’armée
russe.
Chaque élément de l’équipement comporte
quatre paires de capteurs infra-rouge et laser couvrant un champ de
vision de 360 degrés. La détection de la source de guidage du missile
antichar est déterminée avec une précision de 3 degrés. Quatre émetteurs
de contre-mesures commencent à créer des impulsions dirigées de
brouillage, puis, quand le système de guidage antichar est détecté,
intervient le lancement des missiles de riposte.
En outre, l’équipement est doté de
lance-grenades aérosol qui crée un écran opaque dans le spectre de
guidage infrarouge et laser. Les grenades sont lancées à 50-70 m du
blindé à protéger. Le Shtor-1 est assisté par un microprocesseur qui
reçoit des informations en provenance des capteurs d’alerte et active
des contremesures.
L’arme ultrasecrète qui permet à Poutine d’assoir sa suprématie dans la guerre radio électronique en Syrie ?
La Russie savait dès le départ que
les systèmes de surveillance aérienne et spatiale de l’OTAN étaient en
mesure de contrôler toute l’activité des avions militaires russes basés
en Syrie. Grâce aux avions de reconnaissance américains RC135, aux
avions britanniques Sentinel R1, aux avions-radars AWACS et aux drones
(avions sans pilote d’observation) Predator, déployés aux frontières de
la Syrie, il est possible d’intercepter : le trafic radio sur les
réseaux russes, le nombre et le type d’aéronefs, les trajectoires de
vol, le type d’arme utilisé, les objectifs ciblés chez les rebelles et
leur emplacement. Surtout que la plupart des groupes rebelles en Syrie
sont armés et soutenus par les Etats-Unis et peuvent être avertis à
temps pour chaque opération.
Les médias ont présenté longuement les
types de bombardiers russes opérant en Syrie, les armes dont ils sont
équipés et qu’ils utilisent pour les frappes aériennes ainsi que les
résultats de ces frappes.
La plus sophistiquée, « l’arme secrète » avec
laquelle les russes ont imposé leur suprématie en matière de guerre
électronique (EW-Electronic warfare), reste entourée de mystère. Reste
également enveloppé de mystère le redoutable système russe de collecte
et de traitement de l’information.
Ces deux catégories d’armes
constituent le complexe automatisé C4I (commandement, contrôle,
communication, computers, information et l’interopérabilité) que les
Russes ont créé en Syrie. Il permet l’identification des cibles des
bombardements et leur répartition parmi les différents types d’avions,
tout en empêchant l’OTAN de découvrir quoi que ce soit du modus operandi
des Russes. En l’absence d’un minimum d’informations, l’OTAN ne peut
pas déclencher de contre-mesures électroniques (ECM) efficaces contre
les Russes en Syrie.
Les moyens de guerre électronique
terrestres, navals et aériens que la Russie a déployés sur le théâtre
des opérations militaires de la Syrie permettent de surveiller
l’intégralité du spectre électromagnétique pour localiser les émetteurs
de l’ennemi et les brouiller. La guerre électronique s’étend aujourd’hui
au brouillage des communications, des radars et des surveillances
électro-optiques. Les équipements modernes générateurs de
contre-mesures, y compris dans le spectre visible, infrarouge ou laser,
utilisent des moyens de surveillance électro-optiques aériens et
spatiaux (IMINT) pour contrecarrer les Russes dans l’anéantissement de
l’EI. Pour protéger le dispositif contre les moyens de recherche de
l’OTAN, les Russes ont déployé en Syrie, plusieurs Krasukha-4. Les avions russe Su-24, Su-25, Su-34 sont équipés de conteneur de brouillage SAP-518/ SPS-171, et les hélicoptères Mi-8AMTSh avec des Richag-AV. A cela s’ajoute le navire Priazovye
(de classe Vishnya), appartenant à la flotte russe de la mer Noire, qui
a été déployé en mer Méditerranée, près de la côte syrienne. Ce navire
est spécialisé dans le brouillage et la collecte des informations de
type SIGINT et COMINT (interception de tous les réseaux de
communications).
Le Krasukha-4 est un équipement à bande
large mobile, monté sur le châssis 8 X 8 de type BAZ-6910-022, qui
brouille les radars de surveillance des satellites militaires, les
radars au sol et aériens de type AWACS et ceux montés sur des avions
sans pilote (drone). Le Krasukha-4 est le seul système capable de
brouiller les satellites-espions américains de la famille Lacrosse/Onyx.
Ces satellites évoluent sur orbite basse et sont équipées de SAR
(Synthetic Aperture Radar) qui leur permet de pénétrer la couche de
nuages ainsi que le sol ou les murs des bâtiments, avec une résolution
de 20 cm.
Quelles ont été les conséquences des mesures de guerre radio électronique mises en place par les Russes en Syrie?
L’équipement Krasukha-4 disposé sur la base aérienne russe de Hmeymim
(gouvernorat de Lattaquié) crée un bouclier d’invisibilité pour les
objets dans les airs et au sol avec un rayon de 300 km. Le Krasukha-4
est en mesure « d’aveugler » les radars de détection et de guidage des
missiles antiaériens MIM-104 Patriot situés sur la frontière turque, et
également les radars des avions de chasse F-16C turcs décollant de la
base de Incirlik, concourant ainsi à créer une « zone d’exclusion
aérienne » au-dessus de la Syrie. La base aérienne d’Incirlik se trouve
non loin de la ville d’Adana, à 140 km au nord de Lattaquié.
Sous la protection des Krasukha-4 et
d’autres systèmes de brouillage, des dizaines d’avions russes n’ont pas
été détectés par l’OTAN durant leur vol et leur atterrissage en Syrie,
mais seulement quelques jours après qu’ils soient arrivés sur la base
aérienne Hmeymim.
À la suite des mesures de guerre
électronique appliquées par les Russes, les rebelles islamistes
« modérés » qui étaient informés par les États-Unis à partir de 2013,
sur tous les mouvements de l’armée syrienne, n’ont plus eu de données
sur la concentration en secret des troupes syriennes sur l’axe
Lattaquié-Idlib (Nord de Lattaquié), Lattaquié-Hama (à l’Est de
Lattaquié) et Lattaquié-Homs.
Cela a permis à l’armée syrienne,
appuyée par des bombardiers russes, de déclencher des actions offensives
avec des blindés pour reprendre aux rebelles le contrôle du segment
Idlib-Hama-Homs de l’autoroute M5 qui relie Damas à Alep.