Alors qu’un prix Nobel est décerné au Quartet du Dialogue National Tunisien qui blanchit les politiciens de l’ère Ben Ali, le gouvernement tunisien, appuyé
par un état d´urgence déclaré au lendemain de l´attentat de Sousse en
juillet dernier, s’enfonce de nouveau dans les méthodes de la dictature
et vise le mouvement ouvrier.
En effet, ce samedi 10 octobre, 12 militants ont été condamnés à 8
mois de prison ferme. Leurs crimes ? Avoir participé à une manifestation
organisée par l’Union des Diplômés Chômeurs (UDC), et avoir filmé ou
photographié des manifestations. Des accusations d’autant plus ubuesques
que l’un d’entre eux a été accusé d’avoir pris en photos une
manifestation alors qu’il subissait une opération chirurgicale à
l’hôpital de Sousse. Leur crime réel, aux yeux du régime ultra-libéral
et répressif qui se met en place, c’est d’être des militants de la
gauche radicale, plus particulièrement de la Ligue de la Gauche Ouvrière
(organisation faisant partie du Front Populaire).
Dans un contexte de montée du mécontentement social, et d’une
impopularité croissante, le gouvernement de coalition composé des
islamo-conservateurs d’Ennahdha et de l’alliance des partis républicains
laïcs hérités d’une recomposition des forces bénalistes, utilise tous
les moyens dont il dispose pour fermer définitivement le cycle de
contestation sociale ouvert en 2011. Derrière la menace terroriste et la loi d´exception qui fait suite aux attentats de Sousse,
c´est bien le mouvement social que vise à faire taire le
gouvernement.Tout cela est d’autant plus symbolique que le tribunal qui
les a condamnés est celui de Sidi-Bouzid, ville qui a été le point de
départ du processus révolutionnaire tunisien en 2011. Ce n’est pas
pourtant la première condamnation de ce type.
D’autres jeunes sont poursuivis pour des actes commis en 2011,
notamment à Foussana, dans la région de Kasserine, alors qu’une loi
toujours en vigueur dépénalise les actes commis pendant la période
révolutionnaire. Il est donc pour tous très clair qu’on poursuit des
militants pour leur engagement politique. Tout cela tandis que le
gouvernement de coalition Ennahdha (courant islamiste proche des frères
musulmans) – Nidaa Tounes organise le blanchiment des criminels de l’ère
Ben Ali, notamment à travers un projet de loi sur la « réconciliation »
économique et financière.
« Tout changer pour que rien de change » et déjà revenir sur les
maigres acquis démocratiques qui ont été concédés pour dévier le
processus révolutionnaire de 2011. Avec en prime, le soutien de
l´impérialisme de tout poil, et français en premier instance, et les
bonnes grâces du comité Nobel qui a largement remercié l´UGTT,
l´organisation patronale, la Ligue des Droits de l´Homme et l´ordre des
avocats, d´avoir œuvré au maintien des intérêts des impérialistes et des
bénalistes en Tunisie.
Toute notre solidarité est du côté des militants incarcérés, pour
leur liberté et l’abandon de toutes les accusations portées contre eux.
Source: http://www.revolutionpermanente.fr/Tunisie-Apres-le-Nobel-de-la-paix-arrestation-de-12-militants-de-la-gauche-radicale
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