La force militaire de la Russie a aussi amené l’Arabie
saoudite à se montrer conciliante. Le nouveau ministre de la Défense saoudien a
convenu avec le président russe, à Moscou, que les deux pays coopéreront en
Syrie.
Malgré leurs désaccords, la Russie et l’Arabie
saoudite ont convenu, étonnamment, d’une coopération plus étroite dans la crise
syrienne. Dimanche, à Sotchi, le président Vladimir Poutine a rencontré le
nouveau ministre saoudien de la Défense Mohammed bin Salman al-Saud pour la
seconde fois en quelques mois. L’Arabie saoudite soutient des groupes de
rebelles qui combattent le président syrien Bachar al-Assad et considère par
conséquent les attaques aériennes russes avec beaucoup de méfiance.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel
al-Dschubeir a déclaré après la rencontre que son pays est favorable à un
dialogue entre le gouvernement et l’opposition en Syrie et pour un gouvernement
de transition. Ainsi les Saoudiens ont aussi renoncé à renverser Assad tout de
suite. Le ministre russe des
Affaires étrangères Sergei Lavrov a dit à l’issue de la rencontre que les deux
parties sont tombées d’accord pour empêcher un califat terroriste.
Al-Dschubeir a aussi déclaré que la Russie avait
dissipé les craintes saoudiennes qu’elle se consulterait trop étroitement avec
l’Iran. Moscou a assuré que cela ne concernait que la lutte contre les milices
terroristes d’État islamique.
Avec ce retournement, l’orientation pragmatique s’est
imposée aussi en Arabie saoudite : il y a quelques jours seulement, des chefs spirituels de
haut rang avaient appelé à la Guerre sainte contre la Russie. Dans
la monarchie théocratique, une lutte de pouvoir fait rage depuis la mort du
roi. Mais apparemment, les pragmatiques ont réussi à convaincre les religieux
qu’une Guerre sainte contre l’armée russe ne serait pas particulièrement
couronnée de succès, d'autant plus que l'Arabie est empêtrée au Yémen.
Ainsi la Russie a forgé une large alliance pour ses
opérations en Syrie : les Russes coopèrent avec l’Iran et l’Irak ainsi qu’avec la Chine. Le président américain Barack Obama et Israël sont informés par la Russie. La France soutient explicitement la démarche de la
Russie. Dimanche, une vidéoconférence a eu lieu entre les militaires russes et
américains.
Sissi va-t-il lâcher le roi Salmane
Les relations
saoudo-égyptiennes semblent être sur la pente du déclin…
Deux
ans après le vif attachement annoncé par le Caire et Riyad, et l’aide de plus
de 30 milliards de dollars apportée par l’Arabie, les Emirats arabes unies et
le Koweït à l’Egypte, , l’Egypte et l’Arabie se voient aujourd’hui confrontées
à une détérioration de relations.
Il y a
deux questions importantes qui pèsent sur les relations Riyad/Le Caire :
- primo, la prise de positions envers les Frères
musulmans autrement dit les groupes extrémistes
- secundo, la prise de positions vis-à-vis de
l’ordre syrien et les opérations militaires russes contre les terroristes en
Syrie.
L’Arabie et l’Égypte s’éloignent sur ces
deux affaires dans la mesure où cette divergence de vue s’est transformée en
une confrontation.
Les relations saoudo-égyptiennes ont commencé
à se refroidir depuis le moment où le roi Salman Ben Abdel-Aziz est arrivé au
pouvoir et a décidé, aussitôt, d’abandonner les politiques de son frère Abdullah.
Ainsi, il a changé les coalitions et les alliances régionales et opté pour une
coalition régionale avec la Turquie et le Qatar.
Certes,
les relations des deux pays n’ont pas été encore rompues mais elles sont
arrivées à une étape de dégradation considérable
Un
examen des journaux et des émissions télévisées de ces derniers jours en Égypte, montre que les médias égyptiens sont bourrés
d’analyses, reportages et articles, critiquant l’Arabie. A cela s’ajoute le
fait qu’une délégation du parti du Congrès yéménite, présidée par Ali Abdallah
Saleh, l’ennemi farouche de l’Arabie, a été accueillie, récemment, au ministère
égyptien des Affaires étrangères et que les chaînes yéménites liées à Abdallah
Saleh telles que « al-Yaman al-Youm », « SABA » et « al-Iman », ont repris
leurs activités sur NilSat (égyptien).
De plus, les médias égyptiens ne donnent plus aucune attention ni importance aux progressions de la coalition arabe sur le territoire yéménite.
De plus, les médias égyptiens ne donnent plus aucune attention ni importance aux progressions de la coalition arabe sur le territoire yéménite.
Le
défi principal qui se dresse devant les responsables égyptiens c’est de savoir
comment peuvent-ils créer un équilibre entre leur soutien manifeste aux raids
aériens russes contre les terroristes en Syrie et leurs relations stratégiques
avec les Saoud et d’autres pays arabes du Golfe.
Sissi a décidé de s’éloigner de son ex-allié saoudien ou au moins opter pour une politique indépendante de ce régime, à l’échelle internationale, car il sait, bien, actuellement, que le pouvoir financier des Saoud s’affaiblit, à cause de la baisse des cours du brut d’une part, et que, d'autre part, le bateau saoudien, aux prises avec la crise yéménite, risque chavirer à tout instant…