vendredi 23 octobre 2020

USA. Trump ou Biden, qui la Chine veut-elle vraiment voir gagner ?

Misant sur un déclin de son grand rival stratégique, les Chinois pourraient avoir intérêt à voir Donald Trump réélu en novembre.
A priori, eut égard à la guerre commerciale et technologique déclarée par Donald Trump envers elle, la Chine pourrait volontiers s'accommoder de la victoire de Joe Biden le 3 novembre prochain. A priori seulement, car à y regarder plus attentivement, Pékin aurait tout intérêt à voir le républicain réélu. 

Officiellement, le géant asiatique n'a pas de préférence entre Donald Trump et Joe Biden.

Une oeuvre de l'artiste Eme Freethinker représentant Donald Trump et Xi Jinpin, à Berlin le 28 avril 2020 

Mais certains commentateurs misent sur le président sortant pour qu'il affaiblisse son pays et l'Occident, accélérant par la même occasion la montée de la Chine au rang de première puissance mondiale. 

Malgré un combat diplomatique quotidien avec le locataire de la Maison Blanche, les Chinois "espèrent que vous serez réélu car vous rendez l'Amérique excentrique et donc haïe dans le monde entier", lançait en mai sur Twitter le rédacteur en chef du quotidien nationaliste Global Times, Hu Xijin, en s'adressant au président américain. "Vous renforcez l'unité de la Chine". 

Qin Gang, vice-ministre des Affaires étrangères: "Ce que nous voulons, c'est une relation calme et meilleure avec les États-Unis"

Mais Qin Gang, vice-ministre des Affaires étrangères, l'assure: "Nous nous moquons de savoir qui est à la Maison Blanche. Ce que nous voulons, c'est une relation calme et meilleure avec les États-Unis". Tout en rappelant jeudi devant des journalistes européens: "Les relations sino-américaines étaient problématiques aussi avec les démocrates sur beaucoup de sujets".

Principale cible de Trump

Le président républicain a fait de la Chine l'une des cibles de sa campagne et enragé ses dirigeants en parlant de "virus chinois" à propos du nouveau coronavirus. Diplomatiquement, Donald Trump est "incontrôlable et insaisissable" pour Pékin, observe le sinologue Philippe Le Corre, de la Harvard Kennedy School aux Etats-Unis.

Mais "l'intérêt d'une réélection de Trump est dans la poursuite quasi-automatique de sa politique 'America First' ("l'Amérique d'abord"), qui coupe en partie Washington de ses alliés traditionnels", explique-t-il à l'AFP. "Il est évidemment cohérent d'imaginer que les élites chinoises se réjouissent de l'affaiblissement des Etats-Unis, qui sont le grand rival."

Et ces dernières se frottent les mains face aux divisions occidentales. "L'un des objectifs stratégiques de Pékin est d'affaiblir l'Alliance atlantique, qui est partie à la dérive sous l'administration Trump", relève Theresa Fallon, qui dirige à Bruxelles le Centre d'études Russie-Europe-Asie (Creas).

La Chine se rêve 1ère puissance mondiale

Dès l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017, son homologue chinois Xi Jinping a cherché à projeter l'image d'un dirigeant responsable, plaidant à Davos pour le libre-échange, sous les applaudissements des milieux d'affaires affolés par le protectionnisme du président américain.

Plus récemment, le numéro un chinois s'est attiré des compliments pour avoir annoncé que son pays, premier pollueur de la planète, commencerait à réduire ses émissions de CO2 avant 2030, contrastant avec la dénonciation de l'accord de Paris par Washington. Et alors que Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Xi Jinping a promis de faire d'un éventuel vaccin chinois contre le Covid-19 "un bien public mondial".

Mais à terme, "la relation pourrait s'améliorer si la pandémie est rapidement maîtrisée aux Etats-Unis et que la Chine achète davantage de produits" américains, comme elle s'y est engagée en début d'année, prédit le politologue Zhu Zhiqun, de l'Université Bucknell aux Etats-Unis. Dans cette perspective, "il n'est pas inconcevable que Trump et Xi raniment leur amitié".

Une présidence Biden crainte par Pékin

D'autant que le régime communiste n'a guère à attendre si Joe Biden entre à la Maison Blanche. "Biden héritera des droits de douane et je doute qu'il les lève unilatéralement", observe Bonnie Glaser, du Centre pour les études stratégiques et internationales à Washington.

"Pékin devra probablement céder à d'autres exigences américaines s'il veut la levée de ces surtaxes" imposées par Donald Trump sur des produits chinois importés, estime-t-elle. Et sur le front technologique, "quel que soit le vainqueur, les Etats-Unis ne reviendront pas sur leur décision d'exclure les équipements Huawei de leurs réseaux" d'internet mobile, déclare-t-elle à l'AFP.

Washington accuse le géant chinois des télécoms d'espionnage potentiel. Plus gênant peut-être pour Pékin, les démocrates sont habituellement plus fermes que les républicains en matière de droits de l'Homme. L'ancien vice-président pourrait aussi accroître la pression face à la reprise en mains de Hong Kong.

Dès lors, tout porte à penser qu'une présidence Biden se révélerait être une plutôt mauvaise nouvelle pour Pékin. 

Les relations bilatérales sont tombées sous Donald Trump au plus bas depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1979. Dans une ambiance de guerre froide, Washington a fermé fin juillet un consulat de Chine sur son sol, tandis que Pékin lui rendait la pareille quelques jours plus tard.

Thomas Pierre et AFP publié le 20/10/2020 à 18:47

Donald Trump a un compte en banque en Chine, selon le NYT

Le président américain possède un compte en banque en Chine où il a tenté pendant des années de réaliser des affaires, tout en se posant en véritable adversaire de Pékin, contrairement, dit-il, à son rival démocrate Joe Biden, affirme le New York Times. 

Le magnat de l’immobilier a maintenu le bureau, qu’il avait ouvert en Chine avant d’être élu, pendant toute la durée de son mandat présidentiel et a tenté un partenariat avec une importante société chinoise contrôlée par l’État, assure le journal.

Le président américain a également conservé un compte bancaire en Chine, jusque là inconnu et contrôlé par l’une de ses sociétés, la Trump International Hotels Management, selon une analyse de ses déclarations fiscales, vues par le NYT.

Selon l’une de ces déclarations, la société a payé en Chine 188.561 dollars d’impôts lorsqu’elle s’efforçait entre 2013 et 2015 de conclure des accords de licence commerciale. L’avocat du groupe Trump, Alan Garten, a indiqué que cette société avait « ouvert un compte auprès d’une banque chinoise, ayant des bureaux aux États-Unis, afin de payer ses impôts ».

« Aucun accord, transaction ou autre activité commerciale ne s’est concrétisé et, depuis 2015, ce compte est resté inactif », a-t-il affirmé, cité par le journal.

https://www.journaldemontreal.com/2020/10/21/donald-trump-a-un-compte-en-banque-en-chine-selon-le-nyt

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