samedi 27 décembre 2025

Pourquoi les gouvernements occidentaux détestent-ils la Russie ?

Si vous ne faites rien d'autre ce week-end pour vous remettre des excès des fêtes, prenez le temps de lire « Jeffery Sachs : Deux siècles de russophobie et de rejet de la paix » , publié sur Consortium News . Le professeur Sachs y propose une analyse convaincante de l'histoire des relations Russie-Europe, démontrant que les racines de la haine occidentale envers la Russie n'ont que peu à voir avec les méfaits ou les provocations russes.

Voici un extrait d'une section clé de l'article expliquant cette idée :

Ce changement est saisi avec une clarté extraordinaire dans un document mis en lumière par Orlando Figes dans  La Guerre de Crimée : une histoire  (2010) comme ayant été écrit au point charnière entre diplomatie et guerre : le mémorandum de Mikhaïl Pogodine au tsar Nicolas Ier en 1853.

Pogodin énumère des épisodes de coercition occidentale et de violence impériale — des conquêtes lointaines et des guerres d'évitement — et les oppose à l'indignation de l'Europe face aux actions russes dans les régions voisines :

« La France prend l’Algérie à la Turquie, et presque chaque année l’Angleterre annexe une nouvelle principauté indienne : rien de tout cela ne perturbe l’équilibre des pouvoirs ; mais lorsque la Russie occupe la Moldavie et la Valachie, même temporairement, cela perturbe l’équilibre des pouvoirs. »

La France occupe Rome et y demeure plusieurs années en temps de paix : cela ne pose aucun problème ; mais la Russie ne songe qu’à occuper Constantinople, et la paix de l’Europe est menacée. Les Anglais déclarent la guerre aux Chinois, qui, semble-t-il, les ont offensés : nul n’a le droit d’intervenir ; mais la Russie est obligée de demander la permission à l’Europe si elle se querelle avec son voisin.

L’Angleterre menace la Grèce de soutenir les  fausses prétentions  d’un misérable Juif et brûle sa flotte : c’est une action légitime ; mais on exige de la Russie un traité pour protéger des millions de chrétiens, et cela est considéré comme un renforcement de sa position en Orient au détriment de l’équilibre des pouvoirs.

Pogodin conclut : « Nous ne pouvons rien attendre de l’Occident, si ce n’est une haine aveugle et de la malice », ce à quoi Nicolas a répondu par cette formule devenue célèbre : « C’est bien là le problème. »

Le professeur Sachs développe l'analyse de Pogodin dans ce résumé pertinent :

La russophobie occidentale ne doit pas être comprise avant tout comme une hostilité émotionnelle envers les Russes ou la culture russe. Elle fonctionne plutôt comme un préjugé structurel ancré dans la pensée sécuritaire européenne : l’idée que la Russie ferait exception aux règles diplomatiques habituelles.
Alors que les autres grandes puissances sont présumées avoir des intérêts de sécurité légitimes qui doivent être équilibrés et pris en compte, les intérêts de la Russie sont présumés illégitimes jusqu'à preuve du contraire.

Cette conception résiste aux changements de régime, d'idéologie et de direction. Elle transforme les désaccords politiques en absolus moraux et rend tout compromis suspect. De ce fait, la russophobie fonctionne moins comme un sentiment que comme une distorsion systémique qui compromet régulièrement la sécurité de l'Europe.

Je vais maintenant vous montrer comment cette hostilité se traduit en politique en examinant les huit plus grandes ambassades américaines au monde, classées par superficie (en acres), selon les données les plus récentes disponibles (fin 2025). Le classement privilégie la taille des installations, avec des informations sur le personnel lorsque celles-ci sont disponibles. J'ajoute également un élément de données supplémentaire : les estimations de population pour 2025 dans chaque pays hôte. Je vous invite d'abord à consulter la liste, puis je vous expliquerai pourquoi la taille des ambassades mérite d'être étudiée.

  1. Ambassade des États-Unis à Bagdad, Irak. Superficie : 42 hectares. Effectifs : considérablement réduits ; environ 300 à 500 employés permanents (contre plus de 16.000 en 2012). Population du pays hôte : environ 47 millions d’habitants.
  2. Ambassade des États-Unis à Beyrouth, Liban. Superficie : 17 hectares (nouveau complexe agrandi ces dernières années). Personnel : Non communiqué dans les chiffres récents. Population du pays hôte : environ 5,8 millions d’habitants.
  3. Ambassade des États-Unis à Islamabad, Pakistan. Superficie : environ 15 hectares. Personnel : l’un des plus importants, ayant historiquement compté environ 2.500 personnes (sécurité comprise). Population du pays hôte : environ 255 millions d’habitants.
  4. Ambassade des États-Unis à Ottawa, Canada. Superficie : environ 12 hectares. Personnel : non précisé dans les rapports récents. Population du pays hôte : environ 40 millions d’habitants.
  5. Ambassade des États-Unis à New Delhi, Inde. Superficie : environ 11 hectares. Personnel : non précisé dans les rapports récents. Population du pays hôte : environ 1,46 milliard d’habitants.
  6. Ambassade des États-Unis à Riyad, Arabie saoudite. Superficie : environ 10,5 hectares. Personnel : non précisé dans les rapports récents. Population du pays hôte : environ 37 millions d’habitants.
  7. Ambassade des États-Unis à Brasília, Brésil. Superficie : environ 23 à 25 acres (les estimations varient légèrement). Personnel : non précisé dans les rapports récents. Population du pays hôte : environ 217 millions d’habitants.
  8. Ambassade des États-Unis à Erevan, en Arménie. Superficie : environ 9 hectares. Personnel : environ 400 personnes (personnel américain et local). Population du pays hôte : environ 3 millions d’habitants.

Ces superficies correspondent à l'ensemble des complexes diplomatiques (terrains, logements et infrastructures de soutien compris), souvent construits pour assurer sécurité et autonomie dans des environnements difficiles. Notez que le classement peut légèrement évoluer en fonction des rénovations ou des nouvelles constructions, et que les effectifs fluctuent selon les besoins de la mission. Les complexes plus petits (par exemple, celui de Pékin, d'une superficie d'environ 4 hectares) sont exclus de ce classement car ils ne figurent pas parmi les huit premiers. Il ne s'agit pas uniquement de la superficie… Le nombre de bâtiments sur le complexe américain est également un critère important. Jetez un œil au complexe de l'ambassade des États-Unis à Erevan. Remarquez-vous quelque chose d'inhabituel ? Et que dire de l'imposant bâtiment de l'USAID ?

Pourquoi diable les ambassades américaines à Beyrouth et à Erevan figurent-elles sur cette liste ? Ces deux pays sont parmi les moins peuplés du monde, mais leurs complexes diplomatiques sont plus vastes que ceux de 160 autres ambassades américaines. Le vieil adage immobilier s'applique parfaitement : l'emplacement est primordial. Et par là, j'entends les priorités de sécurité nationale des États-Unis. Je tiens à préciser d'emblée que cette analyse ne repose sur aucune information antérieure concernant le personnel militaire et de renseignement affecté aux ambassades.

De toute évidence, Beyrouth occupe une position stratégique de par sa proximité avec la Syrie et Israël, mais qu'en est-il d'Erevan, en Arménie ? Ce qui me frappe, c'est la situation stratégique de l'Arménie, bordée au nord par la Géorgie, au sud par l'Iran et à l'ouest par la Turquie.

Examinons les allocations de l'USAID pour déterminer si l'Arménie bénéficie d'une part disproportionnée de ces fonds. En termes de montants globaux, l'Arménie se situe dans la moyenne (environ 55e-65e) des pays bénéficiaires, bien en dessous des principaux bénéficiaires, mais au-dessus des plus petits (par exemple, ceux qui reçoivent moins de 20 millions de dollars). Cependant, rapportée à la population, la demande d'environ 52 millions de dollars pour l'exercice 2025 représente environ 17 dollars par habitant, ce qui place l'Arménie parmi les 20 à 30 premiers pays bénéficiaires au niveau mondial – un rang nettement supérieur à celui des grandes nations, mais inférieur à celui des petits États ou territoires ayant une forte vocation stratégique ou humanitaire (par exemple, la Jordanie, le Liban, la Cisjordanie/Gaza ou les îles du Pacifique). Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un hasard.

Examinons comment les groupes de réflexion occidentaux et le gouvernement américain perçoivent l'Arménie. Des groupes de réflexion comme la RAND Corporation et des sources gouvernementales américaines (par exemple, des rapports du Département d'État) soulignent fréquemment la position stratégique de l'Arménie dans le Caucase du Sud comme un facteur crucial de la géopolitique régionale, insistant sur son rôle potentiel de pont ou de zone tampon entre les grandes puissances telles que la Russie, l'Iran, la Turquie et l'Occident. Située au carrefour de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient – ​​bordée par la Géorgie au nord, l'Azerbaïdjan à l'est, l'Iran au sud et la Turquie à l'ouest –, l'Arménie est perçue comme vulnérable mais essentielle pour contrer l'influence russe, promouvoir la diversification énergétique, garantir la stabilité des frontières et faire progresser l'intégration occidentale dans un contexte de conflits persistants comme celui du Haut-Karabakh.

RAND décrit souvent la situation de l'Arménie comme précaire, prise en étau entre des puissances régionales autoritaires (Russie, Azerbaïdjan, Iran) et des aspirations démocratiques, ce qui en fait un point central de la stratégie américaine pour contrer la domination russe dans l'espace post-soviétique. Les principaux thèmes abordés sont :

Vulnérabilité et influence russe : le rapprochement de l’Arménie avec l’Occident est qualifié d’« extrêmement périlleux », Erevan demeurant économiquement et militairement lié à la Russie (notamment par le biais de l’Organisation du traité de sécurité collective et de l’Union économique eurasienne) malgré la détérioration des relations. L’analyse de RAND souligne que la situation géographique de l’Arménie l’expose à la coercition russe, en particulier après l’invasion de l’Ukraine en 2022, où les diversions orchestrées par Moscou ont permis les avancées azerbaïdjanaises. RAND note également que les frontières de l’Arménie avec l’Iran accroissent les risques d’activités illicites et de menaces hybrides.

Défis sécuritaires avec l'Azerbaïdjan : Face à un Azerbaïdjan hostile et militairement supérieur (qui a conquis le Haut-Karabakh en 2020 et 2023), la situation géographique de l'Arménie amplifie les menaces d'escalade et de déplacements de population. RAND estime que les États-Unis ne peuvent garantir pleinement la sécurité de l'Arménie en raison des risques d'escalade, mais peuvent soutenir des stratégies de dissuasion de type « porc-épic » (par exemple, défense aérienne, technologies anti-drones) afin de renforcer sa résilience. Ceci s'inscrit dans les intérêts plus larges des États-Unis, qui consistent à préserver l'inviolabilité des frontières et à prévenir toute déstabilisation régionale susceptible d'affecter les flux énergétiques des alliés de l'OTAN.

Opportunités d'engagement occidental : Dans le cadre de la réévaluation de l'ordre post-soviétique, RAND considère l'Arménie (au même titre que la Géorgie) comme un « îlot démocratique prometteur » pour l'influence américaine, préconisant un alignement multiple (une stratégie de diversification entre la Russie, l'Iran et l'Occident) plutôt qu'un virage à 180 degrés. Il s'agit notamment d'exploiter les faiblesses de la Russie pour étendre les avantages américains, par exemple par le biais de relances économiques après la levée des sanctions contre l'Iran. Les analystes recommandent une stratégie américaine prudente, axée sur les atouts comparatifs tels que le renforcement institutionnel et la diplomatie, afin d'approfondir les liens sans s'engager de manière excessive.

De manière générale, tant la RAND Corporation que des sources gouvernementales américaines soulignent que la situation géographique de l'Arménie représente un double tranchant : elle offre un levier d'influence à l'Occident, mais exige un soutien prudent afin d'éviter toute escalade. J'insiste sur ce point pour illustrer que ni la RAND Corporation ni le gouvernement américain ne reconnaissent que de telles actions américaines sont perçues à Moscou comme une menace pour la Russie. Si les rôles étaient inversés et que la Russie menait des programmes similaires en Amérique centrale ou au Mexique, le gouvernement américain y verrait une menace directe pour les États-Unis. Ceci confirme la pertinence de l'analyse de Mikhaïl Pogodine il y a 173 ans.


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Hannibal Genséric

4 commentaires:

  1. Ce n'est pas l'occident qui déteste la Russie, mais ses zélites criminelles, des banksters apatrides et des marionnettes MK-ultra, plus tout un groupe de vendus adeptes de la truelle et autres. Ces corrompus, par leurs vols et exactions continuels, ont amené l'occident au bord du gouffre du crash économique, et ils pensent probablement qu'une guerre avec le voisin direct (donc la Russie) leur permettra d'éviter le pire.

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  2. Tout à fait d’accord ..
    Les peuplent aiment la Russie et la propagande des Merdias veut faire croire le contraire.
    Le titre de cet article est mauvais

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  3. As tu PEUR de dire: LES JUIFS ??? Et ce depuis le 17 éme siècle au moins....

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