dimanche 30 août 2015

Attentats sous faux drapeau. Cas typique israélien

Fin mai 2014 est paru un documentaire de Maria Poumier sur l’attentat de l’AMIA du 8 juillet 1994 à Buenos Aires, cas d'école méconnu de terrorisme d'état sous fausse bannière. A ce jour, seuls deux documentaires avaient été consacrés à cet événement ; non traduits, focalisés sur la politique intérieure argentine, et régulièrement éliminés de la toile, ils n’étaient guère accessibles au grand public francophone et anglophone. D’où l’intérêt de ce documentaire de 58 minutes distribué gratuitement sur internet, sous titré en français et en anglais, et intitulé « AMIA REPETITA ».

Pour visionner ce documentaire dans son intégralité, consulter ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=YfI5pcXAbaE

Pour les besoins de son documentaire, Maria Poumier a rencontré et interrogé des témoins, et des personnalités liées à l’affaire ou qui l’ont étudié : les enquêteurs Carlos de Napoli et Juan José Salinas, les journalistes Stella Calloni, Nestor Gorojovski, Raul Kolman et Hugo Presman, les avocats Adrian del Bor, Gabriel Fernandez, Juan Gabriel Labake, et Alejandro Olmos Gaona, une « mère de mai » Nora Cortinas, l’ingénieur Jose Petrosimo, les universitaires Fernando Estecho et James H Fetzer, l’écrivain Jorge Rachid, le président du Popular Partido Miles Luis d’Elia, le témoin Juan Carlos Alvarez, le consultant en relations internationales Adrian Salbuchi, l’ancien attaché culturel de l’ambassade d’Iran Mohsen Rabbani, accusé d’être le planificateur de l’attentat, le journaliste d’investigation Thierry Meyssan.
L’AMIA (Association Mutuelle Israélo Argentine) est une organisation de la communauté juive d’Argentine, laquelle communauté est la plus nombreuse d’Amérique du sud avec 240000 représentants. A l’époque, l’affaire avait été présentée par les autorités argentines (présidence de Carlos Menem), comme un attentat à la voiture piégée fomenté par l’Iran, avec des complicités argentines. Plusieurs Iraniens et Argentins avaient été arrêtés ou inculpés dans la foulée. S’était ensuivi un refroidissement des relations entre les deux pays, pourtant excellentes depuis un siècle.
L’attentat, qui a fait 85 morts et 230 blessés, est le plus important et le plus meurtrier jamais perpétré sur le sol argentin. Il est survenu un an et demi après un attentat similaire contre l’ambassade d’Israël, qui avait fait 29 morts et 242 blessés.
Cette affaire a connu plusieurs rebondissements judiciaires, et, 20 ans après les faits, n’est pas encore entièrement résolue (voir références en fin d’article). Officiellement, la responsabilité exclusive de l’Iran continue d’être retenue, un juge argentin accusant formellement, par exemple, en octobre 2006, le gouvernement iranien et le Hezbollah d’être les auteurs de l’opération terroriste, responsabilité que l’Iran a toujours niée, et qui n’est aujourd’hui plus prise au sérieux par aucun historien indépendant.

Résumé du documentaire de Maria Poumier

Le documentaire de Maria Poumier, à défaut de faire la lumière définitive sur cet événement, apporte de nombreux éléments mettant à mal la version gouvernementale, et pointant de façon accablante la plus que probable responsabilité de l’état d’Israël dans la planification et la mise en œuvre de cet attentat. Voici quelques unes des irrégularités, anomalies et mensonges qu’elle relève.
Au moment de l’attentat les dirigeants de l’AMIA avaient été invités avec ceux du DAIA (l’équivalent du CRIF en France et de l’AIPAC aux USA), avaient tous été invités par la radio juive JAI dans un bar situé à 100 mètres de l’AMIA, si bien qu’aucun d’entre eux ne figure sur la liste des 85 victimes.
Les deux attentats ont été effectués à la voiture piégée, mais on n’a jamais trouvé d’indice crédible allant dans ce sens. Dans le cas de l’AMIA, on n’a retrouvé ni cratère, ni débris du véhicule, ce qui est toujours le cas lors de ce genre d’attentats.
Pour expliquer l’absence visible de cratère, le commandant Laborda a affirmé qu’il y avait tellement d’explosifs que la voiture avait été enterrée trois mètres sous terre. Quand on lui a demandé s’il était prévu de creuser pour retrouver la carcasse, il a répondu : « c’est inutile, on a la preuve ». L’homme avait commencé par évoquer l’hypothèse d’une explosion interne, et 48 heures après s’était rangé à la théorie de la voiture piégée, pour n’en plus démordre par la suite. Peu après l’attentat, Laborda prendra sa retraite, pour être embauché par la DAIA en tant qu’expert.
Alors que dans un attentat à la voiture piégée on retrouve environ 30% du véhicule et des parties relativement épargnés comme le châssis, dans les décombres de l’AMIA on a retrouvé que 6% de véhicule, correspondant qui plus est à deux véhicules distincts.
A l’AMIA, la pose d’explosifs aurait été facilitée par le fait que le bâtiment était en travaux à ce moment-là. De lourds sacs entraient et sortaient continument du bâtiment. Cela a pu faciliter l’entrée et la pose d’explosifs à l’intérieur du bâtiment. Même cas de figure pour l’ambassade israélienne un an et demi plus tôt.
Dans les deux cas, l’hypothèse de la voiture piégée a été soufflée aux autorités argentines par Rony Gordny le chef de la sécurité de l’ambassade d’Israël, du Shin Beth, lesquelles l’ont aussitôt reprise telle quelle sans le moindre débat, et contre toute évidence. Lors du premier attentat, l’hypothèse de la voiture piégée avait été adoptée simplement parce que l’homme avait assuré à la police : « Laissez tomber l’hypothèse de l’explosion, je m’y connais, je suis sûr qu’il s’agit d’une voiture piégée ». Fait troublant, l’homme avait miraculeusement échappé à l’explosion en déplaçant une importante réunion de l’ensemble des chefs du Shin Beth l’Amérique du sud à l’hôtel Sheraton 15 minutes avant l’explosion de l’ambassade. En plus d’être extraordinairement chanceux comme les dirigeants de l’AMIA un an et demi plus tard, Rony Gordny semble en effet avoir une certaine expérience des attentats à l’explosif ou à la voiture piégée.
La responsabilité de l’Iran est évoquée une heure seulement après les attentats par la chaine Canal 9, et c’est l’unique piste qui sera retenue, en dépit de nombreuses évidences pointant une responsabilité israélienne. Le conseiller culturel de l’ambassade d’Iran, Mohsen Rabbani, interrogé dans la partie III du documentaire, sera accusé d’avoir planifié les attentats.
Un combattant du Hezbollah est rapidement identifié et nommé comme le kamikaze, mais sa famille apprenant la nouvelle téléphone aux chaines de télévision pour dire qu’il est vivant et travaille au Liban.
C’est le seul attentat de cette envergure attribué à l’Iran au cours du XXème siècle, alors que les services israéliens ont de nombreuses actions de cette envergure à leur actif. On peut penser à l’attentat de l’hôtel King David de Jérusalem en 1946, qui fit 250 morts, et participait d’une stratégie la tension visant à pousser au départ l’Angleterre, pour laisser les coudées franches aux sionistes face aux Palestiniens.
Les pompiers arrivés sur place (AMIA) ont évoqué d’abord d’une explosion à l’intérieur de l’immeuble.
La version officielle a retenu que la voiture piégée était une camionnette Traffic. Or, parmi les douze témoins présents sur les lieux au moment de l’explosion, aucun n’a constaté la présence ou l’irruption d’un tel véhicule. Ils en auraient forcément rendu compte puisque selon la version officielle, l’explosion a été déclenchée devant l’ambassade, au niveau du trottoir.
Si la « camionnette » avait bien explosé en cet endroit, comment expliquer que le bâtiment ait été entièrement détruit, alors que le bâtiment de l’autre côté de la rue était très faiblement endommagé en comparaison ?
Parmi les témoignages, certains éléments troublants n’ont pas été retenus ou pris en compte. L’un affirme par exemple avoir vu un homme dans une voiture déclencher l’explosion avec un détonateur. Un autre a croisé, quelques minutes après l’explosion, un homme au comportement bizarre sur le lieu de l’attentat. Il manipulait des débris. Le témoin s’approchant et lui demandant s’il est un policier ou un agent, il ne lui est rien répondu, puis pressé par une nouvelle question l’homme répond « c’est soit une Renaud blanche soit une Traffic ».
L’un des principaux suspects inculpés, Carlos Telleldin, qui aurait fourni le véhicule piégé, a été surpris en train d’accepter 400000 dollars de la part du juge Galeano qui lui demandait d’accuser le commissaire Juan José Ribelli , de la police urbaine de Buenos Aires, de complicité dans l’achat du véhicule. Cette somme avait été fournie au juge par les services secrets argentins, la SIDE, dépendant du ministre de l’intérieur Carlos Corach. Ribelli est incarcéré dans un premier temps à cause de cette accusation, mais son avocat parvient à se procurer par cambriolage la vidéo de l’entretien et à la diffuser à la télévision, ce qui suscite un énorme scandale et la libération immédiate du commissaire. Tous les argentins et iraniens qui seront arrêtés par la suite seront finalement innocentés et relachés.
L’AMIA n’était pas une structure communautaire anodine : proche des travaillistes, pro Rabin, favorable à la paix, elle n’est pas bien considérée par l’extrême droite sioniste et pro israélienne. L’attentat contre l’AMIA survient 16 jours après le retour triomphal de Yasser Arafat en Palestine, suite à la signature des accords d’Oslo 2. Son artisan israélien, le président Rabin, sera assassiné par un extrémiste juif un an plus tard, en novembre 1995. Dans l’hypothèse d’un attentat planifié par les services israéliens, le choix de cette cible se comprend mieux : c’est à la fois un message au gouvernement argentin et un message des « faucons » israéliens aux « colombes » de la communauté juive organisée d’Argentine. Du reste, parmi les 85 victimes, les juifs argentins se trouvent en minorité[i].
 
Voilà quelques-unes des incohérences pointées du doigt par les personnalités interrogées par Maria Poumier dans son documentaire, incohérences suffisamment nombreuses et éclatantes pour amener à réévaluer les responsabilités dans la planification et la mise en œuvre de l’attentat.
L’Argentine n’avait pas intérêt à perpétrer un tel attentat. Les relations avec l’Iran étaient excellentes depuis longtemps. Il y avait même un sentiment de fraternité entre les deux pays qui pouvaient mettre sur le même plan les expériences de Peron et de Mossadegh, tous deux "destitués" pour avoir prétendu nationaliser le pétrole.
Depuis quelques années, l’Argentine s’était engagée à fournir une aide dans le domaine du nucléaire. L’Israël voyait cette relation d’un très mauvais œil, obsédée qu’elle était déjà à l’époque par une éventuelle détention de l’arme nucléaire par un pays voisin et considéré comme ennemi[ii]. Cette piste est développée par plusieurs des intervenants du documentaire. Le premier attentat aurait été un premier coup de semonce, le second aurait définitivement convaincu les autorités argentines de fermer ce volet des échanges commerciaux avec l’Iran.[iii]
L’Iran n’avait aucun intérêt à perpétrer de tels attentats. Si le gouvernement de ce pays voulait à l’époque fabriquer une bombe atomique et avait besoin de l’aide argentine pour y parvenir, quel intérêt à attaquer les intérêts d’Israël, son ennemi le plus déterminé, précisément dans ce pays ?
Les déclarations du chef de la sécurité de l’ambassade sont des plus suspectes et indiquent une préconnaissance des attentats et la volonté de les maquiller. Dans ces deux cas de figure : une ambassade israélienne et un centre communautaire juif argentin, la préconnaissance du chef de la sécurité implique mécaniquement que les attentats ont été planifiés et mis en œuvre par les services israéliens.
Même si l’on ne voit pas quels intérêts auraient eu le gouvernement Menem à s’associer à l’attentat, il semble bien qu’il y ait trempé ou ait tenté d’entraver l’enquête. On a l’exemple de cet homme très proche du pouvoir le juge Galeano, juge de la Nation chargé de l’enquête dès son ouverture et qui remit un pot de vin à Telledin pour accuser Ribelli. En 2004, peut-on lire sur sa fiche wikipedia : « Galeano était accusé de 13 charges : outre le paiement à Telleldín, l’ouverture de pistes parallèles d’enquête, la dissimulation de certains aspects du procès, des entrevues irrégulières avec les différentes parties, la destruction de preuves et la négligence à l’égard de la conservation de celles-ci (66 cassettes disparurent), l’influence sur les témoins, la détention arbitraire et la torture vis-à-vis d’un des inculpés, l’usage illégal d’écoutes téléphoniques, entre autres contre le député Emilio Morello (du Modin), la manipulation des moyens de preuve et l’abandon d’enquête concernant certains faits. En 2005, il finit par déclarer : « le procès AMIA m’a dépassé » ». Le président Menem pouvant lui-même être suspecté dans cette affaire, on peut mieux estimer sa célèbre déclaration après l’attentat : « On a des preuves que l’Iran est derrière les attentats. »

L’attentat de l’AMIA et la signature du terrorisme d’état

Mon propos dans cet article n’était pas de faire l’étude exhaustive de l’attentat de l’AMIA, comme j’ai pu le faire pour l’incident de Mukden de 1932[iv], l’attentat de la Belle de 1986[v], l’assassinat du président Boudiaf en 1992[vi]et de Rafic Hariri en 2005, ou encore les attentats du 11 septembre 2001, de Madrid et de Londres[vii]. Je voulais simplement résumer dans les grandes lignes, afin d’en conseiller vivement le visionnage, un documentaire qui fait un tour éloquent des irrégularités de la version officielle de l’attentat de l’AMIA, et porte à la connaissance du public un cas d’école de terrorisme d’état. En 58 minutes, on voit en effet une à une apparaître la plupart des traits typiques de la signature du terrorisme d’état, telle qu’on peut la constater dans d’autres opérations comparables.

Ces traits typiques sont les suivants :
 Disparition, manipulation ou omission d’éléments de la scène du crime et de l’enquête.
      Recours à de faux témoignages
      Usage de la torture pour extorquer des aveux
 Preuves improbables
 Enquête éclair
 Surexposition médiatique et diffusion massive d’une version officielle simpliste
 Indices de précognition des événements
 Date « opportune »
 Déclarations mensongères d’officiels
 Agents doubles parmi les exécutants
 Occision ou suicide des exécutants.
      Exploitation politique de l’événement
 Mise en place subséquente de lois liberticides
 Synchronisation de l’attentat avec des exercices terroristes
 mise en place d’une commission d’enquête de complaisance

Si l’affaire de l’AMIA ne présente pas tous les traits énumérés dans cette liste (seuls les attentats du 11 septembre 2001 les manifestent tous), on en retrouve tout de même un nombre assez significatif pour que l’on pose avec certitude le diagnostic du terrorisme d’état.

Résumons :
- Chance des directeurs de l’AMIA dont aucun n’est présent sur place au moment de l’explosion et chance du directeur de la sécurité de l’ambassade d’Israël un an et demi plus tôt au moment du premier attentat ;
- recours à de faux témoignages pour orienter l’enquête sur une fausse piste ;
- Recours à la torture envers un des inculpés ;
- omission de témoignages « gênants » ;
- omission d’éléments de la scène du crime et destruction d’éléments de l’enquête ;
- désignation du coupable dans la journée, avant toute enquête, et diffusion rapide d’une version officielle accusant l’Iran ;
- campagne médiatique massive et à charge contre l’Iran,
- mensonges ou déclarations très suspectes du directeur de la sécurité de l’ambassade d’Israël ;
- l’attentat a pour toile de fond la coopération entre l’Argentine et l’Iran dans le domaine du nucléaire qu’Israël entend à tout prix torpiller.
Nous pouvons donc avancer, sans prendre trop de risques, que nous avons affaire, avec l’attentat de l’AMIA, à un cas classique d’attentat sous fausse bannière, planifié et mis en œuvre par les services de renseignement israéliens, lesquels services sont experts en la matière et animés par un « mépris de la vie humaine » suffisamment profond, pour reprendre l’expression de l’ex agent du Mossad Victor Ostrovski, pour organiser au besoin ce genre d’assassinats de masse destinés à servir les desseins israéliens.

Notes


[i] Oscar Abudara Bini ajoute les précisions suivantes dans un article : « (...) à l’ambassade d’Israël on a pris soin d’épargner la vie des 100 personnalités qui, quelques instants plus tôt, se trouvaient là pour discuter de la paix au Proche Orient ; seuls périrent donc des ouvriers boliviens, quelques Argentins, et des diplomates de rang secondaire. L’écrivain Marcos Aguinis a évoqué à titre de fiction le résultat, si l’attaque avait eu lieu au siège de la Société hébraïque : 1500 victimes, probablement ; on peut en déduire à tout le moins que si le but de l’attentat contre AMIA avait eu pour but d’exterminer des « gens importants », il aurait eu lieu dans un horaire différent [l'attentat s'est produit à l'heure du déjeuner, une fois les personnalités sorties] »
[ii] Pour rappel ces deux exemples : la destruction du réacteur nucléaire Osirak vendu à l’Irak par la France, détruit par l’aviation israélienne le 7 juin 1981, et plus récemment l’accusation généralisée contre l’Iran dans les milieux politiques et médiatiques pro israéliens, de vouloir « rayer Israël de la carte », avec menaces de bombardements préventifs à la clé des sites nucléaires iraniens.
[iii] Maria Poumier précise dans un article du 25 février 2013 : « sous la pression des USA, dès 1989, l’Argentine avait mis fin à la coopération nucléaire avec l’Iran, qui s’était tourné avec succès vers la Chine. Voilà ce qui insupporte Israël : les attentats n’avaient nullement altéré le flux global des échanges ! Il aurait évidemment été absurde de la part de l’Iran, d’avoir organisé des attentats à Buenos Aires, alors que l’Argentine est son premier partenaire en Amérique latine, de loin. » Thierry Meyssan évoque à la fin du documentaire, parmi trois prétextes à l’attentat, la fourniture en 1993 d’uranium enrichi à l’Iran malgré les promesses faites aux Etats-Unis.
[vii] http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/j-accuse-la-signature-d-al-qaida-83638. Cet article est l’ultime chapitre d’une étude sur les attentats du 11 septembre 2001 rédigée sur le monde du narrateur inversé et intitulée « J’accuse la pandémie conspirationniste »

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Commentaire d'Hannibal GENSERIC : Si vous n'êtes pas complice d'Israël, alors vous êtes antisémite.


La présidente argentine conseille aux écoliers de lire Le Marchand de Venise


La présidente de l’Argentine Cristina Fernandez de Kirchner a mis en colère la communauté juive du pays quand elle a invoqué le personnage de Shakespeare, Shylock du Marchand de Venise.
Kirchner a déclaré que pour comprendre les problèmes économiques de l’Argentine, il faut regarder plus loin que Le Marchand de Venise, invoquant le juif vindicatif prêteur sur gages.
Kirchner s’est exprimée lors d’une visite du quartier Villa Lugano à Buenos Aires, où elle a rencontré des écoliers.
Cette déclaration a été provoquée par le fait que les enfants disent qu’ils lisaient Roméo et Juliette en classe. « Vous devriez lire Le Marchand de Venise pour comprendre l’économie », a t-elle dit.
Les enfants se sont esclaffés, et Kirchner a ajouté : « Ne riez pas. L’usure et les suceurs de sang ont été immortalisés dans la grande littérature. »
Les remarques de Kirchner ont été sévèrement critiquées par la délégation des associations juives d’Argentine, qui représentent environ 250.000 membres.
En mars dernier, l’accusation argentine a rejeté une plainte contre Kirchner, dans laquelle elle était accusée de protéger les responsables iraniens poursuivis pour avoir bombardé un centre juif en 1994.

Bas du formulaire
L’Argentine avait accusé Israël de dissimuler des informations après la révélation la veille d’un diplomate israélien, affirmant que les responsables des attentats antijuifs de 1992 et 1994 à Buenos Aires avaient été tués par Israël. 

Dans un entretien à l’Agence juive d’information, basée à Buenos Aires, Itzhak Aviran, a affirmé que les commanditaires des attentats qui ont fait au total 114 morts et des centaines de blessés avaient été éliminés.
"La grande majorité des coupables n’est plus de ce monde, et nous l’avons fait nous-mêmes", a-t-il assuré, faisant référence à un mode opératoire souvent attribué au Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israël.
"Ces déclarations sont d’une extrême gravité car elles démontrent que des informations ont été dissimulées à la justice argentine, empêchant que de nouvelles preuves apparaissent pour élucider l’affaire", a estimé le ministre argentin des Affaires étrangères Hector Timerman, sur le compte Twitter du ministère des Affaires étrangères.
L’Argentine rejette de manière catégorique qu’un pays puisse condamner et assassiner une personne sans qu’un procès démontre sa culpabilité. Comme tous les pays civilisés, l’Argentine veut la justice et rejette la vengeance, selon le ministre.
"S’ils avaient coopéré avec la justice argentine, comme l’exigent les traités internationaux, peut-être que les coupables seraient en train de purger une peine de prison pour les crimes, et les familles des victimes pourraient avoir le sentiment que la justice qu’ils réclament depuis des années a été rendue", a poursuivi le ministre.
La signature du MOSSAD est évidente ici comme dans l’attentat de Charlie Hebdo : liquidation immédiate des exécutants afin de couper les pistes d’investigation. Avec une différence de taille : le gouvernement français est complice d’Israël dans l’attentat contre Charlie Hebdo, le gouvernement argentin n’est ni complice d'Israël ni dupe.

Hannibal GENSERIC