Le présent article vient en complément de notre précédent article du 24/07/2015, intitulé
Le journal libanais al-Akhbar confirme la rencontre à haut niveau entre Syriens et Saoudiens, sans préciser d’où il
tient cette information. À Riad, entre le chef du bureau de la Sécurité
nationale syrienne le général Ali Mamlouk et le deuxième prince héritier
et fils du roi saoudien actuel, Mohammad Ibn Salmane.
Sa décision aurait été prise le 19 juin dernier,
lorsque le président russe avait accueilli le prince saoudien en
question. Au calendrier des discussions figurait bien entendu la Syrie,
ainsi que les négociations sur le nucléaire iranien et Daesh.
Selon al-Akhbar, Après avoir assuré pour son hôte
saoudien que l’accord nucléaire est presque achevé, ce qui de devrait
pas être « une bonne nouvelle » pour Riad, et que Daesh devenait de plus
en plus incontrôlable, voire un danger mondial , pour l’Arabie pour son
symbolisme religieux, et pour la Russie car un grand nombre de
miliciens de ce groupuscule terroriste sont originaires de l’Asie
centrale, Poutine a dressé sa vision de la situation en Syrie : « après
quatre année de conflits, le changement fait partie de l’humeur
internationale tangible. Ni Genève-3, ni Moscou 3 et 4 ne sont plus
suggérées alors que le terrorisme s’approche de votre territoire. La
situation de l’armée syrienne s’améliore sur le terrain. Personne n’est
persuadé parvenir à renverser Assad, hormis l’Arabie saoudite et la
Turquie. La collaboration avec lui est désormais inévitable pour lutter
contre le terrorisme qui menace tous ».
Le prince héritier semblait être convaincu, malgré
lui, que le régime allait rester. Ce qui a encouragé son hôte à lui
proposer la rencontre d’un grand responsable syrien. Ce qu’il a accepté,
sans engagement de sa part.
10 jours plus tard, le 29 juin, a eu lieu la visite
du ministre syrien des AE Walid al-Mouallem, de son adjoint Fayçal
al-Mekdad, et de la conseillère du président Boussayna Chaabane à la
capitale russe. C’est à ce moment que le président russe a parlé de la
mise au point d’une alliance contre le terrorisme quadri partite
comprenant la Jordanie, l’Arabie saoudite, la Turquie et la Syrie.
L’Iran avait été exclu pour ne pas irriter Riad. La délégation syrienne
n’a pu cacher sa surprise. Ce qui a fait dire à Mouallem que ceci
nécessite « un miracle ».
Mais Poutine a insisté pour que cette demande soit
transmise à son homologue syrien. Seules trois personnes étaient au
courant : Assad, Mouallem et Mamlouk.
Toujours selon al-Akhbar, les services de
renseignements russes ont été chargés de communiquer avec Mamlouk pour
faire murir l’idée. Un autre contact a eu lieu au cours duquel les
Russes ont transmis la condition des Saoudiens : que la rencontre ait
lieu à Riad. Ce que Damas n’a pas rejeté.
Au bout de quelques semaines, un avion russe transportait Mamoulk de Damas au bureau du prince Mohammad Ben Salmane, à Riad.
La rencontre a eu lieu en présence du président des renseignements saoudiens Saleh al-Hamidane.
Al-Akhbar affirme que c’est un responsable russe qui a
ouvert la rencontre en prononçant une lecture sur la conjoncture de la
région, le danger qui guette tout le monde et la nécessité de
l’affronter.
Par la suite, responsble syrien puis saoudien se sont affrontés, avec une grande franchise.
Mamlouk qui semble avoir pris le premier la parole, et après
avoir rappelé que son pays, l’Arabie et l’Egypte ont pendant longtemps
formé « le poids lourd du régime arabe », et que leurs relations ont
toujours été très bonnes, a lancé ses accusations contre le royaume.
Il lui imputé l’entière responsabilité de ce qui
s’est passé en Syrie comme destruction, soutien au terrorisme et son
financement , la accusé d’avoir acheté la loyauté de certaines tribus
depuis bien longtemps et d’avoir incité aux défections au sein de
l’armée syrienne.
La politique saoudienne « a toujours été très sage et
rationnelle, comment se fait-il que vous ayez suivi le pas au Qatar
dont le rôle a été dévastateur en Tunisie, en Egypte, en Libye et
ailleurs. Qui est donc le Qatar pour mener la politique saoudienne et la
politique arabe », a reproché Mamlouk.
Et de poursuivre : « notre collaboration s’est
poursuivie même après les divergences qui ont éclaté au lendemain de la
mort de Rafic Hariri. Le roi défunt (Abdallah) a même visite Damas et
pris le président Assad avec lui à Beyrouth. Saad Hariri est par la
suite venu en personne à Damas, et il a séjourné dans les palais des
Mouhajirine, et nous lui avons accordé toutes les facilités pour qu’il
devienne Premier ministre. Les choses avançaient. Vous investissiez en
Syrie. Et puis tout d’un coup tout a change et vous avez changé votre
politique en Syrie ».
Mamlouk a poursuivi : « malgré votre responsabilité
dans tout ce qui s’est passé en Syrie, jamais nous n’avons nui à
l’Arabie en tant qu’Etat, ni dans notre comportement politique ni
médiatique », avant de conclure en disant : « notre situation en Syrie
est excellente. Les rapports devraient vous parvenir sur les avancées de
l’armée syrienne dans beaucoup d’endroits », émettant l’espoir que
l’Arabie change de position.
Quant à la réponse du prince saoudien, elle s’est
faite de la sorte : « souvent, vous avez eu l’occasion de réparer les
choses mais vous n’avez pas écouté la voix de votre peuple. Notre
problème avec vous c’est que vous avez pendant longtemps marche derrière
l’Iran contre lequel nous menons une grande confrontation au niveau de
la région. Vous avez accepté de faire part de l’alliance iranienne que
nous accusons d’avoir dans la région des convoitises qui menacent notre
entité… Au Liban, vous avez suivi le Hezbollah qui gravite dans la
sphère de l’Iran et qui veut contrôler le Liban pour qu’il devienne un
protectorat iranien ».
Faisant allusion au rôle de l’ancien ministre
saoudien des AE Saoud al-Fayçal et de Bandar Ben Sultane dans le
changement de la politique saoudienne à l’égard de la Syrie, le prince
saoudien a conclu : « que nous rencontre soit le prélude que nous nous
écoutions les uns les autres ».
Les deux protagonistes se sont mis d’accord pour
poursuivre leurs contacts, sans toutefois désigner de représentant pour
le suivi, ni fixer de date.
Néanmoins, le directeur de la gestion générale des
renseignements syrien le général Dib Zeytoune se trouve à Moscou Syrie
pour le suivi des détails de cette rencontre, assure le journal
al-Akhbar.
La semaine dernière, une délégation émiratie se
trouvait à Damas, dans ce qui semble être une réactivation des canaux de
contacts avec le gouvernement syrien, après une baisse accrue durant
ces deux dernières années. Il semble selon al-Akhbar, que Mamlouk aussi
se soit rendu à plusieurs fois durant cette durée à Abu Dhabi et avoir
en même temps accueilli de nombreux visiteurs émiratis à Damas. De
nombreux diplomates syriens ont même obtenu des visas d’entrée dans les
Emirats, alors que ceux qui sont accrédités dans l’ambassade de Syrie
ont vu la date de séjour prorogée.