Les Algériens ont promis «d'envahir» les plages
tunisiennes au lendemain de l'attentat de Sousse le 26 juin qui a fait
plusieurs victimes. Eh bien, ils l'ont fait ! La preuve par les chiffres.
Alors que la saison estivale n'est pas encore
terminée, les responsables du tourisme de la Tunisie ne devraient pas faire la
fine bouche face à ce rush d'Algériens qui ont bravé la peur et la menace
terroriste.
Et les chiffres sont, on ne peut mieux, éloquents :
ils étaient, jusqu'au 20 de ce mois (août) plus de 854 000 Algériens à avoir
passé leurs vacances d'été sur les plages de l'antique Carthage, a-t-on appris
auprès du directeur de la représentation en Algérie de l'Office du tourisme
tunisien OTT, Bassem Ouertani.
Les Algériens qui ont toujours montré leur esprit de
solidarité avec leurs frères tunisiens ont tenu à faire face à la menace
d'attentats qui pesait sur les stations balnéaires tunisiennes, comme ils l'ont
promis. «Frères Tunisiens, ne vous en faites pas, nous allons envahir vos
plages !», promettaient des centaines d'Algériens à travers les réseaux
sociaux, au lendemain des attentats de Sousse. C'est désormais chose faite,
puisque près d'un million de vacanciers s'est «déversé» sur les belles plages
de Hammamet, Sousse et Djerba.
Selon, Bassem Ouertani, que nous avons joint par
téléphone, la saison estivale en Tunisie présente, en dépit des sanglants
attentats, un «bilan positif». Notre interlocuteur a salué principalement les
estivants algériens qui sont venus en masse en Tunisie et dont le nombre a
augmenté de 16% par rapport à l'été 2014.
«Les Tunisiens apprécient beaucoup cette réaction de solidarité et de fraternité», témoigne le directeur de la représentation en Algérie de l'OTT.
«Les Tunisiens apprécient beaucoup cette réaction de solidarité et de fraternité», témoigne le directeur de la représentation en Algérie de l'OTT.
L'OTT se frotte les mains
Il dit ne pas être étonné de cet élan de solidarité
entre les deux pays puisque «l'Algérie et la Tunisie ont entretenu de bonnes
relations fraternelles depuis toujours et notamment depuis la guerre de
Libération en passant par la décennie noire», rappelle Bassem Ouertani.
Interrogé sur le nombre de touristes étrangers ayant
annulé leurs réservations, Ouertani nous expliquera qu'«il n’est a priori pas
possible de quantifier les annulations ni les intentions de voyage». Le rush
d'Algériens peut nettement monter crescendo, d'autant que la saison estivale
bat encore son plein. Plusieurs estivants ont déjà réservé leur séjour en
Tunisie pour le mois de septembre, selon quelques agences de voyages que nous
avons interrogées à ce propos.
Des prix cassés pour des hôtels haut de gamme
Il faut rappeler que les attentats terroristes du
musée du Bardo le 18 mars et celui de l'hôtel du port El Kantaoui le 26 juin
ont mis en berne le tourisme tunisien. Plusieurs hôtels ont été contraints de
baisser les volets quand d'autres ont choisi de casser les prix.
C'est ce qui a d'ailleurs motivé davantage les
touristes algériens notamment à se rendre sur les plages tunisiennes.
Comme en témoignent certains d'entre eux qui viennent tout juste de renter de vacances. «Je suis parti avec ma femme et ma fille pour quelques jours de vacances à Hammamet. J'avoue que la conjoncture qui a fait que les prix et les coûts du séjour en Tunisie soient bas nous a motivés». En effet, Yanis dit avoir payé 4000 DA la nuit dans un hôtel 5 étoiles.
Comme en témoignent certains d'entre eux qui viennent tout juste de renter de vacances. «Je suis parti avec ma femme et ma fille pour quelques jours de vacances à Hammamet. J'avoue que la conjoncture qui a fait que les prix et les coûts du séjour en Tunisie soient bas nous a motivés». En effet, Yanis dit avoir payé 4000 DA la nuit dans un hôtel 5 étoiles.
Une occasion en or que les touristes algériens ne
pourront trouver ailleurs, et encore moins en Algérie. «Ma femme et moi avons
opté pour ce pays, surtout que des vacances dans des hôtels et complexes de
moindre qualité chez nous coûtent nettement plus cher», déclare Yanis,
visiblement satisfait de son séjour. Même constat chez Naïla qui dit
avoir trouvé beaucoup plus d'avantages en allant en voiture. «Aller avec notre
propre voiture a été une bonne idée parce que nous avons fait beaucoup de
déplacements», avoue notre interlocutrice.
Et d'ajouter : «Nous avons passé un agréable séjour en
Tunisie où nous n'avions manqué de rien. Les gens sont accueillants et ça se
voit qu'ils ont une culture du tourisme.» En plus des prix abordables, c'est la
facilité d'accès à ce pays voisin qui pousse les Algériens à s'y rendre. En
effet, la Tunisie demeure parmi les rares pays qui donnent la possibilité aux
Algérien de sortir du pays sans visa de circulation.
Quand Ghoul roule pour la Tunisie !
Seule ombre à ce tableau clinquant, nos témoins
pointent les tracas au niveau des postes frontières aussi bien du côté algérien
que tunisien. «Ça se voyait que les moyens mis pour l'accueil des
touristes n'étaient pas à la hauteur du grand rush des Algériens qui ont
vraisemblablement envahi la Tunisie. Les douaniers et les policiers des
frontières, d'un côté comme de l'autre, étaient dépassés», souligne
Salim qui lui aussi a choisi la Tunisie comme destination touristique pour ses
vacances d'été.
Ce dernier qui s'est déjà rendu dans l'antique
Carthage les années précédentes avoue que pour cette année c'est uniquement
pour «soutenir nos frères Tunisiens que mes amis et moi sommes venus». Cela
résume, en effet, tout.
En plus du peuple algérien qui a pris l'initiative de venir «au secours» des Tunisiens en multipliant des appels au soutien sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Amar Ghoul, a lui aussi appelé les Algériens à se rendre en Tunisie pour sauver leur tourisme, principale source de revenus économiques de ce pays voisin. Un paradoxe très algérien. Il est sans doute le premier ministre du tourisme au monde à avoir incité ses compatriotes à passer leurs vacances dans un ailleurs meilleur que ce qu’il leur offre en tant que premier responsable du secteur.
En plus du peuple algérien qui a pris l'initiative de venir «au secours» des Tunisiens en multipliant des appels au soutien sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Amar Ghoul, a lui aussi appelé les Algériens à se rendre en Tunisie pour sauver leur tourisme, principale source de revenus économiques de ce pays voisin. Un paradoxe très algérien. Il est sans doute le premier ministre du tourisme au monde à avoir incité ses compatriotes à passer leurs vacances dans un ailleurs meilleur que ce qu’il leur offre en tant que premier responsable du secteur.
Thanina Benamer