jeudi 20 août 2015

La Syrie et La Russie tentent d’annihiler la possibilité d’une « zone d’exclusion aérienne »


Dans notre article du 31/7/2015, nous écrivions " La Turquie s’apprête à saisir des zones tampon en Syrie, avec l’aide de milices oppositionnelles syriennes et le soutien aérien des USA. Cette escalade fait suite à des semaines de pourparlers entre Ankara et Washington, et une conversation téléphonique entre le président turc Tayyip Erdogan et le président américain Barack Obama.
Devant ce défi à sa souveraineté, la Syrie a fait appel à la Russie en réactivant un ancien contrat de 2007, concernant des avions capables d'annihiler l'agression turco-américaine. Voici comment. Hannibal GENSERIC.

En juillet 2015, les forces militaires des Kurdes dans le nord-est de la Syrie ont décidé de soutenir l’armée syrienne dans sa lutte contre les rebelles islamistes. Elles opèrent avec le soutien aérien de l’aviation syrienne lors de leurs offensives contre les mercenaires islamistes, avec des livraisons de munitions à travers la frontière de la Turquie. La Turquie a immédiatement réagi, se souvenant brusquement de l’existence du groupe kurde PKK interdit en Turquie, et a convoqué une réunion de l’OTAN, à la suite de soi-disant menaces pour sa sécurité. Elle a également déclenché des bombardements aériens contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie et en Irak (les seuls qui aient remporté des victoires concrètes contre ISIS, ces derniers temps).

Kurdish Peshmerga female fighters march during combat skills training before being deployed to fight the Islamic State at their military camp in Sulaimaniya, northern Iraq September 18, 2014. REUTERS/Ahmed Jadallah (IRAQ - Tags: CIVIL UNREST CONFLICT MILITARY) - RTR46QKT
Femmes kurdes des Peshmerga s’entrainant avant le combat
contre Daesh dans leur camp de Sulaimaniya, au nord de l’Irak

Les États-Unis qui ont dépensé 500 millions de dollars l’an dernier pour le recrutement, la formation et pour armer les rebelles « modérés » en Syrie, ont menacé l’armée syrienne, les Irakiens et les combattants kurdes, c’est-à-dire ceux qui ont vraiment lutté contre ISIS/DAECH, de ripostes avec des frappes aériennes, si « leurs protégés » étaient attaqués.
En outre, avec une hypocrisie à couper le souffle, Ahmet Davutoglu, le premier ministre de la Turquie, a exhorté l’ONU à imposer une zone d’exclusion aérienne dans le nord de la Syrie, « afin de protéger les civils kurdes de la zone de combats entre ISIS et l’armée syrienne », c’est à dire ceux qui sont ciblés par les bombardements des avions de l’armée de l’air turque.
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Pour ce qui concerne la manière dont les États-Unis et leurs alliés combattent l’ISIS, cela a été amplement développé dans un article précédent. Il s’avère que la Russie a pleinement compris le jeu obscur des États-Unis. Avec les systèmes de missiles AA, elle assure la défense des États qui luttent véritablement contre ISIS (Irak, Syrie, Iran). Il s’agit des systèmes S-300 et Pantsir-S1, qui poseront de réels problèmes à l’aviation américaine et ses satellites de l’OTAN et du Golfe.
Dans ce contexte de tensions et de faux-semblant de lutte contre ISIS destiné à créer les conditions propices au passage à des bombardements massifs contre les troupes de l’armée syrienne et au remplacement de Bachar Al Assad à la direction de la Syrie, la Russie a fait un geste qui a surpris tout le monde. Le 16 août 2015, l’Agence de presse turque BGN a annoncé que la Russie avait livré à l’armée syrienne 6 avions MiG-31, qui sont déjà en service sur la base aérienne de Mezze, dans la banlieue Sud-ouest de Damas.
En fait, c’est un contrat de 2007, d’une valeur de plus de 1 milliard de dollars concernant 8 avions MiG-31 et 16 MiG-29 M qui avait été suspendu en 2009 à la suite de pressions exercées par Israël.
Le MiG-31 BM a quelques limitations. Ce n’est pas un avion multi-rôle, capable d’assurer des combats aériens nécessitant de grandes manœuvres, mais un avion avec deux sièges (le pilote et l’opérateur) qui patrouillent à très haute altitude, pendant plus de deux heures. Il suffit d’une patrouille de MiG-31 pour interdire la pénétration de l’espace aérien russe sur une ouverture jusqu’à 400 km.
La livraison des avions MiG-31 par la Russie n’est donc pas dirigée contre ISIS, mais contre les radars à bord des Boeing 737 (AEW&C) et E-3 Sentry (AWACS) qui constituent la colonne vertébrale d’une zone d’exclusion aérienne. Mais le MiG-31 est également efficace contre les missiles de croisière américains. Un ou deux avions AWACS turcs ou américains peuvent couvrir tout l’espace aérien syrien. Grâce à l’équipement SIGINT embarqué à bord, l’avion AWACS contrôle le trafic radio et intercepte les rapports radio des plans de vol approuvés au décollage des avions de combat syriens.
Airmen from the 960th Airborne Air Control Squadron monitor the skies during the E-3 Sentry 30th anniversary flight March 23 over Tinker Air Force Base, Okla..  The E-3 first arrived at Tinker on Mar. 23, 1977, and Airmen have been conducting the same aerial surveillance mission for the past 30 years. (U.S. Air Force photo/Staff Sgt. Stacy Fowler)
Aviateurs de la 960ème Airborne Air Control Squadron surveillant le ciel

Ainsi, les AWACS peuvent détecter des cibles aériennes ennemies dès le décollage à des distances de 350-450 km. Ils dirigent l’interception par une formation d’avions de chasse des États alliés des Etats-Unis qui opèrent dans les zones de service aériennes au-dessus de la Syrie. Tous les avions AWACS sont en mesure de repérer les colonnes blindées en mouvement sur le territoire syrien, et diriger vers elles une formation d’avions armés de missiles et de bombes nécessaires pour une attaque au sol. Abattre un ou plusieurs avions AWACS modifie considérablement la capacité de fonctionnement de la « zone d’exclusion aérienne ».
Le MiG-31 est propulsé par deux moteurs Solovyev D-30F6, chacun avec une poussée de 15 500 kgf, qui permettent une montée à une vitesse ascensionnelle de 208 m/s. Le temps mis pour atteindre un plafond de 10 000 m depuis le décollage de la piste est de deux à trois minutes. Pratiquement, si le MiG-31 n’émet pas dans le spectre électromagnétique, il a toutes les chances d’entrer dans le régime supersonique, recevant du sol par le biais d’une ligne de données les coordonnées de l’avion AWACS, puis occuper la position optimale pour l’abattre. Le MiG-31 est armé de missiles BVR ( beyond-visual range ) R-33, R-37 et Novator KS-172S-1, d’une portée de 300-420 km, spécialement conçus pour abattre les AWACS.
Su-30MK+Kh-31-2
Le profil de vol de ces missiles a été conçu de telle sorte qu’il y a d’abord une montée initiale à une altitude de croisière de 30 000 mètres, où ils accélèrent à la vitesse de Mach 4. Ce profil empêche son interception lors de son parcours vers sa cible, et permet un rapport de consommation carburant/km réduit de moitié par rapport à un vol à 8-14 000 m. L’attaque de l’avion AWACS se fait d’en haut, où il existe un angle mort de son antenne radar.
http://reseauinternational.net/la-russie-tente-dannihiler-la-possibilite-dune-zone-dexclusion-aerienne-en-syrie/ 

Deuxième riposte : Une seconde base militaire russe sur le sol syrien

Une seconde base militaire russe sur le sol syrien !
Le journal « Al-Qods al-Arabi », citant des sources bien informées a écrit que Damas était d’accord avec une seconde base militaire russe, sur le territoire syrien.
Une source bien informée a déclaré dans un entretien avec « Al-Qods al-Arabi » que la Syrie avait demandé à la Russie de créer une nouvelle base militaire, dans la ville portuaire de Jabala. Ce sera, après la base de Tartous, la deuxième base militaire russe en Syrie.
Selon cette source, Damas a donné son aval à la construction de cette deuxième base qui sera plus moderne et plus importante que la base de Tartous. « Al-Qods al-Arabi » a écrit que le président syrien Bachar al-Assad avait annoncé, dans un entretien avec une chaîne russe, en mars dernier, que les possibilités de la construction d’une base militaire russe en Syrie existaient. Le chef de l’État syrien avait dit que son pays attendait une telle proposition et qu’il l’accepterait bien sûr. Le président syrien avait affirmé que, vu le rôle important de la Russie dans le rétablissement de la stabilité mondiale, plus la présence de la Russie est renforcée dans la région, plus la stabilité régionale sera garantie.
« La décision de Moscou de vouloir construire une nouvelle base en Syrie signifie le fait que la Russie respecte son engagement envers sa coalition stratégique avec Damas et qu’elle ne permettra jamais que le régime syrien soit renversé. Car son alliance avec la Syrie est liée à la nature militaire et politique actuelle de la Syrie, qui s’inscrit, à vrai dire, dans la lignée de l’ère de l’ancien président syrien Hafiz Assad », a conclu « Al-Qods Al-Arabi ».
 Hannibal Genséric