samedi 1 août 2015

Wikileaks ternit le "Lustre" français et dévoile Sarkozy-la-serpillère

Surpriiiiiseeuuu… C’est Wikileaks… On n’attendait pas le site de Julian Assange sur ce terrain particulier, mais il a mis les pieds dans le plat sur un sujet très actuel. Celui de l’accord entre la France et les Etats-Unis pour le partage de données récoltées sur les câbles : l’accord Lustre. Voilà qui tombe au plus mal pour le gouvernement français qui survend depuis des mois son fantastique projet de loi sur le renseignement. Wikileaks a commencé à dévoiler le compte-rendu d’écoutes américaines à l’encontre de l’Elysée. Sous Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et des quelques comptes rendus déjà dévoilés, apparait … une grosse claque.


Nicolas Sarkozy, roi du monde et best friend auto-proclamé des États-Unis est visiblement, en privé, beaucoup moins fier de la qualité de ses superbes relations avec l’Oncle Sam. Il ressemble plutôt à  « ouin-ouin« . Nicolas Sarkozy se plaint. Les États-Unis l’ont envoyé paître alors qu’il avait proposé un accord de coopération bilatérale en matière d’espionnage. Pas grave, il va réitérer. Et pendant ce temps là… La NSA écoute son conseiller diplomatique. Une situation qui n’a pas changé au fil des ans puisque Wikileaks publie des compte-rendus d’écoutes de François Hollande. Les deux président qui ont livré aux États-Unis des tonnes de métadonnées dans le cadre de l’accord Lustre se sont visiblement fait rouler dans la farine par les Américains. Mais c’est un détail, évidemment.

Dernier point amusant : les méthodes de la NSA pour espionner la France. La mise sur écoute de téléphones portables (ou pas) et, semble-t-il, le piratage de satellites de communication.

Le 24 mars 2010, donc, Nicolas Sarkozy se plaint que sa proposition pour un accord de coopération bilatérale en matière de renseignement ait été rejeté par les États-Unis. Mais il veut le reproposer. Selon Le Monde, l’accord Lustre a été mis en place fin 2011:

Selon nos informations, recueillies auprès d’un haut responsable de la communauté du renseignement en France, la direction des services extérieurs français, la DGSE, a, en effet, établi, à partir de la fin 2011 et début 2012, un protocole d’échange de données avec les États-Unis.

Voici le compte-rendu des écoutes du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte et de Pierre Vimont, ambassadeur français aux Etats-Unis :

Sensitive Issues on the Agenda When French, U.S. Presidents Meet Next Week in Washington (TS//SI//NF)
(TS//SI//NF) French President Sarkozy intends to raise a number of sensitive topics with the U.S. President when the two leaders meet in Washington on 31 March, according to an exchange last week between the French ambassador in Washington Pierre Vimont, and Sarkozy’s diplomatic advisor, Jean-David Levitte. Vimont conveyed that the French President will express his frustration that Washington has backed away from its proposed bilateral intelligence cooperation agreement and Sarkozy intends to continue to push for closure. As Vimont and Levitte understand it, the main sticking point is the U.S. desire to continue spying on France. On the topic of Afghanistan, Levitte noted that Sarkozy is ready to authorize more military trainers but wants clarification on how many are needed, given the conflicting figures from U.S. sources. Another proposed topic was efforts by the European Aeronautic, Defense, and Space Corporation (EADS) to win a tanker aircraft contract with the U.S. military. Vimont revealed cryptically that the deal is moving forward but did not provide any details. Levitte had not expected to put the labeling dispute with Pernod Ricard (the world’s second largest spirits group) on the agenda, but Sarkozy had just spoken to the company’s chairman who had asked the president to intercede on his behalf. (COMMENT: Patrick Ricard, chairman of the Pernod Ricard board of directors, is said to be one of Sarkozy’s wealthy backers.) Vimont characterized the issue as a very political matter in the U.S., and suggested that a direct appeal to the White House might be useful. While Sarkozy intends to broach the issue with the U.S. President, Levitte will talk to the U.S. President’s Economic Adviser and Deputy National Security Adviser. Finally, Levitte expected the two leaders to discuss other pressing subjects including Iran, the Middle East Peace Process, Afghanistan and Pakistan, Yemen, Somalia, the Sahel, Russia, China, Turkey, climate change, and the financial situation of several European countries; however, he provided no details on those topics.
Unconventional
French diplomatic
Z-3/OO/507179-10, 231635Z

Les révélations de Wikileaks vont se poursuivre dans un avenir proche annonce le site qui collabore sur ce sujet avec Mediapart (lire ce papier notamment) et Libération.

Reflets avait tenté de poser des questions sur Lustre à Alain Zabulon, alors coordonnateur national du renseignement français et à Jean-Jacques Urvoas. Le premier avait répondu que tout cela était couvert par le secret et le second, avait quitté la salle, sans doute pour éviter d’avoir à répondre. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que la loi sur le renseignement va donner une forme d’autonomie à la France. Elle n’aura plus à aller puiser sur la grande place de marché du renseignement pour savoir ce que ses propres ressortissants racontent. Et donc plus à livrer aux États-Unis des informations qui les intéressent.

Wait and See....

Julian Assange (Wikileaks) appelle la France à prendre la tête d'une rébellion

Julian Assange, fondateur de Wikileaks, était mercredi soir invité du journal télévisé de TF1. L'occasion pour lui de charger les États-Unis et d'appeler la France à prendre la tête d'un mouvement européen de rébellion contre la puissance américaine. Tout en promettant de nouvelles révélations à venir, plus importantes encore que celles publiées mardi sur l'espionnage des présidents français et de leurs proches conseillers, Julian Assange a chargé les États-Unis, mercredi soir, dans une interview accordée à TF1. Les écoutes "touchent directement l'emploi en France", a-t-il affirmé, sûr de toucher une corde sensible des spectateurs du journal télévisé. « Le chômage en France est particulièrement élevé ; il y a une raison à cela, l'une des raisons, c'est que les États-Unis jouent un sale jeu et cherchent à marginaliser la compétitivité économique des entreprises françaises et européennes ». Le fondateur de Wikileaks suggère par ailleurs à la France d'entamer des poursuites contre les États-Unis, après convocation d'une commission d'enquête." 

Ce que l'on sait du renseignement pays par pays



Les dernières révélations Wikileaks sur l’espionnage des présidents français confirment l’étendue des capacités de renseignement des États-Unis. Une supériorité qui s’explique par un budget et des effectifs bien plus élevés qu’en Europe.
En 2013, un document d’Edward Snowden, l'ancien employé de la NSA, permettait de faire la lumière sur le black budget, l’argent alloué au National Intelligence Program, le programme national de renseignement outre-Atlantique. On y apprenait notamment que la CIA, l’agence chargée du renseignement extérieur du pays, avait reçu 14,7 milliards de dollars en 2013. Mais le budget global attribué aux 17 agences de renseignement américaines formant la communauté de renseignement des États-Unis (United States Intelligence Community) est, lui, rendu public depuis 2007. Les chiffres, provenant du gouvernement américain, montrent que le budget devrait augmenter en 2016 après cinq années de baisse quasi-consécutives. La moyanne est de 64 Milliards de Dollars par an.
Année
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Mds $
71
69
67
60
60
56
64
Pour 2015 et 2016, les chiffres sont prévisionnels, autrement dit, ils correspondent à la somme totale demandée par les agences, ce que le gouvernement peut ajuster si nécessaire. Ces dépenses comprennent les salaires, les programmes, les ordinateurs, les satellites, les armes, grosso modo toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires au renseignement. En tout, ce ne sont pas moins de 107.000 personnes qui travaillaient en 2013 pour la CIA et la NSA, les deux principales agences. 
La France : 11.700 personnes 1,2 Milliards d’euros
La Grande-Bretagne (première en Europe) 20.000 personnes) et 2,8 milliards d’euros.
L’Allemagne : 16.500 personnes. 1,8 Milliards d’euros.

Hannibal GENSERIC