Ces dernières années, des
déclarations données par des responsables saoudiens ont à plusieurs
reprises laissé entendre que la Russie n'allait pas tarder à stopper son
soutien au président Assad. Les mêmes insinuations se sont répétées
après la visite effectuée en Russie par le ministre saoudien des
affaires étrangères. Pourtant, ces souhaits se sont
évaporés face à la fermeté de la position russe vis-à-vis de la Syrie et
des autres dossiers de la région.
Dans les conditions de leur vif sentiment de déception en raison de la singulière résistance de la Syrie face à l'une des plus atroces
des guerres connues par l'histoire, et après les attentes des
concepteurs des politiques d'agression contre la Syrie et les autres
pays opposés aux projets de l'Empire, attentes qui voulaient voir la
Syrie capituler dans quelques semaines ou quelques mois, les agresseurs
ne peuvent expliquer ce phénomène extraordinaire que par le soutien que
fournit la Russie au régime syrien.
C'est la raison pour laquelle
l'axe de l'hégémonie s'acharne à vouloir empêcher la Russie de fournir
ce soutien espérant ainsi pouvoir atteindre les objectifs de sa guerre
contre la Syrie. D'un côté, l'Otan a lancé une guerre directe contre la
Russie en Ukraine, et de l'autre, la tâche a été assignée aux monarchies
du Golfe et tout particulièrement au Royaume saoudien d'exercer par
d'autres moyens des pressions contre Moscou.
Propositions très généreuses
Ces moyens se sont déployés
entre propositions alléchantes et intimidations accompagnées d'attentats
sanglants visant à déstabiliser la Russie par l'intermédiaire du
terrorisme takfiri parrainé par le Royaume saoudite au Caucase et en
Asie centrale, mais également en Ukraine où les groupes takfiri
soutiennent les néo-nazis de Kiev [1].
Pour ce qui est des
propositions alléchantes, les Saoudiens n'ont pas manqué par le passé de
tenter une telle entreprise : Ils croient que poser des tas de billets
de banque devant le président Poutine provoque chez lui une réaction
semblable à celle qu'il provoque chez les agents travaillant dans le
domaine de la traite des blanches ou bien chez les intermédiaires dans
les innombrables opérations de gaspillage qui sont particulièrement
prisées par les nantis du Golfe.
C'est dans ce cadre que
s'inscrit la visite effectuée en Russie à la mi-juin par le ministre
saoudien de la défense, Muhammad ben Salman, qui a salué le rôle que la
Russie pourrait jouer dans la région et le monde. Il a également signé
plusieurs contrats dont la construction par la Russie et pour le compte
du Royaume d'une centrale nucléaire pacifique, ainsi que sur les
recherches dans le domaine de l'espace, et sur la construction de
chemins de fer, de voies du métro et même sur l'aptitude de Ryad à
acheter une bombe atomique (!).
A toutes ces propositions
alléchantes le ministre des affaires étrangères saoudien, Adel
al-Jubeir, a déclaré lors de sa dernière visite effectuée il y a
quelques jours en Russie que son pays compte acheter les meilleurs
armements dans le monde dont des armes russes et notamment des missiles
Alexandre.
Mais après toutes ces
propositions, le ministre saoudien s'est permis de laisser entendre que
la Russie pourrait abandonner le président Assad. C'était probablement
son interprétation de déclarations qui ont mis l'accent sur l'accord
entre la Russie et le Royaume saoudien en ce qui concerne certains
aspects de la crise en Syrie.
Le ministre russe des affaires
extérieures russe, Serguei Lavrov a répondu après sa rencontre avec son
homologue iranien M. Jawad Zarif en insistant sur la fermeté de la
position russe vis-à-vis de la Syrie et son président "légitime" Bachar
El-Assad. En même temps, Moscou a livré à Damas des armes sophistiquées
dont des Mig-31 et des roquettes anti-char Kornet.
Il est donc clair que les
propositions financières alléchantes n'ont pas pu changer la position
russe. Cet échec s'ajoute à l'échec des tentatives visant à intimider la
Russie par la violence.
Menaces saoudiennes contre la Russie
Au moment où les Etats-Unis
menaçaient, en août 2013 d'attaquer la Syrie, le Royaume saoudien a,
selon le quotidien britannique, The Telegraph, demandé à la Russie
d'abandonner Assad en échange d'importants avantages sur le marché
mondial du pétrole, sinon cette dernière lâcherait des terroristes
tchétchènes sur la station de Sotchi que la Russie préparait pour
accueillir les Jeux olympiques d'hiver.
Des informations dans ce sens
ont circulé concernant des menaces proférées par le chef des services
saoudiens de renseignement, Bandar Ibn Sultan, lors d'une rencontre
qu'il a eue avec le président Poutine. Ce sont ces menaces qui ont
poussé le président russe à accuser le Royaume saoudien d'être un État
terroriste, surtout que des dizaines d'attentats terroristes, dont ceux
de Volgograd, avaient auparavant visé de nombreuses villes russes.
On sait que les jeux en
question ont marqué une réussite éclatante, ce qui a conduit le Royaume
saoudien à encaisser un nouvel échec : Les cours du pétrole brisés afin
de nuire à la Russie et à l'Iran ont donné lieu à un résultat
complètement différent puisque le Royaume saoudien et les autres
monarchies du Golfe souffrent, moins d'un an après la prise de cette
décision, de graves déficits budgétaires [2].
L'une des plus importantes
portes qui s'ouvrent à une situation dans laquelle le président Assad
n'a pas de place dans l'avenir de la Syrie est donc complètement fermée
en raison de la stabilité de la position russe. D'où, la déception dont
souffrent les ennemis de la Syrie et, en premier lieu, le Royaume
saoudien, ne peut être qu'à son apogée à un moment où tous les indices
allant de l'importante place, régionale et internationale, acquise par
l'Iran au niveau du dossier nucléaire, et finissant par l'échec de la
guerre saoudienne contre le Yémen [2], en passant par l'instabilité
galopante à l'intérieur du Royaume saoudien, témoignent que ce dernier
perd rapidement sa place et dans le présent et dans l'avenir de la
région.
Par Akil Cheikh Hussein Source : Al-Ahednews