L’arnaqueur tout comme le prédateur ne se présentent
jamais sous leur vrai visage. Ils ont plutôt l’art de se présenter sous
le visage du héros qui sait résoudre les problèmes et apporter paix et
tranquillités à ses admirateurs et admiratrices. Il devient vite l’idole
recherchée qui rend possible les rêves, convaincus qu’ils sont, qu’elle
saura les réaliser. Leur charme et leur capacité de persuasion sont
tels, qu’ils inspirent et génèrent cette confiance. Le jour où cette
idole se révèle être un arnaqueur, alors là c’est soit la déprime ou le
rebondissement. Deux exemples illustrent bien cette situation : l’un
dans le domaine financier (Bernard Madoff) et l’autre dans le domaine politique (les USA).
Je viens de visionner pour la seconde fois le documentaire sur Bernard Madoff,
ce légendaire personnage qui transformait en fortune tout l’argent
qu’on lui confiait. Des milliers de personnes et d’institutions
financières lui refilèrent épargnes et placements qui atteignirent des
dizaines de milliards de dollars tout au long de ces années
d’engouement. Avec Bernard Madoff, ils pouvaient tous et toutes dormir
en paix, la magie de son génie conduisait inévitablement à la croissance
de tous leurs avoirs. Il était devenu l’idole de tous ceux et celles
qui rêvaient que leurs économies et leurs avoirs soient transformés en
une semence en perpétuelle croissance. Bernard Madoff avait seul le
secret pour qu’il en soit ainsi. Inutile d’essayer de les convaincre
qu’il puisse y avoir fraude.
Le jour où l’idole s’est révélée être un arnaqueur
des plus astucieux et que ses admirateurs réalisèrent que leurs
économies et placements s’étaient envolés comme feuilles d’automne à
tout vent, ce fut alors l’écroulement d’un grand rêve et la prise de
conscience d’une grande tromperie. L’idole n’était plus qu’un vulgaire
voleur, sans état d’âme et sans conscience. Certains se suicidèrent,
d’autres se retroussèrent les manches pour surmonter cette grande
adversité. Madoff fut arrêté, jugé et mis en prison.
Cet exemple d’idole qui représente la réalisation de nos meilleurs
souhaits s’applique à bien des domaines dont celui qui rend possible un
monde de paix et de bonheur.
L’oncle SAM qui symbolise le grand rêve américain, mais aussi celui
d’un monde de liberté, de paix, de justice, de démocratie aura été pour
des décennies cette grande idole tant pour le peuple des États-Unis
d’Amérique que pour de nombreux peuples à travers le monde. Cette
confiance fut d’autant plus forte que cette idole était porteuse d’une
mission divine la destinant à diriger cette émergence d’un monde de paix
et de bonheur. Il faut entendre ces propos de la Secrétaire d’État
d’alors, Condoleezza Rice, au Congrès des baptistes, en juin 2006.
« Le président Bush et moi-même partageons votre conviction que l’Amérique peut et doit être une force du Bien dans le monde. Le Président et moi croyons que les États-Unis doivent rester engagés comme leader d’événements hors de nos frontières. Nous croyons cela parce que nous sommes guidés par le même principe persistant qui donna naissance à notre propre nation : la dignité humaine n’est pas un don du gouvernement à ses citoyens, ni un don des hommes les uns aux autres ; c’est une grâce divine à toute l’humanité. »
Par ces propos, elle confirme cette conviction amplement diffusée
dans le monde, tout particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale.
Je vous réfère à cet article fort intéressant de Thierry Meyssan dont je tire un second extrait de l’intervention de Madame Rice.
« En Amérique, nous sommes bénis avec des vies d’une incroyable liberté : la liberté de nous gouverner par nous-mêmes et d’élire nos leaders ; la liberté de propriété ; la liberté d’éduquer nos enfants, nos garçons et nos filles ; et bien sûr la liberté de penser comme nous le voulons et de célébrer le culte que nous souhaitons. L’Amérique incarne ces libertés, mais l’Amérique ne les possède pas. Nous nous dressons pour des idéaux qui sont plus grands que nous-mêmes et nous parcourons le monde non pour piller, mais pour protéger ; non pour asservir, mais pour libérer ; non comme les maîtres des autres, mais comme les serviteurs de la liberté »
C’est ici, Mesdames et Messieurs, que se pose un choix pour notre pays, devant nous en tant qu’Américains. Devons-nous conduire le monde ou devons-nous nous en retirer ? Devons-nous nous hisser à la hauteur des défis de notre temps ou devons-nous nous en écarter ? L’Amérique est un pays riche et puissant, c’est sûr. Mais, et c’est tout aussi important, nous sommes une nation de grande compassion et conscience, animée de principes démocratiques. Aussi, en considérant notre rôle futur dans le monde, nous devons réfléchir à quelques questions importantes. Nous devons nous demander : si ce n’est pas l’Amérique, qui ralliera les autres nations à la conscience de la défense internationale de la liberté de religion ? »
Le « God bless America », évoqué par tous les
présidents et hommes politiques des États-Unis, ne fait que renforcer
cette conviction et, avec elle, cette gouvernance d’un monde qui soit à
la hauteur de leurs aspirations et de celles de toute l’humanité. Mais
voilà que les faits et de nombreux témoignages nous révèlent que
derrière ce visage du bon et fidèle serviteur d’humanité, se cache celui
d’un prédateur, sans âme ni conscience, imbibé de lui-même et prêt à
tout pour sauver ses intérêts et sa suprématie sur les nations et les
peuples. Bien que mis à découvert par certains, il n’en continue pas
moins à se couvrir de ce langage humaniste qui en fait un leader
prédestiné à conduire l’humanité vers un monde de paix et de justice.
Toutefois, de moins en moins de peuples et de nations le suivent sur ce
terrain. Ses contradictions sont devenues trop grandes et ses mensonges
trop évidents.
Un ancien ambassadeur américain, Dan Simpson, vide son sac. Voici quelques extraits de ses interpellations sur la gouvernance de son pays et de son rôle dans le monde.
« Compte tenu de l’attitude de la communauté internationale envers la politique adoptée par les États-Unis en 2015, j’en viens à croire que nous sommes considérés comme une nation d’assassins aussi bien à l’étranger que dans notre propre pays »,
« La paix mondiale ne sera pas garantie tant que les États-Unis continueront à vendre des armes et à déclencher des guerres »
« La plupart des étrangers avec qui je fais connaissance nous tiennent pour des cinglés. Nombreux sont ceux qui jugent que nous représentons un vrai danger pour la communauté internationale »
« Certains pays n’ont d’autre choix que de prier leur ou leurs dieux, s’il y en a plusieurs, afin que la Maison-Blanche ne s’ingère pas dans leurs affaires intérieures, soit par le biais d’une transition politique vers un régime qu’elle juge plus approprié, soit par le biais de bombes larguées sur leur territoire ou de drones chargés d’éliminer leurs leaders sous prétexte des ignobles délits qu’ils auraient perpétrés. »
Ce témoignage n’est pas le seul. Il faut lire ces interventions
multiples de cet ex-conseiller à la Maison Blanche, Paul Craig Roberts,
dont je me permets de citer un extrait qui remonte à 2013.
« Les Américains doivent bien comprendre qu’ils ont perdu leur pays. Le reste du monde a besoin de reconnaître que Washington a créé non seulement l’état policier le plus complet vu depuis Staline, mais qu’il est aussi une menace pour le monde entier. La suffisance et l’arrogance de Washington, combinées avec le stock énorme d’armes de destruction massive en possession de Washington, font de Washington la plus grande menace planétaire qui ait jamais existé sur Terre.
Washington est l’ennemi de l’humanité ! »
Que conclure ?
Le peuple étasunien et ses institutions étatiques ont
été pris en otages par des manipulateurs et des prédateurs qui sont
parvenus jusqu’à tout récemment, grâce surtout à leur main mise sur les
grands médias, à se faire passer pour des sauveurs d’humanité de la même
manière que Robert Madoff était parvenu à convaincre des particuliers
et des entreprises à lui confier leurs fortunes. Certains spécialistes
avaient alors sonné l’alarme, mais la cupidité, la stupidité et
l’ignorance les avaient rendus aveugles, sourds et muets. Toutefois,
Bernard Madoff a pu être arrêté, jugé et condamné. Ce ne sera pas le cas
pour ces prédateurs politiques et financiers qui utilisent l’État et
ses pouvoirs pour se placer au-dessus des lois et poursuivre ainsi leurs
conquêtes aux dépens des peuples, sans devoir rendre compte de leurs
crimes à qui que ce soit.
Ce qui est de plus en plus vrai pour le peuple étasunien
l’est encore davantage pour les peuples et les nations du monde.
Plusieurs ont été victimes de guerres injustes, de répressions de la
part de gouvernements, soutenus et encouragés par ces prédateurs grâce
aux mécanismes de corruption et de chantage.
Pour le moment, les seules forces capables de contenir leurs actions
criminelles sont celles regroupées autour de la Russie et de la Chine.
Le président Vladimir Poutine joue un rôle de premier plan pour mettre à
nus ces prédateurs et criminels et pour les détenir dans leurs
ambitions de conquête. C’est actuellement le cas en Syrie.
L’Année 2016 marquera, il faut l’espérer, la
fin de cette grande tricherie. Le voile du mensonge et de l’hypocrisie
derrière lequel se cache leur ignominie devrait s’évaporer comme la
brume au lever d’un soleil de vérité.
Oscar Fortin
Le 3 janvier 2016
La source originale de cet article est Humanisme
Copyright © Oscar Fortin, Humanisme, 2016
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