Il y a un site russe [inosmi =
médias de masse étrangers] qui traduit en russe des articles de
propagande anti-russe des médias occidentaux et les publie pour que les
Russes puissent constater par eux-mêmes les mensonges quotidiens que les
médias occidentaux répandent sur eux. Il y a eu récemment plusieurs
articles qui faisaient état de sondages indiquant que le sentiment
anti-occidental augmentait en Russie, et qui accusaient la propagande de Poutine d’en être responsable.
C’est
une accusation assez bizarre, car pourquoi Poutine aurait-il besoin de
faire de la propagande alors que les Russes peuvent lire les médias
occidentaux et constater tout seuls tous les mensonges les concernant
ainsi que la diabolisation de Poutine ? Il y a plusieurs shows
politiques à la télévision russe, où des journalistes ou politiciens
occidentaux sont invités ; sur l’un d’eux, il y a souvent un journaliste
américain vraiment drôle, Michael Bohm, qui ne fait que régurgiter la
propagande occidentale dans le débat avec ses homologues russes. C’est
assez surréaliste de le voir incarner sans complexe les pires travers
communément attribués aux Américains : l’arrogance, la naïveté et
l’ignorance. Très content de lui, il admoneste des hommes politiques
russes de haut rang et leur explique la vraie politique étrangère russe et les intentions réelles
qu’il y a derrière. C’est rare d’atteindre un tel niveau d’inconscience
par rapport à l’ironie d’une situation. Quand on le regarde, on ne sait
pas s’il faut rire, pleurer ou avoir peur.
Tout ce qui est écrit
ci-dessus l’a été avec l’aide d’une femme élevée en Union soviétique qui
vit maintenant à Washington. Elle et moi, nous parlons souvent de la
politique étrangère étasunienne. Nous sommes presque entièrement
d’accord sur sa puissance dévastatrice et son absurdité.
Tout
comme pendant la première Guerre froide, l’un des principaux problèmes
est que les Exceptionnels Américains ont beaucoup de mal à croire que
les Russes puissent avoir de bonnes intentions. Cela me rappelle une
anecdote qu’on raconte sur George Kennan :
Alors qu’il
traversait la Pologne avec la première mission diplomatique américaine
se rendant en Union soviétique à l’hiver 1933, un jeune diplomate
américain nommé George Kennan a été quelque peu étonné d’entendre Maxime
Litvinov, le ministre soviétique des Affaires étrangères qui
l’escortait, évoquer des souvenirs de son enfance passée dans un village
voisin et parler des livres qu’il lisait alors et de son rêve de
devenir bibliothécaire.
W. Blum |
Cela n’a pas encore eu lieu.
La soudaine prise de conscience de Kennan fait penser à ces paroles de George Orwell : «Nous sommes maintenant tombés si bas qu’énoncer des évidences est devenu le premier devoir des hommes intelligents.»
Traduction Dominique Muselet
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