Imitant leurs maîtres occidentaux dans le montage des attentats sous faux drapeau, les islamistes turcs font la même chose que les islamistes tunisiens : ils s'attaquent aux touristes occidentaux. Les motivations sont les mêmes.
Si l’attentat d’Istanbul est un false flag, et tout concourt à prouver que c’en est un, alors le machiavélisme d’Erdogan fait frémir, car même la nature des victimes de l’attentat a été choisie pour que l’impact soit maximal. Sachant que, pour les médias, un mort occidental vaut 10 morts turcs, l’attentat a délibérément été dirigé contre les touristes allemands. Ainsi, chaque bout de déclaration des autorités d’Ankara sera suivi avec avidité par les grands journaux mondiaux. C’est la meilleure tribune qu’Erdogan ait eu depuis bien longtemps, peut être depuis le forum de Davos de 2009, juste après un autre massacre, celui des Gazaouis par l’armée israélienne. RI
C’est
la façon habile dont a réagi le Président turc Recep Tayyip Erdogan à
l’attentat meurtrier d’Istanbul cette semaine, qui éveille les soupçons.
Des soupçons que cet incident est bien plus qu’un simple attentat
terroriste islamiste contre des civils innocents. Pour dire les choses
crûment : Erdogan « a besoin » de cette atrocité pour gommer les preuves
grandissantes de la collusion de son propre régime avec le même réseau
terroriste islamiste présumé avoir perpétré l’attentat d’Istanbul.
Moyennant
le sang et le carnage, son régime a rapidement cherché à se présenter
au monde entier comme une autre victime du terrorisme barbare et comme
un adversaire intrépide du réseau terroriste de l’État islamique. La
Turquie s’est un peu trop timidement enveloppée dans le drapeau
émotionnel de la France à la suite des attentats terroristes à Paris en
novembre.
La
Maison Blanche et le chef de l’Organisation des Nations Unies Ban
Ki-Moon, sont aussi intervenus pour condamner le « méprisable » massacre
à Istanbul et ont juré leur solidarité avec l’État turc contre le
terrorisme.
Erdogan et son Premier ministre Ahmet Davutoglu, ont tous deux réagi immédiatement par des discours similaires,
séparés mais écrits d’avance, prétendant que cette atrocité prouvait
que la Turquie est en « première ligne dans la lutte contre le
terrorisme. »
« Personne
ne doit douter de notre détermination à vaincre les terroristes de
l’État islamique, » a déclaré Erdogan aux journalistes. Ses graves
déclarations à forte consonance antiterroriste ont été reprises par
Davutoglu.
Seulement, la rhétorique artificielle suggère un but inavoué – « Tu protestes trop ! » disait William Shakespeare.
Le
régime Erdogan a réagi d’une manière suspecte par un exposé minutieux
de l’attentat, qui a eu lieu dans le quartier historique d’Istanbul et a
tué au moins 10 passants, dont huit touristes allemands.
Tôt
mardi, à quelques heures de l’attentat, les autorités turques avaient
révélé le nom du kamikaze, un ressortissant syrien de 28 ans, né
originellement en Saoudie. Selon le régime turc, c’est un membre du
groupe terroriste État islamique (EI).
Or,
même plusieurs heures plus tard, à partir de mardi soir, aucun groupe
n’avait encore revendiqué la responsabilité de l’attentat. Cela soulève
des questions sur son auteur. L’EI serait sûrement très heureux de
s’attribuer le crédit d’un attentat produisant les gros titres
internationaux, puisqu’il le fait habituellement pour de telles
atrocités. Pourquoi ce groupe semblait ne rien savoir à son sujet
immédiatement après ?
Si
un véritable attentat terroriste a bravé les services de sécurité de
l’État turc, comment les autorités turques ont-elle pu si vite
identifier le présumé kamikaze ? Dans un attentat terroriste « normal »,
les autorités sont prises au dépourvu et sont dans l’incertitude
pendant plusieurs jours avant de se faire une idée de son auteur. Pas
dans ce cas. Le régime Erdogan a été immédiatement rencardé, non
seulement sur le groupe présumé derrière l’attentat (EI), mais aussi sur
l’auteur présumé. Si nous gobons à la lettre la version officielle,
cette efficacité investigatrice est vraiment stupéfiante.
En
tout cas, il serait aussi extrêmement naïf d’accepter la version du
régime Erdogan. De nombreux cas antérieurs ont montré que le
renseignement militaire turc, le MIT, est intimement compromis avec les
groupes terroristes islamistes qui font la guerre en Syrie.
Can
Dundar, le rédacteur en chef du quotidien turc Cumhuriyet, fait face à
la prison à vie parce que son journal a révélé que le MIT fait du trafic
d’armes pour approvisionner les groupes terroristes en Syrie.
Plus
tôt cette année, le député turc Eren Erdem, a aussi fait des
allégations crédibles. Selon lui, le régime Erdogan a étouffé une
enquête sur la fourniture d’armes chimiques aux militants de l’État
islamique par le MIT ; des armes chimiques qui ont probablement servi au
massacre de Syriens à l’est de Ghouta, dans la banlieue de Damas, en
août 2013.
Ces
derniers mois, la surveillance aérienne militaire russe a montré
irréfutablement que les terroristes de l’EI font entrer en contrebande
du pétrole à échelle industrielle en Turquie. Elle a montré aussi des
liens crédibles dans le racket usuel tout au long de l’État turc, et en
particulier la famille d’Erdogan expédiant par bateau des entreprises
syriennes.
Des
attentats antérieurs contre les Turcs à l’intérieur du pays, ont aussi
impliqué le sale boulot du régime Erdogan. Quand, lors d’un
rassemblement pacifique à Ankara, en octobre dernier, plus de 100
défenseurs des droits kurdes ont été tués dans l’explosion d’une bombe,
les groupes kurdes ont accusé les agents de l’État turc d’avoir
secrètement perpétré cette atrocité. Également l’an dernier, des
affirmations similaires de terrorisme d’État contre les groupes
politiques kurdes, ont été faites lors des attentats meurtriers de Suruc
et Diyarbakir.
En
mai 2013, un attentat meurtrier dans la ville frontalière turque de
Reyhanli, qui a tué plus de 40 personnes, a de nouveau été attribué à
des agents de l’État turc qui, dans une démarche visant à créer un casus belli afin
d’envahir militairement la Syrie, essayaient de monter une accusation
contre le gouvernement syrien. Le Premier ministre turc, Ahmet
Davutoglu, s’est fait prendre grâce à la divulgation d’enregistrements
audio de réunions privées des cadres du parti parlant de ces projets
sous fausse bannière.
Au
cours des dernières semaines, à coup de déclarations ronflantes, les
autorités turques ont dit avoir déjoué des complots terroristes dans le
pays. Ils ont allégué avoir arrêté de manière préventive des kamikazes
appartenant à l’EI. Il est impossible de vérifier ces déclarations
officielles puisque le régime Erdogan sévit sévèrement contre les
reportages des médias indépendants.
Mais
une façon raisonnable d’évaluer ces déclarations officielles est que
les autorités turques ont planté le décor pour un éventuel attentat
terroriste, qui s’est montré arriver cette semaine, dans l’attentat
d’Istanbul.
Et
avec sa rapide réaction, le régime Erdogan a habilement intensifié ses
éloquentes déclarations afin de passer pour une victime du terrorisme de
l’EI. Il a de ce fait rapidement reçu la sympathie et le soutien de la
Maison Blanche et de l’ONU.
Le
timing est important pour bien comprendre. Erdogan, Davutoglu, la
justice au pouvoir et le Parti du développement ont été découverts ces
derniers mois trempant jusqu’au cou dans le soutien au terrorisme en
Syrie par l’intervention militaire russe en Syrie. Les médias
occidentaux peuvent avoir traité ces révélations avec une indifférence
suscitant peu d’intérêt, elles ne constituent pas moins un réquisitoire
atterrant sur le non-droit dans l’État turc, un membre de l’OTAN
aspirant devenir membre de l’Union européenne.
Le
régime Erdogan est devenu synonyme de terrorisme d’État, contrebande et
trafic d’armes en Syrie, et en particulier de collusion avec les
groupes terroristes islamistes comme l’EI. (La Saoudie s’est aussi de
manière similaire révélée être un État gangster sans scrupules.)
Aussi,
du point de vue d’Erdogan, quoi de mieux qu’une atrocité de l’EI à
Istanbul cette semaine, tuant des touristes étrangers pour que son
régime déclare plus tard qu’il est un « ennemi de l’EI » et un
« combattant de l’antiterrorisme ».
En
tout cas, ce scénario alternatif plus réaliste interpelle : le régime
Erdogan connaissait l’identité de l’auteur de l’attentat parce qu’il
travaille avec ce genre d’agents terroristes ; et les autorités turques
ont laissé faire l’attentat pour aller de l’avant, pour leurs propres
raisons politiques intéressées de blanchir leur réputation
internationale gravement ternie, pour ainsi être considérées comme des
« victimes du terrorisme ».
Strategic Culture Foundation, Finian Cunningham
Original : www.strategic-culture.org/news/2016/01/14/false-flag-bomb-erase-erdogan-terror-links.html
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