samedi 8 août 2015

Comme l'islamophobie, la russophobie occidentale est née en France

Nous vivons à une époque où le progrès informationnel incarné par la toile omniprésente et omnipotente a gratifié le quatrième pouvoir d’une dimension illusoire sans précédent, au point que le journaliste, normalement en quête de vérité, s’est subitement transformé en illusionniste. Il ne se passe pas un jour sans que nous ne voyions apparaître des mensonges gros comme des maisons, que ce soit au niveau du traitement qui avait été réservé au massacre de la Ghouta en Syrie, traitement symptomatique à bien des égards, ou que ce soit, contraire au bon sens le plus élémentaire dès ses débuts, celui du dossier ukrainien.


Il m’est bien triste de le reconnaître, mais la désinformation russophobe qui gangrène les médias atlantistes est originellement française. 
Résultat de recherche d'images pour "caricature russophobie"Guy Mettan, député au grand conseil du canton de Genève et président du club suisse de la presse, l’a bien noté dans un article publié sur les pages de Libé (nous n’en sommes plus à un paradoxe près !) : « La russophobie moderne est née en France, avant de migrer en Grande-Bretagne et en Allemagne et, enfin, aux USA. Succédant à la russophilie de Voltaire, la russophobie française moderne a commencé avec Louis XV et Napoléon, qui ont forgé et diffusé le faux Testament de Pierre le Grand selon lequel le fondateur de la puissance russe aurait enjoint à ses successeurs de dominer l’Europe jusqu’à Londres ». Très franchement, ça ne vous rappelle rien ?L’esprit cartésien de mes chers compatriotes gaulois n’ayant d’égal que le pragmatisme décomplexé de nos politiques, il a fallu attendre le soi-disant miracle de la Marne pour que la Russie rentre dans les bonnes grâces françaises même si une période de réchauffement était quand même à relever sous la IIIème République. On y ajoutera bien sûr la russophilie européo-souverainiste du Général, vaguement soutenu dans les masses pour qui la Russie soviétique équivalait à Stalingrad en s’associant donc à un tournant providentiel de la II GM. Mais déjà à l’époque, alors qu’il n’y avait pas internet et les effets spéciaux télévisés étaient tout ce qu’il y avait de plus modeste, on s’évertuait à insuffler aux masses une pieuse admiration des exploits américains … si bien que la plupart des gens de ma génération assez peu versés en Histoire étaient (et restent, je présume) persuadés que les grands, les vrais vainqueurs de la Grande Guerre, ce sont bien évidemment les Américains. Moralité : il a fallu trois-quatre générations pour renverser et reforger une dimension cruciale de la réalité historique.
 

S’il est vrai qu’internet permet des manipulations sans nom, il est non moins vrai que l’antidote s’extrait du poison lui-même : autant que de mentir, internet permet de rétablir la vérité ou du moins de s’en rapprocher. Le cas du MH-17, exemple type de désinformation multilatérale, anti-russe et fondée sur des accusations totalement arbitraires, est d’une grande force démonstrative.
2015-08-07_15h21_34
Les sanctions sont plus néfastes à l'UE qu'à la Russie

Il est, d’une part, facteur d’enlisement pour les politiques occidentales puisque le téléguidage américain a donné lieu à des sanctions insensées et au dénouement honteux des Mistral. Petit détail croustillant : non contente d’avoir dû rembourser 1,3 milliards d’euros – encore que Poutine a fait un rabais pour des raisons que nous ignorons – la France constate aujourd’hui que la NASA a signé un contrat de 490 millions de dollars avec la Russie. Pourtant, dès le début de la partie, il était clair que l’UE, sous l’impulsion loyaliste germanique, tomberait elle-même dans le piège des leurres américains.

D’autre part, le traitement dévié du dossier a exacerbé une guerre extrêmement dangereuse pour l’Europe car menée en pleine Europe, aux frais du FMI et du contribuable européen. N’oublions pas non plus le fond tactique et symbolique les tireurs de ficelle ayant bien capté qu’il était facile de déstabiliser un État européen en l’espace de quelques misérables mois en dressant des peuples frères les uns contre les autres, aussi bien dans les frontières du pays concerné qu’en dehors.


Enfin, sur un plan global, le semblant d’enquête mené discrédite totalement le droit international en achevant de démolir ses fondements.
Françoise Compoint
extrait de l'article : MH-17 : LE SILENCE DES COMPLICES