dimanche 4 octobre 2015

Palestine. Journalistes français agressés par des soldats israéliens

Deux journalistes de l'AFP ont été agressés et menacés par des soldats israéliens qui ont endommagé et emporté leur matériel vendredi lors de heurts après les funérailles d'un Palestinien tué par l'armée en Cisjordanie occupée.

Les soldats israéliens ont braqué leurs armes sur un vidéaste, Andrea Bernardi, et un photographe palestinien, Abbas Momani, tous deux de l'AFP. Les journalistes étaient équipés de gilets pare-balles portant la mention "press", rapporte l'AFP.
Andrea Bernardi, de nationalité italienne, a été jeté à terre et a reçu un coup d'arme dans le flanc. Il a été maintenu au sol, un genou comprimant sa poitrine, jusqu'à ce qu'il parvienne à extirper une carte de presse. La scène, survenue dans la localité de Beit Furik dans le nord de la Cisjordanie, a été filmée et mise en ligne par une société de production locale.
En outre, les soldats israéliens ont brisé une caméra et un appareil photo et ont emporté un autre appareil photo et un téléphone portable.
L'AFP a protesté auprès de l'armée israélienne et lui a signifié son intention de porter plainte.
"Des mesures disciplinaires vont être prises", a déclaré à l'AFP le colonel Peter Lerner, porte-parole de l'armée, en ajoutant que "les plus hauts niveaux de commandements ont été informés de l'incident", à savoir le chef du commandement central, responsable des forces israéliennes en Cisjordanie occupée.
Les incidents opposant Palestiniens et soldats israéliens vendredi, à Beit Furik, sont survenus après les obsèques d'Ahmed Khatatbé, un Palestinien de 26 ans. Il avait été gravement blessé la nuit précédente par des tirs de l'armée israélienne, près de Naplouse. Il avait lancé, ainsi qu'un autre homme arrêté depuis, un engin incendiaire sur un véhicule qui circulait sur une route menant à l'importante colonie juive d'Itamar, selon l'armée israélienne.

Rescapé d’une tentative d’assassinat de l’armée israélienne, le journaliste J.M. Bourget remporte une grande victoire judiciaire



BourgetLe 21 octobre 2000, à Ramallah, Jacques-Marie Bourget, journaliste (alors à Paris Match), est très grièvement blessé par un tir de soldats israéliens. Poumon perforé, veine sous-clavière ouverte, le pronostic vital est engagé. Ce sont les secouristes du Croissant Rouge palestinien qui transportent le blessé à l’hôpital de Ramallah. L’état du reporter y est jugé si alarmant que les médecins demandent son transfert vers un hôpital israélien. Ce n’est pas un problème de compétence, mais il est clair que le matériel médical et la technologie inondent les établissements hospitaliers de Tel Aviv, alors que celui de Ramallah est soumis à la pénurie. Étrangement, l’armée israélienne refuse ce transfert.
Les chirurgiens palestiniens se mettent au travail avec succès. En la matière, ils ont hélas une trop lourde et cruelle expérience. Trente-six heures plus tard le journaliste doit être rapatrié à Paris dans un avion médicalisé. Refus des israéliens de laisser l’ambulance aller jusqu’à l’aéroport Ben Gourion. Chirac, alors président de la République, se fâche et exige qu’on laisse libre champ au blessé…Qui peut enfin gagner le service de réanimation de l’hôpital Beaujon à Paris.
Après des mois de convalescence et de multiples opérations, dont l’une est réalisée par le professeur Christophe Oberlin qui lui rend une main gauche plus valide, J.M. Bourget dépose une plainte devant le TGI de Paris. Une information est ouverte pour « Tentative d’assassinat ». Dans la foulée un expert détermine que le journaliste a été la victime d’une balle de M16 fabriquée par IMI, l’industrie d’armement d’Israël.
Après trois années de silence, les israéliens font connaitre à la France qu’ils refusent de collaborer à l’enquête, à la Commission rogatoire internationale. Cette impossibilité à instruire conduit le juge parisien à rendre un non-lieu. William Bourdon, l’avocat de J.M. Bourget lance alors une action devant la CIVI, la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions et autres attentats terroristes.
Après des mois de silence, il est clair que certains magistrats sont inquiets de devoir dire qu’Israël ait pu commettre un acte relevant d’une Commission chargée de réparer les conséquences d’un acte de terrorisme. Après une première audience, les juges rejettent la demande de maître Bourdon. Ils expriment leur point de vue : donner raison au reporter serait mettre en cause des ordres donnés par un Etat démocratique, en l’occurrence Israël. J.M. Bourget fait appel !!!  

C'est ça, la France officiellement sioniste.

Après de nouvelles années d’attente, le 15 juin, l’audience entend à nouveau William Bourdon. Entre temps, Ghislain Poissonnier, éminent magistrat, a publié un article sur le « cas Bourget », dans la Gazette du Palais. Une étude fulgurante qui démontre qu’en déboutant le journaliste, le tribunal s’est trompé, une analyse qui met les magistrats face à leur responsabilité : dire le droit et recevoir la demande de J.M. Bourget, ou alors se faire complices d’une erreur judiciaire.
Le 21 septembre l’arrêt est tombé, le tribunal ouvre le droit à l’indemnisation. Il le fait dans des termes forts puisque, s’appuyant sur des témoignages réunis lors de l’instruction interrompue par le défaut d’Israël, le tir dont J.M. Bourget a été victime est remis dans son contexte…Et Israël dans sa position de tireur.

Cette décision pèse d’un poids considérable. D’un côté, par rebond, elle vient condamner une « tentative d’assassinat » commise par un agent israélien, de l’autre elle établit que les journalistes ne sont pas un gibier sur lequel on peut tirer impunément, même par Israël, le super Etat-Voyou. Une bonne nouvelle pour la justice, le droit des journalistes et, par effet miroir, sur le sort fait aux Palestiniens.

Heureusement qu'il y a encore en France des magistrats honnêtes et indépendants.


Plus Hollande, Valls, Fabius et consorts cirent les bottes à Netanyahou, plus les Israéliens les méprisent. Israël considère ces personnages comme ses harkis. Et pour des harkis, on ne peut avoir que du mépris.


Jacques-Marie Bourget est actuellement rédacteur en chef du site Mondafrique.

Hannibal GENSERIC