Le 4 octobre, le Général Mark Milley, chef d’état-major de l’Armée américaine, a parlé sans langue de bois – et ça ne va pas vous plaire…
Et encore moins aux destinataires de ces menaces à peine voilées – la Russie et la Chine – si elles ne rentrent pas dans le rang…
Écoutez, puis relisez attentivement, c’est notre avenir qui est dessiné là.
Ami jeune, bon courage…
“La guerre entre grands États est pratiquement certaine, elle sera hautement mortelle”
(Version complète du discours ici – et version originale sans sous-titres là)
“Voilà votre armée : 187 000 soldats, actuellement déployés dans 140 pays. […]
La volonté stratégique de notre nation, les États-Unis, est remise en cause et nos alliances sont testées. […]
Mais je veux être clair ; je veux être sans ambiguïté. Je veux être clair avec ceux qui tentent de s’opposer aux États-Unis. Je veux être clair avec ceux qui veulent nous faire du mal. Je veux être clair avec ceux, qui, à travers le monde, veulent détruire notre mode de vie,
nos alliés, nos amis. Avec l’armée des États-Unis – en dépit de tous
nos défis, en dépit de notre tempo opérationnel, en dépit de tout ce que
nous avons fait -, nous allons vous stopper et nous allons vous battre plus durement que vous ne l’avez jamais été auparavant. Ne vous méprenez pas à ce sujet.
Ne vous y trompez pas ! Et l’armée des États-Unis… [Applaudissements]
Et l’armée des États-Unis est la force de combat décisive de
l’Amérique. Et quand la direction politique des États-Unis décide de
déployer son armée, quand nous arrivons sur votre pelouse, vous
comprenez que le jeu est réel et vous soupesez pour de bon les enjeux.
Et l’autre chose que vous comprenez, c’est que vous allez perdre ; vous perdrez face à l’armée américaine, ne faites aucune erreur à ce sujet !
Nous possédons et nous conserverons à l’avenir, la capacité de nous déployer rapidement et nous détruirons n’importe quel ennemi, n’importe où, n’importe quand.
Je suis donc ici aujourd’hui, et je mets en garde les ennemis de
l’Amérique qui doutent ou méconnaissent nos capacités. De nombreux
ennemis ont largement sous-estimé les États-Unis et son peuple dans le
passé ; ils ont sous-estimé notre détermination nationale ; ils ont
sous-estimé nos capacités, nos compétences, notre puissance de combat et
tous ont fait un choix fatal qui s’est terminé par leur transfert dans
les poubelles de l’Histoire. Il en sera de même de tout ennemi qui fera
cette erreur, aujourd’hui ou demain.
Mais alors que nous sommes maintenant prêts, et que nous le resterons
à l’avenir, nous sommes confrontés à des choix stratégiques très
difficiles, nous sommes
de plus en plus contestés par des adversaires potentiels très
compétents qui agissent clairement en s’opposant à nos intérêts. Notre but est de dissuader de faire la guerre, mais si la dissuasion échoue, nous, en tant qu’armée, nous, en tant que nation, devons être prêts à nous battre ! […]
D’autres pays, Russie, Iran, Chine et Corée du Nord
ont appris de nous Ils ont regardé avec attention comment nous nous
sommes battus en 1991 et 2003. Ils ont étudié notre doctrine, nos
tactiques, nos équipements, notre organisation, notre entraînement et
nos dirigeants.
Et en retour, ils ont révisé leurs propres doctrines et ils
modernisent rapidement leurs armées aujourd’hui pour déjouer nos forces,
dans l’espoir d’arriver à nous vaincre un jour
Récemment, un haut responsable russe,
l’ambassadeur au Royaume-Uni, Alexander Yakovenko a dit, je cite :
“L’ordre mondial actuel subit un bouleversement fondamental avec la
Crimée, l’Ukraine et le Brexit”
il a ensuite appelé au démantèlement de l’OTAN et de l’Union européenne puis il a dit, je cite : “La Russie peut mener une guerre conventionnelle en Europe et la gagner La Russie est le seul pays qui restera pour toujours indispensable, alors qu’on peut se passer des autres pays, et cela inclut les USA. Nous sommes désormais dans la phase finale.” Fin de la citation. [NdT : déclaration très étonnante, non retrouvée malgré de longues recherches]
il a ensuite appelé au démantèlement de l’OTAN et de l’Union européenne puis il a dit, je cite : “La Russie peut mener une guerre conventionnelle en Europe et la gagner La Russie est le seul pays qui restera pour toujours indispensable, alors qu’on peut se passer des autres pays, et cela inclut les USA. Nous sommes désormais dans la phase finale.” Fin de la citation. [NdT : déclaration très étonnante, non retrouvée malgré de longues recherches]
Il a déclaré ceci il y a à peine 30 jours. Menaces, arrogance, bravades ? Que veut-il dire par là ? Y croit-il vraiment ? Et plus important, les dirigeants au Kremlin croient-ils ceci ?
Eh bien l’Histoire nous apprend à être prudents. Il est toujours sage
de croire les déclarations publiques des dirigeants étrangers, alors
que la plupart des nations tendent à camoufler leurs intentions
stratégiques. […]
Malheureusement, je pense qu’il est très peu probable que la guerre entre les États-nations reste reléguée aux livres d’Histoire. Parce qu’il n’y a pas d’autorité supérieure et parce que la sécurité est l’intérêt fondamental de chaque État, le conflit entre les États-nations est pratiquement certain à plus ou moins long terme. […]
Et aujourd’hui, aujourd’hui, nous sommes au milieu d’un autre changement géopolitique majeur.
Après la chute du mur de Berlin, les États-Unis détenaient sans
conteste le pouvoir mondial politique, économique et militaire ; nous
vivions ce que certains ont appelé un moment unipolaire, qui est en
train de changer, et de changer rapidement.
Les États-Unis sont confrontés à un important défi en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. En Europe, nous voyons une Russie revancharde,
qui a modernisé son armée et mène une politique étrangère agressive en
Géorgie, Crimée, Ukraine et ailleurs. En Asie, nous sommes dans la
troisième décennie du plus grand changement économique mondial des cinq derniers siècles, avec le centre de gravité économique mondial qui se déplace de l’Atlantique Nord au Pacifique Nord. Cela découle d’une Chine en croissance rapide, qui est une grande puissance à la politique étrangère révisionniste, soutenue par une armée de plus en plus forte. […]
Et nous avons appris de l’Histoire que les systèmes
internationaux unipolaires et bipolaires ont tendance à être très
stables, mais nous savons aussi que les systèmes multipolaires sont intrinsèquement sujets à la compétition, la confrontation, l’instabilité et à des guerres entre États. Nous entrons dans cet avenir multipolaire, et en fait, nous y sommes probablement depuis quelques années… […]
L’instabilité imprévisible est la nouvelle norme. Nous devons gérer le plus haut taux d’instabilité depuis au moins 1992. La Russie se voit elle-même en confrontation directe avec l’Occident ; la Chine poursuit
son programme d’une vigoureuse modernisation militaire directement
destinée à se hisser à notre niveau, avec des exercices de formation
sans précédent par leur étendue, ampleur et complexité. […]
Le domaine [des technologies de l’information] connait des
changements vraiment dramatiques, avec des implications militaires très
importantes. D’inquiétantes cyber-capacités sont en cours d’élaboration
en ce moment même et utilisées par de grands États-nations ; et il est désormais tout à fait possible d’infliger des dégâts considérables
à l’économie ou à l’armée de pays adverses uniquement en utilisant des
outils informatiques. Nous constatons désormais ceci dans notre vie
quotidienne, avec les hackers, la cybercriminalité, les imposteurs, etc.
Mais tout ceci n’est qu’une nuisance relativement mineure par rapport aux ressources dont dispose un État-nation avancé, comme la Russie, la Chine ou même la Corée du Nord et l’Iran. […]
La structure et l’organisation de notre armée, tant au niveau
institutionnel qu’opérationnel, doivent changer radicalement, et nous
devons être ouverts à ce changement. Nous menons actuellement une
importante campagne d’étude afin de comprendre ces changements, et je
peux vous dire que nous devons les comprendre très vite et qu’il vaut
mieux pour nous abattre nos vaches sacrées nous-mêmes plutôt que de perdre une guerre parce que nous sommes trop sclérosés pour penser l’impensable. […]
À ce stade, nous pouvons développer quelques points que nous
avons appris au cours de l’étude que nous avons menée intensément cette
année sur la guerre future de haute intensité entre des États-nations de grande puissance. Et le premier est, sans surprise, qu’elle sera hautement mortelle, très hautement mortelle, contrairement à tout ce que notre armée a connu au moins depuis la Seconde Guerre mondiale.
En outre, le champ de bataille sera hautement complexe et presque certainement dans des zones urbaines denses et contre un ennemi insaisissable, obscur, qui combine la guérilla terroriste avec des actions conventionnelles, au sein de larges populations civiles. […]
Donc, en résumé, les 25 prochaines années ne vont pas être comme le 10 dernières, ni même comme les 25 dernières. Les défis qui s’accumulent et auxquels nous sommes confrontés, tout comme le caractère de la guerre en pleine mutation, ne ressemblent à rien que nos forces actuelles aient jamais connu en intensité et mortalité. […]
Un très grand historien [NdT. Victor Davis Hanson] a récemment
écrit qu’il constatait une augmentation du nationalisme, des courses à
l’armement régionales, des revendications territoriales non résolues,
des conflits sectaires interminables, et un retour à l’équilibre des
puissances politiques du 18e siècle avec des sphères d’influence. Il a
alors indiqué qu’il y avait actuellement une légère brise dans l’air,
mais qu’elle pouvait se transformer en une tempête. Et il a conclu à la fin de son papier qu’une forte averse était sur le point de s’abattre sur nous…”
Général Mark Milley, 4 octobre 2016
Bonus :
Bases américaines :
Bases russes :
Bilan :