mercredi 19 octobre 2016

Réunion Poutine – Erdogan : quatre avancées importantes pour la Russie


Voici les quatre avancées majeures obtenues lors du dernier entretien entre Poutine et Erdogan à Istanbul .

1. Un accord signé sur le pipeline Turkish Stream (au deuxième essai), en échange de l’annulation de l’embargo russe sur les fruits et légumes turcs. L’accord entre la Russie et la Turquie sur la Syrie reste en vigueur : même dans le cas d’autres désaccords, il est peu probable que la Russie abandonne le Turkish Stream, ou que la Turquie proteste contre les sanctions russes suite à son attentat contre un avion de combat. Le réchauffement des relations après le coup d’État manqué en Turquie continue d’améliorer les liens politiques et économiques. Gazprom obtiendra son pipeline, longtemps attendu, à travers la Turquie, et celle-ci verra une levée de certaines sanctions économiques.
2. Sur le plan politique, ce partenariat tactique avec Erdogan donne à la Russie une chance de démontrer une fois de plus l’échec de la stratégie américaine d’isolement de la Russie, la Turquie ayant été plus proche des États-Unis au début du conflit. Pour diverses raisons, celle-la se rapproche de la coalition russo-iranienne, à la fois à cause de la guerre contre les Kurdes, et en raison de la détérioration des relations avec les États-Unis. L’inactivité diplomatique de chaque partie en ce qui concerne les actions de l’autre en Syrie a été remarquable : la Russie et l’Iran ont mollement critiqué Erdogan pour son opération Euphrates Shield [intervention dans le nord de la Syrie, NdT], alors que de son côté, Erdogan grondait Assad pour l’intervention de l’armée syrienne à Alep. Aucune des deux parties n’a pris de mesure contre l’autre, montrant une fois encore la concordance étroite sur les sphères d’influence dans le nord de la Syrie, où Erdogan est autorisé à poursuivre sa politique kurde en échange de ne pas gêner Assad dans sa libération d’Alep.
Dans le nord de la Syrie, les Turcs et l’Armée syrienne libre ont forcé le Califat hors de Savran et Dabik.
3. Considérant cette situation totalement inacceptable, l’Occident devient hystérique. À la fin d’octobre 2016, il n’aura presque plus de jetons à jouer dans les négociations. Compte tenu du rôle croissant de la Russie et de l’Iran en Syrie, les armes et les combattants ont un impact accru. Cela oblige les marionnettes extérieures à sortir des coulisses pour venir directement s’impliquer dans le conflit syrien, montrant que malgré la poursuite de la guerre, son point culminant est proche, tandis que la Russie consolide ses positions dans la région. Ayant conclu une entente avec Erdogan, elle peut se concentrer sur les combattants pro-américains – à Lattaquié, Hama, Alep et Ghouta Est – et sur le Califat – près de Palmyre et Deir ez-Zor. En parallèle avec le déploiement permanent de la Force aérienne russe sur la base de Khmeimim, un accord similaire sur l’utilisation de la base navale de Tartous sera signé prochainement, permettant à la Russie de perpétuer sa présence militaire dans la région pour les années à venir.
4. Dans le contexte de la France voulant «enquêter sur les crimes militaires de la Russie» et des menaces de guerre de Washington, l’accord avec la Turquie permet à la Russie de faire pragmatiquement affaire avec l’un des côtés [la Turquie, membre de l’OTAN] dans la guerre syrienne. D’ailleurs, Erdogan a récemment cédé du terrain – à partir d’une position objectivement affaiblie –, et la Russie peut ignorer l’appel américain pour la démission d’Assad. Bien qu’Ankara ne soit pas un partenaire de négociation à l’égal de Washington, il pourrait mettre le cours de la guerre syrienne en ligne avec la politique du Kremlin – même si Erdogan a signé l’accord, non pas parce qu’il le voulait, mais parce qu’il n’avait pas le choix. Nous devons être vigilants, mais en général une «seconde lune de miel» entre la Russie et la Turquie augmente les gains russes, qui seront utilisés parcimonieusement, à la fois politiquement et économiquement.
Tout cela va irriter encore plus l’Occident, combiné avec sa réticence à accepter le fait qu’Assad ne démissionnera pas.


Par Colonel CASSAD – Le 12 octobre 2016 – Source Russia Insider
Colonel Cassad
est un blogueur russe populaire
Article original