dimanche 25 octobre 2020

Terrorisme. Le théorème de Bachar Al Assad

Prolongée par un acharnement criminel dont Erdogan n’est que l’instrument, la guerre qui sévit en Syrie depuis dix ans a fait l’effet d’un révélateur chimique. Protagonistes embusqués de ce bain de sang, les gouvernements américain, britannique, français, turc, saoudien et qatari passeront à la postérité pour ce qu’ils sont : les bourreaux d’un peuple qui ne leur a rien fait. La tragédie syrienne a dissipé leurs faux-semblants. Elle a exposé au grand jour leurs stratégies les plus retorses. Mais la pire de toutes a consisté à blanchir le terrorisme chez les autres.

Le théorème de Bachar Al Assad

Peu avant que Jabhat al-Nosra, une organisation terroriste affiliée à Al-Qaïda, ne plantait son drapeau à une façade du village chrétien de Maaloula, près de Damas, Laurent Fabius avait déclaré depuis le Maroc que cette organisation
« faisait du bon boulot » en Syrie.

25 patriotes syriens sont décapités en public. Des milliers suivront.
Personne en France ne s'est indigné alors !
Image : Devant un drapeau de DAECH, les condamnés à genoux. A leur droite, les hommes en noir bloquent les sorties. Le carnage n’avait pas à l’époque ému la mal nommée « communauté internationale ». La date reste inconnue. DR

Comment résister à la nausée devant la viscosité de ces politiciens qui, à chaque attentat sur le sol français, se répandent en condamnations indignées d’une violence terroriste qu’ils ont nourrie et encensée ailleurs ? On se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, la médiasphère occidentale déployait sa fausse dialectique pour faire de la branche syrienne d’Al-Qaida une respectable organisation combattante. On nous disait que le Front Al-Nosra, c’est ainsi qu’il se nommait, finirait par se « normaliser ». Et il faudrait, tranchait François Burgat sur une chaîne publique, négocier pour de bon avec cette organisation destinée à faire partie du « futur de la Syrie ».

Son affiliation revendiquée à Al-Qaida, son idéologie haineuse et sectaire, sa pratique répétée des attentats aveugles frappant les civils, le régime de terreur obscurantiste qu’elle répandait comme la peste partout où ses coupeurs de tête avaient l’opportunité de sévir ? Peccadilles. Une sorte de mutation génétique devait valoir à l’organisation djihadiste concurrente de Daech, pour rétribution de ses services rendus contre Damas, un véritable brevet de respectabilité.
C’est ainsi que la diplomatie occidentale faisait des miracles. De son chapeau de magicien, elle sortait des terroristes modérés, des extrémistes démocrates, des coupeurs de tête humanistes, des mangeurs de foie philanthropes.

Cette opération de blanchiment de la branche syrienne d’Al-Qaida, en effet, se déroulait au moment où cette organisation confortait son hégémonie politique et militaire dans le nord de la Syrie. La prédestinant à jouer un rôle majeur au lendemain de l’effondrement attendu de l’État syrien, ce succès lui valait les faveurs des puissances occidentales et régionales décidées à abattre le dernier État laïc et progressiste du Moyen-Orient. Peu importaient alors le coût humain et le prix politique de ce consentement anticipé à l’instauration en Syrie d’un pouvoir sectaire et mafieux. La chute de Bachar Al-Assad était un jeu, disait-on, qui en valait la chandelle.

Le terrorisme remaquillé pour les besoins de la cause rendait – et il rend encore – des services inespérés à la vaste coalition contre la Syrie souveraine. Cette connivence des États occidentaux et des monarchies pétrolières avec les rejetons frelatés d’Al-Qaida signait la réinscription simultanée des deux avatars du terrorisme takfiriste dans l’agenda stratégique occidental. La destruction de l’État syrien, objectif numéro un de l’axe Washington-Riyad-Paris-Londres-Ankara-Doha, secondé en coulisses par Tel-Aviv, était une fin qui justifiait tous les moyens, et la perspective d’un émirat extrémiste faisait clairement partie du plan.

Pour le faire aboutir, les puissances étrangères coalisées contre le dernier régime nationaliste arabe se répartissaient cyniquement les rôles. Dans son combat sans merci contre la Syrie, les tueurs d’Al-Qaida pouvaient ainsi compter sur leurs précieux amis : la Turquie leur livrait des armes, Israël soignait leurs blessés, le Qatar leur versait un chèque à la fin du mois, et le quotidien « Le Monde » les faisait passer pour des enfants de chœur. Qui se souvient qu’en 2014, lorsque le Front Al-Nosra s’est emparé du village chrétien de Maaloula, ce quotidien osait nier que les extrémistes aient tué le moindre civil, alors qu’on pouvait voir sur la BBC, au même moment, les obsèques religieuses des victimes de cette agression ?
C’était l’époque où la prétendue « coalition internationale », lors de l’offensive de Daech vers Palmyre, s’abstenait de tirer la moindre cartouche, ce sauf-conduit offert aux terroristes illustrant la parfaite duplicité de l’antiterrorisme proclamé à Washington et à Paris. Entre la poussée du pseudo-État islamique sur l’axe Palmyre-Damas et celle du Front Al-Nosra sur l’axe Alep-Damas, le rêve des ennemis de Bachar Al-Assad semblait alors se réaliser. Mais c’était sans compter avec la résistance du peuple syrien et la loyauté de son armée. La mobilisation générale de la piétaille takfiriste devait coûter un milliard de dollars par an aux pétromonarchies du Golfe. Acheminée aux organisations terroristes par l’intermédiaire de la CIA, cette manne n’a pourtant pas suffi à provoquer la chute de Damas.

Car c’était sans compter, non plus, avec la capacité du gouvernement syrien à nouer les alliances nécessaires avec des partenaires fiables. Afin de desserrer l’étreinte mortifère des sponsors de la terreur, Damas a obtenu le précieux concours de Téhéran, Moscou et Pékin. En réalité, il n’y a jamais eu de guerre civile en Syrie : déclenchée par les puissances impérialistes, cette guerre est d’emblée un conflit international de grande ampleur où une coalition s’est formée pour vaincre la coalition adverse. Sur le théâtre des opérations, aujourd’hui encore, les seules forces en présence sont les bandes armées du takfir sponsorisé d’un côté, agrémentées de quelques forces spéciales occidentales en vadrouille ; et les forces militaires de l’État syrien soutenues par leurs alliés russes, iraniens et libanais, de l’autre.

Le président Bachar al-Assad dans la ville chrétienne de Maaloula, libérée par l’armée et le Hezbollah des mains d’Al-Nosra. A cette occasion il a averti les Européens que leur duplicité finirait par se retourner contre eux. Photo Présidence syrienne.

Devant ce constat, tout le reste n’est que littérature. Les distinctions entre rebelles « démocrates », « modérés », « laïques », « islamistes » ou « djihadistes » sont des stupidités sans nom, dont le seul effet est de jeter un voile pudique sur une nébuleuse terroriste dont l’intention est parfaitement claire : imposer par la force un pouvoir sectaire et collaborateur de l’impérialisme. Si les puissances occidentales et régionales qui ont alimenté ce brasier avaient cru aux soi-disant rebelles modérés, elles n’auraient pas blanchi le Front Al-Nosra, accrédité au tournant de 2014 comme successeur potentiel du régime à abattre, tout en s’interdisant de combattre Daech lorsque cette organisation affrontait l’armée syrienne.

Aujourd’hui encore, les milliers de terroristes qui contrôlent la poche d’Idlib appartiennent au dernier avatar d’Al-Qaida, Hayat Tahrir Al-Cham, placé sous perfusion militaire turque. Les rotatives de la propagande ont longtemps accrédité la fable d’une guerre civile opposant un régime sanguinaire à une opposition démocratique. Mais tout le monde a compris que la réalité du conflit syrien, depuis dix ans, c’est la lutte qui oppose un conglomérat terroriste sponsorisé et une armée nationale qui défend son pays contre l’invasion étrangère.

Depuis 2011, les avatars successifs de la filiale semi-clandestine de la CIA qui porte la dénomination d’Al-Qaida ont accueilli en Syrie un flux incessant de mercenaires lobotomisés, avides d’en découdre avec les mécréants et les apostats. Cette injection massive de fanatisme mortifère a eu pour effet de prolonger une guerre qui n’en finit pas. Mais elle a aussi répandu ses miasmes aux quatre coins du globe. Revenant comme un boomerang, elle a frappé partout. Bachar Al-Assad avait averti les Européens que leur duplicité finirait par se retourner contre eux. L’ignorance de ce théorème n’en finit pas de présenter l’addition.

Par Bruno Guigue
*Bruno Guigue, ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’État français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire, chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de centaines d’articles. Dernier ouvrage paru en janvier 2018 aux éditions DELGA : Chroniques de l’impérialisme, préface de Samir Amin, 20 euros.

Source : Algerie54

Aujourd'hui en France. Le concours Lépine des idées d’extrême droite

2020-10-20 17:03:51 Source

Abandon de l’État de droit, rétablissement du bagne, restauration de la Cour de sûreté de l’État, retour du service militaire, déchéance de nationalité, retrait de la Convention européenne des Droits de l’Homme, obligation de porter des prénoms “français”… Après l’horrible assassinat de Samuel Paty, enseignant à Conflans-Sainte-Honorine, les experts de BFMTV et de CNews se livrent à une infâme surenchère liberticide.

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Éric Montana (journaliste français) répond à Natacha Polony (directrice de la rédaction Mariannele-mag)
"on ne tue pas, on ne massacre pas, on ne mutile pas"
Que fait notre pays en Libye, en Syrie, au Mali, en Irak, en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, au Niger ? Que faisons-nous depuis 1991 dans les pays musulmans ?
On ne tue pas, on ne massacre pas, on ne mutile pas ?
Et quand Hollande envoie des armes à Al Nosra et que Fabius dit "qu'ils font du bon boulot", on ne tue pas, on ne massacre pas, on ne mutile pas ?
Est-ce qu'il y aurait un terrorisme condamnable quand il touche un des nôtres et un terrorisme acceptable lorsqu'il touche les Arabes ou les Musulmans ?
Cette indignation à géométrie variable me révulse car les vrais terroristes du monde c'est nous !
Et puis qualifier "d'obscurantiste" une religion pratiquée par 2 milliards d'êtres humains les faisant passer pour des dégénérés mentaux est aussi une preuve d'arrogance, de prétention et d'ignorance.
Cet égorgeur n'est pas un musulman, c'est un taré, un criminel comme il en existe partout, sans exception.
Mais comme beaucoup, vous vous vautrez dans l'amalgame facile pour justifier votre intolérance et votre islamophobie masquée.
Et si vous acceptez qu'on puisse chier sur la tête de 2 milliards d'êtres humains parce que vous méprisez leur religion et qu'à ce titre vous excusez le fait qu'un professeur islamophobe puisse encourager ses élèves à pratiquer l'intolérance raciale et religieuse au nom d'une perverse conception de la "liberté d'expression", il ne faut pas être surpris si à cette forme de provocation extrémiste répond un autre extrémisme. Les deux sont condamnables.
Pardonnez-moi mais je ne supporte plus cet aveuglement, cette incapacité à comprendre que derrière ce crime, se cachent comme souvent dans les attentats attribués aux "islamistes" des intérêts et des objectifs politiques.
Et comme on s'avère bizarrement incapables d'interpeler un homme armé d'un simple couteau et qu'on préfère le tuer plutôt que de le faire parler, nous ne saurons jamais la vérité comme pour Mohamed Merah, les frères Kouachi et Coulibaly car les morts ne parlent pas et emportent leurs secrets avec eux.
C'est difficile à comprendre ça Natacha ?

 Hannibal GENSERIC

2 commentaires:

  1. La France porte une lourde responsabilité dans la guerre en Syrie. Ce pays avait obtenu de la SDN un mandat sur cette nation. Aujourd'hui la France participe aux crimes de l'Occident contre son gouvernement légal de même qu'envers sa population.

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    1. Ne pas confondre la France, avec le gouvernement corrompu français.
      Hollande, sarko(libye), fabius ont une lourde responsabilité, eux ne sont pas la France.

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