mardi 10 novembre 2020

Haut-Karabakh. La Russie stoppe la guerre et déploie 2000 soldats de paix

Le président russe Vladimir Poutine a confirmé que l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont finalement conclu un accord pour mettre fin au conflit sur l'Artsakh (Haut-Karabakh) et que les soldats de la paix russes seront déployés le long de la ligne de contact, a rapporté RT. L'accord intervient après de multiples violations des précédents accords de cessez-le-feu.

L'accord créera les conditions d'un règlement à long terme de la crise dans l'intérêt des deux peuples, a déclaré Poutine peu après minuit, heure de Moscou, mardi (22h30 GMT lundi), confirmant les informations sur l'armistice que le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a décrit comme « Douloureux mais nécessaire » .

Selon le texte de l'accord paru dans les médias russes vers minuit, heure de Moscou - lorsque l'armistice devait prendre effet - la Russie déploiera près de 2000 soldats de la paix le long de la ligne de contact et du couloir de Lachin , la liaison routière entre l'Artsakh (Haut-Karabakh ) et l'Arménie proprement dite.

Selon le projet, ces soldats de la paix s'installeront à mesure que les forces armées arméniennes se retireront et resteront pendant cinq ans. Une prorogation automatique de cinq ans de leur mandat est envisagée, à moins que l'une des parties ne s'y oppose six mois avant son expiration.

Les soldats de la paix russes seront déployés le long de la ligne de contact (LOC) telle qu'elle se présente actuellement

Ni les forces arméniennes ni azerbaïdjanaises ne sont censées dépasser leurs positions actuelles. Cela laisse le territoire restant de la région autonome d'Artsakh (Haut-Karabakh) quelque peu encerclé, avec seulement un couloir de 5 kilomètres de large vers l'Arménie proprement dite, sous la protection des soldats de la paix russes.

Une nouvelle route devrait être construite à travers la région de Lachin au cours des trois prochaines années, pour relier l'Arménie à Stepanakert, la capitale de l'Artsakh. En parallèle, une autre route sera construite à travers l'Arménie pour relier l'Azerbaïdjan à son enclave de Nakhitchevan au sud-ouest. D'ici là, les troupes frontalières russes superviseront le trafic routier existant à travers l'Arménie jusqu'au Nakhitchevan.

L'accord prévoit également l'échange des prisonniers et des corps des morts, ainsi que le retour de tous les réfugiés et personnes déplacées sur le territoire de l'Artsakh et ses environs, sous la supervision du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). En théorie, cela signifierait le retour des Arméniens de souche et des Azerbaïdjanais déplacés par le conflit depuis 1991, bien que l'on ne sache pas comment cela fonctionnera dans la pratique.

Le Haut-Karabakh était une enclave ethnique arménienne à l'intérieur des frontières de la République soviétique d'Azerbaïdjan, mais a fait sécession de Bakou en 1991 lorsque l'Union soviétique a commencé à s'effondrer. Un armistice de 1994 a gelé le conflit avec les forces ethniques arméniennes qui contrôlaient la majeure partie de l'Artsakh, ainsi que les territoires environnants.

De nouveaux affrontements dans la région ont commencé par une attaque azérie fin septembre et se sont poursuivis malgré les multiples cessez-le-feu arrangés par Moscou, et même un autre négocié par les États-Unis. La situation a été aggravée par le fait que l'Azerbaïdjan a reçu le soutien actif de la Turquie  membre de l'OTAN, et d'Israël, tandis que l'Arménie est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective, une alliance militaire avec la Russie.

Source : BREAKING: Russia Saves Artsakh in The Nick of Time, 2000 Russian Peacekeepers Headed For Nagorno-Karabakh , Nov 10, 2020

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L'Arménie rétrocède à Bakou les districts azéris (notamment les stratégiques Kalbajar et Lachin) autour du Haut-Karabagh, dont le sort n'est pas fixé, relié à la mère patrie par un corridor de cinq kilomètres sécurisé par 2 000 soldats de la paix russes (et vraisemblablement turcs).

Pachinyan a parlé d'accord « douloureux » et des manifestations de colère ont immédiatement éclaté à Erevan. La carrière du vrai-faux "révolutionnaire coloré" semble d'ors et déjà terminée...

Le fait que cet accord ait été accepté aujourd'hui n'est peut-être pas un hasard. Moscou a-t-il tapé du poing sur la table (nous parlions de "diplomatie robuste" plus haut) après l'incident de l'hélicoptère ? Le missile tombé sur Bakou était-il un avertissement russe (peu probable tout de même) ou le fait d'un général arménien jusque-boutiste ? Beaucoup de questions et peu de réponses.

Certains détails commencent à émerger, précisant des points importants. Mais d'abord, une carte :

Les zones en vert, conquises par Bakou, lui restent. Comme lui reviennent les districts hachurés de Agdam, Kalbajar et Lachin.

L'enclave du haut Karabagh, amputée d'une partie dû à la poussée turco-azérie de ces derniers jours, reste arménienne sans statut bien défini. Elle est reliée à la mère patrie par le corridor de Dantzig de Lachin (en rouge), large de 5 kilomètres et gardé par des soldats de la paix russes.

Apparemment, les Azéris gardent le contrôle de Chouchi car une nouvelle route est prévue pour relier Lachin à la capitale Stepanakert (Khankendi sur la carte). Tout au sud, une autre route relie l'enclave azérie de Nakhatchivan au reste du territoire azerbaïdjanais.

On le voit, c'est clairement une défaite arménienne et la foule en colère a d'ailleurs exprimé sa colère à Erevan où le Parlement a même été envahi. Le président de l'Assemblée nationale a été sorti de sa voiture et lynché (ses jours ne sont pas en danger) tandis que Pachinyan reste invisible pour l'instant.

Par contre, ce qui reste du Haut-Karabagh peut sans doute dormir tranquille. La guerre géorgienne de 2008 a montré qu'on ne touche pas un cheveu à un contingent de la paix russe. Moscou voulait une présence dans le jardin noir depuis 1994, c'est maintenant fait. Et c'est là pour durer : une première période de cinq ans renouvelable. Le conflit semble définitivement se geler.

Et un point (très) important est à relever, qui contredit les premières informations tombées hier : pas de soldats de la paix turcs. Moscou et Ankara vont certes créer un centre de supervision commune mais, sur place, seuls les soldats russes seront présents. Il était important pour le Kremlin de laisser Erdogan en dehors de l'équation, même s'il y participe en coulisses.

Aucun rôle non plus dans pour les autres membres du groupe de Minsk, France et États-Unis, laissés complètement à l'écart du règlement du conflit, ce qui était forcément voulu par l'ours.

Cela fait dire à certains que, au vu de ses options limitées au départ, Moscou s'en est (très) bien tiré et se replace au centre de la scène. D'autres pensent que cette victoire à court terme est une défaite à long terme, notamment en terme d'alliance. Source : Chroniques du Grand Jeu

Hannibal Genséric

 

1 commentaire:

  1. Merci au peuple Russe ainsi qu'à son guide de la nation, pour son action visant à stopper une guerre qui pouvait dégénérer en un grave conflit. Que dire de la politique de l'Europe, dans cette cause, la nullité complète avec des dirigeants à évincer au plus vite.

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