dimanche 5 juillet 2020

Les génocides dans l’histoire. Au temps de Gengis Khan et de Tamerlan

Le XXe siècle n’a pas inventé la barbarie. Du XIIIe au XVe, Gengis Khan puis Tamerlan semèrent la terreur et la mort de l’Asie jusqu’à l’Europe.
Que le XXe siècle fut le plus meurtrier de l’histoire est une opinion communément partagée. L’accumulation des pertes humaines au cours des deux guerres mondiales — sans même parler de celles qui les ont précédées et suivies par dizaines -, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, culminant avec  l’utilisation d’armes de destruction massive, y compris l’arme atomique, sur des populations civiles devenues enjeu des conflits, tout semble contribuer à faire de ce siècle l’« âge des extrêmes (1)  ». Au moins en ce qui concerne l’ampleur des dévastations, le nombre des victimes et la barbarie des bourreaux.

Or rien n’est moins sûr. Sauf à se référer à une période d’accalmie provisoire sur un territoire limité ou au mythe de la « guerre propre ». Mais si l’on étend l’observation aux populations de l’ensemble de la planète, sur toute la durée du deuxième millénaire qui vient de s’achever, les certitudes vacillent.
Pas une année de paix sur terre au cours de ces mille ans, mais plusieurs milliers de conflits : invasions et conquêtes, guerres tribales et ethniques, féodales, dynastiques, nationalistes, coloniales et impérialistes, guerres civiles et guerres de religion, jacqueries, guérillas, guerres de libération, révoltes et révolutions, razzias et pirateries… L’immense majorité des quelque 40 milliards d’humains qui ont vécu pendant ce millénaire ont subi au moins une guerre durant leur courte vie (2).
Misère, ignorance, soumission ont été le sort commun de cette humanité à plus de 90 % paysanne (3), exploitée par une minorité de prédateurs cupides — féodaux, propriétaires, usuriers [a]-, écrasée de corvées et d’impôts, subsistant à la limite de la survie, dans une insécurité permanente, entre deux conflits meurtriers et destructeurs dont elle fait toujours les frais, à la fois proie et butin.
Sous le joug d’une interminable cohorte de tyrans prospérant sur l’échiné des peuples : empereurs, rois, sultans, chahs, shoguns, généralissimes, caudillos, présidents, princes et barons, ministres et vizirs, papes et califes... Tous assoiffés de gloire, de pouvoir et de richesse, prêts à toutes les ignominies pour les conquérir ou les préserver, pétris de haines inexpiables, en guerre permanente les uns contre les autres au nom de Dieu, de la civilisation, du drapeau ou du parti.
Hier comme aujourd’hui, paix et relative prospérité n’ont jamais été que le privilège provisoire d’un petit nombre. Celles dont bénéficie depuis un demi-siècle l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord — un dixième de la population mondiale — ne sauraient faire illusion. Dans le même temps, partout ailleurs, les guerres, plus d’une centaine, ont fait rage, dont les Occidentaux, épargnés, ont été souvent les instigateurs et les acteurs. Pour les plus meurtrières (4), comme pour celles dites « de faible intensité ». Mais qu’est-ce qu’un conflit de faible intensité pour celui dont la moitié de la famille a été massacrée et l’autre, après un interminable exode meurtrier, croupit dans un camp de réfugiés sans espoir de retour au pays réduit en cendres ?
Environ deux cents guerres, 200 millions de morts, 2 % de la population du siècle (5) : le XXe est dans la norme moyenne de ceux qui l’ont précédé. autant que, tout au long du millénaire, se retrouve tout ce que nous croyons être les caractéristiques des persécutions du siècle dernier : massacres de populations entières, déportations et marches de la mort, camps d’extermination, liquidation systématique de Prisonniers, viols, tortures et exécutions sommaires, terreur contre toute velléité de résistance [b], asservissement et mise en esclavage des rescapés. Mais aussi pillages, destruction par le feu et anéantissement des villes, villages, cultures et moyens de production. Crimes de guerre et contre l’humanité entraînant l’exode misérable des populations survivantes, livrées au brigandage et à la guerre civile, victimes d’épouvantables famines et bientôt décimées par la propagation d’épidémies plus dévastatrices que les carnages. Le tout au nom d’idéologies le plus souvent messianiques et racistes. A commencer par celle véhiculée par la sainte Bible, dont le Dieu génocidaire de l’Ancien testament serait aujourd’hui passible du Tribunal pénal international (6).
Guerres et massacres n’ont cessé d’ensanglanter le monde : à toute époque et en tout lieu, c’est le dénominateur le plus commun d’une histoire inhumaine qui n’a pas attendu le siècle dernier, la guerre industrielle, les technologies des armes de destruction massive et des usines de la mort pour commettre le pire. Au reste, avec 900.000 morts en quatre-vingt-dix jours, d’avril à juin 1994, soit une moyenne de 10.000 par jour, le dernier génocide du millénaire, celui des Tutsis rwandais, vient nous rappeler que la machette peut se révéler aussi « performante » que la chambre à gaz.
Dans l’interminable litanie des persécutions précédant celles du XXe siècle, deux séries, pour le moins, méritent une mention particulière par leur durée, leur étendue et leur sauvagerie, perpétrant pendant des siècles d’indicibles apocalypses. 
La vérité sur Gengis Khan : barbare ou héros ? - Horseback Mongolia
Empire de Gengis Khan
- La première concerne les terrifiants ravages propagés par les gengiskhanides puis par les timourides, du XIIIe au XVe siècles, dans toute l’Eurasie, du Pacifique au Danube, en Chine, en Inde, au Proche-Orient, où se concentrent la majorité de la population humaine et les civilisations les plus avancées. Presque ignorés en Occident, ils ont laissé dans la mémoire des peuples d’Orient des traces indélébiles dont ont rendu compte chroniqueurs et historiens chinois, hindous, persans, arabes, slaves (7)… 
- La seconde, tout aussi dévastatrice, a accompagné, du XVIe au XXe siècles, la conquête du monde par les puissances européennes.
Il avait fallu près de trente ans à Gengis Khan pour unifier par la force sous sa poigne de fer les multiples tribus mongoles qui s’entre-déchiraient. Il a suffi d’une vingtaine d’années, de 1205 à 1227, pour que les équipées sauvages de quelque 150.000 cavaliers mettent l’Asie à feu et à sang, faisant des dizaines de millions de victimes, du Pacifique à la mer Noire, avant que la mort du Grand Khan n’épargne in extremis l’Europe occidentale. L’invasion commença par le génocide du peuple Tangut du royaume Sihia, en Chine du Nord-Ouest. Des dizaines de villes prospères furent entièrement détruites, les provinces ruinées, définitivement transformées en steppe aride, au cours d’une guerre acharnée qui fit des centaines de milliers de victimes et se termina dans une immense hécatombe de 600.000 Tanguts : « Jusqu’au dernier homme, ils sont exterminés. Le Khan a anéanti leur peuple. »
Puis ce fut le tour de l’empire Kin de la Chine du Nord-Est. Après avoir, au printemps 1211, au nord de la Grande Muraille, écrasé une armée de 500.000 hommes dont on pouvait encore, dix ans plus tard, contempler à l’infini les ossements blanchis par le soleil, les Mongols déferlent sur le pays, massacrant entre autres toute la population de la capitale, chassant devant eux dans un gigantesque exode les populations terrifiées, ravageant villages et cultures, affamant les villes, incendiant, pillant, violant, tuant tout ce qu’ils rencontrent.


En 1215, ils assiègent et prennent l’immense cité de Pékin. Pour échapper aux vainqueurs, 60.000 femmes se jettent du haut des murailles qui, sur 43 kilomètres, entourent la ville. Des dizaines de milliers de personnes, déjà affaiblies par la famine et réduites au cannibalisme, sont massacrées. Des épidémies, en particulier de typhus, font d’autres dizaines de milliers de victimes, forçant les envahisseurs à quitter la ville, surchargés de leurs butins de femmes et de jeunes garçons, d’or, de pierreries, de soieries… après avoir tout pillé et brûlé. La population rescapée tente de survivre, sans abri, sans nourriture, sans eau, au milieu des décombres où les cadavres se décomposent pendant des mois. Bientôt, la famine s’étend à d’autres provinces, chassant sur les routes des millions de Chinois se mêlant dans leur exode à ceux qui fuient les Mongols, dans un immense désordre où prospèrent concussion, brigandage, guérillas et jacqueries, telle la « révolte des manteaux rouges », réprimée comme toujours avec une sauvagerie inouïe. Partout et pour des décennies, les terres cultivées reculent, villes et villages ruinés périclitent, insécurité et force brutale dominent les rapports sociaux. Un scénario déjà bien rodé qui allait se répéter dans toute l’Asie et dans l’ensemble du monde jusqu’à nos jours.
La troisième invasion, la pire de toutes, frappa l’immense empire turco-iranien du Khawarezm couvrant l’Iran, la Transoxiane et l’Afghanistan. Berceau d’une civilisation millénaire avec ses brillantes cités : Samarkand, Bukhara, Gurgendj, Balkh, Merv, Nichapur, Bamyan, Hérat, Gazni… Deux ans suffirent aux Mongols, de 1220 à 1222, pour anéantir un des espaces les plus avancés de la planète, ravager les campagnes et les irrigations, piller et réduire en cendres les cités les plus florissantes, ruiner le commerce et l’artisanat, réduire en esclavage et à la déportation des populations entières et massacrer des millions d’êtres humains.
On ne fait pas de prisonniers : les vaincus des armées et garnisons qui n’ont pas été tués sur les champs de bataille sont systématiquement décapités, de même que tous les êtres vivants des villes assiégées qui ont trop longtemps résisté, enfermés pendant des mois « comme des pourceaux à l’enclos avant l’abattoir » exécutés par dizaines de milliers, dans des flots de sang, les corps abandonnés aux charognards, les têtes empilées en d’immenses pyramides, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre, une pratique qui allait se perpétuer pendant des siècles jusque dans l’Empire ottoman et les Balkans. A Nichapur comme à Hérat, « pas une tête ne fut laissée sur un corps, pas un corps ne conserva sa tête », tout fut massacré « y compris les chiens et les chats ».
Dans le même temps, une autre équipée sauvage se poursuit à l’ouest, ravage l’Azerbaïdjan, brûlant, pillant, tuant tout sur son passage, rayant de la carte Qum, Zendjan, Qazvin, égorgeant toute la population d’Hamadan, puis fait subir le même sort à la Géorgie, taillant en pièces les armées chrétiennes, avant d’aller écraser une coalition des princes russes à la bataille de la Kalka, le 31 mai 1222. Tous les prisonniers vaincus sont exécutés, et les princes couchés sous des planches foulées par les chevaux mongols. De ce jour de deuil de l’histoire russe date le début de leur asservissement aux Mongols de la future « Horde d’or », qui durera plus de deux siècles.
Car les héritiers de Gengis Khan qui se partagent l’Empire vont poursuivre son expansion avec les mêmes méthodes. Avant d’asseoir leur implacable domination, pendant un siècle et demi, sur les peuples asservis, prospérant sur la misère des masses paysannes écrasées d’énormes tributs fiscaux, restés sous la botte des féodaux locaux, collaborateurs empressés de servir les nouveaux maîtres invincibles.
En Europe centrale, tout fut dévasté en quatre ans, de 1237 à 1241. Rois et princes bulgares, hongrois, russes, polonais, allemands, leurs chevaliers d’élite et leurs formidables armées furent massacrés. Déferlant par le nord sur la Russie, les Mongols prirent Riazan, où la moitié de la population fut égorgée, l’autre brûlée vive. Tour à tour, toutes les villes tombèrent et connurent un sort comparable : Bielgorod, Moscou, Vladimir, Sousdal, Rostov, Iaroslav…
L’Europe occidentale, restée indifférente à tous les génocides précédents, soudain menacée, envahie de flots de réfugiés propageant la terreur d’« une race d’hommes monstrueux et cruels sortie des extrémités de la terre », arme pour les arrêter 40.000 croisés et chevaliers teutoniques. Ils sont exterminés, près de Liegnitz, par des Mongols deux fois plus nombreux, qui promènent la tête du chef de guerre Henri de Silésie au bout d’une pique et envoient au Khan Ogodeï 500 sacs d’oreilles [c].
En trois semaines, le pays est désertifié, entièrement pillé et détruit, toute la population massacrée « depuis les vieux jusqu’aux jeunes et nouveau-nés ». Même sort pour les 100.000 guerriers de Bela IV et toute la Hongrie dont la moitié de la population périt en quelques mois. A portée du Rhin, de Vienne, de Venise, les Mongols se replient pour préparer la dernière offensive. La mort d’Ogodeï et les querelles dynastiques qui s’ensuivirent en décidèrent autrement.
En Asie, les Mongols ravagent complètement l’Anatolie du puissant royaume des Seldjoukides et, depuis le Khawarezm déjà conquis et anéanti, lancent, pendant un quart de siècles, des expéditions dévastatrices sur le Cachemire et le Penjab. Sans réussir à vaincre durablement le sultanat de Delhi.
Restait le califat abbasside de Bagdad
Il subit le même sort que les autres. Ses armées écrasées, en 1258, la ville de près de un million d’habitants fut assiégée et prise d’assaut, puis durant huit jours, entièrement pillée, la population massacrée, le calife, commandeur des croyants et descendant de Mahomet, supplicié, à la grande joie de toute la chrétienté, qui voyait l’islam anéanti. Puis ce fut le tour, en 1259-1260, de la Syrie des Ayyoubides, pillée et ravagée d’Alep à Gaza, en passant par Damas et sa Grande Mosquée, avec le concours empressé des troupes chrétiennes d’Arménie et la complicité des croisés du littoral. Seule l’Égypte des Mamelouks, dernier bastion de l’islam, où saint Louis avait capitulé dix ans plus tôt [d], échappa aux Mongols.
Ils eurent moins de succès dans le Sud-Est asiatique, dans l’empire birman, au royaume Khmer, au Tchampa et en Annam, où ils ne purent se maintenir malgré leurs expéditions destructrices. En Corée, après avoir ecrasé une armée de 300 000 hommes mobilisant tous les Coréens âgés de seize à soixante ans, il fallut dix ans de massacres et les pires exactions pour réduire guérillas et résistance nationale.
Après l’effondrement en 1234 de la dynastie des Kin, en Chine du Nord, ravagée par la famine et la peste qui fit plus de un million de morts, les Mongols se lancent à l’assaut du sud, l’empire des Song, le plus peuplé de la planète, berceau du nationalisme et de la culture chinois. Il leur fallut des décennies pour réduire une à une, avec leurs méthodes habituelles, la multitude des grandes cités, unifier toute la Chine sous leur poigne de fer et y fonder la dynastie des Yuan, qui se maintint moins d’un siècle (1279-1367).
Sans jamais être acceptée par un peuple qui, bien que réduit de 100 à 60 millions d’habitants en soixante-quinze ans de guerre, resta en constante rébellion. Jusqu’à ce que l’une d’elles, partie du sud, sous la conduite d’un petit moine défroqué gardien de troupeaux, Zhu Yuanzhang, les en chasse, après des années de guérillas sanglantes. Se proclamant empereur, il fondait pour trois siècles la dynastie des Ming, qu’il inaugura par trente ans de l’un des règnes les plus tyranniques et sanglants de l’histoire chinoise.
Les gengiskhanaïdes, empêtrés dans leurs perpétuelles querelles, trahisons et meurtres dynastiques, étaient en pleine décadence lorsque déferlèrent sur l’Asie, à partir de 1370, les hordes de cavaliers nomades turcs de Timor Leng, Timour le boiteux, Tamerlan [e], nouveau cavalier de l’apocalypse, dans la foulée d’un autre fléau qui venait de le précéder : la grande peste. Parties des steppes au nord de la Crimée en 1347, elles avaient gagné par la mer Noire tout le Bassin méditerranéen, Byzance, la Syrie, l’Égypte, l’Afrique du Nord, l’Europe occidentale, Espagne, Italie, France, en pleine guerre de Cent Ans… En deux ans, entre un tiers et la moitié des populations touchées disparut.
Empire timouride — Wikipédia
Empire timouride
En trente-cinq ans, Tamerlan, grand maître en fourberies et trahisons, arriva à des résultats comparables, surpassant dans les tueries et les dévastations les Mongols, dont il se prétendait le descendant. Même si les musulmans — ce n’étaient sans doute pas les bons — furent ses plus nombreuses victimes, par millions. Tour à tour, l’Iran, le Caucase et la Russie, l’Inde, la Syrie, l’Empire ottoman de Bajazet (« Un petit prince comme toi peut-il se mesurer avec nous ? ») furent méthodiquement ravagés : populations massacrées, villes incendiées, campagnes, cultures, irrigations désertifiées. Sans aucun souci d’occuper ni d’exploiter les territoires conquis. Seulement détruire après un combat mortel entre nomades et sédentaires, cavaliers et fantassins. Mais « que peut un troupeau de poulains et de génisses contre des tigres et une bande de loups ? ».
Et les timourides utilisent contre les populations civiles les mêmes méthodes que les Mongols. Les uns et les autres n’ont-ils pas reçu la mission divine d’établir, par la guerre, la paix universelle sous leur seule autorité ? [f]
On traîne derrière soi des dizaines de milliers de captifs, vendus comme du bétail aux marchands d’esclaves, massacrés à l’occasion quand ils deviennent trop encombrants (100.000 d’un coup aux portes de Delhi par Tamerlan), ou utilisés à grande échelle comme boucliers humains sacrifiés. Poussés désarmés à l’avant des troupes pour subir le premier choc de l’ennemi ou à l’assaut des murailles des villes assiégées, par vagues successives, passant les unes sur les corps des autres. On déporte par dizaines de milliers, artisans, femmes et jeunes garçons qui font partie du butin dans d’interminables marches de la mort jonchées de cadavres. Et l’on répand ainsi partout une terreur indicible, enflée de mille rumeurs que les envahisseurs entretiennent, sur leur bestialité, leur invincibilité, leur absence totale d’humanité, jusqu’à annihiler toute volonté de résistance. « Un jour raconte l’historien Ibn al-Athir, un cavalier mongol entra seul dans un village et se mit à occire tous les habitants les uns après les autres, sans que nul ne songeât à se défendre. Un autre jour, un Mongol désarmé fit coucher par terre un individu qui s’était rendu à lui, lui interdit de bouger, alla chercher un sabre et le tua (8).  »
Faut-il réciter à nouveau la litanie des massacres des « hommes et femmes, jeunes et vieux, depuis les vieillards de cent ans jusqu’aux enfants au berceau », les semaines d’orgies dans les villes pillées, puis incendiées, les butins « d’or, d’argent, de rubis et de perles, de jeunes garçons et filles tous d’une grande beauté » à Hérat, Sebzewar, Zarendj, Khandahar, Chiraz, Ispahan, Bagdad, Moscou, Vladimir, Mojaïsk, Astrakhan, Saraï, Lahore, Moultan, Delhi, Alep, Homs, Balbek, Damas, Brousse, Smyrne... ?
Ou s’en tenir aux spécialités timourides, des plus communes : pyramides et tours bâties avec des têtes (90.000 à Bagdad, 70.000 à Ispahan, 100.000 à Delhi, pour les meilleurs scores...) ; aux plus ciblées sur les infidèles — milliers d’hindous écorchés vifs, chrétiens aux pieds et mains coupés avant la décapitation, enterrés vivants (4.000 Arméniens en Anatolie), brûlés vifs dans leurs églises.
On voudrait se persuader que toutes ces abominations n’ont pu être commises que par des peuples barbares et primitifs d’un autre temps. Ce serait d’abord oublier qu’à l’époque des invasions gengiskhanides, les très chrétiens et preux chevaliers des croisades ne se comportaient pas différemment. Le bon Richard Cœur de Lion, par exemple, vrai héros de bande dessinée de notre imagerie populaire, ne répugnait pas à faire porter à son cheval un collier de têtes ennemies, et supervisa sans broncher, à Acre, le massacre de 5.000 prisonniers sarrasins, qu’il fit décapiter en violation des engagements pris.
Ce serait surtout fermer les yeux sur le fait que toute la chrétienté européenne n’allait pas tarder à prendre le relais, avec des méthodes et des résultats aussi terrifiants. Du XVIe au XXe siècles, tout en se déchirant dans d’inexpiables guerres de religion, dynastiques et nationalistes, elle allait ravager l’ensemble de la planète, massacrer, déporter, réduire en esclavage, soumettre et exploiter les peuples, en Amérique, Afrique, Asie et Océanie. Mission et fardeau de l’homme blanc, au nom de Dieu et de la civilisation.
Par Christian de Brie
Journaliste.
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/76/BRIE/56235
(1Eric J. Hobsbawm, L’Age des extrêmes, Editions Complexe — Le Monde diplomatique, Paris, 1999.
(2Gaston Bouthoul, Les Guerres, éléments de polémologie, Payot, Paris, 1951.
(3Au moins jusqu’au milieu du XIXe siècle, avant que la poussée démographique et l’exode rural ne la réduise à 50 % à la fin du millénaire.
(43 millions de morts en Corée de 1950 à 1953, 3,5 millions en Indochine-Vietnam de 1945 à 1975, 2 millions en Algérie de 1954 à 1962.
(5Environ 10 milliards de personnes ont vécu au XXe siècle.
(6Voir en particulier le « Deutéronome ».
(7Sur cette période, on peut lire : René Grousset, L’Empire des steppes, Payot, Paris, rééd. 2001 ; et Jean-Paul Roux, Histoire de l’empire mongol, Fayard, Paris, 1993.
(8Cité par Jean-Paul Roux, op. cit.
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NOTES de H. Genséric
[a]  La religion juive permet l'usure, qui est interdite aux chrétiens (car le temps n'appartient qu'à Dieu). Ainsi, depuis la nuit des temps, « le juif » deviendra progressivement « l'usurier », et toute personne vivant dans la misère ou la précarité pourra, sa vie durant, l'associer à son malheur, et y voir la cause de sa ruine en même temps que l'incarnation du péché.
[b] Les crânes d'Algériens, trophées de la colonisation française, rentrent au pays
[c] L'armée française reprendra ces sinistres méthodes lors de sa conquête coloniale de l'Algérie  : FRANCE : des primes pour "décapitations d'indigènes". 
Voici ce qu'écrivait un observateur français de l'époque :
« … Un plein baril d’oreilles… Les oreilles indigènes valurent longtemps dix francs la paire et leurs femmes, demeurèrent comme eux d’ailleurs, un gibier parfait » (1). C’est en ces termes choisis qu’un général français racontait les exploits de ses troupes pendant la guerre de conquête de l’Algérie (2).
 «… Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge, ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances… ».

4 commentaires:

  1. Durer : le programme de la caste dirigeante mondiale, à travers l’opération préliminaire dite « Covide », ou faire le vide par le virus. Communication de Michel Dakar, Villequier France, le 5 juillet 2020.
    http://aredam.net/durer.html

    Documentation :
    1984 d’Abner Dean (Epstein).
    Pour info :
    http://aredam.net/life-in-orwells-1984.pdf

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  2. Réponses
    1. Propagande islamo-gauchiste

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    2. Tiens, Christian de Brie est un islamiste gauchiste ? C'est la première fois que j'entends parler de cette nouvelle catégorie d'islamistes.

      https://www.monde-diplomatique.fr/mav/76/BRIE/56235

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