Alger va
récupérer les restes de 24 combattants algériens tués au 19e siècle lors de la
guerre de colonisation française, a annoncé le président Abdelmadjid Tebboune,
lors d'une cérémonie militaire. Il y aurait encore des centaines de crânes de martyrs algériens stockés au Musée en France.
Ce n'est pas uniquement le "scalp" que les "valeureux" soldats français exhibent comme signe de victoire, mais toute la tête des "sauvages Arabes" qui ose défendre son pays, sa famille et sa terre |
Photos souvenirs d'Algérie (Armée française) |
"D'ici
quelques heures, des avions militaires algériens en provenance de France vont
se poser à l'aéroport international Houari Boumediène avec les dépouilles de 24
chefs de la Résistance populaire et de leurs compagnons", a indiqué le
président algérien, au cours d'une cérémonie de remise de grades et de
médailles à des officiers de l'Armée nationale populaire (ANP).
Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, et Ahmed Bouziane dont les crânes seront rapatriés, avec 22 autres, vendredi de France, sont deux icônes de la résistance populaire contre l'occupation française. Source |
Parmi ces
combattants, figure notamment cheikh Bouziane, le chef de la révolte de Zaâtcha
(est de l'Algérie) en 1849. Capturé par les Français, il avait été fusillé
puis décapité. [1]
Sont également
cités les noms de Bou Amar Ben Kedida et Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui,
tous considérés comme des martyrs des premiers temps de la résistance à la
colonisation française.
Ces restes
mortuaires -- des crânes, plusieurs dizaines au total -- étaient conservés dans
les collections du Muséum national d'histoire naturelle. Lors d'une visite à
Alger le 6 décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s'était engagé
à restituer ces restes humains algériens.
Déjà en 2016
une pétition (*) demandait la restitution à Alger des crânes des insurgés de
Zaatcha, entreposés dans les sous-sols du musée de l’Homme, à Paris. Voilà ce
qu'écrivait alors notre journaliste Rosa Moussaoui.
Ils sont
numérotés, entreposés dans des boîtes, dans les armoires métalliques de quelque
obscur sous-sol du musée de l’Homme, à Paris. Les crânes des résistants algériens
tués, puis décapités en 1849, lors de la célèbre bataille de Zaatcha, furent longtemps exposés comme
des trophées de guerre !!, avant d’être remisés dans les
collections du Muséum d’histoire naturelle. L’historien et anthropologue Ali
Belkadi a retrouvé la trace de ces restes mortuaires en 2011. Aussitôt, le
chercheur alertait les autorités algériennes. Une première pétition était
lancée pour demander la restitution de ces têtes, dont celles des chefs de
l’insurrection des Zibans. Bou Amar Ben Kedida, crâne n° 5943 dans les
registres du Muséum. Boubaghla, crâne n° 5940. Mokhtar Al Titraoui, crâne n°
5944. Cheikh Bouziane, crâne n° 5941. Si Moussa Al Darkaoui, crâne n° 5942.
Aïssa Al Hamadi, lieutenant de Boubaghla, tête momifiée n° 5939. D’Alger,
aucune réponse n’est venue. Quant à la pétition, elle n’a reçu, à l’époque, que
peu d’écho. « Personne ne s’en est vraiment préoccupé. S’agissant de l’histoire
coloniale, l’oubli est une caractéristique partagée, des deux côtés de la
Méditerranée. Mais, depuis, cette histoire nous hante. C’est la raison pour
laquelle nous avons relancé une pétition en ligne (*), qui compte aujourd’hui 1.650
signataires », relate l’écrivain et journaliste Brahim Senouci, à l’origine de
l’initiative.
Des scènes d’horreur accompagnent la défaite
indigène
Épisode oublié
de la conquête coloniale, la bataille de Zaatcha témoigne pourtant de la
résistance farouche que "les indigènes" opposèrent aux troupes
françaises. Résistance à laquelle répondit une répression barbare. « Lors
de la reddition d’Abd El Kader, en décembre 1847, les Français crurent que c’en
était fini des combats en Algérie. Mais, alors que le danger était surtout à
l’ouest, il réapparaît dès 1849 à l’est, dans le Sud constantinois, près de
Biskra. Là, un moqaddem, Ahmed Bouziane, dit le cheikh Bouziane, leva
des troupes et se retrancha dans l’oasis de Zaatcha. L’armée française, envoyée
en hâte, subit un premier revers le 17 juillet 1849 et entama alors un siège,
qui ne s’acheva que le 26 novembre, après un très violent combat. La répression
qui s’ensuivit fut impitoyable », résume Alain
Ruscio, historien de la colonisation. Dernier capturé, le cheikh Bouziane est fusillé,
ses fidèles, sa famille sont sauvagement massacrés, comme le reste de la population.
« Un aveugle et quelques femmes
furent seuls épargnés », se flatte le général Herbillon dans un rapport daté du
26 novembre 1849.
Un témoin de
l’époque, Louis de Baudicour (**), décrit les scènes d’horreur qui
accompagnent la défaite indigène. « Les
zouaves, dans l’enivrement de leur victoire, se précipitaient avec fureur sur
les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir. Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une
pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques
instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit
enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille. »
Après leur
exécution, les chefs de l’insurrection sont décapités. Leurs têtes, plantées au
bout de piques ou de baïonnettes, sont exhibées en signe de victoire. « Pour
qu’il ne restât aucun doute aux Arabes sur le sort justement mérité des
principaux fauteurs de l’insurrection, leurs têtes furent exposées dans le camp
de M. le général Herbillon », rapporte le Moniteur algérien dans son
édition du 30 novembre 1849.
Une volonté d’apaisement ?
Le rapatriement des crânes des
combattants algériens constitue une des principales revendications de l’État algérien sur la
question de la mémoire. Par ailleurs, le
Président Tebboune, a fait savoir que les restes mortuaires d’autres Résistants
seront rapatriés à l’avenir. Le processus se poursuivra jusqu’à son terme;
a-t-il confié.
Toutefois, mise à part la question
de la restitution des crânes des résistants algériens; le dossier de la mémoire
comprend aussi les archives, les disparus durant la Guerre de Libération; mais
aussi l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le
Sahara algérien.
(*) Pétition publiée sur le site change.org
(**) La guerre
et le gouvernement de l’Algérie, Louis de Baudicour, 1853.
NOTES
« … Un
plein baril d’oreilles… Les oreilles indigènes valurent longtemps dix francs la paire et leurs
femmes, demeurèrent comme eux d’ailleurs, un gibier parfait… » (1). C’est en ces termes choisis qu’un général
français racontait les exploits de ses troupes pendant la guerre de conquête de
l’Algérie .
«… Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge,
ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers
portaient des têtes au bout de leurs lances… ».
Plus
d'infos »
Peu de gens le savent, les
Algériens avant la colonisation française étaient nettement plus
instruits que les colonisateurs français qui vont venir les massacrer et
occuper leurs terres. Pour comprendre cette réalité historique passée
sous silence durant des décennies, nous republions aujourd’hui des
extraits d’un livre très important, mais méconnu en Algérie, écrit par
un historien français qui avait révélé des vérités historiques gênantes
et cruciales pour la compréhension des dégâts du colonialisme en
Algérie.
Hannibal GENSÉRIC
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