La grande pelea, le combat
final, a peut-être commencé au Venezuela. Le pion de Washington, et
accessoirement leader de l'opposition, vient de s'y auto-proclamer
"président par intérim", immédiatement reconnu par les États-Unis.
Plus besoin d'élections désormais, c'est si pratique : les eurocrates en savent
d'ailleurs quelque chose... Toute ressemblance avec un événement ou une
situation existant ou ayant existé ne saurait être que fortuite, nous
assurerait la CIA cinématographique, et seules les langues les plus mauvaises
ou les esprits les plus taquins pourraient être tentés de dresser un parallèle
avec un certain coup d’État il y a cinq ans, quelque part dans les grandes
plaines (au hasard, l'Ukraine, la Tunisie, l’Égypte,...).
On sait que, dès 2002, Washington avait tenté de renverser Hugo
Chavez qui, quoique mauvais gestionnaire, était un opposant infatigable aux
menées impériales. Quand son fils spirituel, Maduro, a proposé de rejoindre la triade pétrole-yuan-or
et de ne plus vendre en dollars son précieux naphte, dont le Venezuela a
peut-être les plus grandes réserves, c'en était trop pour l'oncle Sam.
Changement de régime en vue, profitant au passage de la situation réellement
catastrophique de l'économie du pays.
Sur le terrain, les manifestations
succèdent aux contre-manifestations, les partisans de chaque camp devenant de
plus en plus violents. On déplore déjà des morts et le mouvement ne peut que
s'amplifier. L'hypothèse d'une guerre civile n'est pas à écarter, tant est polarisée
la société vénézuélienne. L'armée a assuré Maduro de son soutien et, pour que l'opposition
puisse espérer prendre le pouvoir, elle doit recevoir une aide extérieure.
Tiens, ça aussi, ça rappelle quelque chose...
Une première étape en guise
d'amuse-gueule serait d'organiser un false flag sur
l'ambassade US de Caracas. Alors que Maduro a décidé la rupture des
relations diplomatiques, le Pompée du Département d'Etat veut la jouer
fine et refuse l'expulsion des diplomates américains sous prétexte
que l'actuel président vénézuélien n'aurait plus l'autorité légale de prendre
cette décision. D'ici à ce qu'une fausse attaque ait lieu contre l'ambassade en
question...
Cela ouvrirait la voie à d'énièmes
sanctions. Washington
(et Londres) ont gelé des milliards de dollars d'avoirs vénézuéliens ces
dernières années. L'opposition pourrait profiter de cette manne pour
s'armer et/ou engager des mercenaires. Poreuses sont les frontières avec la
Colombie et le Brésil, tous deux clairement dans le camp impérial. Tonton Sam vient déjà de proposer un premier chèque de 20 millions
d'aide humanitaire (défense de rire) à l'opposition, qu'il considère maintenant
officiellement comme le représentant légal du pays. On sait depuis l'Afghanistan il y a 40 ans que
l'aide humanitaire US prend souvent une curieuse forme et les médicaments ont
tendance à être remplacés par les balles, mais il est vrai que leur
ressemblance peut prêter à confusion...
Ce petit plan vient de loin et
plante ses racines dans le terreau du Deep State, Trump ne
faisant qu'entériner la chose. Parmi les principaux promoteurs du regime
change, on retrouve le sénateur Marco Rubio, digne successeur de McCainistan et
candidat malheureux à la primaire Républicaine face au Donald. On a déjà
eu l'occasion de croiser ce (vrai)
fau-con, notamment derrière la cabale contre Trump interdisant tout
rapprochement avec la Russie. A-t-on assisté à un nouveau coup de pression de
l'Etat profond sur l'occupant de la Maison Blanche, quelque chose du genre Tu
reconnais officiellement notre pion au Venezuela et on te laisse un peu de
répit ? Pas impossible, même si le Donald n'a jamais caché son
antipathie pour Maduro, ce, bien avant l'affaire qui nous occupe.
Parmi les multiples interrogations
sur l'avenir, il en est une qui concerne le pétrole. Le vrai-faux-néo président
auto-proclamé sait parler à ses maîtres et promet de passer une nouvelle législation pétrolière
qui, on le devine, sera favorable aux intérêts entendus des gros ventres de
Wall Street. L'intérimaire promet aussi, et là nous entrons pleinement dans le
Grand jeu, de changer la direction de Citgo. Ce nom n'est pas inconnu du
fidèle lecteur de nos Chroniques :
Depuis quelques mois, la grande
sitcom s'appelle Citgo. Cette compagnie pétrolière possédant oléoducs et
raffineries aux États-Unis pourrait tomber dans l'escarcelle de... Rosneft !
Pour résumer l'imbroglio, Citgo est détenue par Petroleos de
Venezuela qui devait rembourser un emprunt à Rosneft. Vu la situation au
pays de Maduro, c'est pour le moins compromis et le géant russe a
maintenant le droit légal de mettre la main sur la filiale américaine.
Inutile de dire que les sénateurs US
sont paniqués, Rubio en tête : " Nous sommes extrêmement
inquiets du contrôle de Citgo par Rosneft qui pourrait représenter une grave
menace pour la sécurité énergétique américaine et rendre vulnérables des
infrastructures critiques de notre pays."
On n'est pas étonné de retrouver,
déjà, le sénateur Rubio dans cette histoire... En reconnaissant les
nouvelles "autorités" vénézuéliennes, les Américains ne vont-il pas
tout simplement faire main basse sur Citgo ? Un vol pur et simple qui
diminuerait encore les rentrées d'argent de Maduro et annulerait la
créance de Rosneft ?
Ce qui nous amène à la Russie. Sans
surprise, Moscou refuse de reconnaître le coup de force et continue d'appuyer Maduro. Lavrov n'y va pas par quatre chemins : « Le comportement de Etats-Unis au
Venezuela est une nouvelle démonstration de leur mépris total des normes et
principes du droit international. L'ingérence étrangère destructrice est inacceptable
et est une voie directe vers l'arbitraire et le bain de sang ». Il a
également appelé les leaders de l'opposition à ne pas « devenir des
pions dans le jeu d'échec de quelqu'un d'autre ». Plus malicieux, Medvedev moque Washington : « Comment les
Américains réagiraient si l'actuel shutdown poussait le président de la Chambre
des Représentants à se désigner lui-même comme nouveau président ? »
Et, après la visite des Tupolev 160
en décembre, l'on repense plus que jamais à la possible installation d'une base militaire russe sous les
tropiques afin, entre autres, de sanctuariser le Venezuela contre une
éventuelle agression américaine :
La Russie souhaiterait
ouvrir une base de bombardiers au Venezuela
RFI
La récente visite au Venezuela de
bombardiers stratégiques russes cache-t-elle un plan visant à établir une base
russe permanente dans le pays ? Selon la presse russe, des projets en ce
sens seraient en discussion entre Moscou et Caracas et l'armée russe se
préparerait à une présence militaire de long terme en Amérique centrale. Elle
pourrait même baser des bombardiers Tupolev à seulement 2.000 kilomètres
du territoire américain, notamment sur une île parfaitement située, au large du
Venezuela : une première depuis la crise des missiles à Cuba, en 1962.
Pour la Russie, l'île de La Orchila
pourrait constituer une base avancée comparable aux bases américaines de Guam
dans le Pacifique ou de Diego Garcia dans l'océan indien. Des sources
politico-militaires, citées par la presse russe, assurent que Moscou aurait
pris sa décision et que le gouvernement vénézuélien ne s'y serait pas opposé.
L'île de La Orchila accueille déjà
une garnison vénézuélienne et dispose d'une piste d'atterrissage de 3.000
mètres, mais il faudra encore effectuer des aménagements importants pour en
faire une véritable base stratégique.
Jusqu'alors, les Tupolev 160
russes faisaient escale sur l'aéroport civil de Maiquetía, près de Caracas,
quand ils se déployaient au Venezuela. Mais la presse russe fait remarquer que
« baser des bombardiers à capacité nucléaire sur un aéroport civil n'est
pas la meilleure option ».
De l'île de La Orchila, ces
Tupolev 160 pourraient effectuer des patrouilles au-dessus des Caraïbes
sans avoir besoin d'avions ravitailleurs, ce qui est « économiquement
raisonnable » fait-on enfin remarquer à Moscou. Équipés de missiles, ces
appareils russes capables de voler deux fois plus vite que la vitesse du son
pourraient en principe atteindre la quasi-totalité du territoire des
États-Unis.
Du point de vue de la Russie, positionner
des bombardiers aussi près des côtes américaines constituerait un moyen de
pression en cas de retrait de Washington du traité sur les armes nucléaires de
portée intermédiaire (INF) en Europe.
Outre la Russie, la Chine,
autre allié de Caracas, s'élève contre l'ingérence américaine ainsi que la Turquie, où Erdogan se dit "choqué par
l'attitude de Trump". L'année dernière, nous avions déjà vu que le sultan avait ouvertement soutenu Maduro
en bisbilles avec Washington. Parmi les autres soutiens, l'Iran, le Mexique
(!), Cuba, la Bolivie, la Syrie... Quant à l'Inde, qui devrait bénéficier avec la Chine du reroutage du pétrole
vénézuélien, elle reste pour l'instant prudente.
Terminons sur notre petit
micro-ondes de l'Élysée qui, courageusement sans courage, suit son maître
américain et soutient à mots couverts la tentative de putsch. A la peine
face aux continuelles manifestations des Gilets Jaunes, ayant signé sous les
huées le traité d'Aix-la-Chapelle sans consulter personne, il
salue sans rire "le courage des manifestants vénézuéliens pour la
démocratie". Fais ce que je dis, ne fais pas
ce que je fais... Il y a bien longtemps que les
euronouilles vassales de l'empire ont fait leur cet adage.
Publié le 24 Janvier
2019 par Observatus
geopoliticus
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Washington utilise le même scénario au Venezuela qu'en Syrie et en
Libye
Les États-Unis
ont sapé toute action de paix et tout dialogue entre l'opposition et le
gouvernement vénézuélien, a déclaré l'analyste cubain Jorge Legañoa,
commentant la crise politique actuelle au Venezuela.
L'analyste a
rappelé que le président vénézuélien Nicolás Maduro avait dénoncé ces
actes et même déclaré l'expulsion du personnel diplomatique américain du pays.
"Cette
décision est évidemment très difficile et, même dans les moments les plus
difficiles de Chavez, cela n'a pas été le cas - les relations diplomatiques ont
été complètement brisées", a-t-il déclaré.
Legañoa a
rappelé qu'en avril, lors du VIIIe Sommet des Amériques à Lima, le
vice-président américain Mike Pence avait offert un financement aux pays
d'Amérique latine accueillant les exilés vénézuéliens.
«Les États-Unis ont utilisé les exilés
pour provoquer une crise politique à laquelle le gouvernement vénézuélien a
répondu. Nous avons vu comment les Vénézuéliens sont revenus dans leur pays au
cours des dernières semaines et des derniers mois », a déclaré
l'expert.
Mais
l'administration Trump continua d'alimenter le feu et, le 23 janvier, en
plus d'encourager la marche contre Maduro, Trump reconnut Guaidó
comme président du Venezuela.
«Outre le
symbolisme, l’auto-proclamation de Guaido était un acte inconstitutionnel»,
a déclaré Legañoa. "La Constitution vénézuélienne indique très
clairement qu'en toute circonstance, vous n'êtes assermenté à la présidence de
l'Assemblée nationale du pays ou devant la Cour suprême du pays",
a-t-il expliqué.
Pour l'expert,
il s'agit du même scénario que celui utilisé lors de l'intervention militaire illégale
en Libye en 2011, à laquelle ont surtout participé les troupes américaines et
françaises. Ces dernières sont reparties en emportant tout l’or de la Banque
Centrale libyenne. Cette invasion a renversé le dirigeant libyen Mouammar
Kadhafi, qui a été battu, sodomisé et tué par un groupe de djihadistes, agents
de l’Occident, et a plongé le pays dans une guerre civile qui continue de nos
jours.
VOIR AUSSI :
Hannibal GENSÉRIC
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