Chers lecteurs, chers amis,
cette nouvelle année, que je vous
souhaite excellente, commence sur les chapeaux de roue et nous promet de
très belles surprises géopolitiques. Le Grand jeu a ceci de féerique
qu'en plus d'être fondamental pour la compréhension du monde, il nous
scotche sur nos fauteuils comme le ferait le meilleur Hitchcock...
A tout saigneur tout honneur, l'Empire est toujours pris dans les insondables remous provoqués, on le sait, par l'élection de Trump il y a deux ans. Ceux qui pensaient que le Donald se rangerait sagement derrière les injonctions du Deep State en sont pour leurs frais. Pas étonnant que le sinistre McCainistan ait été derrière - c'est officiel
maintenant - le dossier Steele, intox assez lamentable laissant
entendre que les Russes avaient des informations compromettantes sur le
nouveau président américain.
Tout était bon pour saboter sa
présidence mais la bête résiste, dans son style caractéristique et
inclassable, mêlant certains éléments propres à satisfaire le parti de
la guerre et d'autres qui lui font littéralement s'arracher les cheveux.
Sa dernière interview a encore fait perler quelques gouttes de sueurs au front des stratèges US et autres clients de l'Empire, qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Ce
qu'il dit en soi n'apprendra certes rien aux observateurs et il ne peut
s'empêcher quelques petits moments de gloriole infantiles - non,
Donald, l'Iran n'a pas changé depuis que tu es arrivé au pouvoir et
Téhéran ne retire pas ses conseillers spéciaux/milices du Moyen-Orient
pour faire face à la contestation intérieure...
Mais certaines admissions, certains
commentaires pertinents, sont remarquables dans la bouche d'un président
américain devant les caméras de télévision. Petit florilège.
En Afghanistan, l'URSS a eu raison d'intervenir dans les années 80 pour contrer les djihadistes [soutenus par Washington, ndlr]. Les Américains y sont depuis 19 ans, dépensant une fortune sans résultat. Les Talibans sont plus forts que jamais [aucune surprise pour le fidèle lecteur] et ils se battent contre l'EI ; laissons nos ennemis se battre entre eux, il serait stupide d'intervenir.
Ce qu'il ne dit pas, c'est que les Américains multiplient les pourparlers avec les Talibans, à Abu Dhabi il y a quelques jours, au Qatar
prochainement, alors même qu'ils en accusaient les Russes il y a
quelques mois encore. Sur le terrain, les "étudiants en théologie" ont mis la main sur un nouveau district et la carte du pays n'est guère rassurante pour le gouvernement central :
Avec sa décision de retrait partiel d'Afghanistan, le Donald ne fait qu'entériner la défaite programmée des États-Unis. Le Royaume de l'insolence, tombeau des empires, a encore frappé !
Sur la Syrie, il est tout aussi clair : La
Syrie a été perdue il y a longtemps par Obama. Ce n'est que sable et
mort, il n'y a même aucune richesse et nous n'avons rien à y faire. Je
ne sais pas d'où sort l'échéance de quatre mois ; je n'ai jamais dit que
le retrait se ferait en un jour, il sera progressif, mais il se fera.
Nous allons faire en sorte que les Kurdes soient protégés même s'ils ont
vendu du pétrole à l'Iran [??]. Les Iraniens, les Russes et Assad détestent encore plus Daech que nous [la presstituée en a avalé son stylo de travers], ne faisons pas le travail à leur place.
Si Israël pensait être rassurée
sur les intentions US en dépit du retrait, la dernière sortie de Trump a
dû rallumer quelques alarmes. D'autant plus que, outre ses paroles
assez ambiguës sur l'Iran, il a prononcé une phrase plus qu'étrange et
quelque peu hors contexte : "Franchement, ils peuvent faire ce qu'ils veulent en Syrie".
Crise de nerfs à Tel-Aviv.
Nous assistons peut-être d'ailleurs à un divorce entre le Donald et le lobby pro-israélien [1], ce dernier tournant ingratement le dos au président américain qui a pourtant, historiquement, été le plus favorable à Israël...
Mais revenons en Syrie. Chat échaudé
craint l'eau froide. Le félin en question, ce sont les Kurdes qui, ne
sachant plus quoi attendre des États-Unis, continuent leurs négociations avec Damas. Les mots de la porte-parole kurde sont intéressants : "Les FDS ne tiennent plus compte de la présence ou absence américaine en Syrie". Propos confirmés par un autre officiel du Rojava. De quoi faire se retourner dans sa future tombe le néo-con Lindsay Graham, pour qui un rapprochement Assad-Kurdes serait "un désastre majeur".
A Idlib, c'est le chaos et cette carte en donne une bonne idée :
La guerre civile inter-barbus a éclaté et cette fois, elle semble partie pour durer. HTS (Al-Qaïda pour les intimes) a lancé une attaque en règle contre al-Zinki qui, avec ses alliés pro-Turcs, a répliqué. Dans l'affaire, il y aurait une cinquantaine de morts de chaque côté et HTS occuperait même un poste d'observation turc.
Le sultan, justement, n'est peut-être
finalement pas mécontent de la soudaine flambée de violence. Ne sachant
plus trop quoi faire de ses barbus après le report sine die de
l'offensive prévue contre les Kurdes, il peut toujours les lancer contre
Al-Qaïda afin de respecter enfin la promesse faite aux Russes d'en
finir avec l'Idlibistan.
A Moscou, on boit du petit lait. Les Kurdes continuent leurs avances à Damas, les soldats syriens et américains commencent à se côtoyer sans anicroches à Manbij, les djihadistes d'Idlib s'entretuent, qui s'ajouteront aux 23 000 déjà dégommés en 2018...
Ça n'empêche pas le Kremlin de passer la vitesse supérieure. Et nous ne parlons pas ici de l'inarrêtable missile hypersonique Avangard, qui vole à Mach 20 et devant lequel l'empire n'a aucun moyen de défense [2]. Dans le bras de fer engagé avec Washington, Moscou a inculpé un Américain, Paul Wheelan, d'espionnage deux jours après son arrestation.
Certains ne manquent évidemment pas d'y
voir une monnaie d'échange pour faire libérer Maria Butina. Mais il se
pourrait que l'accusation soit bien réelle. Les deux faits n'ont peut-être aucun lien mais Wikileaks a révélé
il y a peu que les ambassades américaines à travers le monde étaient en
train d'accumuler équipement d'espionnage et logiciels de hacker. A
suivre...
Quant au Nord Stream II, la pose des tubes a commencé dans les eaux territoriales suédoises. Là encore, le fidèle lecteur aura été prévenu. Washington ne peut rien y faire et c'est d'ailleurs ce qu'a déclaré il y a quelques jours la Commission de Bruxelles, pourtant connue pour son masochisme et sa sainte horreur du gaz russe dont elle a néanmoins plus que jamais besoin.
Publié le 3 Janvier 2019
par
Observatus geopoliticus
[2] Panique en Amérique. Le nouveau missile hypersonique nucléaire russe Avangard secoue le Pentagone
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