dimanche 27 septembre 2015

Cinéma. La France fait semblant de frapper Daech en Syrie

La France a donc commencé ses frappes aériennes contre les bastions de Daech en Syrie. Malgré la sémantique qui l'enveloppe, cette affirmation qui a fiévreusement crépité sur les fils de agences et des urgents des smartphones, semble avoir plus une portée politique que réellement militaire. Et pour cause. La plus grande puissance du monde, la mieux armée, celle qui a les meilleures capacités de détection et de localisation, l'armée américaine, bombarde déjà Daech en Syrie depuis de longs mois dans que cela n'arrête ni sa progression ni casse son ossature.Les experts en la matière l'ont déjà abondamment commenté. Ce n'est pas quelques frappes militaires françaises dont les cibles dépendent en partie des informations fournies par l'armée américaine qui vont changer quoi que ce soit à la géographie militaire de la région. Et même si La France tient à préciser que ses attaques se sont faites " dans le respect de (son) autonomie d’action, en coordination avec (ses) partenaires de la coalition", la grande utilité militaire d'une telle action ne semble pas s'imposer comme une grande évidence.
Par contre le message politique d'un tel tournant est limpide. La France s'abstenait de frapper Daech en Syrie sous prétexte de ne pas faire de cadeau au régime syrien. Et par un jeu d'illusion d'optique, elle partageait la même haine à l'encontre de Bachar El Assad que celle de ses opposants les plus farouches. Situation intenable qui faisait dire aux amis internationaux du président syrien que sans le vouloir, la politique française faisant incontestablement le jeu de Daech en Syrie.

Cette donne a beaucoup changé ces derniers temps. Le régime de Bachar Al Assad, jadis
infréquentable, fait partie aujourd'hui de la solution proposée pour sortir de la crise. Américains, Allemands, Turcs aujourd'hui, sans oublier les Espagnoles et les Italiens hier , ne jurent que par le dialogue avec Bachar El Assad, la seule option capable de casser la dynamique déstabilisatrice lancée par Daech. Ce qui donne cette énorme impression de conversion généralisée à la religion russe en la matière qui avait toujours considéré le régime syrien comme un rempart contre la progression de l'organisation de l’État islamique.
Au milieu de cette grande ruée vers Damas, la France tente de conserver un soupçon d'originalité et une résistance aux sirènes du régime syrien. On le lit clairement dans le communiqué de l'Elysée:" le chaos syrien doit trouver une réponse globale. Les populations civiles doivent être protégées contre toutes les formes de violence, celles de Daech et des autres groupes terroristes, mais aussi contre les bombardements meurtriers de Bachar el Assad." Une manière de prendre acte pour les grandes négociations à venir sur l'avenir de la Syrie.
Par Mustapha Tossa
Dimanche 27 Septembre 2015 - 16:06

La Grande-Bretagne, prête à coopérer avec la Russie contre Daech


Même la Grande Bretagne se rallie à la Russie pour un combat effectif contre DAECH. C’est dire que le vent tourne, sauf pour la France qui en est encore à tenir des discours creux du style, « nous sommes prêts à discuter avec les Etats-Unis, la Russie et l’Iran », tout en larguant quelques bombinettes dans des camps vides, comme pour effacer des traces.

Le porte-parole du Premier ministre britannique a déclaré que son pays était disposé à coopérer avec la Russie contre le groupe terroriste Daech.
« Nous sommes bien conscients du fait que Daech représente autant de menace pour la Russie que pour l’Europe et d’autres pays du monde. Il nous revient donc de trouver un moyen afin de coopérer l’un avec l’autre contre le groupe terroriste Daech », a affirmé le porte-parole du Premier ministre britannique.

La France isolée

Pour la diplomatie française, ce qui se passe autour de la Syrie (arrivée des armées russe et chinoise, coordination avec l'Iran et l'Irak) c’est un échec majeur. Après quatre années de soutien acharné aux Frères Musulmans, bandes islamistes et autres mercenaires équipés et encadrés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, Paris voit toutes ses hypothèses s’effondrer. Son attitude radicalement anti-russe – au point de ne pas livrer les Mistrals – et ses positions extrémistes dans le cadre des négociations avec l’Iran aboutissent à un isolement total de la France.
L’insistance récente de François Hollande à demander la “neutralisation” de Bachar Al-Assad semble être le fruit d’une approche sans lien avec la nouvelle réalité du Proche-Orient. Et démontre au surplus l’incurie d’un gouvernement français placé devant le fait accompli.
Alors que l’Allemagne semble très empressée de saisir l’action russe et chinoise comme un moyen détourné pour en finir avec l’interventionnisme américain dans la région, Paris refuse toujours d’acter de l’échec de son alliance avec les islamistes et leurs soutiens régionaux.
Aussi, nul n’est dupe sur l’annonce du bombardement par l’aviation française de cibles de l’Etat Islamique en Syrie : il s’agit de prendre le train en marche et de mitiger, dans l’opinion publique hexagonale, le désastre diplomatique précité.

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