«...Essayez
d'imaginer ce qui est arrivé à l'Amérique pour que des professeurs de droit de
Harvard et Berkeley créent des justifications légales à la torture et à
l'assassinat extra-judiciaire, et que les présidents américains se livrent à
ces crimes odieux. Il est clair que l'Amérique est exceptionnelle dans son
immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son
document fondateur...
Barron,
Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d'une nouvelle espèce :
les non-humains fécondés par le ventre immonde de l'environnement
toxique américain fait d'arrogance, d'orgueil, et de paranoïa.»
Paul Craig Roberts
Paul Craig Roberts
La descente de l’Amérique dans la violence totalitaire
s’accélère. Comme le régime de Bush, le régime Obama a un penchant pour récompenser
les fonctionnaires du Département de la Justice(sic) qui
piétinent partout autour d’eux la Constitution américaine. L’année dernière, le
premier président noir des États-Unis a nommé David Barron au poste de juge à
la Première cour d’appel du circuit de Boston US.
Barron est responsable du mémo
du Département de la Justice(sic) qui a donné l’aval juridique
à Obama pour assassiner un citoyen américain avec un missile tiré
depuis un drone. L’exécution a eu lieu sans accusations présentées à un tribunal,
sans procès ni condamnation. La cible était un homme religieux dont
les sermons ont été considérés comme paranoïaques par le régime d’Obama
car ils auraient encouragé le djihadisme. Apparemment, il n’est jamais
venu à l’idée d’Obama ou du Département de la Justice(sic) que
l’assassinat et le déplacement de millions de musulmans dans sept pays,
par Washington, était tout à fait suffisant pour encourager le djihadisme.
Les sermons étaient redondants et devraient susciter peu indignation,
autre que morale, après des années d’assassinats en masse par Washington
dans la poursuite de son hégémonie au Moyen-Orient.
La confirmation de Barron a heurté certains
républicains, certains démocrates, et l’Union américaine des libertés civiles,
mais le Sénat américain a confirmé Barron par un vote de 53-45 en mai 2014.
Pensez seulement à cela, vous pourriez être jugé, dans l’Amérique de la liberté
et de la démocratie, par un monstre qui a légalisé l’assassinat
extra-judiciaire.
En attendant sa récompense, Barron avait un poste à la
faculté de la Harvard Law School, qui vous dit tout ce que vous devez savoir
sur les écoles de droit. Sa femme s’est présentée pour être gouverneur du
Massachusetts [mais pas élue, NdT]. Les élites sont occupées à plein temps
pour remplacer la loi par leur pouvoir.
L’Amérique a maintenant un juge de cour d’appel, qui
sera sans aucun doute bien soigné pour atteindre la Cour suprême, et qui a créé
le précédent en droit américain que, malgré la Constitution, des citoyens
américains peuvent être exécutés sans procès.
Les facultés de droit ont-elle objecté? Pas David
Cole, professeur de droit à l’université de Georgetown, qui a approuvé
avec enthousiasme le nouveau principe juridique de l’exécution sans procès. Le
professeur Cole s’est lui-même mis sur la liste du Département de la Justice(sic)
pour les possibles nominations judiciaires fédérales en déclarant son
soutien à Barron, qu’il a décrit comme «réfléchi, attentionné, ouvert d’esprit,
et brillant».
Une fois qu’un pays plonge dans le mal, il n’en
ressort pas. Le précédent pour la nomination de Barron par Obama a été la
nomination, par George W. Bush, de Jay Bybee Scott à la Cour d’appel des
États-Unis pour le neuvième circuit. Bybee était le collègue de John Yoo
au Département de la Justice(sic), celui qui a co-rédigé les
notes de service légales justifiant la torture, malgré la loi statutaire
fédérale américaine et le droit international qui interdisent la torture. Tout
le monde savait que la torture était illégale, y compris ceux qui la pratiquent,
mais ces deux monstres ont fourni un passeport juridique
aux praticiens de la torture. Même Pinochet au Chili n’est pas allé aussi
loin.
Bybee et Yoo se sont débarrassés de la torture en
l’appelant techniques d’interrogatoire améliorées. Comme le rapporte
Wikipedia, ces techniques sont considérés comme des actes de torture par
Amnesty International, Human Rights Watch, les experts médicaux qui traitent
les victimes de la torture, des responsables du renseignement, les alliés de
l’Amérique, et même par le Département de la Justice (sic)
.
D’autres se sont opposés au
passeport délivré à la torture par Bybee et Yoo. Il y avait
le Secrétaire d’État Colin Powell, l’avocat général de l’US Navy Alberto
Mora, et même Philip Zelikow, qui a orchestré, pour le régime de Bush, la
dissimulation des événements du 9/11 par la Commission d’enquête.
Après cinq années d’atermoiements, le Bureau de la
responsabilité professionnelle au ministère de la Justice(sic)
a conclu que Bybee et John Yoo son adjoint ont commis une «faute
professionnelle» en fournissant des conseils juridiques qui étaient en
violation avec les lois internationales et fédérales et il a
recommandé que Bybee et Yoo soient renvoyés devant les barreaux des
États où ils exercent pour des mesures disciplinaires et une possible
radiation.
Mais Bybee et Yoo ont été sauvés par un juge(sic)
complaisant du Département de la Justice(sic), David Margolis, qui a
conclu que Bybee et Yoo avaient fait preuve d’un mauvais jugement, mais
n’avaient pas fourni des conseils juridiques à tort.
Donc, aujourd’hui, au lieu d’être radié, Bybee est
bien installé dans un tribunal fédéral juste en dessous de la Cour suprême.
John Yoo enseigne le droit constitutionnel à l’Université de Californie,
Berkeley, Faculté de droit, Boalt Hall.
Essayez d’imaginer ce qui est arrivé à l’Amérique
quand des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des
justifications légales pour la torture et l’assassinat extra-judiciaire, et
quand les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair
que l’Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de
compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur.
Hitler et Staline seraient étonnés de la facilité avec
laquelle le totalitarisme s’est installé dans les institutions
américaines. Maintenant, nous avons un professeur de droit à West Point
qui donne les justifications militaires pour le
meurtre des universitaires et des journalistes américains
qui critiquent la guerre contre le terrorisme et l’État policier, et qui
sont présentés comme une cinquième colonne. C’est aussi là. Quant à l’article du professeur, il est là.
William C. Bradford, ce professeur qui enseigne à
nos futurs officiers militaires qu’ils doivent considérer les Américains
moraux comme des menaces à la sécurité nationale, accuse le journaliste Walter
Cronkite d’être responsable de la déroute lors de l’offensive du
Têt, pendant la guerre du Vietnam, en présentant celle-ci comme
une défaite américaine. Têt était une défaite américaine en ce sens que
l’offensive a prouvé que l’ennemi vaincu était capable d’une offensive
massive contre les forces américaines. L’offensive a réussi dans le sens où
elle a démontré aux Américains que la guerre était loin d’être terminée.
L’implication de l’argument de Bradford est que le journaliste aurait du
être tué pour ses émissions qui ont ajouté aux doutes sur le succès américain.
Le professeur affirme avoir une liste de 40 personnes,
disant la vérité, qui doivent être exterminées, sinon notre pays est
perdu. Ici, nous avons la pleine confession que la politique de Washington
ne peut pas survivre au dévoilement de la vérité.
Je ne suis au courant d’aucune information disant que
le professeur a été censuré ou congédié pour son manque de respect
envers le droit à la liberté d’expression protégé par la
Constitution. Cependant, j’ai vu des rapports de professeurs détruits parce qu’ils
ont critiqué les crimes de guerre d’Israël, ou utilisé un mot ou un terme
interdit par la rectitude politique, ou avaient insuffisamment apprécié
les privilèges des minorités protégées.
Tout ce que cela nous dit est simplement que la
moralité est détournée en agenda égoïste tandis que le mal accable la moralité
de la société.
Bienvenue dans l’Amérique d’aujourd’hui. C’est un pays
où les faits sont réinterprétés comme de la propagande ennemie, un pays dans
lequel les dénonciateurs légalement protégés sont redéfinis comme une cinquième
colonne ou comme agents étrangers destinés à l’extermination, un pays
qui est à l’abri de la critique où tous les crimes sont imputés à
ceux que Washington a l’intention de contrôler.
Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d’une
nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre
immonde de l’environnement toxique américain fait d’arrogance,
d’orgueil, et de paranoïa.
Par Paul Craig Roberts – Le 3 septembre 2015 –
Source counterpunch
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker
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