Il est de retour. Le président russe Vladimir Poutine n'a pas
exclu lundi de frapper Daesh (groupe Etat islamique) en Syrie, en appui
à son allié Bachar al-Assad, et il a accusé ses homologues américain et
français de vouloir décider qui doit diriger ce pays ravagé par la
guerre.
La Syrie monopolise l'Assemblée générale des Nations unies à New York
et a été l'objet lundi d'une confrontation entre Vladimir Poutine et
Barack Obama, qui se sont entretenus pendant une heure et demie au siège
de l'organisation internationale.
Le président russe s'est également payé Obama et Hollande...
Première rencontre depuis 2013
Cette rencontre officielle, la première depuis plus de deux entre les
deux hommes, a été «constructive et (...) étonnamment ouverte», a
confié Poutine lors d'une conférence de presse. «Selon moi, il existe
une base de coopération sur nos problèmes communs», a-t-il dit, en
russe. Il est ensuite revenu sur sa stratégie militaire et diplomatique
pour la Syrie.
Interrogé sur les récentes frappes menées par la France et
l'Australie, il a refusé de balayer une telle éventualité par ses forces
armées qui renforcent leur présence depuis des semaines dans ce pays.
«Nous y réfléchissons. Nous n'excluons rien. Mais si nous devons agir,
ce sera uniquement en respectant complètement les normes de droit
international», a déclaré le chef du Kremlin qui s'est replacé au centre
du jeu diplomatique sur le conflit syrien.
Proposition de coalition
A la tribune des Nations unies, Poutine avait proposé lundi matin une
coalition internationale élargie pour vaincre l'Etat islamique, en
soutien à l'armée de Damas. Il avait aussi affiché son unité avec le
président iranien Hassan Rohani, autre allié du régime syrien.
En revanche, le président Poutine a exclu d'envoyer en Syrie des
troupes de combat au sol. «Nous réfléchissons à la manière d'aider
davantage l'armée syrienne. (Mais) en ce qui concerne des troupes au sol
(...) une implication russe ne peut pas faire l'objet de discussions», a
déclaré le président russe, dont les propos étaient traduits en
anglais.
Piques contre Obama et Hollande
«J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français
mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas
être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays», a taclé M.
Poutine devant la presse. Obama et Poutine ont étalé lundi leurs
divergences sur la Syrie: l'Américain estimant que le président Assad
est un «tyran», le Russe jugeant qu'il représente la seule autorité
légitime pour lutter contre le groupe Etat islamique.
Commentaire : Poutine fait preuve d’une grande intelligence stratégique avec son initiative en Syrie
Jacques
Cheminade, ancien candidat à l'élection présidentielle, président du
parti Solidarité et Progrès, commente l'intervention du président russe
Vladimir Poutine prononcé lundi lors de la 70e session de l'Assemblée
générale de l'Onu.
M. Cheminade estime que les relations Poutine-Obama sont déterminantes pour l’avenir de l’humanité.
D'après M. Cheminade, M. Obama ne cesse de
"parler de l’hyperpuissance mais il n’y a plus d'hyperpuissance parce
que le gouvernement américain actuel est associé à un système financier
et monétaire qui est en train de s’effondrer. On voit maintenant
l’effondrement de ce système monétariste occidental".
Et M. Cheminade d'expliquer qu'il y a deux voies à suivre. L'une va
dans le sens de l’évolution vers l’irrespect de la démocratie qui
mènera à la guerre. L'autre, à l'encontre du monde gagnant dans la lutte
contre le terrorisme ou le développement économique mutuel, comme
l'avaient dit le président russe Vladimir Poutine et le président
chinois Xi Jinping.
"Sur la Syrie, la France essaye de faire croire
qu’elle maintient toujours sa position. Hélas ou heureusement, elle ne
peut pas grand-chose", a ajouté Jacques Cheminade.
Sur la question du terrorisme, le politicien a remarqué qu'"on joue
avec les terroristes pour les manipuler, pour jouer les uns contre les
autres. On voit cette politique non seulement au Moyen Orient mais au
Mexique, en Amérique centrale. On voit les pays occidentaux perdre leur
moral. La démarche gagnant-gagnant de V. Poutine ou Xi Jinping définit
une autre politique. Je pense que la France et de plus en plus de
secteurs français partagent ce point de vue que je viens de vous
exposer. Le milieu industriel français, les agriculteurs, parlent de
plus en plus haut et fort de l’arrêt des sanctions, et les militaires
français savent très bien que la Russie ne peut pas être un adversaire
mais un partenaire. On espère que la politique des USA pourra être
changée".
Sur l'Ukraine: "on a des gens en France et en
Allemagne qui peuvent faire une politique qui permette la paix. Il est
très clair que Victoria Nuland qui représente l’administration
américaine a organisé le coup d’Etat de Maïdan. Maintenant, il faut que
les Européens concluent un accord réel avec la Russie et arrêtent cette
politique de sanctions qui nuit à tout le monde", a conclu Jacques
Cheminade.
Hannibal GENSERIC